Vincent HAUUY : Dans la toile

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PRÉSENTATION ÉDITEUR

Isabel Gros est une miraculée. Seule survivante d’une fusillade, elle a passé deux semaines dans le coma. Contrainte d’abandonner sa carrière de critique d’art et ne supportant plus la vie citadine, elle quitte Paris avec son mari, pour s’installer dans leur nouveau chalet, au coeur des Vosges. Souffrant de graves séquelles, Isabel pense se reconstruire grâce à la peinture. Mais le malaise qu’elle ressent dès son arrivée va rapidement se transformer en terreur.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Hugo&Cie
Date 2 mai 2019
Pages 395
ISBN 9782755641028
Prix 19,95 €

L’AVIS DE YANNICK P.

J’ai survécu au dernier roman de Vincent. J’attendais une surprise avec cette 3ème création. Et bien, j’ai été servi. J’ai été baladé comme rarement sans pouvoir mettre une fin avant la fin. Vincent sème le doute à chaque chapitre.

Disons le tout net, la construction démoniaque de ce thriller psychologique ne m’incite pas à partir en vacances dans les Vosges.

Pourtant, c’est bien à Plainfaing, non loin de Saint-Dié au cœur des forêts qu’Isabel Gros atterri avec son mari. C’est une survivante. Sortie du coma après une fusillade, elle a abandonné son ancienne vie. Dans cette maison loin de tous, son mari semble avoir minutieusement tout préparé pour qu’elle puisse se reconstruire, pour que ses cauchemars et ses peurs s’éloignent, pour qu’elle puisse se rétablir, reprendre la peinture. En un mot, ressusciter.

Mais entre doberman et frayeur nocturne, l’esprit d’Isabel se trouble. La peur s’établit, le doute aussi. Plainfaing pourrait être joli, mais le chalet dans lequel Isabel est confiné devient un Stanley Hotel.

Et le lecteur que je suis s’emballe.

Vincent a opté pour la narration. Celle d’une femme. Et il se glisse sans faute dans sa tête. Ce qui est une gageure. Car l’esprit d’Isabel est en miette. Il n’y a pas une mémoire mais plusieurs. Isabel souffre de troubles mnésiques alors elle alterne les événements et les morceaux de mémoire qu’elle retrouve.

Entre les chausse-trappes, le lecteur la suit tentant d’enregistrer les brides d’information, les renvois vers ses expériences passées, et tente de la suivre au jour le jour. La perversion du lecteur est à son comble que on se réjouit de la voir se débattre pour conserver ses souvenirs.

Vincent joue sur la focale, les descriptions micro et macro, alternant des paysages des Vosges froides et hostiles à la précision amnésique. Je suis maintenant certain qu’il souffre d’un trouble dissociatif de l’identité. Sous ses dehors souriant et adorable, il est capable du pire… à moins que ce ne soit ses personnages. Si Dans la toile, se joue de la manipulation de la narratrice, c’est finalement le lecteur qui frise la paranoïa.

La confiance d’une maison d’édition dans son auteur paye. Hauuy en a sous le pied. Ce brillant roman en est la preuve flagrante.

L’AVIS DE CATHIE L.

Dans la toile a été publié par les éditions Hugo Thriller au printemps 2019. Le style, fluide et sans aspérité quand tout sembla aller bien, devient presque télégraphique dans les moments d’angoisse, un peu comme la petite musique bien flippante dans les films d’horreur. Le récit est raconté à la première personne et au présent, chaque passage étant précédé d’une mention qui précise la situation géographique, de la date et de l’heure très précise. A mon avis, ce procédé intensifie le suspense, l’immédiateté de la narration, comme si on assistait à un film. Les chapitres intitulés « Mémoires », évoquant l’enfance d’Isabel, sont quant à eux écrits au passé. Quel rapport avec le présent ?

Premier fil rouge : les romans de Stephen King: Franck aime ; Isabel n’aime pas… => Faille ?

Second fil rouge : ce que Camille aurait dit, pensé, apprécié de la situation présente qu’Isabel est en train de vivre… Mais qui est Camille ??

L’intrigue

Dépressive après les terribles événements qui l’ont plongée dans le coma, Isabel a convaincu son mari de quitter Paris et de s’installer dans un coin perdu des Vosges. La jeune femme est en effet persuadée que la montagne, qui lui rappelle son Maine natal, une existence plus saine, plus naturelle, loin de la foule, lui permettra de se reconstruire, de retrouver goût en la vie et confiance en elle et en l’humanité. Elle envisage même de reprendre la peinture, activité qu’elle a abandonnée dix ans plus tôt.

Mais le malaise qu’elle ressent dès leur arrivée dans leur nouvelle maison est accentué par les curieux textos qu’elle reçoit : « As-tu trouvé l’éclat, ma colombe ? » Qui les lui envoie ? Et surtout, pourquoi ?

Isabel, qui ne fait pas grand chose de ses journées, est rapidement intriguée par ses voisins, ou plutôt leur absence :

« C’est à ce moment que je repère les caméras placées au niveau de l’entrée des voisins. ..Ce n’est pas une maison mais une forteresse. Quel genre de personne habite là ? Un mafieux, un criminel, un milliardaire, une célébrité ? » (Page 85).

Peu à peu, le malaise prend de l’ampleur. La menace est-elle réelle ou Isabel plonge-t-elle dans la paranoïa ? « Assise au bar qui sépare la cuisine du salon, je fixe la porte d’entrée. Mes ongles sont enfoncés si profondément dans ma paume qu’ils ont laissé des marques roses sur l’épiderme. Pourquoi Franck m’aurait-il emprisonnée ? Pour me protéger de quelque chose? De quelqu’un ? De moi-même ? » (Page 105).

Les lieux

L’essentiel de l’histoire se déroule à Plainfaing, petit village perdu dans les montagnes vosgiennes et dans la maison du couple Gros,un chalet dont la superficie avoisine les trois cents mètres carrés, sans compter le sous-sol entièrement aménageable dans lequel Franck veut installer un studio de musique, haut de deux étages, construit en rondins de bois. Une maison qui se veut chaleureuse, dont « la décoration est à la croisée du kitsch et de la modernité. Ici, les rondins vernis côtoient le métal brossé, les têtes d’animaux empaillés surplombent une cheminée dernier cri qui trône au centre du salon. » (Page 26)

En conclusion

L’intrigue de Dans la Toile se déroule lentement, au gré des pensées, des malaises et des hallucinations d’Isabel. Peu de scènes d’action pour ce thriller psychologique en huis-clos captivant.

Le +: l’état psychologique d’Isabel que l’on peut suivre au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, dans un aller-retour entre l’avant et l’après: ses hallucinations, ses pensées morbides, son malaise grandissant évoqués avec beaucoup de finesse :

« Je devrais me sentir bien. Le cadre est idéal, la maison est vaste, Franck est beaucoup plus présent qu’à Paris. Même l’inspiration est au rendez-vous. Pourtant je perçois une dissonance, une fausse note dans cette partition presque parfaite. » (Page 54)…

« J’avance lentement, prise d’un vertige que je tente de contenir du mieux que je peux et avec l’impression de découvrir une maison inconnue. Au cœur de la nuit, le chalet est un univers hostile. Chaque ombre projetée est un danger, chaque objet devient une arme potentielle. » (Page 150) => Intuition ou réalité ?

Pour ce troisième roman, Vincent Hauuy a choisi de développer son intrigue dans une ambiance plus intimiste dans un huis-clos savamment orchestré. Isabel est-elle paranoïaque ou est-elle vraiment sous la coupe d’une menace qui peu à peu envahit la toile de son esprit. Y résisterez-vous ? Sortirez-vous indemne de cette lecture ? Qui peut le dire…

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Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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