Interview de l’auteur Sébastien RAIZER

Entrer dans l’univers de Sébastien Raizer,  est un parcours, une expérience en soi. Sa trilogie, L’Alignement des Equinoxes / Sagittarius / Minuit à Contre-jour,  parue dans la Série Noire de Gallimard, nous ouvre sur une lecture qui peut sembler rude. Mais elle est traversée par un trait poétique. Pour atteindre ses personnages atypiques, le lecteur doit se résoudre à perdre certains de ses repères. Pourtant c’est bien de thriller dont il s’agit. Cette trilogie est aussi forte que magnétique. ZoneLivre vous livre une interview avec cet auteur par-delà les fuseaux horaires.

Sebastien RAIZER - alignement des equinoxes - Tome 1
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Sebastien RAIZER - alignement des equinoxes - Tome 2 - Sagittarius
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Sebastien RAIZER - alignement des equinoxes - 03 - Minuit a contre-jour
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Yannick P. : Bonjour Sébastien Raizer, pouvez-vous vous décrire en quelques mots pour les lecteurs de Zonelivre ?

Sébastien RAIZER : Bonjour Yannick. Je suis écrivain, je vis à Kyōto.

YP : Que lisiez-vous étant adolescent ? Et aujourd’hui ?

SR : Très jeune, j’ai lu beaucoup de choses sans les comprendre vraiment. Le déclic, c’est Hemingway. Et Philip K. Dick, William S. Burroughs, Yukio Mishima. Aujourd’hui, je lis essentiellement des auteurs japonais.

YP : Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire ?

SR : Écrire n’est pas une envie, mais un fait. Les plus belles pages écrites sur ce sujet sont pour moi celles qui ouvrent Le soleil et l’acier de Mishima. C’est tout simplement sublime, extraordinairement lumineux.

YP : Pour revenir à vos romans, quelle a été la genèse de cette trilogie : L’Alignement des Equinoxes / Sagittarius / Minuit à Contre-jour ? Comment nait une telle idée ?

SR : C’est Aurélien Masson, à l’époque directeur de la Série Noire, qui m’a dit : « Lâche les chevaux. » Je cherchais depuis des années à donner une cohérence à des polarisations disparates, que l’on pourrait résumer par les univers des trois auteurs que je viens de citer. Aurélien a senti que j’étais prêt. J’ai foncé.

YP : Que cherchez-vous à démontrer à travers ce triptyque ? L’Intelligence Artificielle, le Big Data, toute cette nouvelle technologie, cela représente t’il une véritable peur, un danger dont le monde devrait se méfier ? Ou bien est-ce de la nature humaine dont il faut avoir peur ?

SR : Je ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit. Plutôt à ouvrir une voie oblique pour tenter de sortir de la zombification de masse. L’Occident est une Corée du Nord. Ce pressentiment que chacun peut avoir devient une évidence quand on s’en extrait vraiment. J’ai écrit le premier tome, L’alignement des équinoxes, en France. Les deux suivants, au Japon. Et dans la foulée, le Petit éloge du zen, qui est un récit et non un roman. Simultanément au processus d’écriture, je suis moi-même passé du pressentiment au constat de l’évidence. Mais je n’ai rien voulu démontrer. J’ai posé une grille de lecture et j’ai écouté les fracas et les extases qui ont suivi. Je n’ai même quasiment rien inventé. Sauf peut-être la formulation de la loi de l’alignement des équinoxes de Meriem Drought, qui est le vrai moteur fictionnel de la trilogie, et qui se devait d’être aussi concise que radicale. Le problème n’est pas la technologie, mais l’absence à peu près totale de conscience qui accompagne son développement. Tout comme ce n’est pas la part sombre de la nature humaine, mais son déni hystérique.

Sébastien Raizer par Sylvain Cardonnel

YP : Luc Hackman et Linh Schmidt, alias Wolf et Silver, Diane l’impératrice, Joanna et même le psychiatre Meriem Drought sont particulièrement typés. Quelles ont été vos sources d’inspirations pour bâtir vos personnages ?

SR : Ce n’est pas une question, mais une énigme 😉 Tout est parti de Meriem Drought. Les autres personnages sont en quelque sorte les incarnations des réactions les plus humaines possibles face au défi qu’il leur impose. Même si je ne l’ai pas pensé comme ça. Tous sont arrivés d’un bloc, avec leurs forces et faiblesses, leurs affinités et antagonismes, jusqu’à la couleur de leurs yeux ou la texture de leur peau. J’ai du mal à les considérer comme des personnages, tant ils sont vivants. Mais c’est vrai qu’ils ont un point commun, en ce sens que, pour des raisons qui leurs sont propres, ils sont tous armés d’une certaine détermination, d’une nécessité d’aller au fond des choses.

YP : Dans ce triptyque, flottent énormément de notions autour de la croyance, de la métaphysique, mais surtout des effluves de philosophie martiale japonaise. Pourquoi cette dernière a-t-elle autant d’importance à vos yeux ?

SR : Au Japon, la pensée est éminemment concrète. C’est un dō (道), une Voie que l’on arpente chaque jour de sa vie, et qui englobe justement les territoires physiques, psychiques et spirituels qui sont au cœur de la loi de l’alignement de la Vipère / Meriem Drought. C’est aussi quelque chose de complètement naturel, mais qui se travaille. Ce que j’apprends durant les entrainements de iaidō ou les séances de zazen, je le pratique au quotidien. C’est explicitement le but. Même les progrès de l’épigénétique des cinq dernières années vont dans ce sens : l’expérience nous façonne, jusqu’à notre ADN. Alors, ouvrons portes et fenêtres. Ou plutôt : passons à l’action, sans quoi rien n’existe.

YP : Les univers de Williams S. Burroughs, Philip K. Dick, Maurice G. Dantec et de Mishima Yukio sont sans conteste visibles dans vos thrillers. Sont-ce des ainés, des sources d’inspiration ?

SR : Mishima, Dick et Burroughs sont clairement des phares dans la nuit.

YP : A la lecture de ces 3 romans, une bande son se dégage. Le rythme et la musicalité semblent essentiels pour vous ? Le-sont-ils également pour écrire ou pour lire ?

SR : Je crois que c’est là l’essentiel de mon travail. J’ai passé de nombreuses années à éditer des livres sur la musique depuis que j’ai cofondé les éditions du Camion Blanc. Si un enchainement de mots et de phrases peut atteindre la même puissance qu’une chanson de Ministry, la même capacité de déréalisation hypnotique que Nisennenmondai, frapper en plein cœur comme les instants de grâce absolue de Bowie, alors peut-être qu’on n’a pas tout à fait perdu son temps…

YP : Et si nous parlions de demain. Quels sont vos projets ?

SR : Le futur n’existe pas dans la langue japonaise.

YP : Un grand merci Sébastien. Au fait, une 11ème question me vient à l’esprit : Avez-vous un site internet, un blog, des réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?

SR : Pas de site, pas de blog. Des photos du Japon sur Facebook et Instagram. C’est moi qui vous remercie, Yannick.

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Yannick P.https://nigrafoliablog.wordpress.com/
Jeune quinqua fringuant, serial Lecteur addict au roman noir" pour le reste, père aimant de 2 ados, marketeur de profession et amateur de whiskys, vins et de cuisine conviviale et auteur de TU JOUES TU MEURS !

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