Alfredo NORIEGA : Mourir, la belle affaire

Equateur
Alfredo NORIEGA - Mourir la belle affaire-
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  • Éditions Flammarion collection Ombres Noires en octobre 2013
  • Éditions J’ai Lu en juin 2015
  • Traduit par Nathalie Lalisse-Delcourt
  • Pages : 256
  • ISBN : 9782081277960
  • Prix : 19,00 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Arturo Fernandez, médecin légiste de Quito, superpose aux éléments d’une enquête les destins des individus condamnés à passer entre ses mains. Sur fond de ville déchirée par un relief chaotique, le premier polar équatorien publié en France, bat au rythme de vies qui s’entrecroisent.

Équateur, Quito, 2850 mètres d’altitude. Une Subaru est percutée par une Cherokee. Dans la Subaru, deux morts et une survivante, María del Carmen. A l’arrivée de la police, la jeune fille, encore sous le choc, promet à l’inspecteur Heriberto Gonzaga de l’épouser s’il retrouve les coupables. Mais à Quito, les accidents de la route sont légions et l’affaire est vite classée. Quelques mois plus tard, rongée par la culpabilité d’avoir survécu, María del Carmen se jette du haut d’une falaise. En découvrant son corps, Heriberto se souvient de sa promesse et reprend l’affaire. Il découvre que le dossier a été étouffé…

Tout en maniant le scalpel, Arturo Fernandez, observateur mélancolique et subtil, raconte l’histoire de María del Carmen et Heriberto, mais aussi celle des habitants anonymes d’une cité entourée de volcans, fragilement bâtie sur des collines sillonnées de ravins. L’enquête et tous ces récits peu à peu s’entrecroisent et construisent le tableau d’une ville violente, indifférente, passive devant l’injustice sociale, le destin et l’acharnement de la nature. Un lieu où la mort est quotidienne et sans autres conséquences qu’intimes pour ceux qu’elle frappe.

L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI

« Si vous n’êtes jamais allé en Équateur, il y a peu de chances que vous alliez vous y perdre à l’avenir après avoir lu ce livre… » Voilà ce que m’a dit Alfredo Noriega quand je lui ai pris ce livre… ceci a le mérite d’être clair et de laisser perplexe et curieux…

Tout commence par un accident de la circulation dans lequel un 4×4 surpuissant atomise une petite voiture qui voit tout son équipage mourir sauf une jeune femme, un délit de fuite est alors commis. S’en suit une enquête bâclée sauf que 2 ans après cette dernière se suicide, et l’enquête est alors rouverte à cause de la culpabilité du policier qui n’avait rien fait auparavant. À partir de là, une série de décès plus ou moins suspects débute à Quito.

Nous avons ici un roman inhabituel même si le résumé peut laisser penser le contraire. En effet, l’histoire est faite de hasard, d’oubli, de coïncidence, mais tout cela n’est qu’en apparence car finalement tout ce qu’il se passe est le contraire et arrive toujours de manière violente et en nous prenant par surprise.

L’auteur dissèque, à l’instar de son héro médecin légiste Arturo Fernandez, la capitale équatorienne. Cette ville et son univers jouent un rôle à part entière car l’hostilité des montagnes environnantes, de son volcan et de son urbanisme anarchique sèment sur le roman un climat sombre et oppressant. Mais au-delà de cela, c’est l’indifférence de cette ville qui est surprenante. La mort arrive de partout et soudainement sans que cela ne perturbe ses habitants. Comme s’ils étaient habitués à cela à cause des conditions dans lesquelles ils vivent et leur environnement naturel inhospitalier.

« Quito a cessé d’être la jolie capitale coloniale, paisible et douce, suspendue à ses tâches quotidiennes et empêtrée dans sa politique nationale, comme une mariée à laquelle on a mis un voile trop grand et trop clinquant. Personne ne regarde en arrière, vers ces décennies de croissance urbaine, cette époque om on aurait pu faire quelque chose et où on n’a rien fait pour que la ville s’épanouisse harmonieusement et sans mettre en danger la vie de ceux qui allaient s’y installer. »

Même si la ville joue son rôle à part entière dans le casting de ce livre, il faut compter sur Alfredo Fernandez. Ce personnage est très intéressant, et pas seulement parce que tous les protagonistes de cette histoire finiront sur sa table d’autopsie.

En effet, de par sa fonction, il essaye de redonner du courage aux (sur)vivants car c’est la seule chose qu’il peut faire. Ces séries de morts le lassent et le laisse sans trop d’espoir, même si son regard est ironique sur l’humanité qui l’entoure…

« Chaque matin, je me lève et quelque chose se brise en moi. Je passe mon temps enfermé dans une salle d’autopsie, éclairé par des lampes au néon, entouré de faïence et d’aluminium. Dans cet univers strident, la vie est-elle en train de me filer entre les doigts ou bien est-ce là que je gagne le droit d’être en vie ?

Quelqu’un m’a dit un jour son admiration pour la science que je pratique. Mais, à quoi rime-t-elle ? À donner aux vivants des raisons de redouter ce qui, de toute manière, les attend ? Cette science, la mienne, revient peut-être simplement à accepter que ma vie prenne sens au milieu des morts que j’examine. »

Ce polar est assez atypique surtout en terme de narration car l’auteur oscille sans cesse entre passé et présent mais également entre la vision du médecin écrit à la 1ere personne et la vision des personnages écrit à la 3eme personne ce qui peut nous perdre facilement si nous ne sommes pas totalement attentif, d’autant plus que les protagonistes étant nombreux il est facile de s’y perdre.

À partir du moment où la structure du roman est comprise, l’écriture d’Alfredo Noriega, le rythme donné au roman, les personnages à fleur de peau prennent tout leur sens et font qu’on passe un très agréable moment de lecture.

Pour finit je dirais juste Alfredo Noriega est un auteur à découvrir et que si vous aimez les livres qui sortent de l’ordinaire, ce roman est pour vous.

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