Valérie LYS : Enquête Commissaire Velcro – 02 – Confessions rennaises

Valerie LYS - Enquete Commissaire Velcro – 02 – Confessions rennaises
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Présentation Éditeur

Le cadavre d’une femme est découvert dans le quartier du Colombier, à Rennes.Une fois de plus, Velcro, commissaire à la Crim’ est appelé en renfort dans la capitale bretonne.Rapidement, il va devoir faire face à de nouveaux assassinats sur fond de mysticisme et de passions contrariées.Velcro va-t-il réussir à confesser les âmes des différents protagonistes de ce drame ?

Origine Flag-FRANCE
Éditions Alain Bargain
Date mai 2012
Éditions Palémon
Date 13 janvier 2017
Pages 228
ISBN 9782372600682
Prix 10,00 €

L'avis de Cathie L.

L’action se situe dans la ville de Rennes, en plein mois de juillet, synonyme de vacances et chaleur. Le récit est écrit à la première personne, ce qui donne une proximité plus immédiate, une implication du lecteur qui suit les événements en instantané du point de vue de celui qui mène l’enquête.

Le style est énergique, le vocabulaire est précis, avec un enchaînement de phrases courtes, donnant l’impression de vivre la scène en direct :

« Il faisait encore frais. A partir du sixième étage, on pouvait accéder à une terrasse (…) J’ouvris la porte sans difficulté. Je montai les quelques marches et j’arrivai sur la terrasse. Une rambarde délimitait le site. J’approchai du bord. La vue était impressionnante. Les piétons apparaissaient comme des points mobiles. Les voitures me faisaient penser à des dominos. Je me reculai. Le vertige me prit. » (Page 30).

Malgré quelques répétitions et contradictions (par exemple, il est dit que Melle Lamour travaille au Saturne depuis 3 ans puis plus loin depuis 5 ans), Confessions rennaises est un roman aussi raffiné que les whodunits anglais, mais en même temps très moderne: vocabulaire plus familier dans certaines circonstances et beaucoup d’humour, de dérision :

« J’allais être entouré de toute une clique de touristes excités, aux relents de paella, de frites et de bière. Je soupirai sans m’en rendre compte. J’étais loin des galettes-saucisses et des crêpes arrosées d’un coup de cidre que j’aimais tant. L’enquête commençait mal ! » (Page 19).

Volontairement construit comme un whodunit, Confessions rennaises axe la progression de l’intrigue en privilégiant l’observation, la déduction et la psychologie des personnages, compensant le fait que l’aspect scientifique et les scènes d’action occupent très peu de place. Tout se résume à un crime, un enquêteur, un lieu clos, la collecte d’indices par le commissaire en interrogeant chaque protagoniste. Ainsi, les descriptions nécessaires à l’histoire sont intimement mêlées au récit, soit dans les dialogues, soit dans le réflexions du commissaire. Elles servent uniquement à installer une ambiance particulière.

L’intrigue

Dix jours plus tôt, le cadavre d’une femme est retrouvé par un homme qui faisait son jogging dans une ruelle déserte, derrière l’hôtel Saturne de Rennes. D’après le légiste, la femme avait été poussée du haut du sixième étage. Il s’agissait donc bien d’un meurtre. La victime, âgée de cinquante ans, s’appelait Edith Le Guézennec et travaillait comme femme de chambre du même hôtel depuis vingt-cinq ans. Le lieu du crime soigneusement choisi atteste de la préméditation : « …c’était la seule partie de la terrasse où il n’y avait aucun vis-à-vis. Le centre commercial ne présentait pas d’ouverture à cet endroit. » (Page 31).

Le commissaire Velcro, de Paris, est appelé dix jours après les faits par la PJ de Rennes pour mener une enquête en toute discrétion. Quand j’ai demandé à l’auteur pourquoi la police de Rennes faisait appel à un commissaire parisien, elle m’a répondu : « Je ne sais pas… » ; puis elle a ajouté avec un sourire candide : « C’est l’avantage du genre romanesque: l’auteur peut inventer tout ce qu’il veut ». Certes…

Quand Le Gall, le jardinier de l’hôtel, est retrouvé mort dans le jardin quelques heures après avoir glissé un mot sous la porte de Velcro, un poignard planté entre les omoplates, le commissaire comprend que l’affaire est plus complexe qu’elle ne semblait au départ.

Pourquoi Le Gall possédait une photo de la victime dans son portefeuille. Existait-il un lien entre les deux meurtres?

La méthode du commissaire: toute l’enquête reposant sur la psychologie des personnages, sur la façon dont les événements s’enchaînent, sur l’observation et la déduction, le commissaire est persuadé que souvent les motifs d’un crime sont dissimulés dans la vie même de la victime, dans son passé, dans ses relations avec ses proches ou ses collègues, dans son éducation aussi, d’où l’importance de faits qui peuvent sembler au premier abord insignifiants :

« Les idées trottaient dans ma tête. Je commençais à situer les différents protagonistes de ce meurtre sordide. J’allais devoir approfondir les caractères de chacun, les motifs possibles, leurs alibis respectifs. » (Page 60).

Comme je l’ai précisé plus haut, le commissaire est un adepte de la natation ; ce détail peut sembler tout à fait anodin, mais il a pourtant son importance dans l’agencement du roman car c’est quand il fait des longueurs de brasse et de crawl qu’il évacue la pression exercée par son métier de policier à la criminelle, et que, de plus « son cerveau travaillait à plein. Il rassemblait, croisait, interprétait toutes les informations accumulées. » (Page 54) . Comme le célébrissime détective privé Hercule Poirot qui fait fonctionner ses petites cellules grises en réalisant des châteaux de cartes.

Les personnages

  • Commissaire Velcro : parisien pure souche, marié; personnage sympathique, adepte de la natation, de la marche à pied ; fin gourmet mais fait attention à sa ligne, à sa santé; joue de la trompette. A souvent du mal à être ponctuel, souvent perdu dans ses pensées, surtout quand il enquête sur une affaire complexe.
  • Edith Le Guézennec : veuve âgée d’une cinquantaine d’années ; femme de chambre à l’hôtel Saturne ; très consciencieuse dans son travail, jamais en retard, jamais un mot plus haut que l’autre, très appréciée par ses collègues et les clients avec lesquels elle se montrait toujours aimable et serviable ; une femme apparemment sans histoire; très discrète quant à sa vie privée ; mère d’une fille.
  • Alice Fournier : serveuse au Saturne, engagée pour remplacer la victime ; veuve également ; environ cinquante ans; grande, maigre, traits marqués ; avait dû être belle dans sa jeunesse malgré son aspect ingrat : « Ses sourcils noirs étaient épais et des taches sombres, propres aux vieilles femmes, parsemaient ses joues. Un chignon plat renforçait l’impression de pauvreté et de négligé qui émanait d’elle. » (Pages 57-58).
  • Monsieur Hart: directeur de l’hôtel; environ 60 ans; cheveux poivre et sel rebelles, moustache drue aux pointes aiguisées ; vêtu d’un costume de flanelle beige, d’une chemise blanche et d’une cravate bleu roi ; porte des lunettes aux verres impressionnants ; mains aux ongles soignés ; marié; personnage sympathique, s’exprimant avec aisance.
  • Melle Lamour : réceptionniste de l’hôtel ; environ trente ans, longiligne, au regard brun ravageur, aux lèvres rubis, aux dents très blanches et aux cheveux auburn encadrant un visage ovale et lisse. Exerce également les fonctions de comptable, de gestionnaire et de l’organisation des circuits touristiques.
  • Joseph Le Gall : jardinier depuis 10 ans ; célibataire, homme sans histoire. Sec, fier, tempes grises, a l’air d’un ancien aristocrate.
  • Madame Le Coz : responsable du service de chambre avec cinq employés sous ses ordres ; était très liée avec la victime ; environ 50 ans, petite, brune, un chignon en galette retenu par des épingles grossières ; aucun maquillage, des lunettes en écaille ordinaires ; une femme insignifiante.
  • Melle Le Guézennec : caissière dans un centre commercial de la périphérie de Rennes ; très attachée à sa mère avec laquelle elle vivait ; jeune femme menue avec des cheveux filasses, sans maquillage, des cernes violines entourant ses yeux, joues creusées de rides prématurées ; courageuse.
  • Madame Paris : une des plus fidèles partenaires de l’hôtel où elle vient manger chaque jour.
  • Benoît Clolus : homme à tout faire de l’hôtel ; affecté d’un léger handicap mental mais fait très bien son travail. Vit dans un foyer.
  • Madame Hart : femme de petite taille, boulotte, d’un aspect très affable ; propriétaire d’un magasin d’antiquités ; appartient à l’une des plus grandes familles de la région rennaise possédant de nombreux biens immobiliers, mécènes pour les musées de la région, grands collectionneurs d’antiquités ; la famille a perdu une partie de ses richesses à la suite de revers successifs.
  • Divisionnaire Lefèvre : patron de Velcro.

Les lieux

L’essentiel de l’histoire se déroule dans les locaux de l’hôtel Saturne, un bel établissement moderne dont il faut monter quelques marches avant d’accéder à la réception. Un établissement luxueux :

« …un hall magnifique: moquette brune, accueil en boiserie, lumières tamisées, fauteuil en cuir de Russie créaient une ambiance très british. Le calme et l’atmosphère feutrée du lieu contrastaient étrangement avec le brouhaha désordonné de la gare. »

Le luxe de la salle du restaurant de l’hôtel parle de lui-même, créant une atmosphère dans laquelle on n’imaginerait jamais qu’un meurtre puisse être commis :

« De grandes baies éclairaient la pièce. Une tenture de velours rouge tapissait tout un pan de mur(…) Des lustres hypertrophiques constitués d’une multitude de cabochons scintillants de mille feux faisaient la nique à quelques appliques chétives. Sur les nappes blanches, des couverts en argent accompagnaient une vaisselle en cristal et porcelaine. Dans les angles, les chaises étaient remplacées par des banquettes en cuir entourant des tables rectangulaires. » (Page 17).

=> L’ambiance « british » de l’hôtel permet une immersion plus tangible dans l’univers des romans à énigme qui ont fait la gloire de romancières britanniques dont la plus célèbre était Agatha Christie. Toutefois, l’auteur, par petites touches discrètes, attire l’attention du lecteur; en effet, dans un lieu où les lustres font la nique aux appliques, on est en droit de s’attendre à tout…

La ville de Rennes : si le principal de l’enquête se déroule au sein de l’hôtel Saturne, n’oublions pas que Confessions rennaises est un roman policier régional, et, de ce fait, Rennes constitue le décor d’arrière-plan pour certaines scènes, donnant un aperçu au lecteur néophyte de sa configuration : ses rues, les lignes de bus, certains bars ou magasins du centre ville, des lieux mythiques comme le parc du Thabor ou la place des Lices, ainsi que la place de la gare qui « était charmante. En demi-lune, elle répondait à la gare avec ses terrasses colorées, prises d’assaut par les badauds. (…) Une fontaine rectangulaire lançait ses jets puissants vers le ciel étonné de cette pluie sans nuages. » (Page 12). => Un décor agréable, tout à fait anodin, qui ne prépare en rien aux crimes sordides que le commissaire va devoir élucider.

Mon avis

Confessions rennaises, de Valérie Lys, est un roman très agréable à lire, sans grande prétention sinon que divertir les lecteurs avec une intrigue qui semble simple au départ. Mais plus on avance dans l’histoire, plus on se heurte aux fausses pistes et aux faux indices disséminés çà et là comme des miroirs sans tain dans un labyrinthe de fête foraine, plus on pénètre dans la vie des différents protagonistes et dans le quotidien d’un hôtel où se croisent de nombreux saisonniers et des touristes de passage, plus l’atmosphère devient lourde. Jusqu’au dénouement final qui, je l’avoue, m’a bluffée. Je ne l’ai pas vu venir…

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Cathie L.
Cathie L.https://goo.gl/kulVbu
Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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