Luc Mandoline est thanatopracteur, embaumeur, si vous préférez. Son job consiste à préparer les défunts. Luc ne voulait pas forcément faire ce métier-là. Longtemps, il a voulu être médecin légiste. Durant sa scolarité, il dévore les manuels, romans et biographies sur le sujet, mais son caractère bien trempé et son refus viscéral de l’autorité lui valurent l’exclusion de plusieurs établissements scolaires. Oubliée, donc, la fac de médecine. Et pour couronner le tout, ulcéré par ses renvois répétition, son père le fait rentrer dans l’entreprise familiale, plus question de faire le con l’école…
C’est là qu’il va passer son CAP de serrurier. Mais même avec son père, l’entente n’est pas au top. De coup de gueule en coup de gueule, Luc claque la porte et part s’engager dans la Légion étrangère pendant 8 années, faisant sienne la devise « ne pas subir « . 8 années aussi sans voir Élisa, sa confidente, son amour platonique, 8 années sans se voir, mais pas une semaine sans s’écrire, tout comme il n’a jamais rompu le contact avec Alexandre et Max, ses potes de toujours.
C’est en se liant d’amitié avec un autre camarade légionnaire, Sullivan, qu’il découvre la thanatopraxie. Sullivan a prévu de se reconvertir dans le milieu du funéraire à sa sortie de la légion. Luc s’engage dans la même voie que son ami.
Ces 8 années ont quelques peu calmé son côté rebelle. Il réussit à trouver un directeur de pompes funèbres qui l’accueille, et lui fait passer tous les diplômes de la profession. Mais une fois de plus, la trêve est de courte durée : il claque la porte et décide qu’il n’est pas fait pour être commandé. Seulement, monter sa propre entreprise, gérer son personnel, ça ne le tente pas non plus, alors que faire ? S’il est une chose qu’il a retenue, c’est que ses collègues ont beaucoup de mal à prendre des vacances, car trouver un remplaçant n’est pas chose aisée. Or lui est totalement polyvalent dans le funéraire, il a tout fait, même conducteur de four… Il décide donc de remplacer les copains. Il bosse quand il veut, et comme dans le bon vieux temps, il voit du pays.
À force d’en lire, et d’écrire sur le polar, d’aimer les héros, il fallait que j’en crée un. Mais un qui sorte de l’ordinaire, pas un flic, ni un gendarme, pas un journaliste, encore moins un avocat, non, j’en voulais un qui sorte vraiment des sentiers battus. Après tout, je suis thanatopracteur, et j’ai parlé ici même de la place du thanato dans le polar, on en a croisé quelques uns : David Miller de Franck Thilliez, Chib Marino de Brigitte Aubert, Robert Hézina de Patrice Dard. Mais juste des apparitions pour un polar, pour un roman, pas un héros récurrent. Donc la place était libre ! Il me restait encore un souci, et de taille. J’ai déjà écrit, mais du format court, de la nouvelle. Alors je me suis dit, pourquoi ne pas créer le héros, Luc Mandoline, lui offrir un passé, des personnages principaux, et refiler le bébé à un auteur différent à chaque fois ? Si un seul pouvait accepter, cela pourrait lancer la machine. 18… Pour l’instant, 18 contrats d’éditions ont été signés. Le plus véloce à pouvoir rendre son manuscrit a été Michel Vigneron, il signe donc le première opus de “l’Embaumeur“ : “Harpicide“
“Ancien légionnaire, Luc Mandoline, “l’Embaumeur“, est appelé en Guyane pour enterrer un camarade tombé sous les balles. La mission va tourner l’expédition commando sur les sites d’orpaillage. En pleine jungle amazonienne, l’ennemi n’est pas toujours celui auquel on pense… Un retour aux sources violent et douloureux.“ Le style Vigneron dans toute sa splendeur, hyper réaliste, violent, politiquement incorrect. Ne vous attendez surtout pas à trouver un gentil thanatopracteur qui respecte la loi, non, c’est un personnage de fiction qui n’a aucune limite…
Je me suis posé une question : pourquoi la plupart des auteurs ont répondu oui aussi vite, le mieux était de le leur demander :
Pourquoi avoir accepté aussi rapidement d’écrire un opus de “l’Embaumeur“ ? Qu’est-ce qui t’a donné cette envie ?
Par ordre de réception des réponses : Maxime Gillio : Parce que la mort nous fascine, parce que la mort nous fait peur, parce que nous, auteurs, côtoyons une mort fantasmée, virtuelle, poétique, et qu’il nous est enfin donné l’occasion de jouer avec un vrai professionnel de la mort, qui va nous aider à exprimer nos angoisses, à libérer nos appréhensions. Parce que cet “Embaumeur“, c’est le lien parfait entre 2 univers.
Luc Doyelle : Mon implication dans ce projet tombait sous le sens. Sentant le canon encore fumant du 44 magnum de l’Aligator sur ma nuque, j’ai jeté un dernier regard à Ségolène, ma tendre labraniche naine (croisement d’un labrador et d’une caniche), qui gisait sur la carpette, 3 balles dans le buffet. L’effet de semonce était efficace, je sentais bien que l’Aligator ne bluffait pas. Je tentai un dernier atout.
– Je ne peux pas, j’ai piscine ! Et puis, j’ai promis mon prochain manuscrit à Albin Michel, il compte vraiment sur moi… Il a armé le chien du 44. Le clic m’a fait tressaillir. J’ai repensé à Ségolène, allez savoir pourquoi.
– Tu l’auras voulu, Lucius ! C’est Albin ou moi. Mauvaise réponse… Alors, je me suis rappelé que la séance de piscine avait été reportée à la semaine prochaine, et que je dis- posais d’une issue de secours pour Albin Michel. Amélie Nothomb me devait un renvoi d’ascenseur. Elle était bien capable de me pondre un manuscrit estampillé Lucius, plus vrai que nature. Albin n’y verrait que du feu.
– Bon, ok, l’Aligator, décidai-je. Tu l’auras, ton “Embaumeur“ made by Lucius. Mais àune condition : tu m’organises un diner aux chandelles avec Maxime Gillio. Et ne lésine pas sur le Champomy !
– ça roule, répondit l’Aligator, en remisant son arme dans son slip. Aïe, putain, c’est chaud !
Gaëlle Perrin : Si j’ai accepté si rapidement, c’est, dans un premier temps, parce que Luc Mandoline ne m’était pas vraiment inconnu. Il est même à l’origine de ma première publication chez un éditeur. Je ne pouvais donc que lui rendre hommage en lui consacrant un livre entier ! Ensuite, c’est aussi parce que cette proposition s’insère dans une série où des noms prestigieux vont sévir à tour de rôle. Quoi de plus sympa qu’écrire à côté de tous ces auteurs ?
Et, en dernier lieu, cette proposition est un gage de confiance de la part de Sébastien Mousse. Qui m’a touchée. Maintenant, il n’y a plus qu’à donner corps à cet opus !
Jess Kaan : Il s’agit d’un défi, concilier le polar avec un personnage hors norme.
Didier Fossey : Après 2 romans publiés aux éditions “Les 2 Encres“, avec des personnages récurrents, j’avais envie d’un “one shot“. Une participation avec Seb dans “D’ou viens-tu Béru“ et la personnalité de Luc Mandoline, le héros de “l’Embaumeur“ m’ont fait dire oui sans hésiter.
Johann Moulin : Parce que l’appel était tentant. Nouveaux personnages, nouvelle collection, nouvelle aventure, rien de plus pour accepter de m’engager.
Claude Vasseur : Oui, pourquoi ? Je vivais heureux dans mon bureau de détective à la noix, perdu dans mes délires d’alcoolique notoire. Imbibé jusqu’à l’os de mes délires contre cette humanité qui ne veut rien savoir et puis voilà qu’un farfelu, genre batracien à peau rugueuse pointe le bout de son pif avec un projet délirant : écrire façon “le Poulpe“. Paraît que mon style, ma verve, j’ai bien dit ma verve, mon outrecuidance, ma noirceur et mon humour aussi décapant que l’acide sur une peau fraîchement rasée plaisent. Me concernant j’ai aimé, et même été plus qu’emballé par l’idée. On me fournissait le synopsis, le cadre strict dans lequel faire évoluer un personnage. Il ne me restait qu’à foutre des idées d’auteur, j’ai bien dit auteur et non écrivain, chacun sa place, sur le projet. Des idées ? J’en ai plein la tronche, enfin les soirs de spleen tranquille. Quand les ombres me foutent la paix et que le téléphone de Balthazar ne sonne pas “Ino piné ment“ toujours. Voilà j’espère que cela répond aux questions car il ne faut pas perdre de vue que l’envie vient aussi de faire partie, et cela je le souhaite grandement, d’un projet national ambitieux. L’idée pour ma gueule était avant tout d’écrire mais en filigrane il faut admettre que s’inscrire dans un plan aussi somptueux valorise et “Rambo“ même le pire des détectives Saint-Polois mal embouché. Quand un fou àlier vous propose d’intégrer un collectif d’auteurs qui ont des horizons différents, des vues d’esprit différentes, un esprit différent, la question ne se pose pas longtemps : il faut y aller car on aurait l’impression de passer à côté de quelque chose de géant. Avoir l’occasion de côtoyer des polardeux sans foi ni loi qui se torturent l’esprit à créer des mondes noirs n’a pas de prix. Encore moins littéraire ! Bises à tous.
Stéphane Pajot : J’ai toujours aimé les personnages récurrents, cadrés, le côté collectif (tout en étant indépendant) de l’écriture où chacun a la même bible et doit s’en dépatouiller, imaginer son propre scénario ; le côté un livre, un auteur avec le même héros. Après l’expérience de Léo Tanguy (le cyber journaliste breton des éditions Coop Breizh) puis celle du “Poulpe“ avec Gabriel Lecouvreur (Aztèques Freaks, chez Baleine Editions), l’idée de “l’Embaumeur“ m’a tout de suite emballée. On a juste quelques éléments (Luc Mandoline, thanatopracteur, le nom de ses amis…) et on avance avec, dans un paysage qu’il va découvrir, au fil de rencontres insolites, des cadavres. Parler de la mort ? Un bonheur de vivant.
Michel Vigneron : Le directeur collection, Sébastien Mousse, fait partie de ces personnes que je ne connais que virtuellement et pourtant le courant passe très bien. Au fil des années j’ai pu constater combien il était cinglé (et j’adore ça) et que nous avions pas mal de points de commun. Lorsqu’il m’a présenté le projet “l’Embaumeur“ au cours du premier trimestre de 2012, je n’ai pu m’empêcher de sourire ; l’initiative était à l’image du personnage Mosésu : complétement barré !
Bien sûr les délais étaient courts, mais cela collait parfaitement avec l’idée que j’avais en tête et le cahier des charges de la série à naître. Le texte devant être ramassé (250 000 signes environ) et rythmé, il me fallait l’écrire rapidement. C’est pour ces raisons que je n’ai pas hésité 1 seconde à me joindre à l’aventure ! Et pour l’envie, le concept, sans hésitation. Mettre en scène un embaumeur itinérant, ancien légionnaire, et lui faire vivre des aventures sans lien aucun avec sa profession… il faut reconnaître qu’il fallait oser !
Et pour moi qui voulais écrire un roman ayant pour théâtre la Guyane – région dans laquelle je vis avec ma famille depuis maintenant 2 ans – c’était du pain béni : il faut savoir que la Légion étrangère (3e REI) est présente ici dans le cadre du plan Harpie et de la protection des tirs programmés par le Centre Spatial Guyanais. “L’Embaumeur“ m’aura offert tous les ingrédients nécessaires à l’écriture d’un roman d’aventure en Guyane ! Merci Sébastien et longue vie à Mandoline.
Gilles Caillot : Ben un embaumeur… C’est quand même quelque chose proche de la mort. On peut toujours se poser la question sur ce que peut ressentir le personnage. En plus, travailler avec des cadavres implique des anecdotes… Donc l’univers me plaît. Beaucoup, passionnément…
Voilà, maintenant il me reste à espérer que les lecteurs seront au rendez-vous, que Luc vive des aventures mouvementées pendant de longues années. L’atelier Mosésu a d’autres séries dans les tuyaux, une sur la médecine légale, une autre sur un gardien cimetière et aussi des romans très noirs, à suivre…
Paru dans Résonance Funéraire
LES TITRES DE LA SÉRIE
- Michel Vigneron : Harpicide (novembre 2012)
- Hervé Sard : Ainsi fut-il (janvier 2013)
- Claude Vasseur : Concerto en lingots d’os (mars 2013)
- Stéphane Pajot : Deadline à Ouessant (juin 2013)
- Maxime Gillio : Anvers et Damnation (septembre 2013)
- Jess Kaan : Le Label N (décembre 2013)
- Didier Fossey : Na Zdrowie (mai 2014)
- Philippe Declerck : Le Manchot à peau noire (octobre 2014)
- Jacques Saussey : Sens interdit[S] (février 2015)
- Samuel Sutra : La Mort dans les veines (octobre 2015)
- Jean-Christophe MACQUET : Mandoline vs. Neandertal (novembre 2016)
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