Rencontre avec l’autrice Valérie VALEIX pour son roman « Le soldat d’étain assassiné »

Rencontre avec l’autrice Valérie VALEIX, pour son roman « Le soldat d’étain assassiné » second tome de sa série Les enquêtes du Capitaine Sabre aux éditions Palémon

Valerie Valeix

Jean-MARC VOLANT : Bonjour Valérie Valeix. Je suis très heureux que vous ayez accepté de répondre à quelques questions sur votre parcours d’écrivain et sur vos nombreux romans publiés aux Editions Palémon, maison d’édition bretonne, basée à Quimper. J’ai envie de vous poser une première question, toute bête vous me direz, puisque celle-ci est un peu un « lieu commun » dans les entretiens : qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans l’écriture et comment le déclic s’est-il fait pour proposer votre premier manuscrit ?

Valérie VALEIX : Bonjour Jean-Marc, j’ai été élevée par mes grands-parents qui étaient passionnés de lecture et d’Histoire. Du plus loin que je me souvienne (et pour ce qu’on m’en a raconté) nos loisirs étaient les sorties dans les châteaux (La Malmaison notamment) et la lecture, il me reste quelques très beaux livres de mon enfance parmi lesquels ceux de la Comtesse de Ségur, c’est elle qui m’a donné le déclic quand j’avais 6 ou 7 ans. J’ai quelques petits textes dans un cahier puis le temps a passé, j’écrivais toujours mais plutôt des romans historiques : le premier vraiment abouti se déroule dans le Périgord des années 20, dans une France encore fracassée de la guerre de 14 mais qui fait tout pour oublier.

JMV : Vous avez, à ce jour, publié 8 romans : 6 d’entre eux, sont des enquêtes policières dans le monde d’aujourd’hui avec une jeune apicultrice prénommée Audrey et deux autres romans, avec une base historique très appuyée, puisqu’il s’agit des aventures d’un ancien capitaine de l’armée napoléonienne prénommé Jérôme Blain, alias le capitaine Sabre. La seconde aventure de ce cher capitaine Sabre, intitulée « Le soldat d’étain assassiné » est sortie en librairie le 19 mars dernier. Par rapport à votre parcours de vie, j’ai envie de vous demander le pourquoi de cette passion pour le petit général corse, ce « Little big man » comme le surnommaient nos voisins anglais ?

La passion se trouve dans mon enfance, comme je l’ai mentionné plus haut, nos sorties et loisirs se déroulaient dans les châteaux d’Ile de France ( j’habitais alors les Yvelines) et plus particulièrement celui de Rueil Malmaison, demeure de Joséphine qui est à quelques kilomètres du Vésinet où je résidais alors. On ne peut évoquer Malmaison et Joséphine sans évoquer « the little big man » et puis chez moi, on l’aimait bien le petit Corse.

JMV : Après un premier succès remarqué pour le premier tome des aventures du capitaine Sabre intitulé « Les diamants de Waterloo », dont on peut retrouver l’avis de lecture sur Zonelivre, comment avez-vous abordé ce second récit ? Aviez-vous eu des retours de lectrices/lecteurs qui ont pu vous aiguiller sur des changements à faire ou une nouvelle direction d’écriture pour « Le soldat d’étain assassiné » ? Si oui, quels ont été ces changements ?

Je voulais présenter Dominique Larrey, « The » chirurgien de l’Empire » qui n’est toutefois pas si connu que ça, l’Histoire retiendra mieux le nom de Corvisart qui était le premier médecin de l’Empereur. Encore fallait-il que Larrey fut présent à Paris à la date qui nous intéressait car même démobilisé il restait un homme qui bougeait beaucoup, étant apprécié et réclamé de tous les gouvernements sauf du nôtre ! Je n’ai pas fais de changements majeurs, sans doute y en aura t-il pour le tome 3 qui sera une enquête rétrospective. Quant aux retours, ils sont très bons et j’en suis très heureuse, j’ai fourni un énorme travail notamment par l’introduction d’un personnage réel comme co-enquêteur (Larrey) il fallait que je le connaisse sur le bout des doigts, il y a aussi la « balade »  dans le Paris de 1815 qui m’a demandé beaucoup de recherches (mais que c’est passionnant) J’écoute les gens quand ils me font des suggestions mais je reste directrice de l’enquête.

Valérie VALEIX : Les enquêtes du Capitaine Sabre - 02 Le soldat d'étain assassiné
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JMV : J’ai trouvé pour ma part ce second roman encore plus passionnant : d’abord, l’intrigue est très prenante et ensuite par la rédaction de celui-ci : vous avez mis à disposition de vos lectrices et lecteurs de nombreuses notes de pages, très instructives pour la majorité d’entre elles et surtout, vous avez espacé votre récit de courts paragraphes historiques, relatif à des souvenirs évoqués par vos deux personnages principaux de cette seconde aventure, à savoir Jérôme Blain et son fidèle ami, Dominique Larrey, ancien chirurgien des armées de Napoléon. Ces courts intermèdes d’histoire avec un grand H, sont une pause, bienheureuse en ce qui me concerne, dans la lecture. Comment les avez-vous appréhendés ? Avez-vous redouté, au risque, peut-être, de lasser votre lectorat, d’en faire « de trop » ? Ou alors, pour vous, pour cette seconde aventure, c’était un pas de plus, nécessaire, pour renouveler l’intrigue et apporter un « plus » à la structure du récit ?

Quand j’ai écris, plus encore en historique, je ne vois pas le temps qui passe, je n’entends plus rien, je suis immergé en 1815, je vis mes personnages, je les entends parler, le ton qu’ils mettent, une même phrase n’aura pas la même portée si on la prononce de différentes façons avec les mimiques qui l’accompagnent. Il faut que tout cela se traduise en mots pour que les lecteurs aient l’impression d’assister à la scène. Une fois le chapitre ou le paragraphe terminé, je laisse passer un peu de temps, je vais faire de longues marches dans la Nature à laquelle je me reconnecte puis je reprends et je me dis « ah là ça va faire too much , je garde ou pas ? » Si je relis avec plaisir je garde. J’ai eu aussi envie dès le premier, que ces apartés histoire vus à travers les souvenirs de Jérôme soit une spécificité des enquêtes du Capitaine Sabre.

JMV : Avec les romans historiques, on n’échappe pas à la recherche et à la production d’une nombreuse documentation. Comment celle-ci s’organise-t-elle ? Faites-vous un gros travail de recherche avant la première ligne écrite ou celles-ci se font-elle au fur et à mesure de l’écriture en cours ? Vous avez déjà un bagage personnel historique sur cette période napoléonienne, est-ce que cela est un atout ?

Oui mon bagage « napoléonien «  est un atout mais c’est loin de faire tout. Ca m’aide à me diriger parmi les multiples protagonistes de cette époque foisonnante en évènements. Je fais des recherches avant et pendant, je suis aidée dans cette tâche par mon conseiller militaire qui est aussi mon béta lecteur : Alain Cerri, ancien professeur d’Histoire à la retraite qui vit en Haut de Savoie. C’est lui qui a insisté pour les notes de bas de pages, moi au départ je n’étais pas pour et il a eu raison : rares sont ceux à s’en plaindre. Une grande amitié est née entre deux inconnus grâce à Napoléon ( j’ai connu Alain en effectuant des recherches et je suis tombée sur son excellent site consacré aux diverses guerres que la France a subies dont Waterloo qui m’intéressait alors)

JMV : Vous avez certainement commencé la rédaction du tome 7 des aventures policières de votre apicultrice Audrey. Comment abordez-vous une nouvelle histoire ? Est-ce que l’inspiration d’un nouveau sujet vous vient facilement ?

Quand on jongle avec les époques, il faut du temps pour s’extraire de l’une pour entrer dans l’autre, plus encore quand on passe de Jérôme à Audrey, l’inverse est plus facile. Oui j’ai redémarré le tome 7, deux chapitres sont écrits mais je prends plus de temps, pour les raisons citées plus haut, aussi parce que je suis encore très sollicitée pour le Soldat d’Etain notamment en cette année du bicentenaire.

JMV : Combien de temps consacrez-vous à l’écriture au quotidien ? Sachant que vous avez une activité professionnelle puisque vous êtes vous-même apicultrice : comment organisez-vous vos journées ?

Mes journées sont réglées comme papier musique ! Le matin après avoir déposé ma fille à l’école, je consacre du temps aux message divers, l’entretien de la page FB. Puis je fais quelques recherches si nécessaire, le matin n’est jamais ou rarement consacrées aux abeilles à cause des températures, il faut au moins 15° 3 jours de suite pour ouvrir la ruche sans dommage. C’est donc plutôt l’après-midi. Si je suis en saison « abeilles «  d’avril (du moins en principe car cette année fait mentir) à septembre, j’alterne les journées : de 14hà 15h30 au rucher ou bien écriture. En hiver, tous les après-midis (week-end compris) sont consacrés aux livres.

JMV : Passons maintenant à une question qui va plaire forcément à vos lectrices et lecteurs : quels sont vos goûts littéraires ? Lisez-vous beaucoup de livres chaque année ? Quels sont vos auteur(e)s préféré(e)s ?

Et bien je risque d’en décevoir quelques uns ! Je ne lis pas beaucoup car je lis tellement quand je fais mes recherches que je n’en ai plus envie ensuite et pourtant j’ai de quoi faire car il n’est pas rare qu’on m’en offre sur les salons. Mes auteurs préférés sont : Juliette Benzoni qui fut mon mentor, Armand Cabasson qui le premier à écrit des polars historiques se déroulant sous le Premier Empire et ayant lieu dans l’armée : les enquêtes du Capitaine Margont hélas il n’en a fait que 3 et a orienté totalement son écriture. J’ai été déçue qu’il arrête net comme ça, je lui avais écrit pour le lui dire et il m’avait répondu qu’il était honoré mais que c’était son choix ( Armand est psychiatre et descendant d’un médecin major de l’Empire). Aussi Thierry Bourcy et son flic engagé dans la Première guerre mondiale. Bien entendu Nicolas Le FlochN, même si j’avoue ne les avoir pas tous lus, tout comme les enquêtes de Voltaire de Lenormand.

JMV : Ecoutez-vous de la musique en écrivant ? Auriez-vous une playlist musicale à conseiller à vos lectrices et lecteurs pour mieux apprécier leur lecture de ce second tome ?

La musique du film «  Le dernier samouraï » par Hans Zimmer que j’apprécie. Pour le dernier samouraï, il s’agit d’une musique de méditation, un peu triste, surtout quand on connaît la formation des samouraïs, enlevés dès leurs premiers mots à la mère, formés à la dure, expédiés la nuit seul à l’âge de 4 ou 5 ans récupérer les têtes de condamnés entre autres joyeusetés. Jérôme a perdu sa mère à l’âge de 3 ans, il a quitté son père tôt pour entrer en formation militaire grâce à son parrain Penthièvre et Napoléon a quitté sa famille à 9 ans pour venir étudier sur le continent sans parler français. Songeons toujours que c’est l’enfant qui fait l’homme ou la femme.

JMV : Le mot de la fin est pour vous : une envie de dire quelque chose à votre lectorat ou autre chose qui vous tient à cœur ?

J’apprends à chaque livre que j’écris, je me suis enrichie au fil des tomes et j’espère encore m’enrichir . j’espère aussi partager ces connaissances avec mon lectorat. Avec le Soldat d’étain assassiné, je tâche de me reconnecter avec le monde napoléonien et j’ai découvert « Napoléon l’Opéra rock » par Dimitri Casali qui, professeur d’Histoire en zone prioritaire, se demandait comment capter l’attention de ses élèves. Il a fondé le groupe Historock et quant à son « Napoléon Opéra rock », il est parrainé par Jean Tulard. Je soutiens ce projet.

JMV : Merci Valérie Valeix d’avoir répondu à mes questions. Pour conclure cet entretien, je vous propose le petit exercice du portrait chinois.

Portrait Chinois

Si vous étiez un personnage de fiction ?
Anna Karenine
Si vous étiez un livre ?
Madame Bovary
Si vous étiez un film ?
King Kong, la version de 1933
Si vous étiez un mot ?
Anticonformiste
Si vous étiez une destination ?
Un champ de lavande dans le Lubéron.
Si vous étiez une mauvaise habitude ?
J’en suis déjà une : la gourmandise !

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