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Camilla LÄCKBERG : Les aventures d’Erica FALCK – Tome 8 – La faiseuse d’anges

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Camilla LACKBERG : Les aventures d’Erica FALCK – Tome 8 - La faiseuse d'anges
Camilla LACKBERG : Les aventures d’Erica FALCK – Tome 8 - La faiseuse d'anges

Présentation Éditeur

Pâques 1974. Sur l’île de Valö, aux abords de Fjällbacka, une famille disparaît sans laisser de traces. La table de dîner est soigneusement dressée, mais tous se sont volatilisée, à l’exception de la fillette d’un an et demi, Ebba. Sont-ils victimes d’un crime ou sont-ils partis de leur plein gré ? L’énigme ne sera jamais résolue. Des années plus tard, Ebba revient sur l’île et s’installe dans la maison familiale avec son mari. Les vieux secrets de la propriété ne vont pas tarder à ressurgir…

Camilla LACKBERG : Sa biographie et sa bibliographie

Origine Suede
Éditions Actes Sud
Date 4 juin 2014
Éditions Babel
Date 11 mars 2017
Traduction Lena GRUMBACH et Shani GRUMBACH
Pages 512
ISBN 9782330075330
Prix 9,90 €

L'avis de Sophie PEUGNEZ

Et la victime deviendra bourreau…

Ebba et son mari sont de retour sur l’île de Valö (à côté de Fjällbacka) où la jeune femme a vécu toute sa petite enfance avant que sa famille ne volatilise en une nuit à Pâques en 1974. C’était à l’époque un pensionnat, il a été transformé en colonie de vacances, abandonné et maintenant ce lieu offre de belles perceptives de gites pour ce couple qui doit surmonter le deuil de leur enfant.

Fjällbacka 1908. Dagmar est petite quand les gendarmes viennent chercher Mère et Père. Cette dernière est surnommé La Faiseuse d’anges. Le monde de Dagmar s’écroule, elle sait que sa mère l’aimait mais ses parents sont guillotinés. Elle va être placée dans une famille d’accueil et elle ne sera plus que la fille… On murmura sur son passage. Elle deviendra presque une bête de foire. Elle n’est qu’une domestique jusqu’au jour où elle croise la route d’un bel officier allemand…

Sur l’île, notre jeune couple tente de faire face à la masse de travail qui les attend même s’il existe une tension pratiquement palpable entre eux. Ebba ne supporte plus le contact physique avec son mari. Son échappatoire est de fabriquer des bijoux : de petits anges en argent. Et comme s’ils n’étaient pas assez meurtris, on va mettre le feu à leur habitation pendant la nuit.

Le policier Patrik Hedström est appelé sur les lieux. Il devra tout faire pour empêcher son épouse Erica de mettre les pieds là-bas. Même si cela fait des années que l’histoire de cette famille l’obsède. Elle a réunit de nombreux documents et elle n’a envie que d’une chose : s’entretenir avec Ebba. Quitte à s’attirer les foudres de son mari. Elle n’a toujours envie de se cantonner au rôle de maman qui veille sur sa progéniture et qui écrit quand elle peut. Le métier de policier passe-t-il vraiment avant celui-ci d’écrivain ?

Famille de coeur ou famille biologique ? Quels que soient les liens qui unissent les individus tout n’est pas toujours simple dans l’existence et il est possible que des fêlures empêchent certains d’avancer, ils se sont peut-être déjà trop éloignés sans s’en rendre compte. Certains secrets de familles ne devraient-ils pas plutôt rester au fond d’une vieille malle ?

J’avoue il y a souvent dans les romans de Camilla LACKBERG un aspect très « girly ». L’auteur nous entraine dans les petites choses du quotidien de ses personnages, on les voit grandir, évoluer. Mais j’assume totalement le plaisir de m’y plonger comme dans une série TV que l’on suit depuis des années, car oui, j’ai envie de savoir « qui est tombé amoureux ? qui se sépare ? » On sent que Camilla puise dans son quotidien alors que dans cet opus Erica semble fatiguée par moment que le métier de son mari policier passe avant celui d’écrivain. Il n’est pas impossible qu’elle est voulu faire passer un message avec une pointe d’humour. Trois enfants c’est le bonheur, mais un bonheur tumultueux et pas toujours de tout repos…

Mais derrière cet aspect léger se dissimule une dimension psychologique très forte. Il y a un vrai travail de recherche et d’analyse sur la transmission. On parle aujourd’hui de « psycho-généalogie » notamment concernant les comportements qui se transmettent parfois de manière inconsciente de génération en génération. C’est d’autant plus flagrant dans les relations mère-fille. La violence physique mais peut-être encore plus la violence psychologique fait de l’enfant victime un adulte bourreau (ce n’est heureusement pas le cas à chaque fois mais ce « phénomène » existe. Car tant que la « pathologie » n’est pas identifiée, la chaine continue et des traumas se transmettent de génération en génération. Même s’ils peuvent muter. Je peux hélas pas développer mes propos car je n’ai pas envie de vous « spoiler » le récit. J’ai envie que vous puissiez aller de surprise en surprise tout comme moi au fil des pages.

Le thème de la filiation est cher à Camilla LACKBERG, on le retrouve pratiquement dans tous ses romans. L’adoption a notamment une part importante dans plusieurs de ses récits. Ebba a notamment des liens très forts avec ses parents de coeur, elle n’a jamais cherché à savoir ce qui était arrivé à ses parents biologiques. Annika qui travaille au commissariat a eu également une petite fille grâce à l’adoption internationale. La parentalité est vraiment un thème très fort : on découvre un Gösta fragilisé par le fait de ne pas avoir vu d’enfant grandir et devenir adulte dans sa maison, il y a eu cet enfant perdu puis la petite Ebba qui a séjourné un peu chez lui. Mais le silence entoure les souvenirs.

Camilla LACKBERG défend ses valeurs dans ses textes, notamment le bonheur pour tous : l’homoparentalité de Paula et le bonheur de cette dernière. Elle forme avec sa compagne un couple unie, elles vont être mamans pour la seconde fois.

Le combat de l’auteur pour la tolérance se prolonge dans la dimension politique. Dans « L’enfant allemand », elle avait déjà évoqué les liens entre la Suède et son passé pendant la seconde guerre mondiale. Elle montre qu’elle existe encore malheureusement des mouvements néo-nazis et quels sont leurs plans pour propager leurs idées nauséabondes. Sous leurs aspects sympathiques et plus ouverts, certains notables (et autres individus) ont des relents de nazisme. Il ne faut gratter beaucoup pour voir cette sombre apparence.

J’ai particulièrement aimé La faiseuse d’anges. J’ai eu l’impression de lire plusieurs romans en un seul. A la fois, véritable moment de détente et en même temps outil de réflexion. J’aime que Camilla LACKBERG profite de sa notoriété pour faire passer des messages forts. Un hymne à la tolérance. Au fait que l’on peut avoir plusieurs vies dans une vie. Que l’on a le droit de croire; d’aller de l’avant car l’existence ne fait que des cadeaux. Ce tome montre une fois de plus plusieurs aspects de l’existence : des petits moments presque futiles mais bons, de grands bouleversements et le fait que certains partiront même si on n’est pas encore prêt et que l’on ne le sera jamais pas ce type d’événement (maladie, deuil…).

Pour finir sur une note plus gaie, soulignons que Camilla LACKBERG met en avant que la reconstruction est possible que ce soit des vieux bâtiments ou des individus, il faut juste savoir prendre son temps et être bien accompagné.

Monika KRISTENSEN : Opération Fritham

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Monika KRISTENSEN : Opération Fritham
Norvege
Monika KRISTENSEN - Operation Fritham-
  • Éditions Gaïa Polar en janvier 2013
  • Éditions Babel Noir mai 2014
  • Traduit par Loup-Maëlle BESANCON
  • Pages : 400
  • ISBN : 9782330032838
  • Prix : 8,70 €

Monika KRISTENSEN : Opération FrithamPRÉSENTATION ÉDITEUR

Mars 1941, Kirkenes, en Norvège. Un pasteur et son fils veillent sur une chapelle et son trésor. Lorsque deux déserteurs, des Norvégiens engagés volontaires dans l’armée allemande, pensent pouvoir y trouver refuge, ils découvrent surtout une icône russe de grande valeur.

Mai 1942. En pleine Seconde Guerre mondiale, l’archipel du Svalbard, tout au nord de la Norvège, est sous occu­pation allemande. La flotte alliée entreprend de le reconquérir. Nom de code?: Opération Fritham. Un carnage.

Soixante ans plus tard, les Vétérans de l’Arctique, anglais et allemands, se réunissent au Svalbard pour guérir leurs vieilles blessures. Au lieu de la grande réconciliation attendue, ce sont de sanglants secrets et un trésor religieux qui refont surface.

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

La Norvège au coeur de la seconde Guerre Mondiale.

En 1941 alors que la Norvège est envahie par l’Allemagne, un jeune homme décide d’entrainer son jeune frère sous la bannière de l’occupant allemand pour le prestige de l’uniforme nazi. Mais les deux frères vont déchanter, ils ne seront que des êtres inférieurs aux yeux des nazis et ils se retrouveront au pain sec et à l’eau sur le front de l’Est.

Cette situation ne peut plus durer, ils décident de fuir les combats et de retourner chez eux. Leur pérégrination les mettra sur la route d’une petite chapelle qui contient un précieux tableau, une icône russe, qui appartient maintenant au peuple Sami. Ils suppriment au passage le pasteur qui leur est venu en aide.

Les combats peuvent meurtrir l’être humain mais là on constate combien l’homme peut redevenir un animal dans son aspect le plus primitif.

« L’Archipel du Svalbard est sous souveraineté norvégienne depuis 1920. Il se trouve entraîné dans le conflit lorsque l’ Allemagne attaque l’Union soviétique en juin 1941. Sa population est alors évacuée, puis Allemands et alliés y envoient des petites unités afin d’y implanter des stations météorologiques » (extraits de la préface du roman). Il faut également des mineurs pour récupérer le charbon. Cette situation facilite le changement de vie pour certains, il est plus facile de changer de papiers et d’identité lorsqu’il y a de tels mouvements de population. Ce lieu stratégique va être le théâtre de combats violents : sur terre mais également dans les eaux.

De nos jours, des anciens combattants décident de se retrouver, d’oublier les tensions et les douleurs pour célébrer la paix retrouvée : Norvégiens, Allemands, Anglais sont réunis pour des conférences où circulent souvenirs et photos… La rédemption est-elle possible ? Et l’ennemi d’hier a-t-il changé ? En tout cas, celui qui est devenu un prédateur pendant le conflit n’a certainement pas complètement changé.

« Opération Fritham » est un texte puissant, riche et dense à découvrir absolument. Il évoque des faits très peu connus voir méconnus en France : l’occupation de la Norvège par les Allemands pendant le seconde guerre mondiale. C’est à la fois un portait de la grande Histoire et aussi des récits individuels. Ce roman évoque notamment la difficulté de mener une enquête policière alors que le pays est plongé au coeur de la seconde guerre mondiale.

Beaucoup d’informations historiques dans ce récit mais qui s’intègrent parfaitement à l’histoire. Il n’y a jamais un « ton professoral » bien au contraire c’est une immersion complète dans un conflit qui oppose des grandes puissances notamment l’Allemagne et l’Union Soviétique. La position géographique du Svalbard a une véritable importance dans la géopolitique et cela s’amplifie de nos jours. Sa proximité avec les Russes est un thème que l’on retrouvera aussi dans le dernier roman policier de Monica Kristensen « Vodka, pirojkis et caviar » (éditions Gaïa). L’auteur a vécu six ans au Svalbard ce qui lui donne une connaissance parfaite des lieux et de son atmosphère si particulière.

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Yrsa SIGURÐARDÓTTIR : Série de Thora et Matthew – 2 – Bien mal acquis

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Yrsa SIGURÐARDÓTTIR : Série de Thora et Matthew - 2 - Bien mal acquis
Islande

INFOS ÉDITEUR

Yrsa SIGURDARDOTTIR : Bien mal acquis
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Parution aux éditions Anne Carrière le 29 septembre 2013

Parution aux éditions Points Seuil le 04 septembre 2014

Traduit de l’Islandais par Catherine MERCY

Un meurtre a été commis dans une ferme récemment rénovée. Une ferme qui avait la réputation d’être hantée. L’avocate Thora Gudmundsdottir est engagée est engagée par le propriétaire, principal suspect dans l’affaire, pour le représenter. Son enquête fait bientôt resurgir à la lumière le passé macabre de l’endroit.

(Source : Anne Carrière – Pages : – – ISBN : 9782843375835 – Prix : 22 €)

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Des pleurs d’enfants résonnent dans la nuit….

Une jeune architecte est assassinée sur une plage non loin de l’hôtel pour lequel elle développait des projets. Institut est un peu spécial qui allie thérapies du bien-être (massages aux pierres chaudes…) mais également idées new-age (soigner les auras, conférence sur les auras).

Le propriétaire des lieux a fait appel à l’avocate Thora Gudmundsdottir pour attaquer ceux qui lui ont vendu ce bien. Les lieux sont hantés, il craint que cela fasse fuir sa clientèle. Régulièrement des pleurs d’enfants résonnent dans la nuit.

Thora va mener sa propre enquête en parallèle de la police. La victime apparait comme une véritable collectionneuses d’hommes et avide d’argent. Il faut creuser dans cette direction. Les terres de l’institut sont vastes et l’histoire des lieux est à la fois riche et complexe.

Yrsa Sigurdardottir a construit un thriller très efficace. La configuration des lieux offre le cadre d’un huis clos. Il y a peu de figurants : nous sommes en Islande et de plus dans un coin reculé.

Une nouvelle fois, l’auteur a introduit une dimension fantastique au texte. Exercice qu’elle réussit à la perfection. Les peurs, les émotions sont palpables. La présence d’entités ne semble pas saugrenue : il s’est passé tellement de choses dans ces terres. L’héroïne Thora est sceptique ce qui renforce la crédibilité et la force du récit. Une galerie de portraits de qui permet au lecteur de cogiter et d’essayer de trouver le coupable.

La lecture est vraiment agréable. Accessible à tous. Il y a une véritable touche d’humour, de sensualité et de maladresse grâce au personnage de Thora qui doit gérer ses problèmes avec son ex-mari et ses enfants en plus de ses activés professionnelles. Pas facile tous les jours….

Une auteur islandaise que l’on ne peut pas classer aux côtés d’Indridason ou de Thorarinsson, elle conviendra mieux aux lecteurs des suédoises Camilla Läckberg et Viveca Sten. Ainsi qu’aux amateurs de thrillers fantastiques.

Arnaldur INDRIDASON : Enquête d’Erlendur – Tome 10 – La muraille de lave

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Arnaldur INDRIDASON : Enquête d'Erlendur - Tome 8 - La muraille de lave
Islande

INFOS ÉDITEUR

Arnaldur INDRIDASON : Enquête d'Erlendur - Tome 8 - La muraille de lave
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Parution aux éditions Métailié Noir le 03 mai 2012

Parution aux éditions Points Seuil en mai 2013

Titre original : Svörtuloft

Traduit de l’islandais par Eric BOURY

La Muraille de lave à laquelle fait allusion le titre est une falaise de basalte au pied de laquelle un tourbillon violent engloutit toutes les embarcations qui s’approchent, c’est aussi le surnom qui a été donné au siège social d’une grande banque, à l’architecture sombre et aux pratiques discutables.

Le commissaire Erlendur est parti en vacances sur les lieux de son enfance et il a disparu, mais son équipe continue à travailler.

Tandis que Elinborg, la fine cuisinière, s’occupe d’une affaire de viol (La Rivière noire), Sigurdur Oli, le moderne formé aux États-Unis, reconnaît par hasard dans la rue l’un des témoins de l’affaire de pédophilie en partie résolue dans La Voix.

Ce même jour, un ami lui demande d’aider un couple de cadres qui, pratiquant l’échangisme, fait l’objet d’un chantage. Troublé par ses problèmes de nouveau divorcé, Sigurdur Oli va cependant aller jusqu’au bout d’une histoire qui lui révèle la cupidité qui s’est emparée de la société islandaise avec l’expansion mondiale des modèles financiers.

Commencé comme un polar classique, La Muraille de lave tisse les trames de plusieurs affaires et entraîne le lecteur dans les tourbillons de la perte de critères moraux et de l’impudeur de l’amour de l’argent.

(Source : Métailié – Pages : 320 – ISBN : 9782864248729 – Prix : 19,50 € – Points Seuil)

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Argent versus morale.

Tailler un masque de cuir pour la vengeance. Car la douleur a été trop longue jusqu’à la destruction… Une gorgée de Brennivin pour se donner du courage, les souvenirs de rares moments de bonheur dans la campagne.

Le retour au présent : sera accompli ce qui doit l’être…

Sigurdur Oli est sollicité par un de ses amis de lycée et d’université pour intervenir dans une histoire de moeurs qui risque d’éclabousser sa famille par alliance.

Echangisme, rackett… même si ces domaines ne plaise pas à Sigurdur, il va tenter de jouer les négociateurs et il va se retrouver malgré lui sur une scène de crime…

Pas facile d’éviter les tensions lorsque le commissaire Erlendur et que les membres de son équipe, Sigurdur Oli et Finnur, n’ont pas la même façon de procéder. De plus, impossible d’avoir ses conseils, il ne répond pas de son lieu de vacances, même pas à sa fille.

La vie privé de Sigurdur n’est pas plus simple que sa vie professionnelle. Difficultés pour communiquer avec sa compagne Bergthora qui ne peut pas avoir d’enfants… Et une mère Gaga qui a une emprise sur lui qu’il ne maitrise pas et qu’il ne réalise peut-être pas.

« La muraille de lave » d’Arnaldur Indridason est vraiment un roman captivant avec plusieurs strates que l’on découvre au fil de la lecture. C’est dans un premier temps une véritable immersion dans le paysage islandais : paysage d’abord urbain où tout le monde semble lié (« la population de l’Islande était si réduite qu’on pouvait difficilement faire abstraction des liens familiaux ou amicaux. On ne pouvait y échapper. » p 149) puis viendra la découverte de « la muraille de lave ».

Dans un second on perçoit la partition d’Indridason qui écrit plusieurs mélodies qui se marient très bien. Loin d’être cacophonique, bien au contraire, plusieurs personnages sont dominants et on suit leur rythme, leur histoire. Pou un final surprenant car il y a une symphonie cachée dans ce texte. En effet, une vielle enquête va dévoiler de nouveaux aspects qui enrichira ceux qui ont suivi tous les romans de l’Islandais. Mais un lecteur qui fera ses premiers pas dans cet univers sera également conquis.

Il y a des thèmes que l’on retrouve également chez les danois Soren et Lotte Hammer dans « Morte la Bête » (Actes Nois, Babel Noir) : L’auto-justice, la pédophilie. Très troublante image de ces pays nordiques. A cela s’ajoute le pouvoir de l’argent. Du risque d’une explosion économique. J’ai eu envie de m’assoir à la table d’un café en compagnie d’Arnaldur Indridason pour l’ attendre parler encore plus en détails du fonctionnement de ce pays que je connais si peu.

Le texte est très vivant : beaucoup d’échanges verbaux avec un ton parfois incisif qui donnent vraiment l’impression aux lecteurs d’assister aux différents interrogatoires.

Le danger en refermant ce livre c’est une furieuse envie de vous précipiter dans l’agence de voyage la plus proche pour acheter un billet d’avion pour l’Islande.

Monica KRISTENSEN : Le sixième homme

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Monica KRISTENSEN : Le sixième homme
Norvege

INFOS ÉDITEUR

Parution aux éditions Gaïa en janvier 2012

Parution aux éditions Babel Noir en avril 2013

Traduit du Norvégien par Loup-Maëlle Besançon

Connaissez-vous Longyearbyen ? Un nom assez énigmatique pour cette capitale minuscule nichée dans l’archipel du Svalbard et plongée une grande partie de l’hiver dans la nuit polaire.

C’est dans cette obscurité qu’un lourd manteau neigeux peine à éclaircir que la petite Ella disparaît. Le jardin d’enfants est pourtant bien surveillé, mais les petits aiment chahuter et se cacher sous la maison, entre les pilotis. Un homme rôde qui les observe. Des traces de pas dans la neige mènent droit à la mine de charbon. Située sur les hauteurs de la ville, cette mine est le centre de gravité de l’île.

Chacun connaît dans son entourage un ou plusieurs de ses employés. Comment une si petite ville, d’à peine 2 000 habitants, pourrait longtemps cacher un criminel ? Le commissariat de Longyearbyen est plutôt engourdi par le manque de rotation des affaires à traiter… Rien de commun en effet entre cette disparition inexplicable et la routine des policiers : les chasses à l’ours en scooter des neiges – leurs couloirs migratoires menacent régulièrement de traverser la ville -, les petits trafics des pêcheurs contrebandiers ou encore le fléau de l’alcoolisme qui n’épargne pas tous les foyers… Epaulé par des agents venus de métropole, le commissariat parvient à recouper plusieurs pistes quand le père d’Ella disparaît à son tour.

Nouvelle victime.

(Sources : Gaïa – Pages : 288 – ISBN : 9782847202137 – Prix : 20 € – babel noir)

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Une peinture sociale dans la nuit polaire.

Des enfants jouent dans la cour d’école bien à l’abri du regard des adultes. Certains ont élus domicile pendant la récréation au milieu des congères formées sous l’école. Parmi tous ces bambins, il ya Ella qui va être portée disparue. D’autant plus difficile à vivre pour sa maman qu’elle travaille également dans l’établissement scolaire.

La nuit polaire n’engloutit pas que les enfants, les adultes sont également dans un état second. Une des femmes arrivée depuis peu dans la petite ville a beaucoup de mal à s’adapter à l’ambiance étrange qui règne. Elle a le sentiment de perdre ses repères temporels, elle n’arrive à renouer des véritables affectifs avec son mari.

L’obscurité profite à certains qui tentent de devenir riches en se livrant à différents trafics.

Le lecteur devient un des nouveaux habitants de cette petite bourgade. Il apprend très vite à connaitre chacun, ses bons côtés et ceux qui sont cachés. Tenir toute la nuit polaire n’est pas facile, certains se réfugient dans l’alcool, d’autres dans des évasions extra-conjugales.

Mais ce qui marque le plus, ce qui effraie : c’est la mime toute proche. Elle a été synonyme d’âge d’or, de légendes. Elle est maintenant une cicatrice dans le paysage avec son poids de mystère.

« Le Sixième Homme » se lit dans un premier temps comme un roman de suspense puis je trouve que l’on passe plus dans le roman noir dans la seconde partie. On se focalise plus au début sur la disparition de la petite fille puis on va élargir son regard sur une société qui a du s’adapter à vivre sans lumière une partie de l’année.

On sens la morosité que vivent certains et on comprend pourquoi d’autres ont besoin de s’évader même si la morale n’est pas toujours au rendez-vous.

Mais dans cette petite communauté où tout le monde se connait, est-il possible qu’il y ait un meurtrier ?

Le portrait de la mine m’a touché, ce lieu est un personnage à part entière du roman. C’est comme une souveraine qui a brillé de toute sa splendeur et qui s’éteint à petit feu. La vieille dame est toujours présente mais est-ce que les nouvelles générations prêteront attention à elle ?

Il y aura encore certainement pendant longtemps des légendes qui l’entourent.

A noter que la sortie du roman de Monica KRISTENSEN s’est accompagnée de « La garçon dans le chêne » de Frederik EKELUND et de « Le baiser de Judas » d’Anna GRUE. Ces textes ont inauguré en 2012 la nouvelle maquette de la collection Gaïa Polar que je trouve très réussie. Cela donne un véritable coup de jeune à la collection. Des couvertures très attirantes (photographies, typographie).


L’AVIS DE MARIE H.

La petite Ella disparaît dans la nuit polaire de Longyearbyen. C’est la consternation et la stupéfaction dans cette petite ville de 2 000 habitants où tout le monde se connaît :

« Knut commençait à s’impatienter. Evidemment que la fillette ne tarderait pas à être retrouvée. Personne ne disparaissait au Svalbard. L’hiver, à l’exception du vol quotidien qui reliait l’archipel au continent, ils étaient pour ainsi dire coupés du reste du monde. Ils savaient donc parfaitement qui habitaient Longyearbyen, quels étaient les visiteurs et qui quittaient les lieux. » (p.28)

C’est un choc pour les trois policiers de l’île -Knut, Erik, et Tom -placés sous la tutelle du Gouverneur Anne Lise – qui sont davantage habitués à démasquer des contrebandiers ou à régler des disputes conjugales, à protéger la ville des ours polaires :

« Bon comme je vous le disais, il y a des gens en motoneige qui ont appelé parce qu’ils ont vu des ours polaires, une mère avec ses deux petits. Il semblerait qu’ils se dirigent vers Vestpynten et l’aéroport. Qui sait ? L’envie pourrait leur prendre de passer par Longyearbyen. Vous comprenez, l’odeur de nourriture des restaurants…Il vaudrait mieux que vous les chassiez de là, afin d’éviter que la mère ne se ballade dans toute la ville avec ses oursons. » (p.63)

La lecture de ce roman est un dépaysement total. Le décor est inédit. Toutes les particularités du Svalbard, archipel au Nord de la Norvège, sont décrites. Le lecteur se retrouve immergé dans l’extrême Nord, dans des paysages grandioses, dans la rudesse du climat et l’on perçoit combien le climat épuise la population lors des longues nuits polaires, combien il est difficile d’y rester : « De toute façon, personne ne s’installait ici définitivement. La durée des contrats de travail se limitait d’ordinaire à deux ou quatre ans. » (p.27)

L’auteur décrit avec beaucoup de réalisme cette petite ville avec beaucoup de précisions : les conditions de travail des mineurs, les conditions des pêcheurs, les situations de contrebandes (trafic illégal de rennes), la présence des ours polaires. La vie des habitants est liée soit à la mine, soit à la pêche et ces deux activités comportent des risques et des dangers. La mine devient elle aussi un personnage avec ses artères étroites creusées dans la roche, l’obscurité et la poussière. L’auteur joue ainsi de forts contrastes entre le noir de la mine et le blanc des ours, de la neige.

La construction du livre est très maîtrisée et l’auteure développe plusieurs histoires en parallèle (la recherche de la petite fille, l’histoire d’une femme trompée, un moment critique pour la mine de charbon) à partir de personnages très forts. Une auteure à suivre…

Inger WOLF : Enquête de l’inspecteur Daniel Trokic – Nid de guêpes

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Inger WOLF : Enquête de l'inspecteur Daniel Trokic - Nid de guêpes
Danemark

INFOS ÉDITEUR

Parution aux éditions Mirobole en mars 2013

Parution aux éditions Folio Policier le 27 mars 2014

Traduit par Alex Fouillet

Une semaine avant Noël, dans une maison abandonnée de la ville portuaire d’Arhus, un agent immobilier tombe sur le cadavre torturé d’un adolescent. A côté du corps, un amas de guêpes mortes. La nuit même, l’hôpital psychiatrique voisin signale la disparition d’un patient hanté par d’étranges réminiscences – une fillette aux traits flous, une maison blanche derrière un marronnier, et des guêpes…

Le commissaire Daniel Trokic s’enfonce petit à petit dans un labyrinthe semé d’embûches. Il ne tardera pas à se rendre compte que, lorsque les adultes mentent, les enfants se vengent.

Fascinée par les abysses de l’âme humaine, Inger Wolf explore la violence à l’œuvre chez ces gens ordinaires qui, à un tournant de leur existence, quittent la route du bien pour en emprunter une autre – une où ils ne seront plus seuls…

(Sources : Mirobole – Pages : – – ISBN : 9791092145014 – Prix : 21,50 €)

 

L’AVIS DE MARIE H.

C’est la première enquête du commissaire Daniel Trokic, un enquêteur à la personnalité forte à laquelle on accroche très vite. D’origine croate, il a connu les horreurs de la guerre des Balkans des années 1990 et l’on espère que les prochains livres donneront plus d’informations sur son passé. Pour l’heure, un adolescent a été retrouvé mort, atrocement mutilé, dans un amas de guêpes : « l’adolescent avait eu les lèvres amputées au scalpel. Les dents étaient visibles, cernées de sang. Un sang sec, presque aussi noir que de l’encre. » (p.22)

La nuit même, l’hôpital psychiatrique signale la disparition de l’un de leur patient nommé Sander, souffrant en autre, d’une phobie aux guêpes : « Il reconnut qu’il avait fui les ténèbres toute sa vie ; s’il voulait avancer, il devait trouver ce qui s’y dissimuler. » (p.44)

Sander est-il ce tueur fou ? Trokic est chargé de l’enquête, secondé par Lisa Kornelius et Jasper Taurus. Le lecteur suit la progression de l’enquête et la vie personnelle des policiers dans la ville d’Arhus.

Pour un premier polar, Inger WOLF le maitrise fort bien et ses personnages sont attachants.

Agatha CHRISTIE : Hercule Poirot – Le vallon

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Royaume-uni

INFOS ÉDITEUR

agatha christie-le vallon
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Parution aux éditions Le Masque en mars 2012

Traduit par Alexis Champon

Lady Angkatell est fascinée par le crime, aussi décide-t-elle d’inviter Hercule Poirot à passer le week-end avec quelques amis dans sa somptueuse propriété du Vallon. À peine arrivé, le célèbre détective belge aura de quoi s’occuper… On vient en effet de retrouver le corps du docteur John Christow flottant à la surface de la piscine dans une mare de sang. À ses côtés sa femme, prostrée, tenant un revolver à la main… Tous les convives sont sous le choc !

Pour Poirot, cette affaire relève de la routine. Sauf que cette fois, le célèbre détective a trouvé un adversaire à sa mesure…

(Source : Le Masque – Pages : 252 – ISBN : 9782702436479 – Prix : 5,60 €)

ADAPTATION AU CINÉMA

Titre : Le Grand Alibi

Sortie du film en salle le 30 avril 2008. Distribué par UGC

Réalisateur :

Pascal BONITZER

Acteurs :

  • Miou-Miou
  • Lambert WILSON
  • Valeria BRUNI-TEDESCHI
  • Pierre ARDITI
  • Anne CONSIGNY
  • Mathieu DEMY
  • Caterina MURINO
  • Maurice BENICHOU
  • Agathe BONITZER
  • Céline SALETTE

 

Sophie Loubière : A la mesure de nos silence

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A la mesure de nos silence - sophie loubiere
Sophie LOUBIERE : A la mesure de nos silence

Présentation Éditeur

Jamais Antoine n’aurait pensé que son grand-père puisse agir ainsi : il y a quelques heures à peine, l’adolescent sortait du lycée, s’apprêtant royalement à rater son bac.

Kidnappé par papi à bord d’un vieux coupé Volvo, il roule à présent vers l’inconnu, privé de son iPhone.

À 82 ans, François Valent, journaliste brillant, aura parcouru le monde et couvert tous les conflits du globe sans jamais flancher. S’il a conclu un marché avec son petit-fils, c’est pour tenter de le convaincre de ne pas lâcher ses études.

Mais ce voyage improvisé ne se fera pas sans heurts. La destination vers laquelle le vieil homme conduit Antoine – la ville de Villefranche-de-Rouergue, ou il a grandi – a ce parfum particulier du remords. C’est là que l’enfance de François a trébuché. Lors d’un drame sanglant de la Seconde Guerre mondiale dont l’Histoire a gardé le secret.

À la fois quête du souvenir et voyage initiatique, cette échappée belle les révèlera l’un à l’autre. La vraie vie n’est jamais là ou on l’attend.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Fleuve
Date 8 janvier 2015
Éditions Pocket
Date 7 septembre 2023
Pages 336
ISBN 9782266336543
Prix 8,70 €
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Jean D’AILLON : Chroniques d’Edward Holmes et Gower Watson – Tome 1 – Une étude en écarlate

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une etude ecarlate - d aillon
Flag-FRANCE

INFOS ÉDITEUR

Une-etude-en-ecarlate-jean-d-aillon
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Parution aux éditions 10/18 le 5 février 2015

Tome 1 des Chroniques d’Edward Holmes sous la régence du duc de Bedford, durant la cruelle et sanglante guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons.

Le 21 mai 1420, Isabeau de Bavière, reine de France, signait, au nom de son mari Charles VI, fou et incapable, un traité par lequel le roi reconnaissait Henri V de Lancastre, son gendre, héritier de la couronne de France.

Quelques mois plus tard, Edward Holmes, clerc et demi-frère du baron de Roos tué à la bataille de Baugé, était chassé de l’hôtel parisien de son seigneur. Ne pouvant rentrer en Angleterre, maître Holmes trouva logis chez le bonnetier Bonacieux, sis rue du Coq, où il partagea la chambre de Gower Watson, un archer blessé à la bataille d’Azincourt. Ne disposant d’aucun moyen de subsistance dans un Paris où régnaient la faim, le froid et la misère, Edward Holmes gagnait sa vie en rédigeant des lettres de rémission, ces suppliques au roi qu’envoyaient les familles des condamnés afin d’obtenir leur grâce.

C’est à l’occasion d’une enquête qu’il découvrira un complot conduit par Agathe Mortimer, descendante d’Édouard III, roi du lignage des Plantagenêt. Pour parvenir à ses fins, lady Agathe avait besoin de l’hôtel de Mélusine, une belle maison confisquée par le parlement après la sanglante prise de Paris par les Bourguignons, lorsque Périnet Le Clerc leur avait ouvert une porte de la ville. L’hôtel appartenait à Robert de Lusignan, lieutenant du prévôt Tanneguy Du Chastel dont les bouchers de Paris avaient massacré la famille. Le complot se scellait avec l’arrivée de Lusignan envoyé par le Dauphin. Seulement celui-ci revenait aussi pour se venger des bouchers qui avaient étripé sa femme et ses enfants.

Malgré sa perspicacité, Holmes parviendra-t-il à retrouver son logeur, son épouse Constance et son ami Watson, tous trois disparus, avant que la fontaine de la porte Saint-Honoré ne laisse s’écouler un flot de sang ?

(Sources : Site de l’auteur – Page : 504 – ISBN : 978-2264065490 – Prix : 8,80 €)

L’AVIS

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Interview de l’auteur Stéphane PAJOT

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Stéphane PAJOT
STEPHANE PAJOT
photo Arnaud Jaffré

Sébastien MOUSSE : Bonjour Stéphane, c’est donc avec un grand plaisir que j’ai lu ton petit dernier en date, Anomalie P., on ne va pas se la faire en biais, ce n’était pas chose gagnée, je suis un type cartésien, amoureux de la littérature noire. Et pourtant, dès les premières pages tournées, j’étais croché. C’est quoi cette histoire de Batraxil, t’en prends ?

Stéphane PAJOT : Dans ma jeunesse débridée (qui se souvient des 103 SP ?), j’ai testé quelques trips dont certains pris aux Francos de la Rochelle à la grande époque du père Foulquier, de Lavilliers qui chantait « C’est un mauvais garçon » (avec Yvette Horner, si, si !) ou de Jacques Higelin, le fidèle. On campait en face les deux tours du port, c’était l’état de fête permanente, notre petit woodstock annuel. Je suis parti en live à plusieurs reprises, voyageur immobile direction les paradis artificiels. Comme dans la chanson. Le seul souci, c’est la descente, le retour sur le plancher des vaches folles, surtout sans parachute. J’ai lâché l’affaire après un bad trip mais les expériences m’ont beaucoup servi pour entrer dans le délire du Batraxil, un acide dont le nom est une pure invention.

Séb : Une fois de plus on retrouve Nantes, sa région, et ses grenouilles… La grenouille, c’est un animal que tu aimes, un genre totem, comme certains idiots avec le crocodile ?

Stéphane : C’est un animal qui me plonge dans l’enfance et l’enfance c’est la chose la plus fragile et la plus importante dans l’histoire de chacun. J’en ai péché et mangé des grenouilles. Je n’en avais jamais fumé ou pris en trip. Dans Anomalie P. c’est chose faite et ça m’a permis d’en connaître un rayon sur les crapauds hallucinogènes.

Séb : Cela part comme un polar, puis doucement on entre dans le fantaisy, et surtout la poésie. C’est un peu comme si Breton et Dali s’étaient amusés avec ton texte, il est teinté de surréalisme. Ce n’est pas au départ ton style littéraire, une envie, une pulsion ?

Stéphane : Une commande en quelque sorte. L’idée initiale d’un délire autour d’une cité des grenouilles revient au Nantais Philippe Guihéneuf. Il prépare un film sur le sujet et m’a demandé d’en écrire un livre avant sur la base d’un synopsis. J’ai d’abord essayé dans une version conte fantastique mais je n’y arrivais pas. Je lui ai proposé de le « polardiser » en trouvant l’astuce du LSD, le fameux Batraxil. L’utilisation de cette drogue m’a permis d’imaginer un autre monde, celui des grenouilles et de rester dans le polar même si celui-ci n’est effectivement pas du tout dans les normes habituelles.

Séb : Sous couverture de grenouilles qui ont quelques petits défauts, qui ne sont pas pareilles, pas de la même race, un livre qui s’oriente vers le respect de la différence. Les batraciens comme ambassadrices de paix ?

Stéphane : Ce sont effectivement des métaphores pour dénoncer le culte du « tous pareils » et des gens, des enfants ou des seniors, qui sont exclus en raison de leur couleur de peau, de cheveux, de taille, d’âge, de religion, d’un handicap. Je reste un grand pacifiste qui prône le peace and love.

Séb : Sinon vu comme tu causes de Batraxil, tu n’as pas peur que l’on retrouve au printemps des mecs en train de lécher le dos des crapauds pour se payer des trips ?

Stéphane : Je n’ai rien inventé, ça existe déjà ! Aux Etats-Unis et en Australie, des venins de crapauds sont utilisés par des toxicos. Je ne sais pas en revanche si les grenouilles polydactyles permettent de se défoncer. Ca mériterait d’essayer, encore faut-il en trouver. Elles ont disparu du lac de Grand-Lieu depuis 1968 ! Anomalie P. est avant tout un roman dont les ingrédients sont bien réels mais leur mélange reste une fiction.

Séb : Stéphane, je te remercie pour cet entretien, au plaisir l’ami !

Stéphane PAJOT : Anomalie P.

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Stephane PAJOT - Anomalie P
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PRÉSENTATION ÉDITEUR

Un meurtre sur fond de trafic de drogue, des pêcheurs de grenouilles polydactyles, un marié noyé, une chute lente dans la marginalité. Tristan Madec, conducteur d’éléphant, emmène le lecteur sur la route du lac de Grand-Lieu et de sa mélancolie.

Attention, âmes insensibles et esprits étroits s’abstenir !

Stéphane Pajot, journaliste au quotidien Presse Océan, a de gros penchants pour le noir et le surréalisme qui le nourrissent au fil de ses ouvrages. S’il aime à se considérer comme un « plumitif de l’historiette », ce passeur de mémoire prend un malin plaisir à conjuguer réalité et fiction, ce qui donne à ses ouvrages ce parfum si énigmatique et troublant.

Origine Flag-FRANCE
Éditions L’Atalante
Date 25 septembre 2014
Pages 160
ISBN 9782841726837
Prix 14,90 €

L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY

Les auteurs sont des chics types… Prenez un garçon comme Stéphane Pajot, il y a quelques mois, il me fait confiance, écrit un Embaumeur[1], c’est déjà extrêmement gentil. Puis là, il sort un nouveau roman, Anomalie P chez l’Atalante, et bien il m’en envoie un exemplaire…

Il m’avait prévenu, « ce n’est pas tout à fait un polar dans la normalité », cette petite phrase a aiguisé ma curiosité, et je n’ai pas été déçu.

Au départ, c’est bien typé polar, un meurtre sur fond de trafic de drogue, mais surtout apparaissent des grenouilles polydactyles. Et les grenouilles vont prendre une place dans ce livre, que tu ne peux pas imaginer…

On va suivre, dans la ville de Nantes (Stéphane est amoureux de Nantes) Tristant Madec, conducteur d’éléphant, si, si à Nantes. Tristan est un garçon attachant, qui traine son spleen, qui a ses cadavres planqués au fond de lui. Pour un chercheur, le professeur Jean Rostand, Tristan va nous faire découvrir des lieux… Étranges.

Sous l’intrigue d’une nouvelle drogue, le Batraxil, Stéphane nous plonge dans un roman psychédélique et surréaliste. Surtout laissez-vous bercer, ne chercher pas à comprendre, ne soyez pas cartésien, Anomalie P est un livre fait pour voyager, pour nous plonger dans un monde utopiste.

[1] Deadline à Ouessant, tome 4 de l’Embaumeur 9.95 €

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Vidar SUNDSTOL : Minnesota – Tome 1 – La terre des rêves

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Norvege

INFOS ÉDITEUR

Parution aux éditions Grasset le 03 mars 2011

Traduit du norvégien par Hélène HERVIEU et Eva SAUVEGRAIN

Tome 1 de la trilogie du Minnesota

Deux frères, deux meurtres, une légende qui les unit…

Au cours d’une de ses rondes, Lance Hansen, un policier des Eaux et Forêts, découvre sur les rives du lac Supérieur un homme nu et prostré. Le FBI se charge de l’enquête, mais Lance Hansen veut en avoir le cœur net. Est-ce vraiment le premier crime dans la région ?

Passionné par l’histoire des premiers colons, il mène ses propres recherches et découvre, en fouillant les archives, qu’un autre meurtre a été commis au même endroit, cent ans plus tôt, et que sa famille, d’origine norvégienne, n’y est pas étrangère… Mais si Lance Hansen parle, tout son univers ne risque-t-il pas de s’effondrer ?

Un roman envoûtant sur la solitude et le poids du passé.

(Sources : Grasset, Points Policier– Pages : 408 – ISBN : 9782757832080 – Prix : 7,60 €)

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Le sang a coulé sur la terre des ancêtres…

Lance Hansen policier au USA Forest Service (« flic des forêts ») dans la Minnessota a été informé d’un campement illicite près du grand lac. Quand il s’approche de la croix en pierre, il voit une jambe nue qui dépasse. Et quand il est encore plus prêt, il voit avec stupeur un homme complètement nu, le corps couvert de sang avec juste une basket à un pied. Il parle à l’individu pour savoir si il est encore en vie. Et celui-ci lui marmonne quelque chose en norvégien. Un échange à peu décousu à lieu entre les deux hommes.

Lance décide d’emmener ce touriste hagard à sa voiture, il lui remet une chaussure qu’il a trouvé en venant. Ils ont parcouru quelques mètres quand l’individu complètement nu s’enfuie à travers les fourrés. Le surpoids et l’aridité du terrain empêchent notre policier de le rattraper. Et au détour d’un buisson, c’est le choc un autre homme est étendu là sur le sol et son crâne a été complètement défoncé.

Il doit faire appel à des renforts. Les hommes arrivent des quatre coins car dans ces vastes étendues chacun travaille de manière isolée. Un agent du FBI est dépêché sur les lieux mais également un policier norvégien. Car la victime et le fuyard viennent du « vieux continent ».

Le meurtre violent touche de manière viscérale cette petite ville tranquille. La population du Minnessota descend surtout des Scandinaves (et des Allemands) et dans notre communauté tout particulièrement des Norvégiens. Et notre brave policier est le garant de ce passé. Il a en sa possession les archives (documents, lettres, photos…). Le généalogiste amateur en tire en grande fierté mais il irrite bon nombre de concitoyens en brisant régulièrement des mythologies familiales en apportant son éclairage historique…

Les grands espaces verts qui bordent la ville abrite également une communauté indienne, les Ojibwe. Ce peuple connait les mêmes difficultés que les autres peuples amérindiens : tentative de garder l’équilibre entre modernité et tradition, le désœuvrement, l’alcool… Le fils de Lance et son ex-femme vivent au coeur de la tribu.

Notre brave Lance n’est pas directement chargé de l’enquête mais il reste pour tous celui qui a découvert le corps. Or il y a un fait qu’il préfère taire : son propre frère aurait été sur les lieux au moment de l’agression. Son sommeil va être de plus en plus agité. Et d’étranges rêves vont de plus en plus lui faire perdre pied… Doit-il parler ?

« La terre des rêves » est le tome 1 de la trilogie du Minnesota. C’est un texte sublime que je découvre à l’occasion des Boréales et j’en suis vraiment très heureuse. Dès les premières lignes, je me suis évadée, j’ai eu l’impression d’arpenter ces vastes étendues dans les sous-bois, et d’avoir fait de la randonnée le long du Lac. L’écriture de l’auteur permet une véritable immersion au coeur de la communauté. Tout semble figé dans le temps. Les habitants sont nés là-bas, ils ont grandis à l’ombre des mêmes maisons, des mêmes commerces… Protection, étouffement ? Le café coule, toujours la même serveuse, les habitués se posent… Même le flux des touristes ne semble pas perturber cette routine.

Cette ville a ses codes. Des racines profondément ancrées dans son histoire : chacun connait l’histoire de son ancêtre norvégien. Comment il est arrivé, où il s’est implanté… Tout a été et doit rester identique. La différence ne semble pas avoir sa place. Et dire que certains commencent à dire que les deux touristes étaient homosexuels… ce n’est pas possible… Deux hommes ne peuvent qu’amis…

J’ai été très touchée par le portrait de cette ville où le temps s’est arrêté mais derrière ces sourires de façade se cachent certainement de lourds secrets et une intolérance très forte pas toujours évidente à déceler au premier regard. Comme si chacun connaissait par coeur sa place dans la pièce de théâtre que joue perpétuellement la ville. Ouvrir ce livre c’est comme ouvrir une vielle malle au fond d’un grenier et découvrir peu à peu les souvenirs que beaucoup auraient préféré laisser enfouie.

Ce livre aurait pu paraitre aux éditions Gallmeister où le « Nature Writing » est souvent à l’honneur. La nature étant un des éléments clef du roman. J’ai également beaucoup apprécié l’aspect ethnologique. J’avoue que je n’avais réalisé l’importance des migrants scandinaves dans cette partie des Etats-Unis. Et il y a toute cette découverte de la culture Ojibwe. C’était passionnant d’avancer presque pas à pas dans leur tribu et dans leurs légendes. Et je n’ai pu m’empêcher de penser au roman d’Olivier Truc « Le dernier Lapon »qui est aussi un texte sublime. Avec un vrai questionnement sur la possibilité pour un peuple ancestral de préserver ses coutumes, sa langue, sa religion tout en s’intégrant dans la modernité de la civilisation contemporaine.

Ce premier volet s’inscrit dans une trilogie qui monte en puissance à chaque volume et qui en même temps se savoure à chaque instant, à chaque page…

Bon voyage à vous aussi.