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Dossiers Noirs : Les apaches

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Dossiers noirs -Les Apaches

Au tournant du XXe siècle, Paris connaît une mutation profonde, marquée par une industrialisation galopante et une urbanisation intense. Dans cette effervescence, une figure émerge et frappe l’imaginaire collectif : celle des « Apaches ». Ce surnom, attribué à des jeunes des quartiers populaires de Paris, évoque à la fois la menace et la fascination. Inspiré par une analogie sensationnaliste avec les Amérindiens, il désigne des bandes urbaines impliquées dans des activités criminelles, mais également porteuses d’une culture de rue unique. Les Apaches symbolisent un Paris sombre et en marge, tout en inspirant des récits qui alimentent leur mythe.

I. Les Apaches dans la société parisienne

Les quartiers des Apaches

Les Apaches trouvent leurs racines dans les quartiers populaires de Paris : Belleville, Ménilmontant, La Villette. Ces zones, marquées par une densité de population élevée et une pauvreté persistante, sont des terrains fertiles pour l’émergence de ces bandes. Les ruelles étroites, les passages labyrinthiques et les faubourgs en pleine mutation deviennent le théâtre de leur quotidien. Cette géographie urbaine, qui les protège des forces de l’ordre, favorise aussi le développement d’une culture de groupe.

Mode de vie et activités

Les Apaches ne sont pas qu’une menace criminelle, ils incarnent un style de vie. Leur code vestimentaire est distinctif : foulards rouges, pantalons serrés, casquettes inclinées. À cela s’ajoutent leurs pratiques de danse, comme la java ou la « valse apache », une chorégraphie violente qui reflète leur esprit de défi. Côté activités, ils s’adonnent au vol, aux rixes violentes, parfois au proxénétisme. Ces jeunes, souvent désœuvrés, vivent en marge d’une société qui les stigmatise autant qu’elle les craint.

La réponse de la société

Face à cette menace grandissante, la société parisienne réagit avec vigueur. La police, bien que souvent dépassée, intensifie ses patrouilles dans les quartiers concernés. Les médias, eux, jouent un rôle central dans la construction du mythe Apache. Les récits sensationnalistes des journaux comme Le Petit Journal exagèrent leurs exploits, amplifiant la peur collective. Sur le plan politique, des lois plus répressives sont adoptées pour tenter de contenir cette jeunesse incontrôlée.

II. Les Apaches dans la culture populaire

Une légende urbaine entretenue par les médias

Les journaux illustrés et les chroniques policières contribuent à forger la légende des Apaches. Chaque altercation, chaque arrestation devient un événement médiatique, transformant ces jeunes en figures presque héroïques. Cette médiatisation alimente une fascination ambivalente : on les craint autant qu’on les admire.

Les Apaches au cinéma et dans la musique

Le cinéma et la musique ne tardent pas à s’emparer de cette mythologie. Des films comme Casque d’Or ou La Belle Équipe revisitent leur univers, mêlant romantisme et tragédie. La chanson populaire, à travers des figures comme Aristide Bruant, immortalise ces personnages dans des textes empreints de nostalgie.

Leur postérité culturelle

Aujourd’hui, les Apaches continuent d’inspirer. Leur style vestimentaire est parfois repris dans la mode, et leur esprit de défi trouve des échos dans les récits de bandes urbaines contemporaines. Ils incarnent une rébellion intemporelle face à l’autorité.

III. Les Apaches dans le roman policier

Les Apaches comme protagonistes ou antagonistes

Dans le roman policier, les Apaches jouent souvent le rôle d’antagonistes emblématiques. Ils représentent une menace familière mais insaisissable, incarnant le chaos dans les ruelles sombres de Paris. Des auteurs comme Gaston Leroux les mettent en scène dans des récits tels que Les Mohicans de Babel, où les Apaches sont à la fois criminels et témoins d’une société en déclin.

Les Apaches et la ville comme terrain de jeu criminel

Le roman policier s’appuie sur la géographie particulière de Paris pour transformer les quartiers populaires en un décor angoissant. Les Apaches y évoluent en maîtres, utilisant les passages secrets et les immeubles délabrés comme autant de refuges. Ce décor sert à illustrer les tensions sociales et les fractures de la société parisienne.

De l’ombre à la lumière : réinterprétation moderne

Dans la littérature contemporaine, les Apaches réapparaissent parfois sous des traits plus nuancés. Leur image évolue, passant de simples criminels à des figures d’opposition face à l’ordre établi. Des romans récents revisitent leur histoire, montrant un Paris complexe où les Apaches deviennent presque des héros tragiques.

IV. Héritage et perception actuelle

Les Apaches et la mémoire collective

Si les Apaches ont disparu en tant que groupe, leur empreinte reste forte dans la mémoire parisienne. Les rues de Belleville et de La Villette conservent les traces de leur passage, et les témoignages historiques alimentent encore les récits.

Analyse sociologique

Les Apaches ne sont pas qu’un phénomène criminel : ils incarnent une forme de résistance sociale face à une société qui les exclut. Leur culture, leur mode de vie et leur esprit de groupe reflètent les tensions d’une époque et permettent d’explorer les mécanismes d’intégration et de marginalisation.

Conclusion

Les Apaches, figures ambiguës de l’histoire parisienne, continuent de fasciner. Leur mythe, nourri par les médias et la littérature, dépasse leur réalité historique. Ils incarnent un Paris en mutation, où l’ordre et le désordre cohabitent. À travers les arts et les récits policiers, leur légende perdure, rappelant que l’histoire de la rue est aussi celle de la ville.

Alexis Laipsker : Le mangeur d’âmes

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Alexis Laipsker : Le mangeur d'âmes
Alexis Laipsker : Le mangeur d'âmes

Présentation Éditeur

 » Il n’a pas crié. Ils ne crient jamais. « 

Certains secrets, pourtant bien gardés, s’avèrent parfois trop lourds à porter…

Quand des disparitions d’enfants et des meurtres sanglants se multiplient dans un petit village de montagne sans histoire, une vieille légende nimbée de soufre ressurgit… Diligentés par leurs services respectifs, le commandant Guardiano et le capitaine de gendarmerie De Rolan sont contraints d’unir leurs forces pour découvrir la vérité.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Michel Lafon
Date 4 mars 2021
Éditions Pocket
Date 10 février 2022
Pages 362
ISBN 9782266322362
Prix 8,30 €
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L'avis de Stanislas Petrosky

Laipsker est un pervers, certainement plus que son mangeur d’âmes…

Parce que ce type termine toujours ses chapitres de telle façon que tu ne peux pas faire autrement que d’attaquer le suivant, ce qui fait qu’en deux petites heures, tu as dévoré le livres, niqué une bonne partie de ta nuit, alors que tu bosses le lendemain !

Pour en revenir au roman, des gosses disparaissent, des scènes de crimes incompréhensibles pour les enquêteurs, une vieille légende qui vient toquer à la porte et s’inviter dans la partie.

Ça ne laisse pas une seule seconde de répit aux lecteurs (parait que c’est pareil pour les lectrices), c’est addictif et rondement bien mené, surtout pour un premier roman, bravo l’artiste !

Jacky Schwartzmann : Kasso

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Jacky Schwartzmann - Kasso
Jacky Schwartzmann - Kasso

Présentation Éditeur

Après des années d’absence, Jacky Toudic est de retour à Besançon pour s’occuper de sa mère malade d’Alzheimer. Les vieux souvenirs et copains resurgissent. Les vieux travers aussi. En effet, Jacky ne gagne pas sa vie comme les honnêtes gens. Son métier : faire Mathieu Kassovitz. Car Jacky est son sosie parfait, et vu que Jacky est escroc, ça fait un bon combo. Depuis des années, se faisant passer pour l’acteur, il monte des arnaques très lucratives.

Ce retour au bercail pourrait être l’occasion de se mettre au vert, mais c’est compter sans sa rencontre avec la volcanique Zoé, avocate aux dents longues, qui en a décidé autrement.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Seuil
Date 4 février 2021
Éditions Le Livre de Poche
Date 1 mars 2023
Pages 224
ISBN 978-2253937883
Prix 7,90 €
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L'avis de Stanislas Petrosky

Une fois de plus Schartzmann livre un polar jubilatoire où un escroc à la petite semaine se fait passer Mathieu Kassovitz pour arnaquer quelques personnes. Mais ce brave homme va croiser la route de Zoé, une avocate qui trouve qu’il voit petit, qu’il pourrait faire mieux, bien mieux… Mais dans la vie, rien ne se passe jamais comme prévu.

Derrière l’humour de Schartzmann se cache une satire sociale, une critique la société, il appuie sur nos travers, se moque, ironise…

Kasso fait partie de ses bouquins qui font du bien au moral, qui mette du baume au cœur, parce que l’humour, ça fait toujours du bien, surtout quand il est assaisonné d’un peu de poésie.

Franck Maubert : Une odeur de sainteté

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Franck Maubert - Une odeur de sainteté
Franck Maubert - Une odeur de sainteté

Présentation Éditeur

Jeanne Doucet, nez au service de grands parfumeurs, est sollicitée pour une étrange mission. Elle doit humer le cœur d’une sainte, Émérence, en vue d’une béatification. Face à cet organe sec dont se dégage un parfum indéfinissable, Jeanne est bouleversée, sa vie bascule. Comme si l’esprit qu’il renfermait s’emparait d’elle. À travers les âges, elle perçoit une peine indicible et d’innommables souffrances. Hantée par Émérence, assaillie de visions, elle n’aura de cesse de percer son secret. Désormais, c’est bien son cœur qui la guide sur ses traces. Peut-être, à travers ce mystère, est-ce une part d’elle-même qu’elle cherche à retrouver…

Franck Maubert nous entraîne sur des chemins fantastiques à la croisée du merveilleux et du mystique.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Mercure de France
Date 17 août 2023
Pages 120
ISBN 9782715261372
Prix 14,80 €
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L'avis de Stanislas Petrosky

Jeanne est un nez, grâce à son odorat surdéveloppé, elle travaille pour les plus grands parfumeurs, puis un jour, on va lui confier une drôle de mission humer une relique, le cœur d’Émérence, une sainte, cette fameuse odeur de sainteté…

Mais est-ce que respirer les fragrances d’un cœur qui a cessé de battre depuis longtemps est dangereux ? Non pas d’un point de vue biologique, mais d’un point de vue psychologique. Certainement vue les bouleversements que va subir Jeanne, l’obsession qui va s’emparer d’elle. Émérence va faire partie de jeanne, Émérence, va guider Jeanne, à moins que Jeanne se prenne pour Émérence, tout est si confus dans sa tête.

Un roman court, poétique, parsemé de mysticisme et d’onirisme.

Stéphane BELLAT : La chambre d’Hannah

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Stéphane BELLAT : La chambre d'Hannah
Stéphane BELLAT : La chambre d'Hannah

Présentation Éditeur

Juin 1942, réunis dans la même chambre à 50 ans d’écart, deux enfants changent l’avenir et redonnent foi en l’humanité.

Paris, février 1992. Pierre Descarrières, onze ans, est malheureux, coincé entre une vie terne et des parents qui se déchirent quotidiennement. Seul dans sa chambre, il rêve d’un frère ou d’une sœur qui viendrait rompre sa solitude. Paris, février 1942. Hannah Klezmer, onze ans, étouffe dans l’espace confiné de son appartement, mise à l’écart, parce que juive.
Leurs routes n’auraient jamais dû se croiser. Et pourtant, c’est arrivé. Car il existe entre eux un lien plus fort que le temps et la folie des Hommes.

Si La Chambre d’Hannah plonge ses racines dans l’histoire la plus sombre, c’est aussi le roman sensible et lumineux d’une amitié entre deux enfants qui n’ont, au premier abord, rien en commun: ni leur condition ni leur époque. Avec, en filigrane, ces deux questions essentielles: jusqu’où aller par amitié? Sommes-nous prêts à croire l’impossible?

Origine Flag-FRANCE
Éditions MA Editions
Date mars 2014
Éditions Stéphane Bellat
Date 21 février 2023
Pages 325
ISBN 9798377423959
Prix 20,00 €
Commander

L'avis de LAETITIA

1992. Pierre a 11 ans et il est de ces enfants qui, dans l’ombre, subissent l’intolérable déchirement de leurs parents. Pierre n’a que peu de poids face à la haine entretenue entre ses géniteurs qui à longueur de journée s’insultent, se dénigrent, se maltraitent. Pierre, enfant unique qui se replie dans sa chambre et qui pense à quitter un monde qu’il ne côtoie qu’à peine.

1942. Hanna a également 11 ans et doit faire face à une absurdité qui la dépasse. Parce qu’elle est juive, elle ne peut plus aller à l’école ; parce qu’elle est juive, on lui confisque son vélo ; parce qu’elle est juive, elle doit porter une étoile jaune sur son gilet. Hannah ne comprend pas ce nouveau monde où l’on doit faire la queue des heures pour obtenir un morceau de beurre. Hanna vit une guerre de la haine.

Ces deux enfants séparés par 50 années vont se rencontrer dans cette chambre où ils se confinent. Une même chambre à deux époques totalement différentes.

Je ne peux en raconter plus sans en dévoiler trop, mais je peux vous dire que l’auteur a su exploiter le maximum que cette rencontre pas comme les autres peut le permettre.

Il s’agit en premier lieu d’une histoire d’amitié et d’entraide, un lien au delà du réel. On y retrouve également le grand écart fabuleux entre notre société de consommation actuelle et les préoccupations vitales des années 40. Et au dessus de tout ça, une formidable leçon d’histoire pour que l’on n’oublie pas. Qu’on n’oublie pas le chaos de cette deuxième guerre mondiale, qu’on n’oublie pas la folie humaine des camps de concentration, qu’on n’oublie pas que 6 millions de juifs sont morts durant cette tourmente démente.

« La réflexion qu’Hannah avait entendue, le jour où elle avait dû quitter sa classe, me revint en mémoire. « Bien fait ! » Ce gamin avait notre âge ; que savait-il exactement ? Rien de plus que ce qu’il avait entendu autour de lui. Il n’aimait pas les juifs parce que d’autres ne les aimaient pas. C’est ainsi que des années plus tard, j’ai compris le mécanisme du racisme. C’est une boule de neige qui dévale une pente et grossit sans cesse tout au long de sa trajectoire. (…) L’ignorance est le terreau de la haine, qui vient ensuite nourrir le racisme. »

Ah mais je vous vois venir avec votre « pfff ! pas envie de lire un cours d’histoire ! ». L’auteur n’a pas fait l’erreur d’alourdir son récit avec des explications à la Décaux, non, non. Tout cela est très habilement imbriqué dans la belle rencontre de Pierre et Hannah.

J’ai donc lu un joli conte tout en révisant mon devoir de mémoire. Et c’est là que je dis que ce livre doit être lu par les plus jeunes. Il est fait pour les ados et pré-ados, une lecture accessible dès 11 ans, à mon avis. Tiens, c’est l’âge de Pierre et Hannah… et de mon fils.

L'avis de BRUNO CHANSON

Je ne sors que rarement du monde des thrillers, mais je peux dire que à chaque fois que j’en sors et que je lis une perle telle que LA CHAMBRE D’HANNAH, je ressort totalement bouleversé, enchanté.

Une magnifique histoire d’amitié temporelle merveilleusement racontée par Stéphane Bellat. j’avais découvert l’auteur avec le non moins superbe LES PASSAGERS PERDUS

Dans la chambre d’Hannah, on vit une belle amitié à travers les yeux juvéniles d’un garçon de 11 ans vivant en 1992, désespéré par les incessantes disputes de ses parents. Il fait la connaissance d’une jeune fille répondant au prénom d’Hannah à peu près du même âge que lui et vivant en……. 1942. Je ne dévoilerais plus rien de ce magnifique roman fantastique à tout point de vue.

Un roman tout à la fois dramatique, fantastique et historique. La violence du contexte historique y est relégué au second plan. Pas de scènes de violences malsaines. C’est ce qui fait que ce livre est unique en son genre.

Il y a 3 raisons pour lire ce sublime roman:

  1. Une magnifique écriture de l’auteur Stéphane Bellat
  2. Une merveilleuse histoire d’amitié
  3. Une très belle façon d’apprendre des choses sur un des évènements les plus tristes de l’histoire de la 2nde guerre mondiale.

Je ne saurais que conseiller vivement à tous ceux qui n’aurait pas encore lu ce topissime chef-d’oeuvre de vite réparer cette erreur. Stéphane Bellat fait partie de ce cercle d’auteurs français au talent incroyable. Nous pouvons nous considérer comme chanceux en France car nos écrivains sont exceptionnels et ce n’est pas MR Bellat qui me fera changer d’avis.

Merci Stéphane Bellat de m’avoir procuré autant de plaisir dans la lecture

Cosy Crime de Noël : Un Noël plein de Secrets

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Cosy Crime de Noël

Chapitre 1 : : Le marché de Noël

12 décembre.

L’hiver s’était installé en maître en Normandie. Un froid mordant balayait les plaines du Calvados, recouvrant la campagne d’un givre délicat. Les arbres dénudés, figés sous un ciel perlé de gris, semblaient chuchoter des secrets anciens, portés par une brise glaciale.

À Caen, la ville vibrait pourtant d’une chaleur particulière. Les rues pavées du centre historique résonnaient de rires et de conversations animées, tandis que les passants emmitouflés dans leurs écharpes s’affairaient à leurs emplettes. La lumière dorée des réverbères se mêlait à l’éclat coloré des guirlandes, et un parfum mêlé de marrons chauds, d’épices et de sapin flottait dans l’air.

Sur la place Saint-Sauveur, cœur battant du marché de Noël, l’agitation était à son comble. Les chalets en bois, illuminés de guirlandes scintillantes et ornés de flocons brillants, formaient un petit village éphémère bruissant d’activités. Ici, un marchand de pain d’épices vantait ses douceurs avec un sourire gourmand. Là, un artisan souffleur de verre émerveillait les badauds avec ses créations délicates. Plus loin, un vendeur de vin chaud remplissait des gobelets fumants, l’arôme enivrant réchauffant les cœurs.

Madeline Polmes, ancienne flic à la retraite, se faufilait à travers le marché de Noël, place Saint-Sauveur. Les guirlandes scintillantes et la musique festive semblaient danser autour d’elle, mais pour Madeline, l’ambiance n’était jamais aussi légère qu’elle en avait l’air. Elle aimait moins Noël que l’odeur des marrons chauds et du vin épicé qui se mélangeait à l’air frais. À ses yeux, les festivités n’étaient qu’un masque étincelant dissimulant les travers humains qu’elle avait passé une vie à traquer.

Elle hésita un instant, le regard perdu dans la foule bigarrée, avant de se diriger vers le Café-Librairie de Sophie Freyja, niché dans une rue adjacente. Là, la chaleur et le parfum promettaient un réconfort temporaire.

En entrant, elle aperçut Sophie derrière le comptoir, concentrée à préparer des tasses de vin chaud pour quelques clients installés. La librairie, décorée de guirlandes dorées et de petites figurines de Noël, respirait une atmosphère paisible et chaleureuse. Sophie leva les yeux en entendant la porte s’ouvrir, prête à offrir son sourire habituel, mais celui-ci s’effaça presque immédiatement en croisant l’expression de Madeline.

Une tension subtile s’installa dans l’air, brouillant un instant l’esprit joyeux du lieu.

Sophie :
« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Madeline :
« Guillaume Roussel est mort. »

Sophie s’immobilise un instant, le bruit des tasses s’arrêtant. Elle fronce les sourcils, un choc évident traversant son visage.

Sophie (murmurant) :
« Guillaume ? Mais… c’est impossible. Ce n’est pas possible. »

Madeline hoche la tête, la gravité de la situation se lisant sur ses traits.
« Je viens de l’apprendre. Il a été retrouvé mort au chalet de pain d’épices. On parle d’un accident, mais ça me semble trop simple. Et je crois qu’il y a autre chose derrière tout ça. »

Sophie reste un moment sans voix, son esprit cherchant à assimiler cette nouvelle. Guillaume, l’ancien copain de lycée qu’elle avait perdu de vue depuis des années, un visage qu’elle n’avait jamais imaginé associé à la mort prématurée. Il avait été un visage familier dans les rues de Caen, une figure réconfortante du passé.

Sophie (se forçant à respirer profondément) :
« Tu es sûre ? »

Madeline (regardant autour d’elle avant de se pencher un peu plus près de Sophie) :
« Selon mes anciens collègues, il s’agirait d’un empoisonnement, Sophie. Mais il y a des détails qui rendent tout ça bien plus étrange. »

Sophie se tourne, fixant Madeline avec un mélange de doute et d’inquiétude, avant de se forcer à respirer lentement pour apaiser la vague d’émotions qui la submerge. Elle regarde les tasses de vin chaud qu’elle sert habituellement avec tant de plaisir, mais ce soir-là, tout semble figé. Elle réalise que ce qu’elle pensait être une soirée tranquille de Noël est devenu le début d’une enquête bien plus sombre.

Sophie :
« Guillaume… Il n’avait pas de raison de mourir comme ça. »

Madeline :
« Justement. Il n’y a jamais de raison ‘de mourir comme ça’. Mais il y a toujours une vérité qui attend d’être trouvée. Et crois-moi, Sophie, elle n’est jamais aussi simple qu’elle en a l’air. »

Elle prend une gorgée du vin chaud que Sophie lui a servi, savourant brièvement le goût sucré et épicé qui semble apaiser l’âpreté de ses pensées. Le silence qui suit est chargé de non-dits, comme si les mots retenus flottaient entre elles.

Sophie, toujours debout près du comptoir, fixe le mur couvert de livres derrière Madeline. Les souvenirs de Guillaume affluent dans son esprit, et une résolution s’ancre doucement en elle.

Sophie (se retournant brusquement vers Madeline, le regard déterminé) :
« Faisons-le ensemble. Je sais que tu veux savoir ce qui s’est passé. Et moi aussi. Tu as l’expérience, et moi… j’ai mes contacts ici. On pourrait former une équipe, non ? Juste pour cette fois. »

Madeline (hausse un sourcil, amusée) :
« Une équipe, hein ? Moi, une vieille flic à la retraite, et toi, une libraire qui sait préparer un vin chaud parfait ? »

Sophie (sourire en coin) :
« Exactement. Et ne sous-estime pas la puissance du vin chaud parfait, Madeline. »

Madeline pose sa tasse, un sourire esquissé sur les lèvres. Ses yeux pétillent d’une lueur malicieuse, mais aussi d’une sincère reconnaissance.

Madeline :
« Tu sais quoi, Freyja ? Pourquoi pas. Mais si on fait ça, je tiens à poser une règle. »

Sophie :
« Laquelle ? »

Madeline (croisant les bras) :
« Le vin chaud. Tu es responsable de le garder en stock. Et on le boira chaud, pas tiède. »

Sophie éclate de rire, brisant la tension qui s’était doucement installée.

Sophie :
« Marché conclu. Alors, coéquipière, par où on commence ? »

Madeline prend une grande inspiration, son regard se durcissant légèrement alors qu’elle fixe la porte, au-delà de laquelle le marché de Noël scintille dans la nuit froide.

Madeline :
« Par là où commence toujours une enquête : en posant les bonnes questions. Et crois-moi, Sophie, celles-ci ne vont pas plaire à tout le monde. »

Chapitre 2 : : Secrets sous les guirlandes

Le lendemain matin, le marché de Noël vibrait de vie et de lumières, transformant la place centrale de Caen en un tableau féerique. Les chalets, décorés de guirlandes lumineuses et de branches de sapin, semblaient rivaliser de créativité. Sophie jeta un regard admiratif vers un chalet décoré de pommes de pin dorées et de branches de sapin enneigées. Une vendeuse y disposait soigneusement des figurines de Noël en céramique. L’air était saturé des effluves de marrons chauds, de vin épicé et de sucre caramélisé, enveloppant les passants dans une douce chaleur malgré le froid mordant.

Sophie et Madeline traversaient la foule compacte, avançant à petits pas entre les étals. Sophie observait les décorations d’un regard émerveillé, tandis que Madeline, plus pragmatique, s’arrêta devant un stand de vin chaud.

Madeline (jetant un œil à la grande marmite fumante) :
« On ne mène pas une enquête les mains vides. »

Avant que Sophie ne puisse répondre, Madeline tendit une pièce au vendeur et saisit une tasse brûlante. Elle en huma les effluves avec satisfaction.

Sophie (avec un sourire amusé) :
« Un vin chaud à 10 heures du matin ? Pas très orthodoxe pour une ex-flic, non ? »

Madeline (haussant les épaules) :
« Les fêtes, c’est déjà assez pénible comme ça. Alors si je peux tolérer un peu d’esprit de Noël grâce à ce breuvage, je ne vais pas m’en priver. »

Sophie éclata de rire et elles continuèrent leur chemin jusqu’au chalet de Marguerite, la confiseuse.

À l’intérieur, l’odeur de sucre et de vanille était presque étourdissante. Des bocaux en verre scintillaient sous les guirlandes électriques, et Marguerite, la confiseuse, leur adressa un sourire chaleureux tout en ajustant son tablier.

Sophie :
« Bonjour, Marguerite ! Vous avez entendu parler de ce qui est arrivé à Guillaume ? »

Marguerite fronça les sourcils et posa un paquet de caramels sur le comptoir.
Marguerite :
« Ah, ce pauvre garçon… Une fin si tragique. Mais vous savez, tout le monde ici ne l’appréciait pas vraiment. »

Madeline (sirotant son vin chaud) :
« Tiens donc, il avait des ennemis, notre ami Guillaume ? »

Marguerite baissa légèrement la voix, jetant un coup d’œil autour d’elle.
Marguerite :
« Il y avait des rumeurs… Et puis, cette histoire avec Paul, le vendeur de pralines. Ils se sont disputés, c’est sûr. »

Madeline hocha la tête, son regard perçant fixant Marguerite jusqu’à ce qu’elle passe la porte.

Dehors, les lumières des chalets commençaient à scintiller, malgré la lumière grise du matin. Une chorale improvisée chantait Douce nuit près d’un grand sapin décoré, attirant l’attention des passants. Madeline termina sa tasse de vin chaud et, à la surprise de Sophie, en commanda immédiatement une autre au stand voisin.

Sophie (plissant les yeux avec un sourire malicieux) :
« Encore ? À ce rythme, le vendeur va te proposer une carte de fidélité… ou te facturer au litre ! »

Madeline :
« Écoute, tout ce cirque me donne soif. Et puis, je suis à la retraite, je fais ce que je veux. »

L’odeur de caramel brûlé guida leurs pas vers le stand de Paul, le vendeur de pralines. Le bol en cuivre fumait doucement alors qu’il mélangeait des amandes brillantes de sucre caramélisé.

Sophie (souriant) :
« Bonjour, Paul ! L’odeur est irrésistible, comme toujours. »

Paul releva la tête, essuyant ses mains sur un torchon. Son expression s’assombrit en voyant Madeline, mais il répondit poliment.
Paul :
« Bonjour, Sophie. Qu’est-ce qui vous amène ? »

Sophie :
« On parle avec les commerçants. Vous avez sûrement entendu pour Guillaume. »

Paul haussa les épaules et se remit à mélanger les pralines.
Paul :
« Bien sûr. Enfin, je me comprends… Un gars comme lui, ce n’était qu’une question de temps avant que ses histoires tournent mal. »

Madeline arqua un sourcil, un sourire en coin.
Madeline :
« ‘Enfin, je me comprends.’ Vous dites ça souvent, ou seulement quand vous n’avez pas envie qu’on comprenne ce que vous voulez vraiment dire ? »

Paul s’arrêta net, visiblement pris au dépourvu.
Paul :
« Non, mais… enfin, vous voyez ce que je veux dire. Guillaume n’était pas un ange. Il vendait ses biscuits à moitié prix juste pour me faire perdre des clients. »

Madeline (avec ironie) :
« Et évidemment, ce genre de crime mérite qu’on finisse… empoisonné ? »

Paul fronça les sourcils, les joues légèrement rouges, et se replongea dans son travail. Sophie jeta un regard désapprobateur à Madeline, qui haussa les épaules, visiblement peu affectée.

En sortant du chalet, elles furent accueillies par un parfum de pain d’épices et de cannelle. Sophie, en admiration devant un stand voisin qui vendait des couronnes de Noël tressées à la main, ne put s’empêcher de commenter.

Sophie :
« Regarde ça, Madeline. C’est ça, la magie de Noël. »

Madeline (avec un sourire sarcastique, sa nouvelle tasse de vin chaud en main) :
« Si on oublie les querelles, les rumeurs et les crimes en cours, c’est un vrai paradis. »

Sophie soupira mais ne put s’empêcher de rire doucement, consciente que, sous ses airs cyniques, Madeline était une observatrice redoutable.

Chapitre 3 : : Sous le vernis des apparences

Alors que la journée avançait, le marché de Noël s’animait encore davantage. Les chalets rivalisaient de charme avec leurs guirlandes scintillantes, et une fanfare jouait des airs festifs près de la patinoire temporaire installée au centre de la place. Les voix joyeuses des enfants se mêlaient au martèlement des lames sur la glace, apportant une légèreté trompeuse à l’atmosphère.

Madeline, une nouvelle tasse de vin chaud en main, suivait Sophie de chalet en chalet. Sa démarche nonchalante dissimulait cependant une attention aiguisée : chaque regard, chaque tic, chaque mot était soigneusement analysé.

Elles s’approchèrent d’un stand de décorations artisanales. La vendeuse, une femme d’une quarantaine d’années aux cheveux en chignon, disposait des boules de Noël peintes à la main. En les voyant arriver, son sourire sembla légèrement crispé.

Sophie (chaleureuse) :
« Bonjour, Claire ! Quelle beauté, ces décorations. Vous vous surpassez chaque année. »

Claire hocha la tête avec un sourire hésitant.
Claire :
« Merci, Sophie. Vous cherchez quelque chose de précis ? »

Sophie :
« Pas exactement. On discute avec les commerçants… Vous avez sûrement entendu parler de Guillaume. »

Claire devint immédiatement nerveuse, ses mains jouant avec un ruban rouge.
Claire :
« Oui, bien sûr. Une terrible tragédie. Mais je ne sais pas grand-chose… Enfin, pas plus que les autres. »

Madeline, qui observait en silence, décida d’intervenir.
Madeline :
« Pas plus que les autres, dites-vous ? Pourtant, vous semblez sur le point de faire tomber cette boule de Noël tellement vos mains tremblent. »

Claire releva brusquement la tête, les joues rouges.
Claire :
« Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Guillaume et moi, on… enfin, c’était juste un collègue comme un autre. »

Madeline (avec un sourire pincé) :
« ‘Juste un collègue’, mais suffisamment important pour que vous perdiez votre calme. Intéressant. »

Claire recula légèrement, cherchant visiblement à mettre fin à la conversation.

Sophie (calmement) :
« Merci, Claire. Si jamais vous vous souvenez de quelque chose, n’hésitez pas à venir nous voir. »

En s’éloignant du stand, Sophie jeta un regard à Madeline.
Sophie :
« Tu es un vrai bulldozer quand tu veux. »

Madeline (souriante) :
« Les bulldozers, ça déterre des choses. Et crois-moi, Claire sait quelque chose. Maintenant, il faut juste lui laisser le temps de craquer. »

Elles continuèrent leur chemin, passant devant un chalet où un artisan gravait des prénoms sur des porte-clés en bois. Plus loin, un vendeur d’huiles essentielles faisait sentir ses mélanges apaisants à des clients curieux. Le marché semblait reprendre son ambiance festive, mais l’ombre du meurtre planait toujours dans l’esprit des deux femmes.

Elles décidèrent de retourner voir Marguerite, la confiseuse, dans l’espoir d’en apprendre davantage. La boutique brillait sous les guirlandes, et l’odeur de sucre les accueillit à nouveau comme un vieux souvenir d’enfance.

Marguerite (levant les yeux en les voyant arriver) :
« Tiens, vous revoilà. Vous avez des questions, j’imagine ? »

Sophie :
« Oui. On se demandait si Guillaume avait mentionné quelqu’un ou quelque chose d’inhabituel récemment. »

Marguerite sembla réfléchir, un sourcil levé.
Marguerite :
« Rien qui me vienne à l’esprit… Mais il avait l’air tendu ces derniers temps. Comme s’il était sous pression. »

Madeline (sèchement) :
« Et vous n’avez pas pensé à lui demander pourquoi ? Vous semblez pourtant curieuse par nature. »

Marguerite se raidit, avant de hausser les épaules.
Marguerite :
« Écoutez, j’ai assez à faire avec mes bonbons. Je ne vais pas en plus me mêler des affaires des autres. »

Sophie (d’un ton plus doux) :
« Merci, Marguerite. Vous savez, parfois un petit détail anodin peut s’avérer important. »

Elles sortirent, un silence pesant entre elles.

Dehors, Madeline finit sa tasse de vin chaud et s’arrêta devant un stand proposant des écharpes en laine tricotées à la main. Elle en prit une entre ses doigts, contemplative.

Sophie (amusée) :
« Tu veux te convertir au tricot, maintenant ? »

Madeline (distraitement) :
« Pas vraiment. Mais parfois, une simple écharpe peut raconter une histoire. Tu sais, des fils qui s’entrelacent pour créer quelque chose de solide. Ça me fait penser à cette enquête. »

Sophie (intriguée) :
« Et tu penses que ces fils vont nous mener où ? »

Madeline (souriant en coin) :
« À une pelote bien emmêlée, ça, c’est sûr. »

La journée au marché touchait à sa fin, et les deux femmes décidèrent de faire une pause dans le café-librairie de Sophie. Situé dans une petite rue adjacente au marché, l’endroit attirait les amateurs de littérature et de boissons chaudes avec sa façade chaleureuse, décorée de guirlandes lumineuses et d’une couronne de sapin garnie de rubans rouges.

À l’intérieur, le rez-de-chaussée abritait un comptoir en bois sombre où les boissons étaient préparées. Deux petites tables étaient disposées près de la vitrine, entourées de chaises rembourrées qui invitaient à s’asseoir. Les murs étaient ornés d’étagères débordantes de livres, mêlant classiques du roman policier et nouveautés. Un sapin décoré d’ornements rouges et or trônait dans un coin, apportant une touche festive.

Un escalier en colimaçon, en fer forgé noir, menait à l’étage. Là, une salle cosy attendait les lecteurs, avec des fauteuils moelleux, des coussins et des petites lampes qui diffusaient une lumière tamisée. C’était l’endroit parfait pour feuilleter un livre ou participer aux cafés littéraires que Sophie organisait régulièrement.

Madeline posa sa dernière tasse de vin chaud sur une des tables du rez-de-chaussée.

Madeline (s’installant avec un soupir de satisfaction) :
« On réfléchit toujours mieux avec une tasse de vin chaud… surtout que le tien est délicieux, Freyja. Tu pourrais faire fortune avec ça. »

Sophie (amusée, en ramenant deux parts de tarte aux pommes qu’elle avait préparées le matin) :
« Merci pour la pub, mais je doute que les éditions policières soient prêtes à s’incliner devant un verre de vin épicé. »

Madeline haussa les épaules, un sourire en coin, avant de piquer dans sa part de tarte.

Madeline :
« Alors, qu’est-ce qu’on a ? Tout le monde semble avoir un problème avec Guillaume. C’est presque trop simple, non ? »

Sophie s’installa face à elle, son carnet de notes ouvert devant elle. Elle y avait griffonné des bribes d’informations tout au long de la journée.

Sophie :
« Oui, mais il y a quelque chose qui m’échappe… Marguerite a dit qu’il avait l’air tendu ces derniers temps, mais Claire, elle, semblait vraiment mal à l’aise quand on a parlé de lui. »

Madeline (prenant une gorgée de vin chaud) :
« Tu veux mon avis ? Claire et Guillaume avaient une liaison. Ce genre de malaise ne trompe pas. »

Sophie (surprise) :
« Tu crois ? Mais elle a l’air si discrète, si réservée. »

Madeline (sèchement) :
« Les apparences, ma chère Freyja, ne sont jamais fiables. On ne devient pas flic pendant trente ans sans apprendre ça. »

Sophie hocha la tête, réfléchissant.

Sophie :
« Si c’est vrai, ça pourrait expliquer son comportement. Mais pourquoi être aussi nerveuse si leur histoire est terminée ? À moins qu’il y ait autre chose… »

Madeline (en posant sa tasse) :
« Peut-être qu’elle savait quelque chose sur lui. Une histoire qu’il aurait préféré garder secrète, et qu’elle aurait pu révéler. Dans ce cas, elle pourrait être soit une suspecte, soit une prochaine victime. »

Le silence s’installa un instant

Sophie leva les yeux vers le sapin décoré près du comptoir, pensant à ce que Guillaume aurait pu cacher. Les guirlandes dorées scintillaient doucement, mais elles semblaient presque incongrues à la lumière de leurs réflexions.

Sophie :
« Un secret. Tout tourne autour de ça. Reste à savoir si c’est lié à son travail, à ses relations, ou à quelque chose de plus personnel. »

Madeline :
« Peut-être qu’un des chalets contient plus que des cadeaux et des douceurs. Si tu veux mon avis, on devrait commencer par celui de Claire. Mais discrètement, évidemment. »

Sophie (souriant) :
« Discrètement ? Avec toi ? J’ai hâte de voir ça. »

Madeline lui jeta un regard amusé, mais ne répondit rien.

La journée touchait à sa fin, Madeline consulta sa montre et se leva avec une certaine lenteur, ses articulations semblant protester contre le froid extérieur qui l’attendait.

Madeline (d’un ton nonchalant) :
« Bon, il est temps que je rentre. Cette enquête ne se résoudra pas ce soir, et moi, j’ai besoin de repos. Tu devrais en faire autant. »

Sophie hocha la tête, un sourire en coin. Mais avant que Madeline ne franchisse la porte, elle attrapa une petite thermos argentée sur une étagère derrière le bar.

Sophie (avec un clin d’œil malicieux) :
« Attends. Je sais que tu ne peux pas résister. Tiens, du vin chaud maison, pour tenir jusqu’à chez toi. »

Madeline la fixa un instant, puis éclata d’un rire sec.

Madeline :
« Tu sais me parler, toi. Si tu n’étais pas libraire, tu aurais fait un malheur comme sommelier. »

Sophie ne s’arrêta pas là. Elle sortit une assiette recouverte d’un papier sulfurisé, révélant une généreuse part de tarte aux pommes.

Sophie :
« Et ça, pour éviter que tu ne cèdes à une tentation douteuse en chemin. On ne sait jamais avec toi et les stands du marché. »

Madeline haussa un sourcil, amusée par la remarque.

Madeline (prenant la thermos et la tarte) :
« Tu sais, tu commences à sérieusement me gâter. Si je prends trop goût à ça, tu pourrais bien ne plus te débarrasser de moi. »

Sophie (riant doucement) :
« Je prends le risque. Bonne soirée, Madeline. »

Madeline (lui lançant un dernier regard en coin) :
« À demain. Et ne te couche pas trop tard à cogiter. Les libraires fatiguées ne sont pas très efficaces, même pour résoudre des meurtres. »

Sophie la regarda s’éloigner, la silhouette emmitouflée de Madeline disparaissant dans la nuit glacée, une légère vapeur s’échappant de la thermos qu’elle tenait fermement.

Dans la rue, Madeline huma les effluves épicés du vin chaud, un sourire discret aux lèvres.

Madeline (murmurant pour elle-même) :
« Pas mal, la libraire… Pas mal du tout. »

Cahpitre 4 : : Entre les lignes du mystère

Le lendemain matin, le café-librairie s’éveilla doucement sous une lumière hivernale. Sophie avait ouvert plus tôt que d’habitude, souhaitant profiter d’un moment de calme avant l’afflux des clients. Elle ajusta les guirlandes lumineuses du sapin et prépara une cafetière d’un mélange rare qu’elle réservait aux grandes occasions.

Madeline arriva peu après, emmitouflée dans une écharpe qu’elle portait presque comme une armure contre le froid. Ses joues rouges et l’odeur de vin chaud qui semblait l’accompagner trahissaient un passage matinal au marché.

Madeline (déposant un petit sachet sur le comptoir) :
« Pralines pour toi et ton arpette. Et pas celles de Paul, rassure-toi, je les ai achetées ailleurs. »

Sophie (amusée) :
« Quelle délicate attention. J’en déduis que tu veux que je te prépare une autre tasse de mon vin chaud maison ? »

Madeline (d’un ton faussement indigné) :
« Qu’est-ce que tu insinues ? Je ne fais pas ça pour le vin chaud… mais si tu insistes. »

Sophie roula des yeux en souriant et se mit à la tâche.

Une demi-heure plus tard, les deux femmes étaient à nouveau plongées dans l’affaire, assises à la table près de la vitrine. Sophie passait en revue ses notes, tandis que Madeline, le menton posé sur sa main, observait les passants dans la rue.

Sophie :
« Alors, reprenons. Claire semble nerveuse à propos de Guillaume, mais ça reste une supposition. Marguerite dit qu’il était tendu, et Paul, avec son ‘enfin je me comprends’, nous a donné un indice sur son comportement parfois opportuniste. Mais rien de tout ça ne nous explique pourquoi quelqu’un aurait voulu l’empoisonner. »

Madeline (fronçant les sourcils) :
« On ne tue pas quelqu’un de façon aussi méthodique pour une simple querelle. Cet empoisonnement, c’est personnel. Soit il a trahi quelqu’un, soit il savait quelque chose qu’il n’aurait pas dû. »

Sophie :
« Et si c’était lié à son travail sur le marché ? Peut-être qu’il faisait du tort à d’autres commerçants. Ça expliquerait certaines rancunes. »

Madeline (secouant la tête) :
« Oui, mais ça ne colle pas complètement. Empoisonner quelqu’un demande du temps, de la préparation. Ce n’est pas un acte impulsif. Ça veut dire que cette personne avait une vraie motivation. »

Sophie poussa un soupir en se laissant tomber contre le dossier de sa chaise.

Sophie :
« Et si on retournait voir Claire ? Peut-être qu’elle a réfléchi et qu’elle acceptera de parler. »

Madeline (haussant un sourcil) :
« Si tu penses qu’un sourire et une tasse de vin chaud suffiront à délier sa langue, je suis curieuse de voir ça. Mais d’accord, allons-y. »

Sophie et Madeline se préparaient à quitter le café-librairie pour retourner au marché de Noël. Sophie attrapa son manteau et se tourna vers son jeune adjoint, Arvid, un étudiant passionné de littérature qu’elle avait embauché pour l’aider.

Sophie (avec un sourire rassurant) :
« Je ne devrais pas en avoir pour longtemps. Garde un œil sur le bar, d’accord ? Si quelqu’un demande après moi, dis-leur que je reviens vite. »

Arvid (enjoué, mais un peu inquiet) :
« Pas de souci, chef ! Mais… tu es sûre que tout va bien ? »

Sophie (éludant légèrement) :
« Tout va bien, ne t’inquiète pas. Et si tu as un moment, range les livres du rayon ‘Classiques’. Ils ont besoin d’un peu de… discipline. »

Arvid hocha la tête, bien qu’il sentît que quelque chose se tramait. Sophie et Madeline quittèrent le café, laissant derrière elles l’odeur apaisante du café fraîchement préparé et des épices de Noël.

En retournant au marché, elles retrouvèrent l’agitation festive qui masquait toujours la tension de l’affaire. Le stand de Claire était encore plus lumineux que la veille, avec des boules de Noël scintillant sous un rideau de neige artificielle. La vendeuse était occupée avec un couple, mais son regard s’assombrit lorsqu’elle aperçut Sophie et Madeline approcher.

Claire (tentant un sourire maladroit) :
« Oh, vous revoilà. Vous avez trouvé ce que vous cherchiez hier ? »

Madeline (croisant les bras) :
« Pas encore. Mais on espérait que vous pourriez nous aider un peu plus aujourd’hui. »

Claire semblait sur le point de répondre quelque chose, mais une voix derrière elles interrompit la conversation.

Voix masculine :
« Claire, tout va bien ? »

Les deux femmes se retournèrent pour découvrir un homme grand, au visage anguleux, vêtu d’un manteau sombre. Il les observait avec une méfiance mal dissimulée.

Claire (hésitante) :
« Oui, Fred. Ce sont juste… des clientes curieuses. »

Sophie :
« Curieuses, peut-être, mais pas sans raison. Vous avez l’air tendue, Claire, et ce monsieur, lui, semble un peu trop intéressé par votre tranquillité. Vous nous présentez ? »

Fred (froidement) :
« Fred Fournier. Et je ne vois pas pourquoi ma présence vous intrigue. »

Madeline (sèchement) :
« Peut-être parce qu’on enquête sur un meurtre, et que vous avez l’air de vouloir garder certaines choses sous silence. »

Fred (serrant la mâchoire) :
« Et vous êtes ? »

Madeline (d’un ton sec) :
« Une ancienne flic et une libraire. Vous auriez quelque chose à cacher ? »

Claire pâlit, et Fred fit un pas en avant, comme pour protéger la vendeuse.

Fred :
« Je pense que vous devriez partir. Claire n’a rien à voir avec tout ça. »

Sophie (calmement) :
« Vous avez raison, monsieur Fournier. Claire n’a peut-être rien à voir avec tout ça… mais alors pourquoi ce malaise ? Peut-être devriez-vous nous expliquer. »

Le silence qui suivit sembla durer une éternité. Claire baissa les yeux, tandis que Maxime jetait un regard furieux aux deux femmes.

Claire (dans un souffle) :
« Guillaume et moi… nous avions une relation. Mais ce n’est pas ce que vous croyez. »

Madeline (sèchement) :
« Expliquez-nous alors ce qu’on devrait croire. »

Claire resta silencieuse un moment, triturant nerveusement un pendentif en argent qu’elle portait autour du cou. Fred – à l’expression désormais indéchiffrable – croisa les bras, se plaçant légèrement entre elle et les deux enquêtrices improvisées, comme un bouclier silencieux.

Claire (d’une voix brisée) :
« Guillaume et moi, on… on était proches, oui. Mais ce n’était pas une histoire d’amour, pas vraiment. »

Madeline (la coupant) :
« Pas vraiment ? C’est un concept intéressant, ça. Expliquez-moi comment on est ‘pas vraiment amoureux’ d’un homme qu’on fréquente en secret. »

Sophie posa une main légère sur le bras de Madeline, tentant d’adoucir l’atmosphère.

Sophie :
« Prenez votre temps, Claire. Ce n’est pas facile, mais ça pourrait nous aider à comprendre. »

Claire leva des yeux rougis vers Sophie, cherchant un semblant de réconfort.

Claire (à voix basse) :
« Guillaume et moi avions un accord… Il avait des soucis d’argent. Je l’aidais quand je pouvais, et en échange, il… il faisait des choses pour moi. »

Madeline (haussant un sourcil sceptique) :
« Des choses ? Vous êtes assez vague pour qu’on imagine le pire. »

Fred intervint brusquement, son ton cinglant.

Fred :
« Ça suffit. Claire n’a rien à voir avec sa mort. Vous cherchez des réponses là où il n’y en a pas. »

Madeline (le fixant froidement) :
« Et vous, vous êtes quoi, exactement ? Le chevalier servant ? Le garde du corps ? Parce que jusqu’ici, tout ce que vous faites, c’est semer du mystère. »

Fred serra les poings, mais avant qu’il ne puisse répondre, Claire le devança.

Claire :
« Fred n’a rien à voir avec ça. Il m’aide à gérer le chalet, c’est tout. Et… et je crois qu’il essaie juste de me protéger. »

Un silence tendu s’installa. Sophie jeta un coup d’œil autour d’elle, observant les passants qui semblaient insouciants sous les décorations lumineuses du marché. Mais elle sentait que quelque chose de plus sombre se cachait sous la surface.

Sophie :
« Claire, est-ce que Guillaume avait des ennemis ? Quelqu’un à qui il aurait fait du tort ? »

Claire hésita, mordillant sa lèvre inférieure.

Claire (hésitante) :
« Il… il avait des dettes. Je sais qu’il avait des problèmes avec certains fournisseurs. Et peut-être avec d’autres commerçants du marché. Mais je ne pensais pas que ça pouvait aller aussi loin… »

Madeline :
« Des dettes, des relations ambiguës, des pratiques douteuses… On dirait que Guillaume avait le don de se mettre dans de beaux draps. »

Alors qu’elles s’apprêtaient à poser d’autres questions, une voix familière retentit derrière elles.

Paul (avec son tic habituel) :
« Ah, vous êtes encore là, enfin je me comprends ! Je me demandais si vous aviez trouvé quelque chose d’intéressant sur notre… regretté ami. »

Sophie et Madeline échangèrent un regard. L’artisan praliner semblait en savoir plus qu’il ne voulait l’admettre, et son apparition soudaine à ce moment précis n’était pas anodine.

Madeline (d’un ton sarcastique) :
« Paul, toujours aussi discret, hein ? Vous avez l’air d’aimer traîner là où ça chauffe. »

Paul (souriant avec nervosité) :
« Moi ? Pas du tout ! Je suis juste… curieux. Enfin, je me comprends. »

Sophie :
« Curieux, peut-être. Mais vous êtes aussi un homme qui semble tout entendre sur ce marché. Alors, Paul, qu’est-ce que vous savez ? »

Paul, appuyé contre le comptoir de son chalet, balaya les deux femmes du regard avec un sourire qui ne faisait qu’accentuer sa nervosité. Il ajusta sa toque, comme s’il cherchait une échappatoire.

Paul (d’un ton presque innocent) :
« Moi ? Je ne sais rien de plus que ce que vous avez déjà découvert. Guillaume, c’était un client régulier. On a échangé quelques mots ici et là, mais rien de plus, enfin… je me comprends. »

Madeline croisa les bras, un sourire en coin, comme si elle avait vu à travers son jeu. Elle n’aimait pas les faux-semblants, et Paul en était plein.

Madeline (avec un air amusé) :
« Ah, c’est ça, vous ne savez rien… C’est étrange que vous soyez toujours là quand les choses deviennent intéressantes, Paul. D’ailleurs, vous m’avez dit une fois qu’on entendait beaucoup de choses, quand on tenait un stand ici. Vous en avez entendu des trucs, récemment ? »

Paul esquiva son regard, jetant des coups d’œil nerveux à Claire, comme s’il attendait son feu vert pour répondre. Mais Claire, visiblement perdue dans ses pensées, ne semblait pas prête à l’aider.

Sophie (en prenant la relève) :
« Paul, on sait tous les deux que ce marché, c’est un peu une petite ville en soi. Les commerçants ont des oreilles et des yeux partout. Si Guillaume avait des problèmes, vous devez savoir de quoi il s’agissait. Qui lui en voulait ? »

Paul soupira, les épaules s’affaissant légèrement sous la pression. Après un moment d’hésitation, il sembla finalement céder.

Paul :
« Je suppose que… je suppose qu’il y avait des tensions, oui. Il avait des dettes chez plusieurs commerçants du marché. Mais ce n’était pas qu’une question d’argent, il y avait aussi cette histoire de… je sais pas, d’ambiguïtés, disons. »

Madeline se pencha légèrement en avant, l’air intéressé, mais elle ne lâchait pas Paul du regard.

Madeline :
« Des ambiguïtés, dites-vous ? Vous sous-entendez qu’il aurait eu des relations un peu plus… tendues avec certains ? »

Paul sembla se raidir, mais se sentit sans doute acculé à répondre.

Paul :
« Disons qu’il avait des affaires qui n’étaient pas tout à fait en règle. Il faisait parfois des affaires avec des gens qui… comment dire… n’étaient pas exactement des modèles de vertu. »

Sophie prit une profonde inspiration, réfléchissant aux implications. Des dettes, des relations douteuses, des affaires louches… Tout cela devenait de plus en plus compliqué. Et pourtant, quelque chose dans l’attitude de Paul laissait penser qu’il savait plus qu’il n’en disait.

Sophie (calmement, mais avec insistance) :
« Vous évoquez des gens louches, Paul. Vous avez un nom, peut-être ? Ou même une description ? Qui étaient ces personnes ? »

Paul, visiblement mal à l’aise, recula d’un pas, comme s’il se préparait à prendre la fuite. Mais avant qu’il ne puisse répondre, un cri strident déchira l’air.

Claire (criant) :
« Arrêtez, Paul ! C’est trop ! Vous ne pouvez pas tout dire maintenant ! »

Claire s’approcha en courant, le visage marqué par une profonde angoisse. Fred se précipita à son côté, posant une main protectrice sur son épaule.

Claire :
« Vous ne pouvez pas faire ça, Paul. Vous ne pouvez pas nous accuser tous comme ça ! »

Madeline se tourna vers Claire, son regard dur, mais empreint de compréhension.

Madeline :
« Calmez-vous, Claire. Personne n’accuse personne. Mais il est clair que votre… ami Guillaume avait des ennemis. On est juste en train de découvrir lesquels. »

Fred sembla sur le point d’intervenir, mais se figea, voyant que les choses se compliquaient rapidement. Claire, quant à elle, se laissa tomber sur le banc à côté de son chalet, le visage marqué par une douleur évidente.

Sophie (doucement) :
« Claire, on ne vous demande pas de tout révéler, mais si vous savez quelque chose, ça pourrait faire la différence. Ce qui est arrivé à Guillaume, ce n’était pas un accident. Ce n’était pas un simple empoisonnement, c’était prémédité. »

Claire baissa la tête, ses mains tremblantes serrant la lanière de son sac. Elle soupira profondément avant de relever les yeux vers Sophie, une décision semblant se dessiner dans son regard.

Claire :
« Je vais vous dire ce que je sais… Mais après, il faut que vous compreniez… Je ne veux pas que tout ça détruise ce que nous avons ici, sur le marché. Il y a des secrets qui sont plus dangereux que l’on ne croit. »

Madeline et Sophie échangèrent un regard. Cela commençait à prendre une tournure bien plus sérieuse. Et elles étaient prêtes à entendre toute la vérité.

Claire, les mains serrées autour de son manteau. Elle fixa un instant l’horizon, comme si elle cherchait ses mots dans l’air froid. Claire inspira profondément avant de commencer à raconter.

Claire :
« Vous devez comprendre que ce marché, ce n’est pas juste un endroit où on vend des guirlandes et du vin chaud. Il y a des gens derrière, des gens qui… dirigent tout ça. Ils contrôlent tout ici. Et Guillaume, il l’a su un peu trop tard. »

Sophie et Madeline se rapprochèrent, attentives. Claire marqua une pause, comme pour trouver la bonne manière de décrire les choses sans tout effrayer d’un coup.

Claire :
« Guillaume savait que ce n’était pas juste des dettes. Il y avait un réseau, un réseau qui… s’infiltre dans tout. Dans chaque transaction, dans chaque étal. Si tu veux vendre, t’es obligé de jouer selon leurs règles. »

Madeline (à voix basse) :
« Alors pourquoi avoir continué à jouer avec le feu ? »

Claire leva les yeux, son regard marqué par une forme de tristesse mêlée à de la colère.

Claire :
« Parce que Guillaume était quelqu’un de… de droit, dans un monde qui ne l’était pas. Il ne supportait pas de se laisser manipuler. Mais ce qu’il ne comprenait pas, c’est que ce n’était pas lui qui décidait. »

Elle se tut un instant, perdue dans ses pensées. Madeline hocha lentement la tête, son regard perçant fixant Claire.

Madeline :
« Alors il a parlé, c’est ça ? Il a révélé ce qu’il savait ? »

Claire (hésitante, mais forcée de continuer) :
« Oui. La soirée où tout a basculé, il était ivre. Très ivre. Et au lieu de se taire, comme il aurait dû le faire, il a tout dit. Tout haut. »

Un long silence s’installa, et Sophie, après avoir jeté un coup d’œil vers l’endroit où Guillaume avait été retrouvé, se tourna vers Claire.

Sophie :
« Racontez-nous, Claire. Qu’est-ce qui s’est passé cette nuit-là ? »

Chapitre 5 : : La soirée fatale

La neige tombait doucement cette nuit-là, recouvrant le marché d’un voile d’innocence. Mais à l’intérieur des chalets, les choses étaient loin d’être aussi paisibles. Guillaume avait passé une soirée à trinquer avec les commerçants, de plus en plus bruyant au fur et à mesure que les verres de vin chaud se succédaient. L’alcool l’avait libéré de ses inhibitions, et ce qu’il avait sur le cœur ne tarda pas à éclater.

Il s’arrêta devant un groupe de commerçants, un verre à la main, son regard déjà un peu trouble.

Guillaume (riant) :
« Alors, comment ça va les petits malins ? Vous êtes toujours aussi cachotiers, à faire tourner ce marché comme vous le voulez ? »

Les commerçants échangèrent des regards gênés, mais personne ne répondit. La tension se fit plus palpable.

Guillaume (en haussant le ton) :
« Vous vous croyez malins avec vos petites magouilles, mais tout le monde le sait, hein. Vous avez beau faire les gentils avec vos pralines, vos guirlandes, tout ça, vous êtes tous dans le même panier ! Et moi, je commence à en avoir marre de faire semblant ! »

Les yeux de certains commerçants s’étaient élargis sous l’effet de la surprise et de la crainte. Mais aucun n’osa l’arrêter. Parmi eux, Paul, le vendeur de pralines, détourna la tête, semblant ne rien entendre, mais son visage s’était durci.

Guillaume (d’un ton plus menaçant, en s’approchant du groupe) :
« Et vous, les petites frappes qui traînent par ici, vous croyez qu’on ne vous voit pas ? Vous faites du sale boulot pour un peu d’argent, mais vous n’êtes rien à leurs yeux. Rien ! »

Un silence pesant s’abattit sur le groupe. La fête autour d’eux continuait, mais les paroles de Guillaume résonnaient comme une menace dans l’air glacé. Un homme, grand et costaud, qui se tenait à l’ombre du chalet, s’avança doucement, son regard sombre.

L’homme (d’une voix basse mais menaçante) :
« Tu ferais bien de fermer ta bouche, mon vieux. Tu ne sais pas à qui tu t’attaques. »

Mais Guillaume, trop imbibé de vin et d’arrogance, secoua la tête, défiant celui qui venait de parler.

Guillaume :
« J’ai plus peur de vous, bande de lâches. Vous croyez qu’on va laisser tout ça traîner indéfiniment ?! »

Il se tourna brusquement, titubant, avant de s’éloigner du groupe, murmurant des paroles inaudibles dans la neige tombante.

Quelques heures plus tard, Guillaume était retrouvé sans vie, allongé dans l’allée du marché, le visage pâle, les yeux grand ouverts, comme s’il avait voulu crier sans y parvenir.

Le poison avait agi rapidement, silencieusement. Peut-être un toxique mélangé dans l’un des vins chauds qu’il avait consommés cette nuit-là, ou bien un ingrédient plus subtil, placé discrètement dans son verre… Ce qui était certain, c’était que quelqu’un avait voulu lui faire payer son imprudence.

Claire, les yeux encore embués de larmes, termina son récit dans un murmure.

Claire :
« Ce n’était pas un accident, vous le savez bien. Il a été tué pour avoir parlé. Pour avoir révélé ce que tout le monde savait mais refusait de dire. »

Sophie et Madeline se regardèrent, les pièces du puzzle commençant enfin à se mettre en place. Le marché de Noël n’était pas simplement un lieu de commerce, mais le théâtre d’un pouvoir souterrain, d’un réseau de manipulations et de menaces, où ceux qui se rebellait finissaient écrasés sous le poids de la vérité.

Madeline (d’un ton froid mais déterminé) :
« Alors, on a une idée de qui pourrait être derrière tout ça ? »

Claire secoua la tête, son regard fuyant.

Claire :
« Je ne sais pas… Mais je suis sûre d’une chose : Guillaume n’a pas dit tout ce qu’il savait. Et certains n’aiment pas qu’on fouille dans leur passé. »

Sophie et Madeline échangèrent un long regard. Aucun mot n’était nécessaire : elles comprenaient maintenant la profondeur du drame qui se jouait ici, au cœur des chalets illuminés et des effluves de cannelle. Le marché de Noël, si chaleureux en apparence, cachait des ombres bien plus menaçantes.

Sophie (d’un ton grave) :
« On ne peut pas laisser ça continuer. Ce marché, ces commerçants… Ils méritent mieux. »

Madeline (d’un ton ferme, le regard perçant) :
« Ces informations doivent être transmises à la police, Freyja. Ce n’est pas seulement une question de justice, c’est une question de sécurité. La police a les moyens d’agir, de creuser là où nous ne pouvons pas, de rassembler les preuves nécessaires. Ce réseau a déjà fait une victime, et crois-moi, il ne s’arrêtera pas là. »

Sophie poussa un soupir, ses pensées tournées vers Claire et les autres commerçants qui vivaient sous cette pression invisible mais étouffante.

Sophie :
« Le marché doit retrouver sa quiétude. C’est un endroit fait pour les rires, les rencontres, pas pour la peur. »

Madeline (esquissant un sourire en coin) :
« Et toi, Freyja, tu veux aussi retrouver ton café-librairie paisible, non ? »

Sophie (souriant malgré elle) :
« Pas faux. Mais, disons que les enquêtes ajoutent un certain… piquant à la saison. »

Elles quittèrent le marché, la neige commençant à tomber plus intensément, transformant les rues de Caen en un tableau hivernal. Leurs pas les menèrent instinctivement vers le café-librairie de Sophie.

Une amitié naissante

Dans le café-librairie de Sophie, l’ambiance était douillette et feutrée. Les guirlandes lumineuses scintillaient, projetant des reflets dorés sur les étagères remplies de livres, tandis que l’arôme sucré d’un gâteau aux épices flottait doucement dans l’air. Dehors, la neige tombait en silence, effaçant les traces du marché effervescent de la journée.

Arvid, l’adjoint de Sophie, essuyait tranquillement les verres derrière le comptoir, observant discrètement les deux femmes attablées. Il connaissait bien le caractère piquant de Madeline et l’enthousiasme de Sophie, mais ce soir, il y avait une harmonie inattendue dans leurs échanges, teintée de cette complicité propre aux nouveaux alliés.

Madeline, confortablement installée près du bar, savourait lentement une tasse de vin chaud, son troisième depuis leur arrivée.

Madeline (avec un soupir satisfait) :
« Tu sais, Freyja, je crois que j’ai enfin trouvé ma religion. Elle s’appelle ‘Vin Chaud’, et tu en es la grande prêtresse. »

Sophie (en riant) :
« Eh bien, fidèle dévote, je te préviens : si tu continues sur cette lancée, je vais devoir engager Arvid comme moine brasseur pour produire assez de vin chaud. »

Arvid, qui rangeait quelques tasses dans un coin, releva la tête avec un sourire amusé.

Arvid :
« Moine brasseur ? Ça m’irait bien, mais à une condition : pas d’habit monastique, ça gratte. »

Madeline (le regard malicieux) :
« Tu pourrais toujours remplacer la bure par un pull moche de Noël. Histoire de rester dans l’esprit de cette ‘magie’ qu’on m’impose. »

Sophie secoua la tête, amusée, tandis qu’Arvid, faussement indigné, leva les yeux au ciel avant de reprendre son travail.

Sophie (amusée) :
« Tu es incorrigible. Tu critiques Noël, mais tu passes ton temps à profiter de tout ce qui en fait le charme. »

Madeline leva un sourcil, jouant avec sa cuillère.

Madeline :
« Correction : je profite des quelques éléments supportables de cette mascarade. Ton vin chaud, ta tarte aux pommes, et… peut-être, à dose homéopathique, ta compagnie. »

Sophie (souriant, feignant l’indifférence) :
« Touchant. Je vais m’empresser d’ajouter cette déclaration à ma collection de compliments marquants. »

Madeline haussa les épaules, se réinstallant plus confortablement sur sa chaise.

Madeline :
« Tu peux. Mais, pour être honnête, je n’aurais jamais cru que résoudre un meurtre entourée de guirlandes clignotantes pourrait être aussi… stimulant. »

Sophie s’appuya contre le bar, son regard pétillant.

Sophie :
« Tu vois ? Tu t’adoucis. La magie de Noël opère enfin sur toi. »

Madeline (secouant la tête avec un sourire en coin) :
« Ne pousse pas trop loin ta chance, ma grande. Noël et moi, on est comme une dinde et une farce trop épicée : on cohabite, mais c’est toujours tendu. »

Elles éclatèrent de rire, l’écho réchauffant encore l’atmosphère déjà conviviale.

Avant de partir, Sophie disparut brièvement dans l’arrière-boutique, sous l’œil interrogateur de Madeline. Elle revint un instant plus tard, un grand sourire aux lèvres, tenant une thermos et une part généreuse de tarte aux pommes emballée dans du papier kraft.

Sophie :
« Tiens, je ne voudrais pas que tu restes sur ta faim. »

Madeline (lèvres pincées, amusée) :
« Et voilà. Non seulement tu corromps mon foie, mais tu encourages aussi ma gourmandise. Si je finis par rouler plutôt que marcher, ce sera ta faute. »

Arvid (passant derrière elles avec un plateau) :
« Et je parie que tu diras que c’est uniquement pour la science. »

Madeline éclata de rire en hochant la tête.

Madeline :
« Exactement, jeune homme ! Le vin chaud de Freyja mérite une étude approfondie. D’ailleurs, si jamais elle se reconvertit, tu pourrais ouvrir une ‘Taverne des Délices’. »

Sophie (souriant) :
« Très flatteur. Mais je préfère rester ici, au chaud, avec ma librairie et mes enquêtes improvisées. »

Madeline empoigna la thermos et la tarte, un éclat malicieux dans les yeux.

Madeline :
« Et moi, je vais rentrer, méditer sur cette enquête et peut-être songer à des excuses pour ton stock de vin chaud. Parce que je reviendrai, Freyja. L’esprit de Noël ou pas, ton café-librairie pourrait bien devenir mon refuge préféré. »

Sophie (malicieuse) :
« Attention, Madeline, c’est comme ça qu’on finit par aimer Noël. »

Elles échangèrent un regard complice, tandis qu’Arvid, derrière le comptoir, secouait la tête avec un sourire amusé.

Et sur cette note légère, elles se séparèrent, emportant chacune une part de cette enquête intrigante et, surtout, la promesse d’une amitié qui, sous les guirlandes de Noël, venait de naître.

Et, quelque part, dans une ruelle enneigée, les cloches d’une église sonnèrent, marquant peut être le début d’une nouvelle enquête…

Ce texte est une œuvre de fiction ; toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite… ou presque.

Frasse Mikardsson : Je crois que j’ai tué ma femme

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Frasse Mikardsson : Je crois que j'ai tué ma femme

Présentation Éditeur

Sept semaines en Suède, entre la déclaration de Trump sur un attentat fictif sur le territoire suédois et l’attaque meurtrière au camion bélier de Stockholm. Sara, médecin légiste, assiste policiers et procureure dans leur enquête pour faire condamner un homme. Le mari de Fatiha. Les questions sont nombreuses. Pourquoi lui a-t-il découpé le visage ? Est-ce un crime d’honneur ? Que savait la famille ? Y a-t-il un commanditaire ? Largement inspiré de faits réels, ce roman noir condense plus de mille pages de procédure, reproduisant un kaléidoscope de SMS, témoignages, enquêtes sociales, rapports et décisions de justice, offrant une vision à la fois terrifiante et ordinaire de la violence faite aux femmes, grâce à un récit d’une efficacité redoutable – et d’une véracité glaçante.

Origine Suède
Éditions Aube
Date 20 octobre 2022
Éditions Mikros
Date 3 octobre 2023
Pages 336
ISBN 9782815957274
Prix 11,90 €
Commander

L'avis de Stanislas Petrosky

Un ouvrage intéressant qui oscille entre le documentaire et le polar…

L’histoire vraie d’un féminicide qui a eu lieu en 2017, jusque-là, rien de bien étonnant qu’un romancier s’inspire d’un véritable crime pour en faire un roman, sauf que, Frasse Mikardsson, l’auteur, est le médecin légiste qui s’est rendu sur les lieux, qui a autopsié la victime… Bref, plus réaliste que ça, c’est assez difficile à faire.

Quelques noms ont été modifié, mais c’est bien la retranscription d’un acte réel qui est romancé, la violence d’un homme envers la femme qu’il a aimé, qu’il lui a donné des enfants, une chronique de la haine ordinaire.

Il y a l’enquête, les interrogatoires, les témoignages, mais aussi la vie des légiste, procureur et autre flic face à un tel acte de barbarie.

Un roman policier pas comme les autres qui mérite le détour.

Les émissions phares d’enquêtes et d’appels à témoins

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enquêtes et d’appel à témoins

Les émissions de télévision consacrées aux enquêtes criminelles, aux appels à témoins et aux recherches de personnes disparues ont marqué l’histoire des médias en France. Ces programmes ont non seulement captivé les téléspectateurs par leur suspense et leur côté émotionnel, mais ils ont aussi joué un rôle déterminant dans la résolution d’affaires judiciaires non élucidées ou dans la recherche de personnes disparues. À travers des formats variés, ces émissions ont permis de redonner de l’espoir à des familles en détresse et d’ouvrir de nouvelles pistes pour les enquêteurs. Parmi les plus célèbres, Témoins n°1, Perdu de vue, Non élucidé et Appel à témoins ont su capter l’attention du public en mêlant intrigue, émotion et collaboration avec les forces de l’ordre.

Ces émissions ont évolué au fil des années, chacun apportant sa propre approche du genre. Certaines ont privilégié l’aspect humain, d’autres ont mis l’accent sur la rigueur des enquêtes criminelles. Dans ce dossier, nous explorerons les spécificités, les succès et les critiques de ces émissions devenues des références dans le paysage audiovisuel français.

Perdu de vue

Perdu de vue : Les retrouvailles sous les projecteurs

Animée par Jacques Pradel, Perdu de vue (1990-1997) a été une émission pionnière dans le domaine des recherches de personnes disparues. Chaque épisode était centré sur des histoires humaines fortes : des proches recherchés, des familles séparées, ou des individus ayant perdu contact avec leurs proches. La diffusion de ces récits personnels, souvent dramatiques, était accompagnée de reconstitutions et d’investigations journalistiques.

Le succès de l’émission résidait dans son côté profondément humain et universel. Le public se retrouvait dans ces histoires poignantes, pleines d’espoir et de retrouvailles émouvantes. Cependant, Perdu de vue a aussi été critiquée pour son approche parfois jugée trop mélodramatique, avec des moments intimes mis en avant pour le seul spectacle. Malgré tout, l’émission a permis de résoudre plusieurs affaires de disparitions et a suscité un véritable engouement auprès des téléspectateurs, qui se sentaient acteurs de ces recherches.

temoin numero 1

Témoins n°1 : Le précurseur des appels à témoins

Diffusée dans les années 1990, Témoins n°1 a été l’une des premières émissions à exploiter la télévision comme plateforme d’appel à témoins. Présentée par Jacques Pradel, elle mettait en lumière des affaires judiciaires non résolues en recourant à des reconstitutions et à des interviews avec les familles des victimes, les enquêteurs et les experts. L’émission permettait aux téléspectateurs de s’impliquer directement dans la résolution des affaires, une démarche innovante à l’époque.

Le concept novateur de Témoins n°1 résidait dans l’engagement du public, invité à signaler toute information susceptible de faire avancer l’enquête. Cette approche a permis de recueillir des indices cruciaux et de relancer des enquêtes sur des affaires souvent oubliées. Toutefois, certaines critiques ont émergé concernant l’intrusion parfois excessive dans la vie privée des familles des victimes, soulevant des questions éthiques sur la manière de traiter des affaires sensibles en prime time.

non élucidé

Non élucidé : Une analyse rigoureuse des affaires non résolues

Diffusée de 2008 à 2014 sur France 2 puis sur RMC Story, Non élucidé s’est imposée comme une référence dans le domaine des enquêtes criminelles. Animée par Arnaud Poivre d’Arvor et l’expert Jean-Marc Bloch, ancien directeur de la police judiciaire, cette émission proposait une approche méthodique et rigoureuse des affaires criminelles non résolues.

L’émission se distinguait par sa sobriété, son sérieux et la profondeur de son analyse. Contrairement à d’autres formats plus sensationnalistes, Non élucidé se concentrait sur les éléments de preuve et les indices, en évitant les artifices de la dramatisation. Grâce à cette rigueur, l’émission a permis de relancer plusieurs enquêtes et d’apporter de nouveaux témoignages, parfois cruciaux pour la résolution de dossiers complexes. En se consacrant uniquement aux faits et en respectant la mémoire des victimes, elle a gagné la confiance du public et des professionnels du milieu judiciaire.

Appel à témoins

Appel à témoins : Une approche moderne et collaborative

Lancée en 2021 sur M6 et animée par Julien Courbet, Appel à témoins s’inscrit dans la lignée des émissions d’appel à témoins, mais avec une approche plus moderne et interactive. L’émission invite les téléspectateurs à participer activement à la résolution d’affaires criminelles en leur fournissant des numéros d’appel et en utilisant les réseaux sociaux pour recueillir des informations.

Ce format permet une interaction directe avec le public, un aspect essentiel de la dynamique de l’émission. En collaborant avec les forces de l’ordre et en sollicitant l’aide des téléspectateurs, Appel à témoins a réussi à relancer des enquêtes et à fournir des indices importants pour résoudre des affaires parfois gelées depuis des années. Bien que l’émission soit bien réalisée et éthique, elle reste parfois critiquée pour la pression médiatique qu’elle exerce sur des dossiers sensibles.

Succès et limites de ces émissions

Ces émissions ont su captiver les téléspectateurs grâce à leurs formats immersifs et leurs histoires souvent poignantes. Elles ont joué un rôle crucial en sensibilisant le public aux affaires judiciaires non résolues et en apportant une véritable aide aux enquêteurs. Toutefois, elles suscitent également des interrogations sur les limites de l’exploitation médiatique des drames personnels. Le respect de la vie privée et des victimes est un enjeu important dans ce type d’émissions.

En somme, Témoins n°1, Perdu de vue, Non élucidé et Appel à témoins témoignent de l’évolution de la télévision en tant que médiateur entre le public, les affaires judiciaires et les familles des victimes. Ces émissions, à la fois émouvantes et engagées, ont su exploiter la puissance des médias pour résoudre des mystères et redonner espoir à ceux qui étaient dans l’attente d’une réponse.

Stéphane PAIR : Élastique nègre

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Stephane PAIR - Elastique negre

Élastique nègre, de Stéphane PAIR, sombre et dépaysant à souhait bien loin des gentils Petits meurtres au paradis….

Stephane PAIR - Elastique negre

Présentation Éditeur

Vieux-Bourg, Guadeloupe.

Sous la lune, le chasseur de crabes a vu progresser un groupe d’hommes dans la mangrove. C’est là, dans les entrailles mêlées de la terre et des eaux, qu’on retrouve le corps d’une femme blanche.

Qui était-elle ?

Les rêves du lieutenant-colonel Gardé sont pleins d’amantes à la peau lisse et noire comme celle des boas. Il mène l’enquête sur le cadavre du canal des Rotours, mais se heurte au mutisme et à la méfiance. En tête des suspects, le jeune dealer Vegeta, cerveau du réseau local, roi parmi les chiens, consumé par une douleur secrète.

Des squats de Pointe-à-Pitre au volcan endormi de Montserrat, de Key West à Sainte-Lucie, une immersion envoûtante dans un monde où la beauté animale n’a d’égale que l’obscure la bestialité qui sommeille au fond des hommes.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Fleuve
Date 9 février 2017
Éditions 10/18
Date 1 février 2018
Pages 264
ISBN 9782264072498
Prix 8,00 €
Commander

L'avis de Stanislas Petrosky

Un polar sous les Caraïbes, où la Guadeloupe n’est pas une destination de rêves pour des vacances, mais un lieu qui ne donne aucune d’y séjourner. Dans ce roman, on découvre sa face obscure, celle du trafic de drogue, des règlements de comptes, de la violence, de la pauvreté.

Stéphane Pair a choisi de faire un roman choral pour donner plus de puissance, de noirceur à son ouvrage. Chaque protagoniste à son point de vue, ses faiblesses, ses défauts, les qualités sont moins présentes, voir absentes pour certains.

Un très bon polar, sombre et dépaysant à souhait bien loin des gentils Petits meurtres au paradis….

Marin LEDUN : Leur âme au diable

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« Leur âme au diable m’a pris à la gorge dès l’entame, m’a poussé dans les cordes, et j’ai bien failli défaillir, puis il est devenu très rapidement addictif. »

Marin LEDUN : Leur âme au diable

Présentation Éditeur

L’histoire commence le 28 juillet 1986 par le braquage, au Havre, de deux camions-citernes remplis d’ammoniac liquide destiné à une usine de cigarettes. 24 000 litres envolés, sept cadavres, une jeune femme disparue.

Les OPJ Nora et Brun enquêtent. Vingt ans durant, des usines serbes aux travées de l’Assemblée nationale, des circuits mafieux italiens aux cabinets de consulting parisiens, ils vont traquer ceux dont le métier est de corrompre, manipuler, contourner les obstacles au fonctionnement de la machine à cash des cigarettiers. David Bartels, le lobbyiste mégalomane qui intrigue pour amener politiques et hauts fonctionnaires à servir les intérêts de European G. Tobacco.

Anton Muller, son homme de main, exécuteur des basses œuvres. Sophie Calder, proxénète à la tête d’une société d’évènementiel sportif.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Gallimard, Série Noire
Date 4 mars 2021
Éditions J’ai Lu
Date 2 mars 2022
Pages 608
ISBN 9782072875816
Prix 20,00 €
Commander

L'avis de Yannick P.

Une fresque sur deux décennies sur l’industrie du tabac. Le tabac et ses additifs. Le sucre, le menthol, le miel, le cacao, les hydrocarbures, le benzène, l’oxyde d’azote, l’acide cyanhydrique, l’ammoniac, le mercure ajoutons à cela des métaux, dont le plomb, le mercure et le chrome et saupoudrons le tout d’engrais ou de pesticides. Et n’oublions pas la nicotine qui rend le fumeur addict. La clope, un marché mondial, sans foi où les lois sont contournées, où les sommes en jeu sont hallucinantes. Une seule règle, il n’y en a aucune.

Marin Ledun dessine une fiction trop riche pour être innocente.

Leur âme au diable démarre sur une enquête sur un braquage sanglant d’un convoi d’ammoniac. Mais à suivre la route de l’ammoniac, celle du tabac et de la nicotine, le lecteur que je suis remonte à l’essence même du marketing et de sa capacité de manipulation, aux faiblesses des hommes face au pouvoir et à l’argent.

A travers ses personnages, peu nombreux, mais diablement riches, car évoluant sur quasiment 20 ans, David Bartels, énarque sans scrupule et l’inspecteur Nora de la Brigade financière de Nanterre, il démonte tout le système mis en place par les lobbys. Quelques soient les lois, la machine à cash des cigarettiers ne doit pas cesser de tourner même si pour cela il faut avoir recours à des hommes de main comme Anton Muller ou à des femmes charmantes comme Valentina et Helene. Mantra unique ne pas hésiter à détourner les lois, corrompre les élus et manipuler tous ceux qui peuvent l’être.

Alors des circuits automobiles, aux usines du Montenegro, des couloirs de l’Assemblée nationale aux environs de Harfleur, des bureaux de tabac de quartier au Parlement européen, ce très documenté opus déballe le système mis en place par European G. Tobacco. J’imagine que la vérité n’est pas si loin. Changeons les noms et soyons surpris !

Dans une démocratie partie en fumée, il demeure un scandale sanitaire (il n’y a pas pire qu’un fumeur repenti pour être furieux) bâti sur des mensonges et des milliards. Leur âme au diable, met à jour les arcanes du lobbying et les méthodes de manipulation mis en place par ces industriels sans scrupule et leurs boites de consultant en market’ et comm’. Tout le monde touche et le système doit continuer quelles que soient les conséquences.

Leur âme au diable, un roman passionnant d’un écrivain passionné. Si je n’avais pas arrêté la cigarette, à mon avis, je l’aurais écrasé à la fin de ce bouquin !

L'avis de Stéphane FURLAN

« Leur âme au diable » de Marin Ledun : le plus dur, c’est la première…

Sur deux décennies débutant au milieu des années quatre-vingt, Marin Ledun nous propose un roman noir et policier autour du commerce des cigarettes manufacturées et de ses enjeux (financiers et sanitaires). Exprimé ainsi, le sujet peut sembler un poil rébarbatif, d’autant plus pour l’ancien fumeur que je suis et qui n’a réussi, pour l’instant, à soigner sa dépendance que dans le vapotage… Cela dit, il m’a suffi de risquer un doigt dans l’engrenage pour être aussitôt happé par une histoire dont la puissance narrative m’a souvent rappelé celle de « La griffe du chien » de Don Winslow (immense compliment, pour moi, tant j’ai apprécié ce dernier livre !). Les deux évoquent le marché de la drogue et les cadavres abandonnés dans son sillage. En fait, ils ne sont séparés que par une question de degrés. Car si, à la différence de la nicotine, le commerce de la cocaïne est réprimé, il n’en demeure pas moins que la nocivité du tabac engendre toujours plus de contraintes légales et de taxes qui ont également fini par rendre son trafic très juteux. Et quand il y a de l’argent en jeu, la corruption et les drames humains ne tardent pas à poindre… Ils se déploient en France, en Italie, dans le Monténégro et jusque sur les circuits de F1. Voilà pour le cadre.

Qu’en est-il des personnages ? Difficile d’en repérer des sympathiques, en fait…

Le principal, David Bartels et sa propension à consumer sa vie au rythme des cigarettes qu’il enchaîne. Toujours actif, voire hyperactif, flairant les bons coups pour le compte de ses clients, l’entreprise European G. Tobacco. Son but ? Accroître sa fortune et son pouvoir. Rien de bien répréhensible à l’époque du capitalisme débridé… Sa méthode ? Le marketing flirtant avec la corruption. Plus précisément ? D’abord convaincre des scientifiques (un chèque dans une main, une prostituée dans l’autre, une matraque dans la troisième) à engager leur réputation pour contrer le discours adverse concluant en l’extrême dangerosité du produit. Ou encore infiltrer toutes les strates de l’État (ministère, parlement et j’en passe) pour retarder les mesures de santé publique visant à baisser la consommation de cigarettes. Pour cela, celui qui apparaît progressivement comme une sorte de Parrain (ou de Seigneur du ciel, référence à la Griffe du chien) s’appuie sur les services de Sophie Calder, alias Valentina, maquerelle à la tête d’une agence de relation publique, pour ne pas dire de putes de luxe. Et si la persuasion ne donne rien, il appelle Anton Muller, son pitbull dévoué. Dangereux, fidèle, efficace, ce mercenaire exécute ses ordres sans discuter. Sa seule erreur ? Épargner un témoin gênant quand il s’agit de régler son compte à Hélène Thomas, une gamine qui en sait trop et peut les relier au braquage des trois camions d’ammoniaque (et du massacre consécutif). Alors oui, notre tueur peut faire preuve d’empathie, il a sans doute trop visionné de Disney dans sa jeunesse. Et puis, il y a aussi Eduardo Rojas, l’associé qu’on a imposé à Bartels après son premier faux pas, un cadre de European G. Tobacco, un beau parleur intelligent et charismatique, commercial hors pair qui sait galvaniser ses troupes de représentants lancées à l’abordage des buralistes pour privilégier la marque qu’il sert, et parmi eux Raphaël, son préféré et amant, obsédé de sexe et de reconnaissance.

Face à cette mafia, les forces de l’ordre s’organisent en prenant leurs temps, peut-être un peu trop au regard des millions de victimes générés par cette industrie. Un moine-soldat les dirige, Simon Nora. Frustré par la déroute de sa première enquête, dans les années quatre-vingt, avortée grâce au génie de Bartels, il ne vit bientôt plus que pour l’abattre et, à travers lui, dénoncer les méthodes criminelles des cigarettiers. Nora ne s’est jamais vraiment remis de son premier échec et depuis il suit la fumée. Il ne s’arrête jamais, sacrifie tout à son sacerdoce, ne vit que pour lui. Il ne se doute pas qu’un second grimpeur escalade l’autre versant de la montagne de fric. Le lieutenant Brun recherche d’abord la jeune fille disparue, dans les années quatre-vingt, puis il renonce à la ramener chez ses parents lorsqu’elle lui explique l’enfer vécu dans sa famille. Quand il la recroise des années plus tard en traquant un réseau de proxénétisme, il devient touchant dans sa propension à vouloir la protéger, quitte à menacer toute la résolution de l’affaire.

Parlons à présent de la manière : dans un style épuré, Marin Ledun mitraille son histoire. Chacune de ses phrases évoque une rafale de kalachnikov propice à créer rapidement une ambiance hallucinatoire. Un peu comme un boxer à la limite du KO ou un junkie flirtant avec l’overdose, l’enchaînement des chapitres m’a placé dans une transe rappelant celle offerte par cette substance au cœur du récit, la nicotine, quand je la consommais sans modération, certaines nuits, entres potes puis en boîte, une cigarette entre les doigts tout en sautant sur la piste de danse en gueulant les refrains de L’Homme pressé, m’instillant ainsi ce surplus d’énergie nécessaire à me transporter jusqu’à l’aube, heureux mais enroué. Tout ça sans baisser de régime pendant 608 pages. Bref, Leur âme au diable m’a pris à la gorge dès l’entame, m’a poussé dans les cordes, et j’ai bien failli défaillir, puis il est devenu très rapidement addictif. Un point pour lui. Un livre dont le sujet s’accorde à la forme, ce n’est pas si commun. Et surtout, ça fleure bon la grande littérature !

David DOWNING : Zoo Station

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David DOWNING : Zoo Station

Pour asseoir sa crédibilité pour faire naitre le suspens, un roman noir doit plonger ses racines dans l’Histoire. Parfois un petit h lui suffit, parfois un H majuscule est nécessaire.

David DOWNING - Zoo Station

Présentation Éditeur

Jusqu’où peut-on refuser de s’engager quand le pire est à venir ?

Berlin, 1939. Ancien communiste, John Russell, travaille pour la presse anglo-saxonne. Lorsqu’un agent russe lui commande une série d’articles élogieux sur l’Allemagne nazie, destinés à la Pravda, dans le but de préparer le pacte de non-agression, Russell se montre d’abord réticent, puis accepte. Ses contacts avec Moscou et Berlin attirent bientôt l’attention des services secrets anglais. Après la mort mystérieuse d’un journaliste, Russell se retrouve possesseur d’un terrible secret. Pourra-t-il rester neutre face à l’horreur qui s’annonce ?

Avec un réalisme rare et un suspense soutenu, David Downing interroge l’une des plus sombres périodes de notre histoire : peut-on refuser de s’engager quand le pire est à venir ? Ce premier volume des aventures de Russell, qui ont rendu leur auteur célèbre en Angleterre et aux États-Unis, nous invite dans l’intimité d’un héros en quête d’intégrité, que l’on sera impatient de retrouver.

Origine Flag-ROYAUME-UNI
Éditions Cherche Midi
Date 13 avril 2017
Éditions  Mon Poche 
Date 14 novembre 2019
Traduction Cindy COLIN KAPEN
Pages 502
ISBN 9782379130427
Prix 9,50 €
Commander

L'avis de YANNICK P.

Pour asseoir sa crédibilité pour faire naitre le suspens, un roman noir doit plonger ses racines dans l’Histoire. Parfois un petit h lui suffit, parfois un H majuscule est nécessaire.

C’est exactement ce que fait David Downing avec Zoo Station. Ce 1er roman de « The Station Series » qui en compte 6 qui met en scène, le journaliste anglo-américain, John Russell dans le Berlin des années 40. Plus exactement en 39. Nous sommes à l’aube de Dantzig. Hilter est au pouvoir, le miroir aux alouettes économiques se fissure, le peuple commence à avoir peur et l’inquiétude est dans toutes les têtes. Il est plus facile de craindre et d’être craint que de rire dans ce Berlin où les bottes noires raisonnent sur les pavés et les oriflammes claquent au vent.

Débarrassons nous tout de suite de la comparaison avec le Bernie Gunther de P Kerr. Même époque, même craintes mais la vision, les intrigues et les personnages sont véritablement différentes. Là où Bernie trace sa voie dans une conception personnelle de la morale, Russell est un homme, avant tout, attaché à sa famille.

Ancien combattant durant la Grande Guerre, il a déjà donné pour ce qui est de l’horreur. C’est à travers les yeux de John que nous voyons cette inexorable montée vers la guerre. Nous sommes en 1939, John vit en Allemagne entre son fils Paul, enrôlé dans les Jungvolk, section du parti nazi pour la jeunesse, une ex-femme allemande Ilse et Effi sa nouvelle amie allemande très critique envers le pouvoir. John, ancien communiste, est englué, tiraillé entre ses origines et son pays d’adoption. Son travail de journaliste, lui offre la possibilité de se déplacer tant dans ce Reich qui s’obscurcit qu’à l’extérieur où tout le monde semble être saisi de cécité, qu’à cela ne tienne, les services secrets, russes, anglais et allemands, vont tenter de le manipuler. Et John va devoir choisir entre sa raison, sa conscience et son cœur, jouer double, voire un triple jeu.


Ce roman est extrêmement fluide. Il joue sur les émotions et traite de l’Histoire par le biais de la lorgnette – malgré tout solide et documenté. Downing, aborde des sujets lourds, le nazisme et le peuple allemand, la violence et la peur, l’extermination des enfants différents et bien entendu l’internement des juifs, le tout à travers les personnages secondaires. Downing joue sur les émotions à travers cet homme, John qui a la faculté de jouer sur un effet miroir. Et nous dans tout cela ? Quelle aurait été notre place ? Comment aurions nous réagi ?

Dossier Blanc : Victor Hugo – Le Justicier des Bas-Fonds

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Victor Hugo - Le Justicier des Bas-Fonds

Victor Hugo est l’une des figures majeures de la littérature française, célèbre pour ses romans, poésies et pièces de théâtre. Mais si l’auteur avait caché une autre facette de sa personnalité ? Une vie secrète où il aurait mis son génie au service de la justice, traquant des criminels en s’inspirant des thèmes et personnages de ses œuvres. Imaginons Hugo, exilé sur l’île de Guernesey, partageant ses journées entre l’écriture de chefs-d’œuvre et une mission clandestine de redresseur de torts.

L’exil : Un contexte propice à une double vie

En 1851, après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo choisit l’exil. Cet isolement forcé à Jersey, puis à Guernesey, devient le décor idéal pour tisser une activité secrète. Privé de son engagement politique direct, Hugo trouve un autre moyen de défendre les opprimés : il se transforme en justicier nocturne, explorant les bas-fonds des îles anglo-normandes et les sombres intrigues des criminels en fuite.

Les îles anglo-normandes, bien qu’isolées, sont le carrefour de nombreux trafics et d’activités illicites. Contrebandiers, espions et fugitifs y trouvent refuge. Hugo, doté d’une curiosité insatiable et d’un profond sens de la justice, ne peut rester passif face à ces injustices. Ses journées se partagent entre l’observation minutieuse de la vie insulaire, la collecte d’indices et l’écriture de textes engagés.

Une inspiration tirée de ses œuvres

Hugo utilise les personnages et les thèmes de ses romans comme armes psychologiques. Jean Valjean, par exemple, symbolise la rédemption : Hugo traque des criminels mais leur laisse une chance de se repentir. À l’inverse, Javert incarne une justice implacable, reflet des moments où Hugo n’hésite pas à faire tomber des figures corrompues de la société.

Le fantôme des galères

Lors d’une enquête sur un réseau de contrebandiers, Hugo emprunte l’identité d’un ancien bagnard fictif, inspiré de Jean Valjean. Utilisant des stratagèmes élaborés, il infiltre les rangs des criminels, exploitant leur peur des fantômes du passé. Cette mission culmine avec une confrontation dramatique dans une grotte côtière, où Hugo utilise sa connaissance des marées pour tendre un piège à ses ennemis.

 

Le masque de Quasimodo

Dans une sombre affaire de trafic d’enfants, Hugo utilise une référence à Notre-Dame de Paris. Se cachant sous un déguisement grotesque rappelant Quasimodo, il effraie les coupables et recueille des informations cruciales. Ce déguisement, associé à une mise en scène dramatique dans une église abandonnée, pousse les trafiquants à avouer leurs crimes.

Des missions ancrées dans le social

Chaque intervention de ce « justicier des bas-fonds » est motivée par un thème cher à Hugo : la lutte contre les inégalités, la défense des plus vulnérables et la réhabilitation des âmes perdues. Par exemple, il déjoue un complot visant des ouvriers locaux en exploitant sa connaissance des structures de pouvoir.

Dans une affaire liée à l’exploitation des pêcheurs de Guernesey, Hugo collecte des témoignages anonymes et les compile dans un texte poignant, qu’il fait parvenir à des journalistes britanniques. Son action provoque une enquête officielle, mettant fin aux abus.

Les outils du poète-justicier

Hugo s’arme de sa plume autant que de son esprit. Les lettres anonymes qu’il envoie aux autorités sont si brillamment rédigées qu’elles attirent l’attention sur des injustices. Ses journaux intimes, rédigés en métaphore, deviennent des codes pour des alliés invisibles.

Sa maison, Hauteville House, se transforme en quartier général. Les miroirs et les fenêtres offrent des vues stratégiques sur les environs. Une cache secrète dans la bibliothèque contient des cartes, des notes sur les criminels locaux et des outils pour ses expéditions nocturnes.

L’énigme de la "mer des ombres"

Une série de meurtres sur des navires près de Guernesey intrigue Hugo. Mélangeant réflexion littéraire et investigation, il identifie les coupables grâce à une analyse subtile des messages laissés par les victimes. Hugo fait appel à ses contacts parmi les marins et utilise des extraits de Les Travailleurs de la mer pour convaincre les superstitieux que la mer elle-même réclame justice.

L’héritage d’un justicier

Bien que cette vision soit purement fictive, elle résonne avec la vie et l’œuvre de Victor Hugo. L’auteur fut toujours un défenseur passionné de la justice. Imaginer cette facette secrète de sa personnalité offre une nouvelle perspective sur son génie et son engagement.

Cette uchronie révèle également l’étendue de son influence : Hugo inspire à la fois par ses mots et par ses actions imaginées. Il devient un symbole de résistance et de justice universelle.

Conclusion

Victor Hugo, le justicier des bas-fonds, est une uchronie littéraire fascinante qui combine fiction et réalité. Ses thèmes universels et ses personnages marquants prennent une nouvelle dimension dans cette hypothèse où la plume devient une épée. Ce portrait alternatif illustre combien l’œuvre d’Hugo transcende le temps et inspire la justice dans toutes ses formes.

Note : Ce dossier est une œuvre de fiction, mêlant imagination et détournement historique, et ne reflète en aucun cas des faits avérés.