Jérôme SUBLON : Nuits blanches en Normandie

« Nuits blanches en Normandie, un bon polar, au rythme enlevé, au cours duquel on ne s’ennuie pas une seconde. Une agréable découverte. »

Jérôme SUBLON : Nuits blanches en Normandie
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Présentation Éditeur

Mort (prononcer « Morte », comme Mort Shuman), est un ancien « enfant-placard ». Il a réussi à sortir de cette enfance tragique en mettant au point une stratégie imparable pour se venger des multiples humiliations dont il a été victime. Le problème, c’est que devenu adulte… il continue. Il transforme la ville de Rouen en terrain de guerre et ce sont sept meurtres inexpliqués que le commissaire Kerny doit résoudre. Mais Kerny, à quelques jours de la retraite, n’a pas envie de se compliquer la vie et traite les dossiers par-dessous la jambe. Le massacre peut continuer…

Jusqu’à ce qu’il soit fait appel à une équipe d’enquêteurs plus motivés, dirigée par la commissaire Aglaëe Boulu, personnage récurrent de Jérôme Sublon. Les coupables seront rapidement identifiés, mais leurs raisons restent incompréhensibles malgré leurs tentatives d’explications. De plus aucune des victimes, aucun des coupables n’a de point commun. Il faudra un travail de regroupement méticuleux et une ultime intervention du commissaire Kerny pour remonter jusqu’à Mort…

Origine Flag-FRANCE
Éditions Caïman
Date 8 mars 2022
Pages 320
ISBN 9782919066971
Prix 16,00 €

L'avis de Cathie L.

Nuits Blanches en Normandie a été publié en 2022 par les éditions du Caïman, dans la collection Polar en France. Le style, neutre pour les passages purement narratifs, peut se montrer familier, voire ordurier, selon les circonstances: « Qu’est-ce qu’ils avaient tous ces connards à la dévisager comme ça? Son imper n’était pas à la dernière mode? Elle sentait pas la rose? Qu’est-ce qu’ils en avaient à foutre. Elle descendit du car avec soulagement. Ah ça! Pour juger les autres il y avait du monde, mais pour porter de l’aide, plus personne! »

Construction : les chapitres sont racontés soit du point de vue du narrateur anonyme, soit à la première personne du point de vue de Mort, le bébé de Marthe, dont on suit l’évolution jusqu’à l’âge adulte. Parti pris intéressant, dans le sens où le lecteur fait connaissance avec Mort de « l’intérieur » en quelque sorte. L’élaboration du personnage s’opère sous nos yeux: les maltraitances qu’il subi depuis sa naissance, les moqueries incessantes endurées quand il était enfant, l’adulte meurtrier qu’il est devenu.

« Enfant-Placard », Mort est âgé de cinq ans lorsque sa mère décède brutalement. A cause de sa difformité, il subit pendant des années les moqueries et harcèlements de toutes sortes de la part des gamins de l’école qu’il fréquente.

Parvenu à l’âge adulte, il s’est organisé une vie confortable afin de ne plus avoir à subir: il travaille à son domicile, se fait livrer ses courses par un livreur qui les dépose devant la maison dans laquelle il a grandi. Tout allait bien jusqu’au jour où…

Jusqu’au jour où il croise la route de Paul et ses potes. Qui, avinés, se moquent de lui. Attisant sans s’en douter la flamme de haine assoupie au fond de son cœur. Qui ne demandait qu’un facteur déclencheur pour se réveiller.

La dernière fois que cela s’était produit, Mort s’était juré de ne plus jamais tolérer ce comportement à son égard. Il va résoudre le problème à sa manière, selon une méthode toute personnelle qu’il appelle « la méthode Marceau ». Méthode qui consiste à faire tabasser son agresseur par une tierce personne en menaçant un de ses proches. Ou pire…
 Bientôt, les cadavres s’accumulent. Mort continuant de se faire justice en menaçant de tuer femme et enfant si l’exécuteur ne remplit pas sa « mission ». Le commissaire Kervy, qui lorgne sa proche retraite d’un regard amoureux, ne sait plus où donner de la tête. Il devient urgent de stopper l’hémorragie. C’est là qu’interviennent le commissaire Aglaé Boulu et son équipe de choc.

Difficile de prendre fait et cause contre le meurtrier dans une telle affaire. Jérôme Sublon aborde le thème de « l’enfant-placard » avec beaucoup de réalisme et de pudeur. Comment juger les actes criminels d’un jeune homme qui a subi les pires privations de la part de sa mère dès sa naissance ? Qui a vécu les six première années de sa vie enfermé dans un placard pour seule chambre, avec pour seul « spectacle » les ébats de sa mère avec les hommes qu’elle recevait chez elle pour subvenir à ses besoins ? Comment un enfant qui n’a connu que cet univers pourrait-il se développer normalement, que ce soit physiquement ou psychologiquement ? Quelle vision du monde peut-il avoir parvenu à l’âge adulte ?

Une question bien souvent débattue pour laquelle il n’existe pas de réponse vraiment satisfaisante… Bien sûr, il n’est pas question d’excuser les actes criminels commis par Mort, certes désireux de se venger des moqueries et du mépris de ceux qui croisent sa route. Un cas de conscience… « Nuits Blanches en Normandie » propose une intrigue intéressante, bien construite, malgré quelques faiblesses dans le style.

Le+ : la psychologie du tueur constitue une partie importante du récit qui commence par sa naissance et continue par ses années d’école où il fait l’apprentissage d’une autre souffrance que celles infligées par sa mère: les moqueries et le harcèlement auxquels il n’apporte que la seule réponse qu’il ait apprise de sa génitrice: la violence! L’auteur analyse sans sombrer dans le jugement facile les mécanismes du harcèlement: pour quelles raisons ne peut-on pas accepter des êtres humains différents, affublés d’une tare physique ou tout simplement plus faibles, plus vulnérables? Car Mort, une fois devenu adulte, représente toujours aux yeux des autres un sujet de moquerie. Sauf qu’un jour, il a décidé de ne plus jamais accepter…Et de se venger de la plus terrible des façons…

Un bon polar, au rythme enlevé, au cours duquel on ne s’ennuie pas une seconde. Une agréable découverte.

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Cathie L.
Cathie L.https://goo.gl/kulVbu
Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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