Rencontre avec l’auteur Nick GARDEL à l’occasion de la sortie de son roman « Laisse Tomber » aux éditions du Caïman en mars 2019
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Nick Gardel, pouvez-vous me décrire votre parcours ?
Nick GARDEL : Je suis un enseignant qui se déguise la nuit en auteur de polar. Ni cape, ni slip apparent, mais un super pouvoir de n’avoir besoin que de quelques heures de sommeil. Certains sauvent le monde, moi j’ai tendance à écrire des bêtises.
JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période ?
NG : J’aime beaucoup votre formulation. C’est véritablement une envie. Rien de pompeux comme une vocation ou une destinée. Rien d’irrépressible. Mes premiers mots ont été rédigés vers mes 15 ans, j’en ai presque 50… Mais je dois dire que l’écriture est devenue quasi quotidienne depuis une petite quinzaine d’années.
JP : Quelles étaient les lectures de votre enfance ?
NG : Un parcours de lecteur très classique pour un enfant des années 70-80. Bibliothèque rose et verte, puis l’autonomie dans les choix et la découverte de la SF d’Asimov et des géants du genre (Bradbury, Van Vogt, K. Dick), la fantasy de Tolkien et de Piers Anthony, le thriller de Stephen King. Un déclic avec Le Poulpe, une passion pour Pennac. Un peu tout azymuth…
JP : Quel est votre « modus operandi » d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
NG : Il y en a autant que de romans en fait. Parfois c’est une idée directrice, parfois c’est juste un titre, parfois c’est un défi que je me lance. Je ne connais jamais la fin, à peine une vague idée. J’écris de façon linéaire. Le chapitre 2 est écrit après le 1 puis viendra le 3… Mais au bout d’un moment, je me mets des balises de progression pour savoir où je vais et comment y arriver.
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre roman et sa parution ?
NG : Laisse Tomber est mon 14eme roman, le parcours est rodé. Mais c’est aussi le premier roman que je publie aux éditions du Caïman qui ne soit pas une réédition d’un titre que j’ai assumé en autoédition. C’est aussi un test quant au véritable potentiel de mon écriture. L’autoédition est intimement liée au réseau de l’auteur. Comme toutes les ventes se font par l’auteur, elles nécessitent une présence forte de celui-ci. Sans critère de qualité, l’écriture n’y est pas totalement primordiale. La personnalité de l’auteur est au moins aussi importante. Dans une maison d’édition, la part de l’écriture, de l’envie qu’elle génère, est bien plus grande.
JP : Pouvez nous parler de votre dernier roman « Laisse tomber » aux éditions Caïman ?
NG : Laisse Tomber est un roman qui s’est écrit de façon totalement détachée du lecteur. C’est un acte solitaire. J’y ai mis mon écriture, ma vision de la construction, mon désir de folie et de travail de la phrase. Laisse tomber est véritablement un texte qui ne se prend pas une seconde au sérieux. Tout y est fou, cynique, grave et léger. C’est un vrai roman d’humour noir qui ne laisse aucune place à la facilité de la grivoiserie. J’y transgresse les codes sans me vautrer dans aucune forme de vulgarité. Même si le lecteur n’est pas présent dans mon esprit quand j’écris, j’aime ne pas le prendre pour un imbécile à qui il faudrait prémâcher les situations, les références ou les points de vue.
JP : Dans vos romans, y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
NG : Mes personnages existent pour eux-mêmes. Ils ne sont vraiment personne mais portent tous en eux des éclats d’individus rencontrés par ailleurs. Par exemple, j’ai un enquêteur qui est un hommage à l’inspecteur Clouzeau. Une sorte de boussole qui indiquerait le Sud, un type qui se trompe en permanence et est toujours sur la bonne piste. D’autres personnages dans d’autres romans ont été créés pour répondre à un besoin. Peter Raven dans une série précédente (4 romans) est né de la nécessité de pouvoir remplacer au pied levé une histoire écrite pour le Poulpe si mon manuscrit était refusé. Le Poulpe s’appelle Gabriel, mon personnage serait Peter (pour faire la passerelle avec le chanteur du groupe Genesis). Le poulpe est considéré comme un animal très intelligent, le corbeau aussi. Donc mon personnage serait Peter Raven, CQFD.
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos livres ?
NG : J’ai une petite fierté. Souvent, des lectrices m’ont contacté pour me dire que j’avais résolu l’équation cornélienne : « mon mari ne lit pas ». Je réconcilie les époux avec la lecture quand elles ne partageaient plus cette passion dans leur couple. C’est véritablement une raison de me faire péter les chevilles.
JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
NG : J’ai eu une grande période musicale dans mon existence avec une collection débordante de CD et une hyperspécialisation d’un style. Cela s’est ressenti dans mes romans. Les personnages sont des jeux de mot avec des musiciens (j’ai déjà parlé de Peter Gabriel, mais on peut aussi citer Michel Vieuxchamp, le pendant de Mike Oldfield, ou encore Friedrich Königin qui assume une ressemble avec Freddie Mercury de Queen).
La musique est encore très présente mais uniquement comme auditeur.
JP : Avez-vous des projets ?
NG : J’ai terminé un roman bien plus sombre, moins cynique, plus direct et plus orienté vers le thriller. Il est encore en recherche d’éditeur. On verra s’il intéresse quelqu’un. Mais je me suis aussi lancé dans l’écriture d’une nouvelle folie, totalement déjantée, à nouveau sans aucun frein si ce n’est que celui d’assumer mon amour pour la phrase et le verbe.
Quels sont vos coups de coeur littéraires ?
NG : Je suis assez piètre lecteur désormais car mon temps est plutôt consacré à l’écriture. Néanmoins j’ai découvert quelques merveilles ces deux dernières années. Ian Manook bien sûr et son double Roy Braverman avec son « Hunter » et bientôt « Crow ». Mon ami Michael Fenris qui vient de signer « Therianthrope » un thriller jouissif. Et surtout Sandrine Destombes avec « Le prieuré de Crest » qui va mettre tout le monde sur le cul. Les styles sont tous différents mais tellement maîtrisés !
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman « Laisse tomber » ? A moins que le silence suffise ?
NG : D’ordinaire, j’ai tendance à citer du rock progressif comme Yes, Genesis ou Marillion. Ce sont eux que j’écoute en écrivant. Côté français, Hubert-Felix Thiéfaine est un incontournable. C’est sans doute lui qui pourrait accompagner cette lecture. Avec des albums comme « soleil cherche futur » ou « dernières balises avant mutation ». Un rien de désespérance avec une douce folie amère.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
NG : J’ai un site internet : nickgardel.e-monsite.com. Mais Facebook est sans doute le moyen le plus simple.
JP : Merci Nick Gardel d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
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