Aujourd’hui nous accueillons Sylvain Forge à l’occasion de la sortie de son roman « Sous la Ville » aux éditions Le Toucan, en juin 2016.
Jérôme : Pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?
Syvain FORGE : Je suis originaire d’Auvergne, plus précisément de Vichy puis de Clermont-Ferrand où j’ai fait mes études. Des petits boulots, des voyages puis l’exploration des mondes de l’imaginaire (jeux de rôle…) pour finir avec l’écriture ; j’ai une nette préférence pour le roman (mais aussi quelques nouvelles ici ou là, dans des recueils). Le polar est mon genre de prédilection, mais je viens de terminer un roman jeunesse et j’aimerais explorer d’autres champs du possible.
Comment vous est venue l’envie d’écrire ? À quelle période ?
Plus que l’envie d’écrire, c’est celle de raconter des histoires qui me plaît et l’écriture est pour moi le support le plus commode, mais j’ai aussi fait du théâtre. J’ai écrit un roman à la faculté (1992-1993), mais sans suite, je l’ai laissé au fond d’une histoire. Il s’agissait d’une enquête se déroulant en Écosse, à la fin du XIXe siècle.
Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?
J’ai commencé avec les « J’aime lire », puis à peu près tout ce qui me tombait sous la main dans les rayons jeunesse de la médiathèque Valéry Larbaud, à Vichy. Je garde un souvenir tendre des romans de Pierre Gripari, et tout particulièrement d’Histoire du Prince Pipo (j’en parle dans le dossier La Malle aux trésors, sur le site ZONELIVRE). Il y a eu Jules VERNE bien sûr, TOLKIEN, BRUSSOLO (plus tard), etc.
Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez-vous évoluer vos personnages ?)
Je travaille toute la semaine et, avec mes contraintes familiales, trouver du temps pour écrire est tout à la fois une nécessité absolue et la quadrature du cercle. Je fais comme je peux, quand je peux, je n’ai pas de « rituel ». L’enjeu est de dégager du « temps de cerveau disponible » et de l’énergie tout au long de la journée pour pouvoir coucher mes lignes le soir venu. Concernant mon rythme, il se résume dans une loi d’airain : « Nulla dies sine linea » : pas un jour sans une ligne. Ensuite, je travaille en trois phases : recherche documentaire et élaboration du plan, de l’intrigue et des personnages, puis rédaction et enfin relecture. Avec le temps, la phase de relecture tend à prendre de plus en plus de temps. Je ne connaissais pas nécessairement la fin précise du roman, mais écrivant du « polar », je suis obligé d’avoir une idée précise des rebondissements, des conflits à venir, etc. Mes personnages peuvent évoluer, mais du fait de mon manque de temps, je ne peux pas me permettre de rester des heures au-dessus de ma feuille en me demandant ce qui va se passer. Je consacre le temps qu’il faut à la conception de l’intrigue (tableau, mapping…) et seulement ensuite je rédige. C’est la phase « créative » qui me plaît le plus.
Il y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
C’est particulièrement vrai dans le Vallon des Parques (polar sous l’Occupation) où le personnage d’Arnaud GEITEL (le nazi, chef du SIPO-SD à Vichy) s’inspire fortement de Hugo GEISSLER, le vrai. Lui aussi francophone et homme à femmes. Pour décrire mes policiers, j’ai pensé à d’authentiques résistants, tel le commissaire Marc JUGE. Dans La trace du silure, qui se déroule à Nantes, je décris un électro hypersensible en m’appuyant sur des témoignages de personnes souffrant des mêmes maux et qui ont choisi de vivre dans des « zones blanches », des endroits dépourvus d’ondes. Dans Un parfum de soufre, l’intrigue s’inspire de faits divers authentiques : le 4 septembre 1987, Roop Anwar, une veuve de dix-huit ans, se brûle sur le bûcher de son mari dans le village de Deorala, dans le Rajasthan. C’est le rituel du Sati. Quant à La ligne des rats, c’est mon roman le plus en phase avec la réalité (puissance des industries agro-chimiques, brevetage du vivant, OGM, etc.)
Le parcours a-t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution ?
Mon dernier opus, Sous la ville, est celui qui m’a demandé le plus de travail après Le vallon des Parques (un polar qui se déroulait sous l’Occupation) : 2 ans à peu près. Il y avait le travail de recherches documentaires et le désir de passer un cap au niveau de la dramaturgie. J’ai particulièrement soigné la caractérisation des personnages, les arcs narratifs avec l’envie de créer le plus de suspens possible, comme si j’écrivais un scénario.
Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs ?
Un lecteur du Vallon des Parques m’a abordé à l’occasion d’une signature en me racontant qu’une ancêtre à lui, bergère, avait été victime de Joseph Vacher, Le « premier tueur en série français » dont j’évoque l’histoire dans le roman. Dans le vallon, les enquêteurs décident d’utiliser les mêmes techniques que celles inventées par le (vrai) juge d’instruction Émile Fourquet qui lia là l’époque es meurtres de Vacher et dont on peut dire qu’il a été un des premiers profiler français.
Avez-vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) À part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez-vous une autre facette cachée ?
J’adore le cinéma, regarder les séries TV et j’aime beaucoup le théâtre d’improvisation (une autre façon de raconter des histoires) que j’ai pratiqué plusieurs années avant de devoir abandonner, faute de temps, pour me recentrer sur l’écriture.
Quels sont vos projets ?
Si le retour des éditeurs jeunesse est positif, mon dernier tapuscrit deviendra mon 6e roman avec, probablement une suite. Pour 2017 je viens de récupérer les droits de mon premier opus (La ligne des rats, un thriller écologique entre polar et roman espionnage) qui n’avait pas eu la chance d’être distribué en librairie. Je suis très heureux qu’il connaisse une nouvelle vie, d’autant plus qu’il était visionnaire à l’époque (1999) : j’annonçais la venue du moustique Tigre (Aedes albopictus) en France.
Quels sont vos coups de coeur littéraires ?
HP Lovecraft, Brussolo, Victor Hugo, Jean Paul Dubois. Une vie française, son plus grand succès, est un de mes meilleurs souvenirs de lecture. J’y retourne régulièrement. Beauté de la plume, capacité de passer du rire aux larmes…
Une bande-son pour lire en toute sérénité votre roman ? À moins que le silence suffise ?
Un livre devrait se suffire à lui même, je trouve. Le silence donc.
Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
Mon blog est mis à jour régulièrement : sylvainforge.webnode.fr, il est possible de m’écrire depuis un lien figurant sur la page d’accueil.
Je suis également sur FACEBOOK et TWITTER
Merci Sylvain Forge d’avoir répondu à cette interview et à bientôt.
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