Frédéric LENORMAND : Seules les femmes sont éternelles

Une série policière historique de Frédéric Lenormand. Entre 1914 et 1918, ce roman raconte l’émancipation et la difficulté d’être une femme en temps de guerre…

Frederic LENORMAND - Seules femmes sont eternelles
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PRÉSENTATION ÉDITEUR

Une enquête de Loulou Chandeleur

Au début de la guerre de 1914, un policier décide de revêtir une identité féminine pour échapper à la mobilisation. Ray Février devient « Loulou Chandeleur », détective privé en bas de soie et chapeau à voilette. Ray-Loulou se rend compte qu’il est aussi bon flic en robe qu’en pantalon, et peut-être meilleur homme qu’auparavant.

Aux côtés de la patronne de l’agence de détectives, la charmante Miss Barnett – qui ne connaît pas son secret –, Loulou enquête sur une intrigante affaire de lettres de menaces. Quand le maître chanteur commence à mettre son plan à exécution et que les meurtres se multiplient, notre étonnant duo plonge dans une succession de surprises et de pièges périlleux.

Entre 1914 et 1918, ce sont les Françaises qui ont fait vivre le pays. Ce roman raconte leur émancipation et la difficulté d’être une femme en temps de guerre… surtout quand on n’en est pas une.

Origine Flag-FRANCE
Éditions La Martinière
Date 2 novembre 2017
Pages 288
ISBN 9782732486666
Prix 18,50 €

L’AVIS DE CATHIE L.

Frédéric Lenormand est un romancier français né à Paris en 1964, auteur de romans policiers, de romans policiers historiques ainsi que de littérature de jeunesse. Extrêmement prolifique, il compte à son actif plus d’une soixantaine d’ouvrages, tous genres confondus, notamment une série consacrée aux enquêtes du juge Ti, personnage créé par Robert Van Gulik décédé en 1967; une autre se situant dans la ville de Venise, ainsi que la série consacrée au philosophe Voltaire qui apparaît comme un enquêteur bien peu conventionnel.

Le roman

Seules les femmes sont éternelles, publié par les éditions La Martinière en novembre 2017, est le premier opus de la série consacrée aux enquêtes de Loulou Chandeleur. Le style est vif, le ton sarcastique adapté au contexte de l’entrée en guerre de la France, en septembre 1914, bien dans l’expression à laquelle l’auteur nous a habitués :

« Qui prenait soin des belles maisons ? Qui conduisait madame dans ces belles automobiles chromées ? Y avait-il encore de vrais sauciers diplômés dans les restaurants à nappes blanches ? La survie des gens chics se heurtait à des tracas dont le commun n’a pas idée. » (Page 51).

Sous les dehors d’une plume grinçante, virevoltant de mots en phrases à un rythme effréné, Frédéric Lenormand porte un regard lucide et sans concession sur l’humanité, avec toujours la petite touche qui remet les choses en perspective :

« On mésestimait les principes. Toute cette guerre était une boucherie organisée au nom des grands principes… Les Français étaient prêts à sacrifier autant de vies que nécessaire pour récupérer l’Alsace et la Lorraine, quitte à tuer plus d’habitants que n’en comptaient ces deux régions. Pour sa part, Ray aimait bien le Kouglof, mais il ne réclamait pas qu’on assassine des gens pour éviter d’avoir à le payer en marks » (Pages 136-137).

L’intrigue

Septembre 1914. Afin d’échapper à la mobilisation, Ray, policier, devient Loulou Chandeleur, détective privée en bas de soie et voilette. Mais Ray va vite comprendre qu’être une femme jusqu’au bout des ongles n’est pas si simple : « Penser comme une femme! Il ne suffisait donc pas de porter des talons ! » (Page 34).  Il va également découvrir que l’habit ne faisant pas le moine, il est aussi habile enquêteur en pantalon qu’en robe.

Il se fait engager par l’agence Barnett dirigée par la charmante miss Barnett qui, bien évidemment, ne connaît pas son secret. Pour sa première affaire, Loulou enquête sur une curieuse histoire de lettres de menaces reçue par la baronne Schlésinger. Les choses deviennent sérieuses lorsque le maître chanteur met son plan à exécution et que les cadavres jonchent la piste suivie par le duo de choc qui devra déjouer de nombreux pièges pour avoir le fin mot de l’histoire.

Contexte historique : Frédéric Lenormand décrit, avec sa touche d’humour un tantinet sarcastique, le nouveau rôle des femmes dans une France plongée dans la guerre jusqu’au cou : sorties de leurs cuisines ou de leurs boudoirs, elles prennent courageusement la relève la relève, telle « la conductrice du tramway, cramponnée à un volant deux fois large comme un plat à tarte… la receveuse, une grande brune munie de la casquette et de la planche à tickets… Il fallait se rendre à l’évidence: chaque jour l’humanité féminine abordait de nouveaux domaines d’activité par un mouvement exactement proportionnel à la disparition des hommes. » (Page 10)

En conclusion

Je retrouve avec toujours autant de jubilation le style inimitable de Frédéric Lenormand, son humour léger et parfois caustique : « de nouvelles personnes se profilaient à l’entrée de la salle d’attente et il ne souhaitait pas être dérangé pendant qu’il jouait du pipeau à l’oreille de sa future bienfaitrice. Engager une femme comme détective, c’était délicat, même lui aurait refusé. » (Page 41) … « En langage parisien, une « villa » était une allée fermée par une grille, où des maisons de très grand luxe édifiées au siècle précédent permettaient à des gens très fortunés de rester entre soi au sein d’un quartier bien ventilé. » (Page 66).

Seules les femmes sont éternelles est un polar historique illuminé par la verve de Frédéric Lenormand qui, au passage, livre ce qu’il pense de la guerre, quelle qu’elle soit, de l’absurdité d’un système judiciaire aveugle et inhumain. La vie est notre plus précieux trésor. Pourquoi la gâcher ou pire la perdre pour de fallacieux prétextes? Raymond devenu Loulou le sait bien, lui…

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