Christine BRUNET : Convergences

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convergences - christine Brunet
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Parution aux éditions Gascogne en octobre 2015

Suite à un casse hors norme et des disparitions inquiétantes, le docteur Gwen Saint-Cyrq, personnalité sombre et ambiguë, sort de sa retraite pour retrouver d’anciens collègues. Les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place et convergent toutes, à sa grande stupeur, vers elle.

(Source : Gascogne – Pages : 350 – ISBN : 9782366660746 – Prix : 20,00 €)

L’AVIS DE CATHIE L.

Née dans le sud de la France, Christine BRUNET passe toute son enfance à Aubagne, patrie de Marcel Pagnol. Passionnée de langues, elle effectue ses années de lycée à Marseille et passe un baccalauréat littéraire, spécialisation russe. Elle poursuit alors des études linguistiques poussées qui l’amènent à Prague, à l’université Charles où elle perfectionne son tchèque puis… au Caire où elle tente d’apprivoiser la langue arabe.

Elle part en Bourgogne puis en Grande-Bretagne. C’est à Preston qu’elle commence à écrire, d’abord des récits de science-fiction puis des romans d’aventure. Enfin, elle s’essaie au roman policier et aux thrillers. Après un détour de quelques années en Auvergne, en plein cœur des Combrailles, elle retrouve Marseille et sa Provence natale.

De ses années de classes préparatoires,  elle garde un goût très prononcé pour la littérature dite « classique » et une soif d’apprendre qui la conduit aux quatre coins du monde à la rencontre de la différence. De Madagascar au Ladakh, du delta de l’Orénoque au Gobi… elle exerce son esprit critique et son sens du partage.

Aujourd’hui rédactrice en chef de la revue littéraire « Les petits papiers de Chloé » initiée par les Editions Chloé des lys et nouvelle collaboratrice de l’éditeur belge, elle poursuit sans relâche son travail d’écriture. Elle est également la présentatrice d’ACTU TV, une émission mensuelle à voir et à revoir sur http://www.actu-tv.net/. Elle est également directrice de Chloé des lys Collection. (Éléments de biographie trouvés sur le site de l’auteur et repris avec son autorisation.)

Le roman

Convergences, septième roman de Christine Brunet, est paru en octobre 2015 aux éditions Gascogne. C’est la première apparition du médecin légiste Gwen Saint-Cyrq et de son collègue Yvon Signac.

Tous les ingrédients d’un bon film d’aventures figurent dans ce roman: poursuites, rebondissements, enlèvements, bagarres, exploration de souterrains mystérieux, trafics en tous genres… Convergences est construit selon un plan complexe d’intrigue à tiroir qui se situe sur plusieurs niveaux imbriqués les uns dans les autres avec de nombreuses ramifications; pourtant, chacun d’entre eux ramène au même point de « Convergence » : Gwen Saint-Cyrq.

Le style très fluide adopte un mode d’expression presque télégraphique dans les moments d’action ou de tension, ce qui les rend plus forts, plus immédiats en quelque sorte, avec un suspense haletant, comme au cinéma :

« Une pente ascendante, une porte, entrouverte. Ils échangèrent un regard méfiant (…) derrière, des escaliers et le silence(…) Un palier donnant sur d’autres battants. Du pile ou du face…Toujours aucun bruit. » (Page 216).

Les descriptions sont très précises, très réalistes, comme ce moment où Gwen progresse dans le conduit du souterrain :

« Grimper, ensuite…Les orteils écrasés contre la paroi, les doigts crispé sur la moindre aspérité, chaque centimètre gagné était une victoire. Un autre coude à négocier, plus simple parce qu’à plat. Elle en venait à regretter le trou boueux des oubliettes(…) Elle poussa la grille de l’épaule en y jetant ses dernières forces. La protection en ferraille céda brusquement et alla percuter une lampe sur le bureau juste au-dessous. Le bruit de sa chute se répercuta dans le vide. » (Page 183).

Des phrases courtes, des mots qui s’enchaînent donnent cette impression de proximité, un peu comme dans un film, comme si le lecteur vivait les aventures des personnages en direct. Procédé qui entretient une certaine tension qui donne envie de progresser dans le roman page après page, avec fébrilité…

L’intrigue

Suite à la disparition de son épouse Jeanne, et bien que le corps n’ait pas été retrouvé, le marquis Martin de Saint-Amand de Fontalèvre, diplomate, est accusé de l’avoir tuée. Le marquis n’a pas d’alibi et, comble de malchance, le couple venait d’avoir un violent accrochage devant témoins. Ils se trouvaient au château de Puymartin pour quelques jours de vacances.

Marie-Anne et Luc, inspecteurs de l’équipe de Renaud Marsan de SIRC, envoyés sur place pour mener une enquête, ont également disparu. On est sans nouvelles d’eux depuis quatre jours.

Fait intriguant: deux ans et demi plus tôt, un sans-abri et deux retraités ont également disparu sans laisser de traces. Ces disparitions mystérieuses ont-elles un lien avec les disparitions de Jeanne et des deux policiers ?

Suite à la prière de son ancien chef, Gwen accepte de mener une enquête sur les lieux des disparitions. Partie en reconnaissance dans les environs de Sarlat, Gwen trouve un squelette humain à moitié enfoui dans un chemin dans les sous-bois de la forêt de Badane, située entre Commarque et Sireuil (Je rassure les lecteurs qui ne connaîtraient pas cette région : une carte détaillée figure au début du roman) ; puis elle trouve un autre cadavre. Mais pourquoi la gendarmerie de Sarlat ne répond pas à ses appels ?

Une fois l’enquête close, chacun repart de son côté, Signac à Paris, Gwen à Marseille où elle a enfin accepté de travailler au IERM, avec Sillas Lajoigny qui devient donc son nouveau patron. Pourtant, lorsqu’elle retrouve quelques échantillons qu’elle pensait détruits, elle décide de reprendre l’enquête sur Saint-Amand car elle pense que le diplomate, malgré sa relaxe, n’est pas aussi clair que la précédente enquête l’a déterminé. Elle retourne donc dans le Perigord et découvre que Signac, affecté à la protection de Saint-Amand, est également sur place. Lajoigny accepte de « prêter » Gwen à Marsan afin de boucler l’enquête et de répondre aux questions laissées en suspens. Qui faisait le vide en tuant les protagonistes les uns après les autres? Giron sur les ordres de Diane ? Giron seul pour assurer ses arrières ? A moins que la marionnette n’ait décidé de couper ses fils et de prendre le large avec tout ou partie du butin convoité par la bande ?

L’intrigue, bien plus complexe qu’on aurait pu le croire, s’avère un vrai sac de nœud : quelle est l’implication réelle de Josépha, la veuve de Jérôme Signac ? Que mijotait le frère d’Yvon Signac au moment de sa mort ? Était-il un « ripou » ? Autant de questions qui devront un jour ou l’autre trouver leur réponse…

L’enquête

A l’instar des autres compartiments du roman, l’enquête, son déroulement, ses aspects techniques sont très bien décrits et documentés, donnant l’impression de regarder un film. Ainsi, voir Gwen à l’oeuvre est très instructif :

« Elle tira les gants de latex du petit sac à dos noir qui ne la quittait presque jamais en mission et souleva délicatement le chemisier taché de boue orange (…) Elle tira un petit sachet plastique zippé, une pince à épiler, effectua quelques prélèvements, juste au cas où, puis rangea le tout dans la poche translucide. Elle bascula le corps doucement sur le côté et découvrit une blessure profonde à la base du crâne… » (Page 41)

« Elle inscrivit rapidement quelques mots sur un calepin ouvert à côté d’elle puis passa aux échantillons prélevés sur la fille. Quatre sachets. Elle choisit le résidu de terre sous les ongles, prépara le prélèvement, étiqueta les préparations et en plaça une goutte entre les lamelles du microscope électronique tandis qu’elle insérait le reste dans le spectromètre. Elle plaqua son œil droit contre l’optique, effectua un réglage minutieux et plissa le front… » (Page 43).

Les personnages

  • Gwen Saint-Cyrq : médecin légiste ; physique très atypique : « Des mèches de longs cheveux noir corbeau très raides sur le devant, rasés sur la nuque mettaient en valeur des yeux bleu glacier soulignés par une épaisse couche de khôl noir et une frange couvant le front un peu haut. Une multitude de piercings en argent complétait l’apparence un peu décalée de la légiste. » (Page 19) ; elle est petite et maigre. Chaque fois qu’elle se retrouve dans une situation délicate, son esprit d’analyse prend le dessus jusqu’à ce qu’il trouve une faille permettant de s’en sortir. Dans cette première enquête où elle apparaît, peu à peu des détails concernant son histoire personnelle sont dévoilés, d’où le titre Convergences… Afin de ne pas spolier le plaisir des lecteurs de les découvrir par eux-mêmes, je n’en dirais pas plus.  Néanmoins, il est intéressant de s’attarder quelque peu sur un aspect de son personnage : son professionnalisme. Elle fait preuve de beaucoup d’astuce, elle est intelligente et apprend vite de ses erreurs. Le roman fourmille de précisions concernant le soin qu’elle prend à se préparer pour une autopsie, la minutie avec laquelle elle procède à des recherches complémentaires, que ce soit sur internet ou sur le terrain; elle est consciencieuse, très compétente… mais elle a un caractère de chien et ne se laisse pas marcher sur les pieds. « Yvon Signac quitta le restaurant, l’esprit ailleurs, perturbé par la conversation qu’il venait d’avoir avec Saint-Cyrq, sa façon d’aborder l’affaire en toute transparence et avec professionnalisme. Toutes les hypothèses étaient étayées de faits et de preuves scientifiques. » (Page 109).
  • Renaud Marsan : commissaire au SIRC, ancien chef de Gwen.
  • Yvon Signac : ancien collègue de Gwen qu’il déteste, lui attribuant le suicide de son jeune frère Jérôme, ancien co-équipier de Gwen.
  • Lieutenant-colonel Reille : chef du commissariat de Sarlat.
  • Lefèvre : magnétiseur, rebouteux qui vit dans une cabane à côté du château de Puymartin ; petit maigre aux yeux ronds comme des billes, trop fixes.
  • Jeanne de Saint-Amand : l’épouse disparue du diplomate Martin de Saint-Amand; Lefèvre la décrit comme étant « une vraie garce, hautaine et mal embouchée ».
  •  Martin de Saint-Amand : diplomate.
  • Sillas Lajoigny : nouveau patron de Gwen au IERM de Marseille.
  • Philippe Giron : truand notoire.
  • Mehdi : ami de Gwen ; légiste au IERM de Marseille.
  • Jean-Marc Giron : frère de Philippe Giron; amant de Josepha, belle-sœur de Signac, deux ans plus tôt.
  • Josepha Signac : veuve de Jérôme Signac; maîtresse et complice de Philippe Giron.
  •  Le duo Gwen / Yvon Signac : une mention particulière à ce duo de personnages dont la relation complexe tisse le canevas de l’intrigue, l’ influençant et lui donnant de l’épaisseur: leur passé commun au sein du SIRD, deux avant la présente enquête, avec la mort de Jérôme, frère de Signac et équipier de Gwen, dans des circonstances tragiques. Le ressentiment profond de Signac qui attribue la responsabilité de ce drame à Gwen, sans doute pour masquer sa propre implication involontaire, est le moteur de son comportement avec elle. Le hic est que cette haine farouche gangrène son jugement au point de mettre parfois en péril leur enquête. J’avoue que cet aspect du personnage de Signac est parfois un peu lourd; on aimerait que l’abcès soit crevé une bonne fois pour toute.

Les lieux

L’intrigue se déroule selon deux axes : le Périgord noir et la Côte d’azur. Tout comme les personnages et les détails techniques de l’enquête, les lieux sont décrits avec minutie et précision car, loin de ne servir qu’à meubler, les différents décors participent à l’action même.

L’intérieur du château de Commarque :

« Une porte verrouillée, qui ne fit aucune difficulté, lui ouvrit une grande salle au décor XIV ème selon l’explication plaquée sur la pierre. Une reproduction de heaume au sol, une fenêtre à colonnettes donnant sur la campagne environnante puis l’accès à la plate-forme elle-même. Elle retint sa respiration, époustouflée par la vue magnifique: juste en face Laussel en bien meilleur état que Commarque, sans doute restauré et plus récent. » (Page 35).

La maison de Gwen, en Provence :

« Le mur appartenait à une petite maison provençale aux volets ouverts peints en vert olive. De chaque côté, collée entre de petites pierres plates dressées, une terre poussiéreuse blondie par le soleil et le calcaire, chargée de lavandes et de lauriers encore en fleurs. Plus loin, un mimosa et deux oliviers centenaires aux tronc torturés étalaient leur feuillage vert de gris vers la maison. » (Page 18).

Le paysage provençal :

« …devant lui, un chemin de terre étroit, recouvert d’une épaisse couche d’aiguilles de pin, s’enfonçait sous le couvert de la forêt méditerranéenne. Un peu plus haut, la route continuait à sinuer vers le Camp et le col de l’Ange. Plus bas, après des courbes en épingle à cheveux, Ceyreste avant d’atteindre les plages de La Ciotat. » (Page 17).

Et pour finir, la grotte :

« Elle s’émerveilla devant la complexité des concrétions: draperies de calcite blanche et cristallisations d’aragonite couvrant des concrétions plus anciennes et, parfois même, des œuvres d’art. Certains piliers étaient effondrés. Elle eut soudain l’impression d’avoir, non seulement changé de monde, mais d’avoir aussi basculé dans le temps: le faisceau de la lampe rencontrait déjà les premières gravures dans un environnement minéral fantasmagorique. » (Page 317).

Mon avis

Roman bien construit, malgré son foisonnement qui peut parfois égarer le lecteur. Beaucoup de scènes d’action, de suspense aussi, de moments où l’on se demande comment les enquêteurs vont se sortir du pétrin dans lequel ils se sont fourrés, soit par négligence, soit par imprudence, non respect des consignes de sécurité, rendant la lecture addictive.

Ce qui m’a particulièrement plu : les nombreux fils de cette histoire nous ramènent sans cesse au passé trouble de Gwen, à son enfance particulière, le contexte dans lequel elle a grandi, les personnes qui l’ont élevée, façonnée en quelque sorte, l’auteur ne révélant que des bribes savamment distillées tout au long du roman. Également le rythme soutenu, sans temps mort : on ne s’ennuie jamais dans les romans de Christine Brunet qui entraîne ses lecteurs dans une enquête pleine de surprises et de rebondissements, avec des personnages complexes, ni tout bons, ni tout mauvais, irritants ou attachants mais qui ne laissent pas indifférent.

Un excellent thriller passionnant, qui se lit de bout en bout malgré les 400 pages, qui a le mérite de distraire tout en faisant découvrir de très belles régions, des paysages magnifiques sur lesquels on s’attarde malgré la tension narrative. A quand la suite ???

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Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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