Charlotte ARMSTRONG : Merci pour le chocolat

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Parution aux éditions Rivages en octobre 2000

Traduit par Maurice-Bernard Endrèbe

Vingt-trois ans après sa naissance, Amanda apprend qu’à la suite de l’erreur d’une infirmière, elle a failli être échangée avec un autre bébé né le même jour : Terry, fils du célèbre peintre Tobias Garrison. Celui-ci s’est remarié avec Ione quelques années après la mort accidentelle de la mère de Terry. Intriguée, Amanda contacte le peintre qui accepte de la recevoir. En évoquant l’échange de bébés, elle sème la confusion au sein de la famille Garrison et peu après surprend Ione qui renverse volontairement un Thermos de chocolat destiné à Terry. Ayant réussi à imbiber son mouchoir de liquide, Amanda découvre plus tard que le chocolat était empoisonné. Informé, Terry la considère comme une intrigante. Alors, pour lui prouver sa bonne foi, Amanda n’a qu’une issue : faire croire à l’empoisonneuse qu’elle est la fille de Tobias et devenir ainsi sa future victime.

Cet astucieux et diabolique roman est devenu un classique du suspense psychologique. Claude Chabrol l’a adapté au cinéma et l’a présenté en avant-première au festival de Venise 2000 sous le titre Merci pour le chocolat, avec Isabelle Huppert et Jacques Dutronc. –Claude Mesplède

(Source : Rivages – Pages : 265 – ISBN : 9782743606978 – Prix : 8,65 €)

L’AVIS DE CATHIE L.

Charlotte Armstrong est une romancière et scénariste américaine née à Vulcan dans le Michigan le 2 mai 1905 et est décédée le 7 juillet 1969 à Glendale en Californie. Elle fait ses études à l’université du Wisconsin puis à l’université du Michigan où elle obtient un diplôme d’arts en 1925. Elle a commencé sa carrière comme pour des revues de mode puis écrit des poèmes dont certains seront publiés dans le New Yorker, magazine américain fondé en 1925.

De 1942 à sa mort, elle écrira une trentaine de romans policiers ainsi qu’un très grand nombre de nouve
lles. Parallèlement à sa fructueuse carrière de romancière, elle écrit des pièces de théâtre ainsi que des scénarios pour la télévision américaine, notamment pour la série « Alfred Hitchcock présente ».

« Merci 
pour le chocolat », dont la conception est de facture classique ( situation initiale, élément perturbateur, résolution de l’énigme), est pourtant novateur pour l’époque:  construit comme une pièce de théâtre, il en présente tous les ingrédients:
•    des chapitres courts;
•    une action qui se déroule souvent dans un lieu fermé, avec des accès disposés de part et d’autre de façon à accéder à la scène par le fond;
•    des personnages  » placés » sur la scène tandis que d’autres qui entrent et
sortent afin de jouer leur rôle;
•    des lieux conçus comme des scènes de théâtre ( par exemple, la maistheatreon des Garrison; les environs du garage où madame Garrison range sa voiture;
•    répétition d’une scène quasi identique: Terry épie Ione dans la vitre du salon devenue miroir grâce à la nuit comme Amanda l’avait fait quelques jours plus tôt;
•    le coup de théâtre final.
Mais sa plus grande originalité réside dans l’intrigue elle-même.

Dès le début du roman, on assiste à la mise au point du plan machiavélique de Ione dans ses moindres détails: « Ione affirmerait que Terry lui avait demandé le somnifère. Au dernier moment, alors qu’ils allaient se coucher. Comme ça, elle ne courrait aucun risque, puisque Tobias dormait tout en haut de la maison(…)Le sachet était dans sa poche. Il faudrait qu’elle pense à le froisser et à le jeter dans la corbeille à papier de sa chambre. De la sorte, on s’expliquerait que les empreintes de Terry ne s’y trouvent pas. Etant donné les circonstachocolat-3nces, il importait que tout parût aussi naturel que possible. »

Ainsi, le lecteur assiste au meurtre AVANT qu’il ne soit perpétré. Dès lors, au lieu de résoudre un meurtre qui a été commis, il s’agit d’empêcher qu’un meurtre ne soit commis…C’est là que réside toute l’originalité de ce roman.

Les personnages:

  • Tobias Garrison: peintre célèbrepeintre;
  • Ione Garrison: sa première et troisième épouse;
  • Terry Garrison: fils que Tobias a eu avec sa seconde épouse, Belle Garrison;
  • Amanda Garth: jeune fille née le même jour que Terry;
  • Kate Garth: sa mère;
  • Edna Fairchild: cousine de Kate;
  • Gene Noyes: ami d’Amanda, chimiste;
  • Fanny Austin: actrice célèbre, amie des Garrison;
  • El Kelly: policier;
  • Elsie et Burt: domestiques des Garrison.

Ainsi que le démontre cette liste, très peu de personnages interviennent dans cette histoire; uniquement ceux nécessaires à la mise en place de l’intrigue, comme au théâtre.
A noter le rôle particulier d’Amanda qui, comme la Cassandre de la mythologie grecque ( qui avait reçu d’Apollon le don de prophétie sans être crue de personnes, ni des membres de sa famille ), comprend qu’un crime est en préparation mais personne n’ajoute foi à ses propos:  » Elle devait partir. Le pis, c’était que Terry n’avait pas cru un seul mot de son discours. Mandy allait quitter cette maison, sans espoir d’y revenir, et avec le sentiment qu’elle avait fait une démarche aussi difficile qu’inutile. Dans la deuxième partie du roman, qui se déroule dans la maison des Garrison située sur la corniche du canyon, les fils de l’intrigue se nouent peu à peu sous les yeux du lecteur, créant une atmosphère lourde de menace, aiguillonnée par les doutes qui assaillent tour à tour Terry et Amanda, dans le but d’égarer le lecteur: crime ou pas crime ?

Il ne faut pas oublier que Charlotte Armstrong a également écrit un certain nombre de pièces de théâtre, influence qui se ressent fortement dans l’agencement de la scène du chapitre XXI, quand tout le monde se trouve réuni dans le salon des Garrison, dans la lenteur des gestes, tout le monde à l’affût:

« Fanny huma la liqueur et eut un sursaut, mais elle ne dit rien. Mandy, aux aguets, versa la chartreuse comme Iona l’en avait priée. Il lui parut que les trois verres alignés sur le bar, à la manière de trois yeux verts, lui adressaient un clin d’œil complice. Tous les gestes d’Amanda se reflétaient dans le sombre miroir de la vitre, et Terry, apparemment fasciné par le spectacle de la nuit, n’en perdait pas un. (…) La tension, dans la pièce, croissait de minute en minute, et les silences mêmes semblaient peuplés de cris. La poitrine de Tobias se soulevait avec peine. Le peintre éprouvait une atroce sensation d’oppression. Qu’y avait-il d’autre, pourtant, dans l’atelier, qu’un groupe d’amis assemblés près du feu? »

j’ai dévoré ce roman de Charlotte Armstrong (le premier que je lis) en un week-end. J’apprécie beaucoup la simplicité et la grande maîtrise de son style, sans fioriture ni détours inutiles. Tout le talent de la romancière, dans ce roman, réside dans l’allusion, dans la suggestion de ce qui aurait pu être ( l’échange des bébés) et qui constitue le facteur déclencheur. Lecture que je recommande aux inconditionnels du « whydunit ».

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