« Avec Et les vivants autour, Barbara Abel dissèque à la perfection la psychologie et les émotions en montagnes russes des personnages »
Présentation Éditeur
Voilà quatre ans que l’ombre de Jeanne plane sur eux.
Comme s’ils n’avaient plus le droit de vivre pour de vrai tant qu’elle était morte pour de faux.
Cela fait quatre ans que la vie de la famille Mercier est en suspens. Quatre ans que l’existence de chacun ne tourne plus qu’autour du corps de Jeanne, vingt-neuf ans. Un corps allongé sur un lit d’hôpital, qui ne donne aucun signe de vie, mais qui est néanmoins bien vivant. Les médecins appellent cela un coma, un état d’éveil non répondant et préconisent, depuis plusieurs mois déjà, l’arrêt des soins. C’est pourquoi, lorsque le professeur Goossens convoque les parents et l’époux de Jeanne pour un entretien, tous redoutent ce qu’ils vont entendre. Ils sont pourtant bien loin d’imaginer ce qui les attend. L’impensable est arrivé. Le dilemme auquel ils sont confrontés est totalement insensé et la famille de Jeanne, en apparence si soudée, commence à se déchirer autour du corps de la jeune femme…
Après Je sais pas et Je t’aime, le nouveau thriller de Barbara Abel dissèque à la perfection la psychologie et les émotions en montagnes russes des personnages qui gravitent autour du corps de Jeanne, inerte et si présent à la fois.
L'avis de Sophie PEUGNEZ
Au nom du corps et de l’esprit.
Micheline se rend quotidiennement voir sa fille, elle lui raconte des tas de choses en détail, le shopping qu’elle a fait pour elle. Or Jeanne ne lui répond pas. Cela fait quatre ans que Jeanne est dans le coma. Pas toujours facile d’être devant ce corps qui est sa fille sans vraiment elle : où sont passées sa rêverie et sa personnalité pas toujours facile à canaliser ?
Mais elle vit encore, comment réagir si un médecin dit qu’il n’y a plus d’espoir et qu’il faut tout arrêter ?
Son père ne vient presque plus : pas le temps, pas le courage, usé de voir sa femme pratiquer ses visites comme un sacerdoce ?
Charlotte est captive du quotidien. De cette course contre la montre pour le restaurant que son mari a monté ne ferme pas. Car l’horloge qui résonne de plus en plus violemment dans son corps et dans sa tête c’est son horloge biologique, son envie d’avoir un bébé. Y croire, faire face au vide et au bonheur involontaire projeté par les autres femmes : les mamans. Les espoirs s’écoulent inexorablement au fils des mois laissant à chaque fois une douleur plus profonde et le fossé s’agrandit avec son époux Guillaume qui n’est plus sur la même longueur d’onde qu’elle. Est-ce le pire des drames lorsqu’on a sa propre soeur figée dans le coma ?
Jérôme, le mari de Jeanne, peut-il avancer dans l’existence avec une épouse fantomatique ou le poids de la culpabilité est-il le plus fort ? Et les vivants autour de Jeanne semblent jouer une mascarade funeste. Alors que tout avait l’air d’être joué, une nouvelle information va complètement bouleverser la donne. Qui a osé commettre l’impensable ?
Chaque texte de Barbara Abel est d’une force stupéfiante car elle peint des thèmes, des scènes du quotidien. Les personnages de ses romans cela pourrait être vous, cela pourrait être moi. Elle pousse subtilement le curseur et l’on a basculé dans un roman policier (un thriller psychologique) sans même s’en rendre compte.
Elle sait si bien mettre les mots sur l’absence, le doute, la douleur, le désir d’enfant, la cassure intra-familiale (qu’elle soit dans le couple ou entre parents et enfants) mais aussi vivre ses rêves ou ses désirs quoiqu’il en coûte.
Elle ne force jamais le trait, il y a une finesse dans son écriture que j’ai admiré dès le premier roman que j’ai lu d’elle Un bel âge pour mourir (Editions Le Masque). Et les vivants autour publié aux éditions Belfond est terriblement addictif, j’imagine que l’auteur a mis plusieurs mois voir plusieurs années à l’écrire. Mais j’avoue que lorsque je l’ai ouvert je n’ai pas pu lâcher, comme à chaque fois, je ne l’ai reposé qu’après l’avoir terminé.
Des thèmes forts cependant on n’est jamais dans le pathos avec elle. Bien au contraire chaque chapitre est comme un acte de théâtre où chaque détail est à sa place (le soin du décor, des dialogues et des personnages). Et lorsque le rideau tombe, le lecteur reste à chaque fois médusé.
L'avis de Léa D.
Merci à Belfond !
Cela fait quatre ans que la vie de la famille Mercier est en suspens. Depuis que Jeanne est dans le coma suite à un accident de voiture. Gilbert et Micheline Mercier, ses parents ; Charlotte Mercier, sa sœur ; et Jérôme, son mari, sont tous en attente, et n’espèrent qu’une chose : le réveil de la jeune femme. Même si l’espoir faiblit… Lorsque le docteur qui s’occupe de Jeanne demande une réunion de la famille, tout le monde pense que c’est pour discuter de l’arrêt des machines qui retiennent le corps de Jeanne. Sauf que… C’est une autre nouvelle qu’ils vont apprendre, plus terrible.
Avec Et les vivants autour, Barbara Abel nous entraîne dans une histoire sombre, désespérée, où une famille s’entre-déchire. Le thème du coma et de la fin de vie est évidemment très touchant et très sensible à lire, et de voir les ravages sur la famille Mercier est bouleversant. Chacun a d’abord une approche différente de l’état de Jeanne, et les réactions face à la nouvelle apportée par le docteur Goossens diffère selon chaque individu. Que faire face à un proche dans le coma ? Comment gérer cette situation ? Et – surtout – comment gérer cette nouvelle information et les conséquences que cela entraîne ?
Et les vivants autour n’est pas un roman policier, mais se classe davantage dans les romans noirs, et Barbara Abel nous entraîne profondément dans la psyché des personnages, avec toutes leurs complexités, leurs évolutions, leurs drames… Ils se révèlent tous petit à petit, que ce soit en « bien » ou en « mal ». Les différentes relations sont explorées, que ce soit les liens parents-enfants, entre sœurs, entre compagnons.
Outre les personnages, on va se plonger également dans de grandes questions : jusqu’à quel point peut-on maintenir un corps vivant ? Quelles sont les conséquences d’un réveil après un coma de plusieurs années ? L’âme et l’esprit peut-ils revenir, intact, après une telle épreuve ? Qui détient le « pouvoir » de débrancher un corps ? Des questions importantes, essentielles et très délicates.
Avec Et les vivants autour, Barbara Abel signe un nouvel ouvrage très touchant et très dur, je recommande !
L'avis de Hélène
Jeanne est dans le coma depuis plusieurs années suite à un accident de voiture. Les visites de ses proches se succèdent, certains tous les jours, d’autres en coup de vent. Résignés, ou au contraire dans l’espoir qu’elle de réveille, chacun doit trouver sa place dans cette constellation familiale. La mère est accrochée à l’idée que sa fille puisse sortir du coma, elle visite sa fille, la pouponne, lui parle. Son père, très occupé par son travail, passe mais est incapable de franchir cette barrière qui le sépare de sa fille. Pourquoi lui parler ? se dit-il ! elle ne l’entend pas. Il y a aussi son mari qui semble en retrait par rapport à la mère omniprésente. Il est presque relégué au second plan. Il y a enfin la sœur de Jeanne, qui fait souvent office de tampon entre les gens. Sa place est floue, elle est celle qui reste, celle qui essaie d’avoir un enfant et celle qui essaie de vivre du restaurant qu’elle a bâti avec son mari. Elle est finalement celle qui échoue souvent.
Et les vivants autour dresse le portrait de ces quatre personnages et on apprend vite quelles sont les forces et les faiblesses de chacun. Cependant, une nouvelle assez grave va venir perturber l’équilibre déjà précaire de cette famille. La tension dramatique va alors s’installer pour aboutir à des révélations et à des rebondissements. Ce roman est plaisant mais sans grande surprise, j’ai été déçue du dénouement qui n’apporte que très peu de peps à une histoire assez nonchalante. Cependant, j’ai aimé la galerie de portraits qui dégage bien la personnalité des personnages. Une lecture en demi-teinte pour cette intrigue familiale qui n’a pas réussi à me captiver jusqu’au bout.
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Très belles chroniques Sophie et Léa.
Je partage votre enthousiasme pour cet excellent roman.
Je suis contente que tu l’ait apprécié également ! Un roman très fort.
Merci beaucoup Lucie, c’est extra de voir que nous sommes plusieurs chroniqueuses de l’équipe à l’adorer. Cela ne m’étonne pas qu’il ait pu te séduire, tout cet aspect psychologique tellement fort et des rebondissements…
Un roman qui ne laisse pas indifférent en plus de nous tenir en haleine. Une ambiance très particulière. Une très belle découverte pour mon premier roman de l’auteure!