Anne Rice parvient à nous faire découvrir des mondes oubliés, le lecteur prend conscience de l’ampleur de cette lignée de sorcières
INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Robert Laffont en janvier 1995 Parution aux éditions Pocket en janvier 1999 Parution aux éditions Pocket en octobre 2012 Traduit par Annick GRANCHER DE SCRIBA Des siècles durant, les sorcières de la famille Mayfair ont dû fuir les persécutions. Aujourd’hui, elles vivent en paix à La Nouvelle-Orléans. Mais Lasher, l’esprit qui les hante, rage de les voir se détourner de la magie. Rowan, la treizième sorcière, héritière des pouvoirs ancestraux, est enceinte. Elle accouche la nuit de Noël d’un enfant prodigieux : en quelques heures, il acquiert sa taille adulte, parle et marche… (Source : Pocket – Pages : 800 – ISBN : 978-2266233163 – Prix : 10,00 €) |
L’AVIS DE LAURE CHIRON
Voici donc la suite du Lien maléfique, dont j’ai parlé dernièrement. Premier volet qui reposait essentiellement sur la présentation de la famille Mayfair et des organisations qui gravitent autour d’elle (notamment Le Talamasca, observateurs de la famille depuis des générations), ce second opus nous plonge très rapidement dans ce que j’appellerai la malédiction qui frappe Rowan, dès la naissance de son enfant démoniaque, prisonnière de cet être puissant qui n’a aucune notion du bien et du mal. Rowan qui, pour le protéger, s’enfuit avec lui dans l’espoir d’étudier la constitution génétique de cet enfant qui est passé du nourrisson à l’adulte en quelques heures.
On assiste alors à un récit où Anne Rice donne un véritable coup d’accélérateur à son intrigue. C’est une véritable course poursuite contre les forces démoniaques qui assassinent les femmes Mayfair, vengeance logique selon Lasher qui tentera tout pour reformer son clan. Dès lors, les membres de la famille, qui s’étaient éparpillés de par le monde au fil des siècles, s’unissent à nouveau pour faire face au danger et essayer de se sauver mutuellement.
Anne Rice parvient à nous faire découvrir des mondes oubliés tels que la branche Mayfair des Fontevrault, la lignée extraordinaire des Taltos, ou bien encore des personnages plus modernes comme Mona, ou plus sages comme Evelyne L’Ancienne. Le lecteur prend alors conscience de l’ampleur de cette lignée de sorcières, toutes plus intéressantes et émouvantes les unes que les autres. Les deux côtés de la sorcellerie se rejoignent : les jeunes et les anciens, face à un avenir qui semble sombre et malsain. Sans réellement parler d’horreur, l’ambiance n’en demeure pas moins plus oppressante que dans le premier volet ; plus démoniaque aussi. Chaque personnage est savamment décortiqué, leur psychologie fortement développée pour mettre en lumière leur côté sombre et torturé, mettant en évidence la large part obscure qui anime chacun d’eux. Tout en réussissant un réel tour de force : ne pas les transformer en monstres sanguinaires et violents, nous permettant ainsi de garder les liens créés à la lecture du premier tome, et en créer d’autres avec les nouveaux venus.
Enfin, ce second volet nous fait prendre conscience de la menace planant au-dessus de la famille en la « personne » de Lasher, dont la puissance et l’attraction surnaturelle est bien plus forte que ce que l’on pensait. Les bases ont été posées dans Le lien maléfique ; celles ci se précisent et s’imposent violemment dans L’heure des Sorcières. Un peu comme on prendrait un train lancé à pleine vitesse dans le visage.
Une magnifique réussite !