PRÉSENTATION ÉDITEUR
A Saint-Flour, Emma est une jeune libraire dynamique, créatrice d’une association de défense de la librairie indépendante, le Cercle des derniers libraires. Victime d’un accident de vélo, Adrien Darcy n’est pas près de se remettre en selle. Mais quand le rédacteur en chef de La Montagne lui propose de mener l’enquête sur de mystérieux meurtres commis sur des libraires, le jeune homme, d’abord réticent, accepte de relever le défi. Premier indice : les trois victimes appartenaient au Cercle des derniers libraires. Qui se cache derrière cette association ? Qui lui en veut au point d’en supprimer ses membres ? C’est ce que Darcy compte bien découvrir ! Une déclaration d’amour aux livres et à ceux qui les font vivre : les libraires.
L’AVIS DE CATHIE L.
Le cercle des derniers libraires, édité par les éditions De Borée, est paru en septembre 2018. Chaque roman de Sylvie Baron puise sa raison d’être pour une cause à défendre, que ce soit un terroir, une profession, comme dans Les ruchers de la colère , ou encore des valeurs humaines, comme dans Rendez-vous à Bélinay.
Le style de Sylvie Baron se caractérise par une fluidité qui rend l’histoire très accessible ; le lecteur n’éprouve aucune difficulté à s’y insérer. Le vocabulaire est riche, parfois familier en fonction du personnage qui parle, mais jamais vulgaire. Sylvie Baron est une grande dame qui sait se tenir!!Les nombreux dialogues sont vivants, parfois drôles, percutants; bien construits, ils font réellement progresser l’enquête. Pas de bla-blas inutiles…
L’auteure possède le sens de la formule, comme en témoigne cet extrait, mais on pourrait en trouver tant d’autres tout au long du roman : « Interroger les libraires, ce n’est pas non plus interviewer les lauréats du Goncourt. Et puis tu m’emmerdes avec tes minauderies de dame patronnesse. » (Page 17). Contrairement aux précédents romans, les descriptions de paysages sont beaucoup moins présentes, mais toujours aussi lyriques : « Derrière les maisons hautes et sévères percées de rares ouvertures, derrière les portes fières solidement fermées se cachaient en fait de nombreux hôtels avec d’admirables fenêtres à meneaux, des échauguettes en encorbellement et des cours Renaissance entourées de splendides balustrades. Quelle harmonie entre le vieux pont de la ville basse, les maisons agrippées au rocher et toutes les ruelles de la ville haute qui convergeaient vers la place d’Armes, où se trouvait la cathédrale ! » (Page 32)…et poétiques : « En cette fin d’après-midi automnale, les pâles rayons du soleil jetaient des traînées de lumière qui ruisselaient comme des diamants sur les pierres grises des façades. Sur la montagne, en quelques jours, les arbres avaient sorti le grand jeu en répandant partout leur flamboyante chevelure ponctuée d’or. » (Page 105).
Les thèmes : les librairies, la culture littéraire, la lecture, remparts contre un monde de plus en plus dépersonnalisé, anonyme et indifférent.
Adrien Darcy, cycliste de haut niveau et journaliste sportif, victime d’un grand accident qui l’empêche de remonter sur son vélo, se voit confier par son rédacteur en chef une mission pour le moins insolite : mener une enquête sur les trois meurtres de libraires perpétrés ces trois derniers mois à Aurillac, Brioude et Chamalières. La police, qui ne semble pas avoir abouti dans ses investigations, n’a ni suspect, ni piste sérieuse.
Les trois victimes, propriétaires de librairies indépendantes, appartenaient toutes au Cercle des Derniers Libraires, association créée par Emma, libraire à Saint-Flour. Hasard ? Vengeance ? Jalousie ? Les mobiles ne manquent pas, tout comme les suspects, malgré la difficulté d’établir un lien entre les trois meurtres. Si Adrien veut obtenir des informations de la part d’Emma afin de démêler cet écheveau inextricable, il n’a pas le choix: l’associer à son enquête. C’est à prendre ou à laisser!! Et les voilà embarqués dans une sordide histoire de jalousie… Sauront-ils démasquer l’assassin avant que celui-ci ne tue sa quatrième victime, le 20e jour du mois de novembre? Rien n’est moins sûr…
La plume de Sylvie Baron est comme le vin, elle se bonifie avec le temps. J’ai beaucoup apprécié ses romans précédents, malgré une petite tendance au manichéisme dans la conception de ses personnages. Mais avec Le cercle des derniers libraires, Sylvie Baron a su gommer ces petits défauts, pour faire éclore de sa chrysalide un magnifique papillon !!
De nombreuses qualités pour Le cercle des derniers libraires : son discours objectif quant au métier de libraire et au marché du livre, Sylvie Baron, bien qu’elle défende la profession avec chaleur, sans mâcher ses mots, comme à son habitude : « Une librairie est un commerce si particulier, un lieu de vie, de rencontres, de partage, un relais pour les événements culturels, un lieu d’exposition, d’idées, d’annonces…L’indifférence des politiques à leur égard la révoltait. Certains élus ne se rendaient même pas compte qu’ils perdaient là un trésor inestimable… » (Page 36), n’hésite pourtant pas à présenter les arguments adverses, dans un esprit de fair-play remarquable.
Le + : La mise en avant très rafraîchissante de personnages ou de lieux qui ne suivent pas les canons de la mode mais qui affirment leur personnalité propre, leur tempérament atypique, dans un monde où l’uniformité est loi. L’aptitude de l’auteure à mettre en mots les émotions les plus intimes sans jamais émettre de jugement.
Le ++ : Les nombreuses évocations littéraires, que ce soient des œuvres, des personnages, par exemple le patronyme d’Adrien. Et l’immense clin d’œil à la reine du crime sans qui le canevas de ce roman n’aurait pu exister.
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