PRÉSENTATION ÉDITEUR
Paris à la Toussaint. Le capitaine Mehrlicht, les lieutenants Dossantos et Latour sont appelés à l’hôpital Saint-Antoine : un patient vient d’y être empoisonné. Le lendemain, c’est une famille entière qui est retrouvée sans vie dans un appartement des Champs-Élysées. Puis un couple de retraités à Courbevoie…
Tandis que les cadavres bleutés s’empilent, la France prend peur : celle qu’on surnomme bientôt l’Empoisonneuse est à l’oeuvre et semble au hasard décimer des familles aux quatre coins de France depuis plus de quarante ans. Les médias s’enflamment alors que la police tarde à arrêter la coupable et à fournir des réponses : qui est cette jeune femme d’une trentaine d’années que de nombreux témoins ont croisée ?
Comment peut-elle tuer depuis quarante ans et en paraître trente ? Surtout, qui parmi nous sera sa prochaine victime ?
Dans la tornade médiatique et la vindicte populaire, chacun reconnaît la tueuse : elle est une voisine, une soeur, une ex, et la chasse aux sorcières s’organise. Mais derrière l’Empoisonneuse, c’est la Mort elle-même qui est à l’oeuvre, patiente et inexorable : nul ne lui échappera.
L’AVIS DE LAETITIA
Ambiance pluvieuse et grisâtre pour y apposer une intrigue des plus halloweenesque en cette période de la Toussaint. Tout démarre dans cet hôpital parisien où un patient est retrouvé mort empoisonné. Puis ce couple, puis cette famille entière. Empoisonnés aussi. La peur s’installe. Qui est cette Empoisonneuse, telle qu’on la surnomme alors ? Qui vise-t-elle ? Et surtout, quand l’enquête remontera le temps au-delà des générations actuelles, la question sera… depuis quand tue-t-elle ?
C’est très sympathiquement que je découvre cet auteur qui a déjà publié « L’Heure des fous », chez Marabout. J’ai passé un bon moment dans cette course à l’Empoisonneuse haletante qui trouve son piquant de par la présence de Mehrlicht, capitaine chargé de l’enquête. Mais quel personnage ! Le plus chaleureux et décalé des personnages rencontrés ces derniers temps. Cet homme usé, décrépi, au visage verdâtre est une composante (voire un pilier) du livre essentielle qui réchauffe et qui fait rire !
« C’était maintenant évident pour Mehrlicht qui avait survécu pêle-mêle au bug de l’an 2000, au 11 septembre, à l’anthrax, à la canicule de 2003, à la chute e la station MIR, au SRAS, à Katrina, au H1N1, à son vaccin, au H5N1 et au H7N9 sans vaccins, à Tchernobyl, à la vache folle, à l’apocalypse maya, et devait aujourd’hui affronter ça. »
A lire donc « Le jour des morts » de Nicolas Lebel quand tu auras envie d’un moment de détente et de divertissement. Parce qu’il se lit (presque) tout seul.
L’AVIS DE MURIEL LEROY
Ce livre traite de Pouvoir conféré par le statut et l’argent ou le Poison… Deux manières différentes de prendre le contrôle sur les gens…Le second est plus violent, car plus radical instantanément, le premier est beaucoup plus pernicieux…
Dans la première partie, on retrouve les personnages principaux de « l’heure des fous », confrontés à une série de meurtres orchestrée par une empoisonneuse. Celle-ci détient là le pouvoir de vie ou plutôt de mort sur les individus, par le biais du poison, comme le font les sorcières. Celle-ci y est d’ailleurs comparée puisqu’elle semble ne pas avoir d’âge, tuant depuis près de 40ans tout en ayant la même tête…
On croise aussi dans ce livre des hommes Politiques, qui usent eux aussi de leurs pouvoirs, grâce à l’argent et leurs statuts et utilisent les gens à leurs profits, sans état d’âme. La culture elle-même est prise en otage, grâce à l’argent, puisqu’il permet de s’approprier des œuvres d’art et des livres rares et se faire passer pour un érudit ou un intellectuel tout en dissimulant ainsi l’argent mal acquis et éviter la justice. Par la même occasion cela permet aussi de placer des proches ou des membres de la famille à des postes clé qu’ils n’auraient sans doute jamais pu avoir autrement.
Il n’y a donc là aucun mérite, si ce n’est d’être né dans la bonne famille. On retrouve, d’ailleurs, ce cas dans nombre de grandes entreprises, cinéma… Il en va de même pour l’obtention de certains papiers officiels, compliqués à obtenir par le commun des mortels mais très simple quand on a des contacts haut placés. Le cas des sans-papiers, exemple cité dans ce livre, ne déroge pas à cette rêgle. Il donne lieu à une situation ubuesque où l’individu doit fournir nombre de preuves, quand il vit maritalement, mais si une pièce est manquante, il est expulsé et doit se représenter dans un an, tout en justifiant des mêmes éléments…Cette situation est rendue compliquée intentionnellement, car elle permet de faire du chiffre, au niveau des expulsions, en démontrant ainsi que ce gouvernement fait mieux que son prédécesseur. En revanche, en ayant de l’appui, tout se fera très vite, sans justificatif ou presque ! L’argent et le pouvoir permettent donc de faire ce qu’on veut en toute impunité ! En cas de changement de parti politique, la donne change, les amis d’avant peuvent devenir les ennemis de demain, chacun servant son intérêt. Il en va de même avec certaines alliances, notamment la Presse, qui peuvent ainsi devenir un ennemi redoutable, si les accords ne sont pas respectés…
La seconde partie porte sur la traque de cette empoisonneuse, qui semble ne pas vieillir et qui tue jusqu’à des familles entières…Là encore on peut faire un lien avec le pouvoir, en utilisant le poison c’est elle qui a le pouvoir de vie ou de mort. Elle se substitue au droit divin, dans la religion, ou à la justice en décidant qui doit mourir ou être puni et pourquoi ! Avec les sorcières, on peut là faire un lien avec le pouvoir, le poison se substituant à l’argent, pour décider du sort des hommes…Les sorcières étaient craintes car elles détenaient le droit de vie ou de mort sur les hommes avec les sérums ou le poison…Elles se substituent à la médecine ou à la justice. La sorcière du livre, comme le montre là Nicolas Lebel est habitée par la haine et le désir de vengeance. Cela permet de montrer à quel point ce désir-là est un pouvoir très puissant et qui peut se transmettre de génération en génération (transgénérationnel) ; les parents le transmettant à leurs enfants et ainsi de suite jusqu’à devenir absurde! Cela devient la loi du Talion, mais qu’en est-il de la Justice ? Lui fait on si peu confiance qu’on préfère régler ses comptes nous-mêmes ? Croyons-nous si peu en nos dirigeants ?
Nicolas LEBEL, dans ce livre, montre bien à quel point le pouvoir est prédominant dans nos sociétés aidé en cela par l’argent bien évidemment, au point de tuer ou d’utiliser autrui pour parvenir à ses fins, il est donc une forme de poison! On finit cependant toujours par payer même si suivant que l’on soit puissant ou misérable la justice ne sera pas forcément la même pour tous.
Son livre se termine par une citation du livre « des derniers jours d’un condamné à mort », long plaidoyer contre la peine de mort de Victor Hugo… Citation qui n’est pas mise au hasard, puisqu’ on peut s’interroger sur la peine capitale en se demandant quelle est notre légitimité pour tuer un être humain. En faisant cela est on meilleur que le condamné là est aussi la question du livre concernant la tueuse !
L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY
En ce début d’automne, ce ne sont pas les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, mais les macchabées.
Point de tueurs en série sadique qui vont vous découper moult victimes à l’aide de rasoir, scalpel et autres tronçonneuses. Non Lebel est un artisan, il bosse à l’ancienne, pas dans le spectaculaire gore, non, Lebel nous le fait à la Marie Besnard, il ressuscite le mythe de l’empoisonneuse.
Les cadavres cyanosés s’empilent tandis que la populace panique, que les autorités s’énervent et que le capitaine Mehrlicht tente de résoudre l’énigme. Un polar, un bon, avec une bonne intrigue, quelques bons rebondissements et un bon final.
Mais est-ce-là l’intérêt de ce livre mesdames et messieurs les jurés ?
Non, car sous couvert d’écrire un polar, l’accusé Nicolas LEBEL a voulu nous endormir, nous leurrer, nous berner. Lebel a voulu nous faire croire que nous lisions un simple roman policier. Des morts, des suspects, des flics, un coupable. Le menu, le sommaire, la recette que tout auteur de littérature policière connaît et use pour réaliser ses œuvres.
Mais sous cet air sympathique, ce regard jovial, cette bonne bouille ce cache un fourbe, un vil, un félon, votre honneur !
Car Lebel nous trompe, sous couvert d’écrire des histoires de flics, l’homme en profite pour tacler la société. Notre société. Tout comme son héroïne, Lebel distille son poison au fil des pages, et ce poison, cher jury populaire, c’est le cynisme envers la décadence de notre société. L’homme vous mène par le bout du nez, vous avez l’impression d’avancer dans l’enquête, mais non, il vous sème dans le labyrinthe d’un monde corrompu, où le « moi » est le maître absolu.
Personne n’échappe au vitriol qui coule de la plume de l’accusé : les politiques qui cherchent le marchepied pour aller plus haut ; les journalistes prêts à tout pour avoir un semblant de scoop ; internet qui veut aller toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus connecté ; la foule avide de lynchage qui réclame sa part de sang, de vengeance ; la police, oui votre honneur, la police, notre police aussi, et je ne vous parlerai même pas des opportunistes qu’ils vilipendent au fil des pages monsieur le président, j’aurai trop peur de nous y reconnaître tout comme vos assesseurs.
J’accuse donc le sieur Nicolas Lebel d’avoir un style, un talent pour vous titiller là où ça fait mal, car c’est cela mesdames, messieurs, le vrai problème, c’est que vous veniez pour lire peinard un petit polar, et que sous les faux semblants de roman poulardin, Lebel vous fait comprendre vos propres défauts, ce téléphone greffer à votre main, cette façon d’essayer d’avoir un passe-droit, bref, Lebel tente de vous réveiller, et il y réussit. Je demande donc que son livre lu.
Puis-je une fois de plus dire que j’ai lu un roman jubilatoire ?
Je ne sais pas, où je m’en fous, car oui, ce livre est jubilatoire, les personnages, les situations. Nicolas part dans les extrêmes, aucun des héros du livre ne fait les choses à moitié, il les fait à fond, trop, pour notre plus grand plaisir. On a envie de rire, de les gifler, de leur botter le cul, de leur dire : Bien envoyé ! Mais surtout on passe un excellent moment de lecture.
L’AVIS DE YANNICK P.
Suspens, humour, émotion et une intrigue de qualité pour ce deuxième volet où je retrouve avec un grand plaisir Mehrlicht et ses lieutenants, Dossantos et Latour.
Nicolas Lebel travaille. Il construit habilement son polar avec une réelle épaisseur. Souvent dramatique et parfois burlesque, toujours sur une période courte, il joue avec un timing serré dans lequel il intègre des nombreux rebondissements – le tout autour de la Toussaint, le Jour des Morts. C’est vif et remarquable. L’écriture est toujours riche et rythmée. L’intrigue est aux cordeaux tout comme ses personnages. Pas de chapitre court pour donner du rythme. Les dialogues nombreux y suffisent amplement.
Mehrlicht a toujours des bons mots en bouche quand il n’a pas une gorgée de Côte-Rôtie dans le gosier, qu’il partage avec son pote Jacques qui se meurt d’un cancer à l’Hôpital Saint-Antoine. Fort en gueule, misogyne, inapte à la vie de province et rivé sur ses Gitanes, il est, à nouveau le pivot de ce roman. Doté d’un grand-cœur, abrutissant les stagiaires, il sait compter sur une équipe aussi réduite que soudée. Un trio ancré dans une fidélité à toute épreuve.
Le jour des morts, c’est d’abord une 1ère intrigue. Dans le couloir de l’hôpital où se meurt Jacques, un patient est retrouvé mort, empoisonné. Ce n’est pas la 1ère victime. Hommes, femmes ,enfants sont victimes d’une empoisonneuse. Elle accumule les décès. Et nous voilà plongés dans un règlement de compte qui court sur plusieurs générations pour nous mener dans un coin perdu du Limousin. En parallèle, Nicolas Lebel, rehausse l’intrigue savamment par l’intermédiaire d’un collectionneur passionné de livres anciens, par la vie de Latour et de son amoureux sans-papier, par Dossantos et son passé, par Matiblout et son besoin de reconnaissance politique ou par Guillaume le nouveau stagiaire.
Voilà. Tous les ingrédients sont là. Après seulement quelques pages, l’alchimie prend. Lebel sait rendre crédible son intrigue, il nous remue les sens. Nulle question de science, juste une atmosphère sombre froide et pluvieuse de ce mois de Novembre. Ses personnages ont une véritable épaisseur. Qu’il s’agisse de vengeance ou d’impuissance face à la mort, Lebel sait être juste dans les émotions. Preuve en est, les échanges entre Mehrlicht et Jacques m’ont cloué lors de leur mise en place de leur opération Halloween. Les larmes me sont venues tout autant que le rire.
Le jour des morts, est un excellent polar. Osons le mot ! Mais ne lui donner que l’impression qu’il traite de pouvoir, de justice, de vengeance et de mort ne serait pas lui rendre grâce. Ce roman est aussi un vif plaidoyer contre la peine de mort. Merci Nicolas pour ce rappel de Victor Hugo.
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