Marin LEDUN : En douce

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Une nouvelle fois, Marin Ledun nous livre un roman noir à caractère social, une petite pépite !

INFOS ÉDITEUR

en_douce - Marin Ledun
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Parution aux éditions Ombres Noires le 24 aout 2016

Parution aux éditions J’ai Lu en octobre 2017

« Sud de la France. Un homme est enfermé dans un hangar isolé. Après l’avoir séduit, sa geôlière, Émilie, lui a tiré une balle à bout portant. Il peut hurler, frapper, elle vit seule dans son chenil, au milieu de nulle part. Elle lui apprend que, cinq ans plus tôt, alors jeune infirmière, elle a été victime d’un chauffard. L’accident lui a coûté une jambe. Le destin s’acharne. La colère d’Émile devient aussi puissante que sa soif de vengeance.
En douce est un roman sombre, dévastateur, où l’injustice se heurte à la force de vie d’une héroïne lumineuse. »

Pour en savoir plus « En douce » découvrez aussi l’interview de Marin Ledun réalisée par notre chroniqueur Pierre-Marc Panigoni.

(Source : Ombres Noires – Pages : .. – ISBN : 9782081389847 – Prix : 18,00 €)

L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI

Pour les amateurs de romans noirs, la sortie d’un roman de Marin Ledun est toujours un évènement.

Tout commence le soir du 14 juillet quand Simon Diez rencontre Émilie. Cette dernière lui propose de finir la soirée chez elle, et il fait l’erreur d’accepter… Une fois chez elle, Émilie lui tire une balle dans le genou et  l’enferme dans le chenil dans lequel elle travaille. Simon ne comprend pas la haine de cette jeune femme. Il s’avère qu’elle a été victime d’un accident de la route qui lui a couté la jambe…et que c’était lui le chauffeur. Le voici donc prisonnier de sa victime qui a tout préparé pour que sa vengeance soit la plus dévastatrice possible…

Ce roman est une petite pépite. Je tiens à la préciser d’entrée.

Une nouvelle fois, Marin Ledun nous livre un roman noir à caractère social. En effet, au travers son héroïne, Émilie, il nous propose une vision de la déchéance sociale sans fin dès lors que nous ne sommes plus dans la norme, dès lors qu’il nous arrive un accident, un incident de vie qui nous singularise. Dans le cas présent, tout bascule pour Émilie lors de son accident de voiture dans lequel elle perd une jambe.

Avant cela c’était une jeune femme vivante, aimant s’amuser et sortir, travaillant avec joie en tant qu’infirmière et était appréciée par tous. Suite à l’accident nous pouvons voir sa chute qui passe par la vente de son appartement, par le changement de statut d’infirmière à infirme ce qui lui coute au final son emploi, sa joie de vivre qu’elle perd aussi, et c’est sans compter le regard des autres. C’est cela le plus dérangeant au final. Le regard des autres jugeant, jaugeant et remplis de curiosité morbide pour certain.

C’est d’ailleurs dans ces derniers points qu’elle semble trouver son plaisir assez malsain en fin de compte.

Ce comportement d’autodestruction l’amène à imaginer sa vengeance envers le chauffard qui a provoqué la bascule de son univers, celui qui l’a déclassé, celui qui est responsable de sa déchéance sociale. Eh oui, comme je l’évoquais précédemment, dès lors que nous sortons de la normalité nous sommes hors normes et la société n’arrive pas à gérer cela pour le plus grand malheur de ces êtres pouvant paraitre fort, mais qui ne le sont pas si l’on creuse derrière la façade.

Pour en revenir à Émilie, il y a une chose intéressante c’est son parcours. Quand elle a touché le fond, il ne se laisse pas dériver. Du moins, pas dériver dans le sens qu’elle abandonne tout pour se laisser mourir de désespoir. Elle essaye de comprendre. Pourquoi en est-elle là ? Elle analyse tout cela par le biais de son nouveau travail d’assistante vétérinaire dans un chenil loin de tout et isolé. Elle arrive à se convaincre que tout n’est pas mort pour elle, qu’elle va pouvoir remonter la pente et sacrifiant celui a provoqué tout cela.

C’est d’ailleurs à ce moment-là que son cheminement interne continue et progresse de manière phénoménale. Elle veut en finir avec cette vie par le biais de cet enlèvement sous forme de loi du Talion. Je n’en dirai pas plus de peur de gâcher le petit bonheur qu’est cette progression pour arriver au point d’orgue final…

Pour finir, je dirais tout simplement que Marin Ledun nous livre un de ses meilleurs romans noirs. Nous retrouvons son style sec et nerveux, sa précision et vision de notre société qui ont fait sa force dans Les visages écrasés, Modus Operandi ou La guerre des vanités.

En résumé, nous avons ici un roman coup de cœur que je ne peux que vous encourager à lire.

Emilie va dans les bars, dans les boites de nuit pour séduire les hommes. C’est l’impression qu’elle donne en tout cas. Ce soir c’est Simon qui est tombé dans ses filets mais sans trop de résistance. Elle le supplie presque de la ramener chez elle. Elle boite et son chauffeur lui a fait faux fond. Simon hésite entre sérieux professionnel car il doit commencer de bonne heure le lendemain et son désir.

Il déchante très vite, elle vit au cœur d’un chenil où s’enchainent les cages et son mobil-home n’est pas ce qu’il y a de plus glamour. Même si à l’intérieur, c’est propre, douillet, orné de jolies photos de la jeune femme.

La surprise est grande lorsqu’il commence leurs ébats et qu’il constate qu’elle porte une prothèse à la place de la jambe gauche. Mais le choc est encore plus grand lorsqu’elle sort un revolver et qu’elle tire dans sa jambe gauche à lui. Le cauchemar ne fait que commencer.

Dans « En douce publié aux Editions Ombres Noires, Marin Ledun oscille entre le thriller et le roman noir. Un aspect psychologique très développé, une relation particulière qui s’instaure entre la proie et son bourreau. Ce décor si particulier du chenil avec cette femme qui vit une profonde solitude malgré la présence des animaux. On retrouve les codes du roman noir avec une peinture sociale, la cassure qui s’est produit entre Emilie et son milieu professionnel. Et peut-être avant, le sentiment d’être un pion inutile sans véritables liens avec les autres. Considérée plus comme un outil qu’un être humain. Quel est le sens de sa vie ?

Ce texte est construit sur deux périodes qui s’imbriquent parfaitement l’une dans l’autre : celle de la séquestration et celle des préparatifs. Etrange sensation car cette femme flirte avec la folie et pourtant le lecteur ne peut s’empêcher d’avoir de l’empathie pour elle.

Le rapport qu’elle a son corps est très étrange. Elle a développé à la fois une force d’esprit et physique plus importante que la moyenne et en même temps elle fait preuve d’une grande fragilité.

Marin Ledun évoque aussi un peu traité : la fascination de certains hommes pour les corps mutilés et l’excitation sexuelle qui en découle.

Portrait d’une femme fascinante et complexe ainsi que de sa victime qui a peut-être sa part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé. Course contre la montre, contre la mort. Le temps a déraillé, une aiguille s’est cassée. Le temps a poursuivi sa course mais le tic-tac boite, frappe. Va-t-il s’éteindre ou exploser ?


L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Emilie va dans les bars, dans les boites de nuit pour séduire les hommes. C’est l’impression qu’elle donne en tout cas. Ce soir c’est Simon qui est tombé dans ses filets mais sans trop de résistance. Elle le supplie presque de la ramener chez elle. Elle boite et son chauffeur lui a fait faux fond. Simon hésite entre sérieux professionnel car il doit commencer de bonne heure le lendemain et son désir.

Il déchante très vite, elle vit au cœur d’un chenil où s’enchainent les cages et son mobil-home n’est pas ce qu’il y a de plus glamour. Même si à l’intérieur, c’est propre, douillet, orné de jolies photos de la jeune femme.

La surprise est grande lorsqu’il commence leurs ébats et qu’il constate qu’elle porte une prothèse à la place de la jambe gauche. Mais le choc est encore plus grand lorsqu’elle sort un revolver et qu’elle tire dans sa jambe gauche à lui. Le cauchemar ne fait que commencer.

Dans « En douce publié aux Editions Ombres Noires, Marin Ledun oscille entre le thriller et le roman noir. Un aspect psychologique très développé, une relation particulière qui s’instaure entre la proie et son bourreau. Ce décor si particulier du chenil avec cette femme qui vit une profonde solitude malgré la présence des animaux. On retrouve les codes du roman noir avec une peinture sociale, la cassure qui s’est produit entre Emilie et son milieu professionnel. Et peut-être avant, le sentiment d’être un pion inutile sans véritables liens avec les autres. Considérée plus comme un outil qu’un être humain. Quel est le sens de sa vie ?

Ce texte est construit sur deux périodes qui s’imbriquent parfaitement l’une dans l’autre : celle de la séquestration et celle des préparatifs. Etrange sensation car cette femme flirte avec la folie et pourtant le lecteur ne peut s’empêcher d’avoir de l’empathie pour elle.

Le rapport qu’elle a son corps est très étrange. Elle a développé à la fois une force d’esprit et physique plus importante que la moyenne et en même temps elle fait preuve d’une grande fragilité.

Marin Ledun évoque aussi un peu traité : la fascination de certains hommes pour les corps mutilés et l’excitation sexuelle qui en découle.

Portrait d’une femme fascinante et complexe ainsi que de sa victime qui a peut-être sa part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé. Course contre la montre, contre la mort. Le temps a déraillé, une aiguille s’est cassée. Le temps a poursuivi sa course mais le tic-tac boite, frappe. Va-t-il s’éteindre ou exploser ?


L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY

En douce  c’est l’histoire d’une femme, l’histoire d’Émilie.

Une jeune infirmière dont la vie a été brisée lors d’un accident de la route. Amputée d’une jambe, elle sombre dans la déprime, s’enlise dans le marasme de ses idées noires, à la limite de la folie.

Elle quitte son boulot, part se retirer dans un chenil, elle va vivre au milieu des chiens et des pins dans un bungalow sous un soleil étouffant. Là au milieu des landes, elle va partir à la recherche de celui qui l’a percuté, celui qui a brisé sa vie.

Émilie est unijambiste, mais elle ne manque pas de charme, elle va même découvrir le côté acrotomophile de certains hommes, ceux qui fantasment sur son moignon. Mais surtout elle va retrouver Simon Diez, le séduire, le séquestrer et lui tirer une balle dans la jambe. Il va être ainsi à sa merci, il va devoir l’écouter, qu’elle lui conte le calvaire qu’est devenue sa vie à cause de lui.

Sauf qu’Émilie ne se retrouve pas vraiment face à Simon, mais plus face à elle-même… A son passé, son présent et surtout son manque d’avenir.

On alterne le passé avec le présent, on comprend le processus de la descente aux enfers d’Émilie, qu’est-ce qui l’a mené ici, au milieu de nul part, dans cette fournaise au milieu des merdes de chiens.

Pas de fioriture, de description inutile, Marin réduit le décor, ce qui reste c’est l’essentiel. Des décors qui donne une atmosphère et des personnages complexes, ciselés au burin.

Émilie n’est pas brisé que physiquement, il y a cette histoire d’amour, qui est plus une mise en abîme qu’autre chose. Émilie avait sa vie avant l’accident, il y a dorénavant l’après accident.

Mais Simon n’ont plus n’a pas vraiment une belle vie, il est pris dans les rouages de la société de consommation. Lui aussi tente de survivre, enfermé dans cette solitude qu’il tente de briser.

Marin Ledun nous offre ici un magnifique roman noir sociétal, sociétal parce qu’Émilie c’est aussi une vie brisée par le système, un avenir qui s’annonçait radieux, et puis l’accident, devenir handicapée, le regard, son propre regard, les autres, le boulot…

Quand il ne vous reste plus d’espoir en l’espèce humaine, que la vie vous a un peu trop déçu et que vous préférez vous réfugier au milieu d’un élevage canin.

Une magnifique lecture, un bel ouvrage dans cette rentrée littéraire…


L’AVIS DE MURIEL LEROY

Où comment se reconstruire après un grave accident, qui laissera l’héroïne avec une jambe amputée partiellement…

Marin Ledun nous montre à travers un roman noir sans concession le poids d’un handicap et ses conséquences sur la vie sociale dans son ensemble.

La jeune fille, dans un premier temps, va s’en prendre à l’homme qui s’est juste trouvé là au mauvais moment, mais il s’agit plus pour elle plus d’un prétexte que d’un vrai  désir de vengeance ! Elle s’identifie à lui, tous les deux sont en marge de cette société, mal dans leur peau !

Les causes véritables finalement sont le monde du travail qui crée des robots à qui on ne demande surtout pas de réfléchir mais de faire. Et le regard que nous portons sur le handicap, il est soit empreint de pitié soit mû par un désir malsain, mais que dire de son propre regard sur celui-ci ? Quel regard finalement l’emporte sur l’autre ?

Les deux héros se retrouvent là confrontés à eux-mêmes, à leurs échecs, ignorant comment s’en sortir, agissant dans une certaine routine qui ne leur plait pas, les dévalorise sans oser agir véritablement. Tous deux réagiront donc en se marginalisant, en se mettant hors la loi, manière de s’affranchir des chaines et de tout recommencer !

Marin Ledun fait là une véritable critique de la Société, du monde du travail, qui transforme les gens jusqu’à leur en faire perdre la raison, mais aussi du handicap… A travers celui-ci il nous montre à quel point l’humain est voyeur sans se soucier du mal qu’il peut faire ! Seule sa curiosité morbide compte, au point que la personne handicapée se voit en miroir à travers ces regards et finit par se retrancher du monde.

Il s’agit bien là d’un livre noir mais terriblement touchant, où les personnages et la psychologie sonnent justes. Personne n’est véritablement mauvais bien au contraire il s’agit là de victimes qui finissent par réagir ou plutôt surréagir !

C’est un livre que je conseille vivement, que je recommande et j’en lirai d’autres de cet auteur, que je viens de découvrir !


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