Présentation Éditeur
–; Des fois, tu sais… Des fois j’ai envie de mourir, murmure soudain Léonard.
–; À cause de ce qui arrive à Mona ?
–; Oui, à cause de ça. Et aussi parce que je suis un débile et que tout le monde se moque de moi…
–; Tu n’es pas débile et de toute façon tu ne peux pas mourir.
–; Et pourquoi ?
–; Parce que tu n’as pas vu Glen Affric. On ne peut pas mourir sans avoir vu Glen Affric…
Je suis un idiot, un imbécile, un crétin. Je n’ai pas de cervelle.
Léonard se répète ce refrain chaque jour et chaque nuit, une suite de mots cruels qu’il entend dans la cour, dans la rue. Son quotidien.
Léo le triso. Léonard le bâtard.
Léonard n’est pas comme les autres et il a compris que le monde n’aime pas ceux qui sont différents.
Alors il rêve parfois de disparaître.
Être ailleurs. Loin d’ici.
À Glen Affric.
Mais les rêves de certains sont voués à finir en cauchemars…
Avec plus de deux millions de livres vendus à travers le monde, Karine Giebel s’est forgée une place à part dans le paysage littéraire français. Glen Affric, son douzième roman, est un thriller psychologique bouleversant sur la différence et l’amitié, où le plus beau côtoie le pire. Karine Giebel, indétrônable créatrice d’émotions fortes et authentiques, nous plonge comme elle seule sait le faire au plus profond de l’âme humaine…
Origine | |
Éditions | Plon |
Date | 4 novembre 2021 |
Pages | 768 |
ISBN | 9782259307901 |
Prix | 21,90 € |
L'avis de Léa D.
Comme toujours, j’étais très curieuse de découvrir ce nouveau roman de Karine Giébel !
Dans Glen Affric, nous allons suivre principalement deux personnages : Léonard, surtout, mais également Jorge, son frère adoptif. Léonard a été découvert abandonné et a ensuite été recueilli par une très gentille femme, qui lui a toujours donné affection et bonheur. Et il en faut pour compenser tout ce que Léonard subi… Car sous prétexte qu’il est plus « lent » intellectuellement que les jeunes gens de son âge, tout est opportunité de brimade par une bande de jeunes de sa classe. Malgré sa stature imposante et sa force, Léonard n’a jamais voulu ou osé se rebiffer contre ses tourmenteurs. Mais jusqu’à quand va-t-il pourvoir supporter ça ?
Il y a également Jorge. Le fils biologique de la mère adoptive de Léonard. Un homme que le garçon ne connaît pas bien, hormis à travers les histoires que lui raconte sa mère. Léonard s’accroche à une image héroïque de Jorge et à une carte postale d’Écosse, d’un lieu nommé Glen Affric. Un lieu forcément paradisiaque… Sauf que Jorge a passé les dernières années enfermé en prison. Pour un crime horrible et sanglant, et qu’il dit toujours ne pas avoir commis.
Pour avoir lu énormément de livres de Karine Giébel, je sais que je dois m’attendre à une grosse brique remplie d’émotions et à beaucoup de noirceur. Et c’est tout à fait ce qui s’est passé avec Glen Affric !
L’emprisonnement est un thème cher à Karine Giébel, entre celui de Marianne dans Meurtres pour rédemption, celui du prisonnier dans Les morsures de l’ombre, celui de Raphaël et William dans le Purgatoire des Innocents, celui de Cloé dans Juste une ombre, et bien d’autres exemples encore !
Dans Glen Affric, Karine Giébel nous offre encore une histoire sombre et touchante, avec des personnages haut en couleur. Léonard et Jorge sont attachants, et surtout ne peuvent pas laisser indifférents ! Ils ne se connaissent pas du tout, s’apprivoisent peu à peu, et vont former très vite un lien puissant.
Du côté des autres personnages, il y a des bons et des moins bons : l’entourage proche de Léonard et Jorge les soutiennent, que ce soit Mona, la mère des garçons, ou les amis de Léonard, Victoria et Sacha. Du coup, des mauvaises personnes… Il y a les habitants du village, qui prennent plaisir à juger – souvent sans avoir tout les tenants et aboutissants de l’affaire. Je peux comprendre la méfiance envers Jorge, qui est accusé de meurtre et viol. Mais les mauvais traitements et la méfiance envers Léonard… Il n’a fait que se protéger d’un harcèlement qui durait depuis de trop longues années, sans personne pour voir ou pour le protéger, même si le garçon avait trop honte et trop peur pour en parler… Il y a également le rôle de la police : certains policiers sont des personnes voulant faire leur travail correctement, mais d’autres – et qui n’hésitent pas à piétiner les autres pour faire ce qu’ils veulent – n’hésitent pas à recourir à toutes sortes de techniques pour obtenir des confessions de force. Une erreur judiciaire ne pénalise pas juste la personne accusée, mais peut aussi ricocher sur l’entourage.
Glen Affric aborde donc tout pleins de sujets très intéressants, et tous traités avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité.
Si jamais vous ne connaissez pas encore Karine Giébel, je vous recommande Glen Affric, qui ne peut pas laisser indifférent !
L'avis de Cathie L.
Née le 4 juin 1971 à La Seyne-sur-Mer, dans le Var, Karine Giébel est une romancière française auteur de thrillers psychologiques. Après avoir effectué divers petits boulots, Karine Giébel, titulaire d’une licence de droit, intègre la fonction publique territoriale où elle occupe un poste de juriste chargée des marchés publics pour une communauté d’agglomération.
En 2004 et 2006, elle publie ses deux premiers romans dans la collection Rail Noir aux éditions La Vie du Rail. Elle est l’auteur d’une douzaine de romans et de nombreuses nouvelles. Les Morsures de l’Ombre et Toutes blessent, la Dernière tue ont obtenu de nombreuses récompenses. Le talent de la romancière pour concocter des intrigues aussi prenantes que tragiques pour certaines n’est plus à prouver.
Glen Affric a été publié par les éditions Plon en novembre 2021. Le style de Karine est percutant, parfois même télégraphique, des phrases courtes et des mots simples allant à l’essentiel :
« Ils te bousculent, t’insultent, t’humilient. Leur jeu favori. Ils fouillent ton sac, récupèrent leur butin. Dérisoire. Alors ils cognent, évitant ton visage pour ne pas y laisser de traces. Contrairement à toi, ils sont malins.
Triso.
Bâtard.
Comme ça qu’ils t’appellent. » (Page 10)…
« Mathieu a fini de ranger sa cellule. Pas grand chose à récupérer de ces seize années passées derrière les barreaux. Des cicatrices, des hématomes, quelques fractures. Des regrets, des rancœurs, une profonde amertume. Quelques rencontres, quelques amitiés solides ou vaines, une éternelle colère. Une haine tenace. » (Page 107)
=>Mots simples dont la succession exprime tout un monde de douleur, de malheur, d’injustice.
Construction : la structure complexe du roman enchaîne des chapitres consacrés à Léo; à son frère Mathieu dont la mémoire navigue entre maintenant et avant, quand il était avec Cisco; à elle, femme anonyme dont on suit le calvaire de sa vie quotidienne sans savoir quel lien la relie à l’histoire de Léonard.
Leitmotiv : phrase qui hante Léonard et le rassure quand sa vie devient trop dure: « Ce que tu aimerais, parfois, c’est disparaître. Etre ailleurs. Loin d’ici. A Glen Affric. »
Thèmes : maltraitance, harcèlement, violence de la vie carcérale, droit à la différence, l’injustice, l’amitié.
Léonard, jeune garçon un peu attardé mental âgé de quinze ans, est le souffre-douleur de Jules et ses sbires. Bien que possédant la taille et la force d’un homme, il ne se défend pas. Il a promis à Mo. Sa mère. Ce qui l’aide à tenir le coup c’est la certitude que son frère Jorge, parti à Glen Affric, en Ecosse, reviendra un jour. Et si Jorge ne revient pas, il ira le chercher. A Glen Affric.
Mathieu accusé du viol et du meurtre de sa petite amie est incarcéré depuis seize longues années. D’autant plus longues qu’il se proclame innocent. Mais ayant obtenu une liberté conditionnelle, Mathieu va sortir de l’enfer de la prison. Pour se retrouver dehors, à l’air libre. Mais c’est comment dehors? Il a oublié et la réadaptation ne sera pas simple. Car personne n’a oublié son soi-disant forfait…
Léonard, quant à lui, va également faire l’apprentissage de la prison, pour s’être rebellé, pour s’être seulement défendu. Il ne sera enfermé qu’un mois. Quatre semaines qui vont changer sa vie à jamais. Qui vont lui montrer la noirceur, la cruauté, la violence dont les humains sont capables. Et transformer son rêve en cauchemar…
Forgé selon le thème du célèbre roman de John Steinbeck Des Souris et des Hommes, publié en 1937, deux ans avant Les Raisins de la Colère, Glen Affric est un roman bouleversant. On ne peut s’empêcher de se sentir révolté par le destin tragique du jeune Léonard, perdu dans un monde impitoyable envers ceux qui ne rentrent pas dans les moules forgés par la société. Parce qu’il est attardé mental, il est la proie favorite et tellement facile d’une bande de jeunes gens cruels et stupides à qui on a oublié d’enseigner l’empathie et la bienveillance envers autrui, surtout ceux qui en ont le plus besoin. Et parce que Léonard est un garçon loyal et fiable, qui respecte la parole donnée à sa mère, il ne se défend pas. Jusqu’au jour où tout bascule.
Avec son écriture écorchée vive, parfois taillée au scalpel, tellement en phase avec l’histoire tragique de Léonard et de Jorge, Karine Giébel aborde les thèmes de l’injustice, du harcèlement et de la violence gratuite avec beaucoup de sensibilité et de dignité, trempant parfois sa plume dans le vitriol de la révolte.
On voudrait tellement mettre un bon coup de pied aux fesses de Jules et ses potes afin de les remettre dans le droit chemin, de leur faire comprendre qu’il existe des façons plus dignes de se rendre intéressants et populaires. Et changer ce système judiciaire impitoyable qui permet d’enfermer des agneaux avec des loups sanguinaires, sans se préoccuper de leur devenir… Même si parfois un loup peut se montrer humain et tendre une main amicale…
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