INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Toucan le 11 janvier 2017 Parution aux éditions Livre de Poche le 17 janvier 2018 Depuis quelques mois, la capitaine Daniel Magne a quitté son poste à la Criminelle du Quai des Orfèvres. Séparé de sa compagne Lisa Heslin – qui est partie vivre en Suisse dans le chalet de son père (Lire «La Pieuvre») -, il a accepté un poste à Hendaye, au Pays Basque, le plus loin possible de ce qui reste de leur couple anéanti. Seul, en proie au remord qui le ronge, il s’enfonce dans une déprime alcoolisée qui lui vaut d’être rapidement mis à l’index par son chef de groupe. Alors qu’il est assis à la terrasse d’un café, désoeuvré par une mise à pied de quelques jours, Magne assiste à une gigantesque explosion dans le quartier de la gare d’Hendaye. Accident ? Attentat ? N’écoutant que son instinct de policier, le capitaine se précipite sur les lieux du drame, et vers son avenir… Lancé à la poursuite d’un suspect, Magne tombe dans un piège et se retrouve kidnappé dans un lieu inconnu… (Source : Toucan – Pages : 576 – ISBN : 9782810007479 – Prix : 19,90 €) |
L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY
Je me souviens de cet appel de Jacques SAUSSEY il y a plus de deux ans…
Je me souviens que c’était juste avant la sortie de Sens Interdit[S]…
Je me souviens qu’au mois d’avril précèdent j’avais rencontré Cabu à Provins, j’avais longuement discuté avec cet homme fabuleux… Il m’avait dessiné pendant que nous causions.
Je me souviens que Jacques m’a dit qu’il ne pouvait pas rester sans rien faire, alors il a décidé que pour le premier tirage de son Embaumeur, on refilerait les droits. Au départ à Charlie, mais comme ils ont été submergés de dons, ce fut Reporter sans Frontière.
Je me souviens aussi de la voix émue de Jacques me disant qu’il écrivait justement sur ce sujet… Ce livre qu’il venait de commencer, moi je viens de le lire. Je ne vais pas raconter l’histoire, il a déjà moult chroniques qui l’ont fait avant moi. Puis tu as le résumé, la quatrième juste là à côté…
Non je préfère te causer de ce que j’ai ressenti à la lecture, souvent pour moi, l’émotion de la lecture est bien plus importante que la trame, que le texte, que les mots.
Et là j’ai lu un homme en colère, écœuré par le comportement de certains. Mais pour autant Saussey ne se laisse pas aveugler par sa colère. Si son personnage à soif de vengeance, l’auteur moins, lui il utilise son roman comme exutoire. A une époque où il fait si bon de généraliser, pour te dire, même mon dentiste fait des amalgames… Jacques lui va tenter d’entrer dans la tête d’un mass murder, et de ne pas avoir un fou de Dieu (là je te laisse le choix du Dieu, il n’y a pas que du côté des barbus que tu as des trépanés du sentiment) mais tout autre chose qui va rendre ce type complètement cinglé, aveuglé par sa haine.
D’ailleurs c’est là l’humour décalé de Jacques, le point de départ… le pourquoi de cet homme, est-ce un moyen de dire quelque chose a ceux qui ont frappé la France ? Connaissant Jacques, je n’en serais pas étonné. Je ne puis t’en dire plus, tu découvriras.
Dans ce roman on retrouve des personnages fétiches de Jacques, Lisa Heslin et Charles Magne (à moins que cela ne soit Daniel, je ne sais plus) pas la peine d’en parler, tu les connais déjà. Par contre je dois dire que j’ai eu un faible pour un rôle secondaire, ce fameux Béret noir, il m’a bien plus ce gars-là. Son charisme, sa présence, tu sais comme tu as une certaine estime pour Spaggiari et que les types qui tire à tout va avec des kalachnikovs en banlieue te révulsent. Pourtant c’est pareil hein, ils sont tous hors-la-loi, mais certains ont un code d’honneur. Ça aussi c’est un point fort intéressant de faire comme une comparaison entre plusieurs formes de terrorisme.
Il y a celui des illuminés, qui pour des paroles de textes sacrés mal interprétées vont semer la mort à l’aveugle, ceux qui par leur propre folie, vont vouloir entrer dans l’histoire à vouloir flinguer le plus grand nombre, puis ceux qui causent surtout des dégâts matériels pour une cause politique. Bien sûr aucun n’est excusable, c’est juste que certains ont plus de lucidité que d’autre et ne veulent pas être des meurtriers.
Une belle démonstration que signe-là l’ami Jacques. Et puis ce titre, qu’il explique dès le départ, ou presque : NE PRONONCEZ JAMAIS LEURS NOMS… Ne jamais faire de publicités au bourreaux, ça risquerait d’en faire des héros, des martyrs pour certains, mais se souvenir de la mémoire des victimes.
C’est peut-être un détail pour toi, mais pour moi ça veut dire beaucoup, en lisant ce livre, j’ai pensé à une autre œuvre, qui n’a rien à voir, quoi que, une histoire de vengeance aussi. Mais c’est juste pour dire comme notre cerveau se forme à faire des rapprochements d’idée. Certains passages ont rappelé à mon souvenir Hannibal le cannibale… vous découvrirez peut-être pourquoi lors de votre lecture, car vous finirez par lire ce livre, comme tous les livres de Jacques. Ce type devient vite addictif…
L’AVIS DE YANNICK P.
Une écriture maitrisée, un auteur sûr de soi, sachant manier le stress pour faire monter la tension crescendo. Jacques Saussey démontre tout son savoir faire pour ce qui est d’être à la limite de la rupture dans la relation entre les personnages et le lecteur.
Daniel Magne muté au pays basque se noie dans l’alcool. Il est le témoin d’un attentat en gare de Biarritz, tandis que la lieutenant Lisa Heslin couve sa progéniture à venir, en Suisse, loin de tous. Magne, blessé, est kidnappé par le suspect. Lisa quitte sa tranquillité pour sauver le père de son futur enfant.
Dès le premier chapitre, je me suis retrouvé plongé au cœur de l’action. Porté par des courts chapitres qui se succèdent à une vitesse effrénée. Je me suis découvert englouti dans un polar extrêmement noir. Au cœur du Noir. A travers les personnages qu’il met en scène, les porteurs de parole de ce roman, Magne, Lisa (voir La Pieuvre, nécessaire à mon gout) et ce psychopathe meurtrier, Jacques fait sombrer le lecteur au plus profond de l’intime, des peurs primales, de la violence animale. Ce récit à plusieurs voix percute le lecteur. Du fond sa prison, celle de Daniel n’est que souffrance, celle de Lisa dehors, douleur et celle du Tueur, certainement réunit les deux. Mais ce qui est terrible, extra (hors) ordinaire, est bien ce tueur, que l’auteur dessine sous mes yeux. Quand celui-ci explique méthodiquement et froidement ce qu’il va entreprendre, il n’y a pas d’empathie possible. Aucun honneur, juste la haine qui jaillit, une violence aveugle qui trouve ses sources au plus profond de lui. Et c’est bien là le tour de force de jacques. Décortiquer avec méthode, les ressorts psychologiques de ses personnages, aller à la source de l’humanité quand pour l’un ce mot ne revêt aucun sens et que pour les autres, il représente la quintessence de leurs survies.
Ne Prononcez Jamais Leurs Noms, s’inscrit dans l’air du temps. Sous couvert de vengeance, on y enchâsse, attentat, destruction, violence et rebondissements multiples, mais surtout un questionnement fort qui résonne chez le lecteur. Faut-il pour autant mentionner les responsables de ces actes ? Au-delà de l’histoire de ces groupuscules (avec un écho particulier aux 2 romans de Marin Ledun) il demeure un personnage en plus, le pays basque dans une ambiance lourde et pesante.
Enfin, reste le roman noir d’un sacré auteur, qui s’avale et secoue dans une ambiance post-Charlie. Définitivement, Jacques Saussey est doué.
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