Interview de Manon TORIELLI

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Rencontre avec Manon Torielli

Manon Torielli

Pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?

De par le métier de mon père,  étant également fille unique, j’ai été amenée à être souvent seule avec mes parents. Le monde de la lecture et celui du rêve ont fait tout de suite bon ménage. L’évasion loin de la réalité quotidienne a toujours été le maître mot.  J’ai toujours aimé inventé des histoires. Dans l’enfance, je racontais aussi des fables à ma mère qui croyait souvent à la réalité des contes que je lui faisais.

Plus tard, durant l’adolescence, j’aimais aussi faire de la mise en scène : je faisais jouer mes cousines et nous donnions des représentations à la famille, l’été.

Comment vous est venue  l’envie d’écrire ? A quelle période ?

Ce désir, ce besoin me sont venus très tôt, dans l’enfance, dès que j’ai su lire et que j’ai commencé à dévorer des romans. Même sans écrire tout de suite, je m’inventais sans cesse des histoires, des contes, n’importe quand dans la journée et tous les soirs avant de m’endormir.

Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?

Je suis de l’époque « Club des cinq », « Clan des sept », « Alice »… etc. Mais avant, il y a eu les contes que me racontait ou me lisait mon père, ceux qu’il inventait pour moi. Et puis la lecture a commencé avec les histoires cruelles de la Comtesse de Ségur.

Ce que j’aimais par-dessus tout, c’étaient les intrigues policières, les enquêtes, la recherche des indices, les fausses pistes.

Plus tard, au début de l’adolescence, il y a eu les nouvelles d’Hitchcock, de Poe et enfin Balzac, ce qui représenta un tournant dans ma vie de lectrice.

Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)

J’ai un rythme de travail à la fois désordonné et intense. Je peux très bien ne pas écrire du tout durant des mois, mais lorsque je commence un projet, j’ai du mal à m’arrêter. Mon rythme idéal d’écriture peut aller de 5 à 10 heures dans une même journée et cela durant des mois.

Lorsque je n’écris pas, je ne suis pas dans mon assiette. Mais j’ai beaucoup de mal à écrire quelques heures par-ci par-là.

Lorsque j’écris un roman policier, en général, je commence par rédiger une trame avec des étapes, des précisions sur les personnages principaux, les lieux, l’ambiance générale, la thématique ; j’esquisse très « vaguement » un dénouement. Pourtant, ce qui est passionnant, dans la 2e phase du travail, c’est d’avancer « au jugé », sans vraiment savoir ce que vont proposer, faire et devenir les personnages. Accepter d’être surpris, bousculé, fourvoyé est essentiel.

Lorsque j’écris une nouvelle ou un récit de littérature générale, je procède de façon beaucoup plus intuitive, écrivant « au fil de la plume ».

D’ailleurs, j’écris dans un premier temps, dans des cahiers, au stylo plume. Ce n’est qu’après que je fais intervenir l’ordinateur. C’est la phase où je modifie, je corrige, je lis et relis.

Y  a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?

Bien sûr que cela arrive. Mais c’est toujours remodelé, modifié automatiquement, sans même que la volonté intervienne. Mais on s’inspire toujours du  réel. Un réel forcément fragmentaire. Toutes ces choses-là se font naturellement, inconsciemment. Et surtout, il y a forcément beaucoup de moi-même dans mes personnages, c’est le cas en particulier de Norbert Tiffauge.

Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution ?

Effectivement, ce fut un parcours du combattant qui se poursuit d’ailleurs, pour mes autres romans, quel que soit leur genre.
60 refus, quelquefois accompagnés de propos très désagréables, voire blessants, avant que les éditions Wartberg (c’était donc le 61e envoi) ne retiennent mon manuscrit. C’était d’ailleurs mon ultime tentative d’envoi pour ce récit.

Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs ?

Oui, cela m’est arrivé. J’ai été très flattée, par exemple, de voir mon roman comparé à ceux de Pierre Magnan, sans doute parce que l’intrigue de « Justicier » se situe dans les Alpes-de-Haute-Provence. Mais l’humilité est essentielle. Pourtant, les encouragements et les remarques positives sont des « épices » indispensables pour continuer le chemin, surtout lorsqu’il est aussi aride et depuis si longtemps.

Une autre remarque m’a comblée de joie : plusieurs personnes m’ont dit ou écrit que mes personnages étaient tous ou presque très humains.  À mes yeux c’est un très beau compliment.

D’autres n’aiment pas mon univers un peu baroque et très onirique, même dans le genre policier. Je comprends tout à fait. Mais je pense réellement qu’il y a de la place pour tout le monde, même dans le « polar ». Je regrette quelquefois le « sectarisme » français, travers d’un certain groupe d’intellectuels trop conformistes à mon goût.

Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?

En dehors de l’écriture, mes passions sont le cinéma, tout d’abord. J’aime beaucoup de films. Qu’il s’agisse du cinéma français ou étranger : j’aime voir des films en VO, ce que j’ai la chance de pouvoir faire à Marseille. J’adore Almodovar, certains films coréens (Poetry de Lee Changdong, en particulier qui a été l’un des éléments « déclencheurs » de Justicier), japonais, les films anglais de Stephen Daldry (The hours, entre autres). J’ai beaucoup aimé aussi Wadjda de Haaifaa Al-Mansour et Syngué sabour de Atiq Rahimi. Le dernier film que j’ai vu est The Danish girl : j’ai adoré. Je l’ai vu deux fois.

J’ai eu également pendant une grande partie de ma vie la passion du théâtre. J’ai exercé le métier de comédienne durant de nombreuses années (j’ai joué du Camus, du Sartre, du Molière, du Cocteau, des adaptations de F. Kafka et d’Émile Zola). J’ai fait de la mise en scène et  animé des ateliers de théâtre pour les adultes et les adolescents. J’ai aussi pratiqué, en tant qu’élève, le clown contemporain et participé à un groupe de chant choral.

En peinture, j’ai une passion pour Frida Kahlo et pour les peintres fauves.

En musique, mes goûts sont éclectiques : le jazz, la musique classique, entre autres.

Quels sont vos projets ?

Mes projets sont de poursuivre tout d’abord les aventures de Norbert Tiffauge, le héros enquêteur de Justicier et d’un autre roman qui n’est pas encore publié.

Je souhaite également continuer à écrire des nouvelles : j’en ai déjà publié un volume chez Horsain (Échappées) et des nouvelles séparées en numérique, chez SKA.

Je continue également à créer des récits pour la jeunesse où mon univers à dominante onirique trouve peut-être son épanouissement de façon plus libre.

Quels sont vos coups de coeur littéraires ?

Il y en a beaucoup, de Zola, Proust, qui fut le grand amour de mes 16 ans, en passant par la littérature américaine que je trouve sublime : entre beaucoup d’autres, John Irving (L’œuvre de Dieu, la part du Diable), tout Richard Powers (en particulier, Le temps où nous chantions), Joyce Carol Oates (La fille du fossoyeur). J’adore aussi M. Kundera, Pascal Quignard, Saramago. Fernando Pessoa et Arturo Pérez-Reverte.

Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman ? A moins que le silence suffise ?

Là aussi, il n’y a pas de règle. Parfois, je recherche le silence. D’autres fois, je vais écrire sur un banc, dans un parc ou dans les bars.

Il m’est arrivé d’écrire un roman entier sur une même musique : Les saisons de Vivaldi ou The Köln concert de Keith Jarrett. Une de mes nouvelles a été écrite sur une musique de film : Le ventre de l’architecte.

Je pense que les lecteurs peuvent faire (comme moi qui écris souvent en musique) selon leur humeur. Personnellement, je lis plutôt dans le silence. Mais chacun est libre de me lire comme il l’entend.

Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?

En dehors de ma page Facebook, je n’ai pas de site, ni de blog. Je ne suis pas une « pro » de l’informatique. Loin de là. Et je n’ai pas réussi à me débrouiller pour faire mon propre blog.

Merci Manon Torielli de vous être prêtée au jeu de l’interview pour Zonelivre.fr

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Co-fondateur de Zonelivre.fr. Il est le rédacteur en chef et le webmaster du site.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je profite de cette belle interview pour encourager tous ceux qui ne connaissent pas encore les romans de Manon Torielli à saisir l’opportunité de découvrir cet univers atypique et envoûtant. Les lecteurs de Pierre Magnan vont adorer effectivement! Et les amateurs de roman policier intelligent seront comblés! Une intrigue prenante, une écriture rare: que demander de plus pour des moments remplis de plaisirs et d’émotions ?
    A découvrir ou à faire découvrir absolument!
    Vite, un prochain roman!
    Bonne lecture à tous!

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