Rencontre avec l’auteur Nicolas KOCH à l’occasion de la sortie de son roman « Un fruit amer » aux éditons de Saxus, en février 2019
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Nicolas Koch, pouvez-vous me décrire votre parcours ?
Nicolas KOCH : Bonjour et tout d’abord un grand merci pour cette interview ! Je suis de formation historien et archéologue, j’ai suivi un cursus à l’université de Rouen en archéologie médiévale (DEA) et ai travaillé quelque temps comme archéologue à l’Inrap (Institut national de la recherche archéologique préventive). Puis, cherchant une autre voie, et étant passionné de lecture et d’écriture, j’ai choisi d’aller vers le monde de l’édition ; j’ai eu alors l’occasion de publier deux ouvrages historiques, un sur l’Égypte (l’une de mes passions) et l’autre en 2014 chez Pygmalion, La Science au secours de l’histoire, préfacé par Franck Ferrand. Mais j’ai toujours eu envie d’écrire autre chose, d’aller puiser dans mon imagination pour raconter des histoires, ce qui m’a poussé à tenter d’aller vers le roman, et plus particulièrement le polar et le thriller qui sont mes genres de prédilection. Il y a eu beaucoup de tâtonnements, avant de pouvoir publier un premier roman Ahmès scribe d’Égypte en 2016 au format numérique aux éditions Interactiv Book Edition.
JP : Comment vous est venue l’envie d’écrire ? A quelle période ?
NC : Je crois que j’ai toujours aimé raconté des histoires comme je disais ; dès tout petit sur le trajet de l’école j’aimais inventer des histoires de toute sorte que je racontais à ma grand-mère. J’avais sans doute une sorte de fascination pour celles et ceux qui réussissaient à écrire des livres, mais sans être forcément conscient que c’est quelque chose que j’aurais aimé faire à l’époque. Je n’écrivais pas vraiment, mais je crois que tout ceci a forgé mon imaginaire, en plus de mes lectures. Je ne me suis vraiment mis à écrire lorsque j’ai changé d’orientation professionnelle après l’archéologie.
JP : Quelles étaient les lectures de votre enfance ?
NC : Il y a surtout un auteur que j’ai lu, lu et relu, Jules Verne. Ce n’est pas vraiment original, mais j’ai adoré cet auteur, depuis la primaire jusqu’au lycée. Il y avait ce mélange d’aventures, de science, de fantastique aussi qui me plaisait énormément, notamment Vingt mille lieues sous les mers, Le tour du monde en 80 jours, Voyage au centre de la Terre ou Michel Strogoff. Bien sûr je lisais aussi pas mal de 6 compagnons et des classiques de la BD comme Gaston Lagaffe, Léonard, Astérix, Lucky Luke… Je n’ai découvert le thriller que plus tard, avec la fac, et des auteurs comme Maxime Chattam ou Franck Thilliez.
JP : Quel est votre « modus operandi » d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
NC : Le plus délicat est de jongler entre l’activité professionnelle, et l’écriture. Il m’est parfois difficile de trouver vraiment du temps pour écrire autant que je le voudrais mais j’essaie au maximum d’écrire un peu tous les jours, je crois que c’est le plus important de maintenir ce lien quotidien. Sinon, pour la fin de mes romans, tout dépend je dirais… (oui c’est une bonne réponse de Normand !) Pour Ahmès scribe d’Égypte, j’avais établi une trame précise, car le roman jonglait entre deux époques et cela me paraissait indispensable pour bien hiérarchiser et organiser le récit. Pour Un fruit amer, ce fut différent. Je suis avant tout parti d’une idée, qui est née surtout de l’envie d’écrire sur ce contexte particulier qu’est le mouvement des droits civiques aux États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale. Et ensuite j’ai laissé dérouler l’histoire, pour voir où elle allait me conduire. Ce sont vraiment les personnages qui ont guidé l’intrigue et je n’avais alors qu’une vague idée de la fin. Je fus même surpris de la réaction de certains, qui n’était pas du tout préméditée !
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre roman et sa parution ?
NC : Tout auteur vous dira sans doute que la route est longue entre l’écriture et la parution d’un roman… Un auteur est par nature un être impatient ! Fruit amer a été écrit durant l’année 2016, et il a commencé à faire son chemin dans les comités de lecture en 2017 ; j’ai eu sur cette période beaucoup de contacts avec de nombreux éditeurs, puis finalement début 2018, conjointement avec la sortie du recueil Phobia (chez J’ai Lu, dans lequel j’ai écrit une nouvelle, 1+1), le directeur des éditions De Saxus est venu vers moi. Et ce fut le début d’une nouvelle collaboration.
JP : Pouvez-vous nous parler de votre roman Un fruit amer aux éditions De Saxus ?
NC : C’est vraiment un roman qui m’a pris aux tripes à l’écriture, car il se passe dans un contexte très tendu de l’histoire américaine, celui de la lutte de la population noire pour obtenir les mêmes droits que tous les citoyens américains, et qui fut plus particulièrement dur dans le Sud, au cœur d’États comme le Mississippi et l’Alabama, ce qu’on appelle le Dixieland.
L’intrigue commence dans un petit comté de l’Alabama, Woodbridge, en 1963, où le corps d’une jeune fille blanche est retrouvé, de surcroît la fille d’un important entrepreneur local et aussi ségrégationniste notoire. La police du comté, menée par le shérif Miller et sa clique, prend les rênes de l’enquête et bien vite, ils découvrent que la jeune fille était enceinte de son petit ami noir, Aaron Ferguson. Lequel devient ainsi le coupable idéal aux yeux de beaucoup, dont la police. Il n’en fallait pas plus pour que de cette étincelle se développe un orage qui va s’abattre sur la petite ville de Woodbridge, déjà en proie aux contestations du mouvement des droits civiques. Mais surtout, Meredith, la jeune fille assassinée et violée, avait laissé avant sa mort une enveloppe à un petit journaliste du canard local, lequel va mettre son grain de sel dans l’affaire. Et tout basculera lorsqu’un agent du FBI, Dwayne Olsen, va se rendre à Woodbridge, lui aussi interpellé par un courrier envoyé par Meredith au Bureau. Il va donc se retrouver malgré lui confronté à la haine et la violence du Ku Klux Klan.
Pour celles et ceux qui s’interrogeraient sur le titre choisi, Un fruit amer, la réponse viendra au fil des pages…
JP : Dans votre roman, y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
NC : Ce roman est une fiction pure, mais il est vrai qu’il se déroule dans un contexte historique réel ; aussi apparaissent par moments des personnages comme Martin Luther King et d’autres, mais ils sont simplement cités. L’important pour moi dans l’écriture d’Un fruit amer était de plonger le lecteur dans cette ambiance tendue, dure, moite du Sud des États-Unis au début des années 1960, je voulais qu’il y ait quelque chose qui colle à la peau du lecteur, lui faire ressentir l’atmosphère particulièrement délétère de l’époque. Je me suis pour cela un peu guidé par quelques témoignages d’agents du FBI de l’époque et qui sont disponibles sur le site web du FBI, dans la section historique. Et je peux vous dire que dans mon roman, je suis encore loin de certaines vérités…
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos livres ?
NC : Pour le moment, non pas vraiment. J’ai eu des retours très enthousiastes de lecteurs quant à ma nouvelle dans le recueil Phobia ; cela m’a beaucoup touché d’autant plus que ce projet Phobia au profit de l’association ELA me tenait particulièrement à cœur et je remercie encore chaleureusement Damien Eleonori de m’y avoir invité.
JP : Avez-vous d’autres passions en dehors de l’écriture (musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez-vous une autre facette cachée ?
NC : J’ai comme passion avant tout la musique, je fais du clavier et de la guitare depuis que je suis au collège (j’ai 39 ans actuellement), dans le genre rock/blues. Je suis assez éclectique dans mes goûts musicaux, qui vont de Jean-Jacques Goldman à Queen ou Pink Floyd, et des Gun’s N’ Roses à du classique comme Chopin ou Bach ! J’ai aussi créé dans ma commune où je réside (Grand-Quevilly à côté de Rouen en Normandie) une petite association de promotion du livre et de la lecture dont le parrain est Michel Bussi (lui aussi normand), dans le but d’organiser des rencontres avec des auteurs, mais aussi développer des boîtes à livres et plein d’autres idées autour. Sinon, mes deux fils, William et Thomas (respectivement 12 et 9 ans) qui sont des passionnés de handball, m’ont transmis cette passion en suivant leurs matchs le week-end.
JP : Avez-vous des projets ?
NC : Oui, plein. Trop sans doute ! Dans l’écriture déjà, j’essaie d’explorer de nouveaux horizons, car j’ai envie d’aller dans des directions totalement différentes d’Un fruit amer. Les idées se bousculent, il faut maintenant les mettre dans le bon ordre et c’est bien le plus difficile…
JP : Quels sont vos coups de cœur littéraires ?
NC : J’en ai eu plusieurs, d’abord Jules Verne quand j’étais gamin, mais j’ai découvert plus tardivement le thriller, avec Maxime Chattam et sa trilogie du Mal et plus récemment des coups de cœur autour des romans de Johana Gustawsson (Block 46 et Mör), de Sonja Delzongle (la trilogie Hannah Baxter et Boréal), de Gaëlle Perrin-Guillet (notamment Soul of London) mais surtout ces auteures ont été des rencontres très touchantes pour moi et je leur fais à toutes les trois un petit coucou, espérant les recroiser bientôt. Après, j’ai beaucoup aimé les romans d’Alexis Aubenque (la série River Falls entre autres), un gros coup de cœur pour le roman d’Henri Loevenbruck Nous rêvions juste de liberté et dans un autre genre beaucoup de romans de Stephen King. Là encore ce n’est pas très original, mais il reste un maître absolu de l’écriture pour moi. J’aime aussi les polars scandinaves, notamment un auteur comme Jussi Adler-Olsen. Et j’en profite aussi pour citer le thriller de mon ami Éric Martzloff Héritage maudit, aux éditions de La Liseuse.
Je voudrais enfin citer quelques coups de cœur d’auteurs normands, de polar notamment avec Gilles Delabie, Yvan Michotte, Bruno Amato, Marc Masse… et que j’ai le plaisir de croiser souvent en salons notamment.
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman « Un fruit amer » ? A moins que le silence suffise ?
NC : La première chanson qui me vient à l’esprit est bien sûr Sweet Home Alabama de Lynyrd Skynyrd, dont certaines paroles ne sont pas sans rappeler quelques éléments du roman… (ouais, je laisse planer le truc…) Et une chanson qui avait aussi fait beaucoup polémique.
Sinon, je peux conseiller au lecteur d’écouter quelques morceaux de Seasick Steve, du blues très « roots » avec quelques influences de grunge. Ou bien du B.B King, ou du Robert Johnson, deux autres bluesmen.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
NC : Oui, les lecteurs peuvent me retrouver sur les réseaux sociaux avant tout, sur Facebook où j’ai une page auteur @NicolasKochAuteur76 ; sur Twitter @NicolasKoch76 et sur Instagram @nicolask03
JP : Merci Nicolas Koch d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
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