Interview de l’auteur MALLOCK

MallockRencontre avec l’auteur Mallock

Pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?

J’ai toujours voulu me consacrer à l’art et à la littérature Mais la pression familiale m’a contraint à des études “sérieuses”. Alors, sans abandonner ces activités scélérates, je me suis plongé dans la psycho, la sémantique, la linguistique, le marketing et la gestion à Nanterre et à Dauphine. Bien lesté par mes licences, master et doctorat, je me suis retrouvé à la tête d’une grande entreprise avant d’en claquer la porte pour me lancer comme directeur de création freelance.

C’était le bon moment pour le faire, la pub vivait ses grandes années. Mercenaire à 100 %, je bossais soit pour les agences de pub (en tant que nègre), soit pour des annonceurs en direct, ce qui me permettait en fait de créer à tout va, tout en gagnant fort bien ma vie, et sans avoir à faire de concessions ni d’allégeance à qui que ce soit. Le reste de mon temps et la nuit étaient consacrés à mes romans, ma musique et mes toiles. Depuis 2000, je ne m’adonne plus qu’à ces trois passions.

Comment vous est venue l’envie d’écrire ? À quelle période ?

Petit cro-magnon, je dessinais déjà sur les parois de ma chambre. Puis, j’ai découvert le papier, la peinture, puis les mots… Et depuis j’écris, j’écris, j’écris. À 12 ans, des chansons et des nouvelles, à 18 ans, un premier roman, dont j’ai bien pris soin de faire disparaître toute trace ! Puis d’autres livres sont venus, certains habités par le commissaire Amédée Mallock. Mais, vous parlez d’envie, plus qu’une « envie » d’écrire, il s’agit vraiment d’un « besoin », d’une nécessité vitale. Je ne peux pas passer une seule journée sans écrire, que ce soit des mots, des sons ou des images. Ou alors, je devrais doubler mes antidépresseurs, tripler ma dose d’anxiolytiques, me droguer et battre ma femme, ce qui ne serait pas vraiment raisonnable, non ?

Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)

Réveil à 4 heures, allumage du premier cigare et c’est parti, j’écris jusqu’à 9 heures. J’attaque alors mon travail sur mes peintures et mes photos, puis je reprends l’écriture de 16 à 20 heures. Pour être totalement libre de « délirer » dans le style, j’établis un plan extrêmement structuré et précis bien en amont, 2 à 3 ans avant chaque bouquin. Ayant les plans déjà composés, je peux travailler sur plusieurs romans en même temps et choisir d’intervenir indifféremment sur n’importe quelle partie d’un roman, selon mon humeur du moment.

Y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?

Bien entendu ! À commencer par le commissaire qui n’est pas sans rappeler un peu l’ours grognon et pas toujours facile, que je vois tous les matins dans la glace. Pour la petite histoire, le commissaire Amédée Mallock est né d’un malentendu entre moi et moi. À l’époque, j’écrivais un livre dont le héros, Thomas, était inspiré de ma petite personne. Quand j’ai eu besoin d’un autre personnage, qui devrait être un peu son contraire, je l’ai appelé Mallock, pour la musique et lui ai donné le prénom d’Amédée, pour le ridiculiser un peu. Le commissaire Amédée Mallock était né. Mais voilà, ce Mallock, que j’avais chargé de défauts bizarres, ce gros ours intuitif, irascible et dépressif, s’est révélé me ressembler autant, sinon plus que le héros d’origine. On se connaît bien mal !

Pour les autres personnages, tout dépend. J’invente, je m’inspire un peu et quelquefois, je me fais le plaisir de reprendre de vraies personnes, avec leurs vrais noms d’ailleurs. Ainsi, le professeur Jean Loriot, médecin légiste dont je parle dans le « Massacre des innocents », existe bien, tout comme les Artis, amis garagistes ou Les Tamaris restaurant où j’écris à Andernos. C’est une façon amicale de leur faire un clin d’œil…

Autre tic d’écriture, je passe un temps fou en recherches minutieuses avant de commencer, parce que je suis un perfectionniste certes, mais aussi pour donner une véritable et compléte crédibilité à tous les éléments de l’intrigue et emmener ainsi le lecteur plus loin, à la frontière de sa propre crédulité… Et au-delà. Plus les détails seront fouillés, vrais et réalistes, mieux je “vendrais” mes délires. C’est la condition sine qua non à l’élaboration de scénarios originaux, non balisés, comme le sont nombre de polars, et surtout téléfilms français, magmas ineffables de clichés éculés et de stéréotypes idéologiques usés jusqu’à la corde.

Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution ?

J’ai écrit une douzaine de romans avant de me décider à envoyer quelque chose aux éditeurs. Timidité, perfectionnisme et peur de l’échec, un peu tout ça… Ma première tentative a enfin eu lieu en 1999, et elle a été très heureuse, puisque j’ai reçu 3 réponses favorables sur mes 10 envois par la poste. J’ai alors choisi : « Le Seuil » pour éditer la première version des « Visages de Dieu », ce même roman que j’ai réécrit et « augmenté » pour correspondre pleinement aux exigences des « Chroniques barbares », (ma saga de thriller littéraire) et qui sort aujourd’hui sous le même titre : « Les Visages de Dieu » aux éditions JBz & Cie. On y retrouve Mallock et ses obsessions.

Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs ?

Franchement… non ! Mais ma femme, oui ! On lui demande si elle n’a pas peur de dormir avec quelqu’un qui a une telle imagination criminelle.

Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?

On ne saurait mieux dire. Je suis un écrivain éclectique. J’écris sur tout. Autant sur des pianos ou des guitares pour composer des chansons (CD : Le Fauteuil Bleu) que sur des toiles, pour peindre. J’ai édité d’ailleurs, dans le domaine de la photographie cette fois, deux grands livres en 2009 et en 2010, l’un sur les fesses féminines : MOON, et l’autre sur les seins : BOOB qui sort en ce moment. (Aux éditions Blanche, avec mon comparse Guéritot). En peinture, j’ai exposé régulièrement et je prépare pour 2011 la sortie de mes « Morphéographies », fusion de mon travail de peintre et de photographe.

Quels sont vos projets ?

La sortie de la troisième CHRONIQUE BARBARE, l’édition d’une éventuelle et fracassante suite de BOOB, un second CD de chansons et surtout une expo et un livre sur mes MORPHEOGRAPHIES. Si Dieu ou le diable me prê†e vie 😉

Quels sont vos coups de coeur littéraires ?

Je ne lis plus depuis vingt ans environ. Je trouve difficile de lire et d’écrire en même temps sans risquer d’être influencé même légèrement… et puis, dès que je fais autre chose, j’ai l’impression de perdre mon temps…

Mes coups de cœur fondateurs : « Le livre de ma mère » d’Albert Cohen, les nouvelles de Bradbury et d’Edgar Alan Poe, le « Voyage au bout de la nuit » de Céline, « Cent ans de solitude » de Garcia Marquez, « Je suis d’ailleurs » de Lovecraft, « Le rivage des Syrtes » de Julien Gracq, Malpertuis de Jean Ray, « Necropolis » de Lieberman… etc…

Avez-vous un site internet ou un blog où vos lecteurs peuvent laisser des messages ?

Un blog :

mallock.over-blog.com

Deux sites principaux :

Mallock.fr et leschroniquesbarbares.com

Merci à Mallock de nous avoir accordé cette interview.


En savoir plus sur Zonelivre

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Jérome PEUGNEZ
Jérome PEUGNEZ
Co-fondateur de Zonelivre.fr. Il est le rédacteur en chef et le webmaster du site.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A découvrir

Natasha PRESTON : La cave

Une cave, quatre jeunes filles en fleur… et un psychopathe.

Maria ADOLFSSON : Doggerland – 1 – Faux pas

Faux Pas, un roman policier bien construit, original,le style de Paria Adolfsson est soigné jusque dans les détails

Judith Wiart : La fille du Poulpe – 06 – Un Havre de paix

Gabriella débarque au Havre, loin de se douter qu’en arrivant dans la ville bétonnée pour prêter main forte à un stand humanitaire