Le paysage du roman policier français s’enrichit d’une nouvelle collection d’auteurs de thrillers NUIT BLANCHE aux éditions Plon. En juin 2010, nous aurons le grand plaisir d’y retrouver Ingrid DESJOURS, coup de coeur de l’équipe de zonelivre et de nombreux lecteurs. En attendant de pouvoir se plonger dans son nouveau roman POTENS, immergeons-nous quelques instants dans son univers.
Garance Hermosa, qui est sexo-criminologue dans Echo, est un personnage assez troublant, allons nous la retrouver dans vos prochains romans ?
Effectivement, Garance et Patrik reprennent du service dans « Potens », mon prochain roman. Mais les deux personnages ont beaucoup évolué et un événement inattendu renvoie Garance à un passé qu’elle aurait préféré oublier et qui la plonge dans la spirale de l’autodestruction.
En quoi votre second roman diffère-t-il du premier ?
Il y a quelques scènes très intenses, qu’on vit en temps réel ! « Potens » est aussi beaucoup plus sombre que Echo. Les personnages sont nombreux et très fouillés : il y a une forme de désespoir chez certains d’entre eux, dont Garance. Elle paraît plus humaine, plus fragile, on comprend ce qui l’a rendue si dure et pourquoi elle est devenue psy.
Vous êtes allée en Laponie en prévision de la rédaction de votre troisième roman. Comment avez-vous procédé sur place : prises de notes, dictaphone … ?
J’ai pris quelques notes mais mon rapport à l’écriture est surtout sensuel et instinctif. Je me suis donc fait péter les rétines en embrassant ces paysages incroyables et en les capturant avec mon appareil photo, je me suis aussi imprégnée des ambiances et des sensations : le froid, les odeurs, les réactions de mon corps. Toutes ces choses m’ont habitée et ont laissé une empreinte qui viendra influencer mon écriture au moment où je lâcherai les rênes.
Ingrid, n’est-il pas compliqué de se lancer dans l’écriture d’un troisième roman alors que le second n’est pas encore publié et que vous n’avez pas encore les commentaires de vos lecteurs ?
Au contraire, ça m’aide à prendre du recul et à me défendre contre une situation anxiogène : à savoir l’accueil de Potens par les lecteurs ! En outre, écrire est une véritable drogue pour moi, un exutoire, un moment de bonheur intense : je ne peux plus concevoir ma vie sans ça, il me faut ma dose !
Vous avez une formation et vous avez exercé en tant que sexo-criminologue , qu’est-ce qui vous a poussé à stopper cette profession ?
Un trop plein. L’envie de ne plus ramener certaines images chez moi, après le boulot. La peur que ça m’abîme, aussi. Mais si j’ai cessé de pratiquer, je n’en reste pas moins psy, avec quelques automatismes dans ma vie de tous les jours, et un « certain regard » que je porte sur les choses qui nous animent…
Comment ne pas sombrer quand on étudie les aspects les plus sombres de l’être humain ?
En débriefant avec ses collègues et en continuant à vivre, s’amuser, sortir, rire. C’est un combat qu’on mène à la fois contre soi et contre les autres. En effet, quand des gens que vous rencontrez, au détour d’une soirée, découvrent votre métier, ils ne peuvent s’empêcher de vous « brancher » sur le sujet. Ça fascine, ça fait peur… ils ont envie de savoir, besoin de comprendre. Pas évident de leur refuser des explications. Mais on apprend vite à digresser. Et à dire stop.
Quels sont les livres et les films qui vous ont marquée récemment ?
Comme beaucoup de personnes, j’ai été littéralement scotchée par « Avatar », sa créativité, ses prouesses technologiques. Je me suis retrouvée propulsée sur une planète tellement magique que je ne souhaitais pas revenir sur la mienne ! J’ai aussi découvert « Into the wild » en DVD : un film qui pose la question de notre relative liberté, de sa quête et du prix à payer pour y accéder…
Le dernier livre que j’ai lu, et aimé : – « Ecriture, mémoire d’un métier », la biographie de Stephen King : ce type a un talent fou et la générosité de nous faire partager ses réflexions. Il dit aussi des choses très justes et émouvantes sur le métier d’écrivain, sur la solitude et le plaisir, sur la capacité aussi à se souvenir de chacune de ses cicatrices pour les donner en pâture à ses lecteurs… bref, Stephen King est aussi un vendeur hors paire : il m’a donné envie de relire ses œuvres !
Quel message voudriez-vous adresser à vos lecteurs et à ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Ne croyez pas Sophie : je ne suis pas aussi « tordue » qu’elle le prétend !
Merci Ingrid DESJOURS de nous avoir consacré du temps et permis d’en savoir plus sur vos écrits ainsi que sur votre univers