Rencontre avec l’auteur Patrick AMAND de son roman « Je servirai la liberté en silence » aux éditions Caïman
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Patrick AMAND, pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?
Patrick AMAND : Après des études de droit, j’ai fait le choix du Service public et de la fonction publique territoriale où j’ai exercé des fonctions de responsable administratif dans différents services à la ville de Poitiers (Ecole des Beaux-Arts, Service Education, Médiathèque, …). Je travaille actuellement à la Direction de la Culture et du Patrimoine de la Communauté Urbaine de Grand Poitiers.
JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période ?
PA : En 2004, au moment du 60ème anniversaire du Débarquement en lisant tout un tas de documents et témoignages, l’idée m’est venue d’écrire un polar en lien avec cette période qui me passionne. Un peu au hasard, comme ça.
JP : Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?
PA : Pif Gadget, Astérix et Lucky Luke. Puis j’ai un très fort souvenir des livres de Pierre Gamarra (50 000 dollars de chewing-gum, Le Capitaine Printemps, …) et de Bertrand Solet (Il était un capitaine, Debout Cosaques).
JP : Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
PA : Un rythme très irrégulier. J’écris surtout quand j’ai le temps, car les idées se baladent en permanence dans mon esprit. Je peux être quelques mois sans rien écrire (ce qui ne m’empêche pas de me documenter sur le prochain livre) et d’un coup démarrer et faire peu de pauses.
La fin du livre ? Je dirai comme Fernand Raynaud, « ça dépeeeeend … ». Pour Le servirai la liberté en silence, j’ai trouvé la fin au fur et à mesure de l’écriture. Pour Gurs 10.39 j’avais le début et la fin. Pour le polar sur lequel je travaille, tout le scénario est prêt. Jusqu’au prochain changement …
JP : Quelle est la genèse de votre dernier roman « Je servirai la liberté en silence » ?
PA : A la lecture d’un livre sur la Résistance en Dordogne, j’ai eu envie de m’appuyer sur cette période pour une nouvelle enquête de mon détective Gregorio Valmy. Le Périgord est un endroit que j’adore et comme je n’arrive pas à écrire sur des lieux où je ne suis pas allé (d’ailleurs je pense que l’on y perd de la crédibilité car cela se ressent) j’avais là tout mon environnement géographique et historique. Mes nombreuses lectures m’on amené plusieurs fois à modifier et enrichir le scénario. Je partais au départ sur l’attaque du train de la Banque de France à Neuvic par la Résistance, puis j’ai changé en cours de route en découvrant le livre de Patrice Rolli sur la Phalange Nord-africaine et les liens entre Gestapo française de la rue Lauriston de Paris et les crimes commis en Dordogne en 1944. Une histoire très sombre et peu connu que cet historien met en avant dans des livres de qualité.
JP : Il y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
PA : Tous les truands de la Gestapo française ont existé, notamment le fameux Alexandre Villaplane, ancien capitaine de l’équipe de France de foot à la coupe du monde de 1930. D’autres n’ont pas réellement existé mais c’est tout comme : ils sont là encore le fruit de documentation. On peut dire que ce sont des personnages historiques « génériques ».
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution ?
PA : Long oui, car j’ai débuté cette histoire il y a quelques années. Mais je l’ai laissée de côté pour écrire d’autres textes, notamment finir le recueil de nouvelles Omaha blues et coordonner la sortie du recueil collectif Brigadistes ! dans la collection Noires nouvelles que je dirige aux Editions du Caïman (coucou Jean-Louis Nogaro !).
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos romans ?
PA : Lors d’une dédicace pour la sortie de mon premier polar, L’affaire du noyé de Poitiers (où un corps est retrouvé dans le Clain la rivière qui traverse la ville), une personne me l’a acheté en étant persuadée qu’il s’agissait du récit d’une histoire véridique « dont il se souvenait »… Je l’ai laissé repartir avec cette illusion. Sinon les réactions autour du recueil Brigadistes ! sont souvent émouvantes lorsqu’il s’agit d’enfants de réfugiés Espagnols.
JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
PA : Je reprécise que l’écriture n’est pas le métier qui me fait vivre. Donc il faut caser du temps pour ça, et ce n’est pas rien. L’association L’instant polar que je préside qui organise son 3ème salon du polar qui se tiendra à Dissay (86) le 28 avril 2018 me mobilise beaucoup.
Une facette cachée ? Je ne vais quand même pas vous parler de ma collection de Jeep Willys miniatures …
JP : Quels sont vos projets ?
PA : Un recueil collectif de nouvelles pour le 50ème anniversaire de Mai 68 qui s’intitule Des nouvelles de Mai 68. C’est toujours dans la collection Noires nouvelles aux Editions du Caïman. 23 auteurs et également 28 des meilleurs dessinateurs/humoristes de presse qui ont accepté de faire un dessin inédit sur le sujet, le tout préfacé par Daniel Prévost.
Sinon, même si c’est un peu en stand-by, un polar dont l’intrigue se déroule au Mexique en 2001 (où je me suis rendu à cette époque, of course !;-). Et puis une autre enquête de Gregorio Valmy germe en ce moment. Je crois bien que ça se passera en Normandie. Encore ! Mais quand on aime …
JP : Quels sont vos coups de coeur littéraires ?
PA : Je dois dire que j’ai trouvé le roman noir L’affaire Léon Sadorski de Romain Slocombe assez exceptionnel. Je n’ai pas attaqué la suite, mais c’est pour bientôt. L’ordre du jour d’Eric Vuillard est aussi un grand moment de littérature dans un genre que j’ai découvert (lu avant qu’il ne reçoive le prix Goncourt…). Un excellent livre pour comprendre l’allégeance des industriels allemands – et par extension des grands groupes capitalistes – à Hitler ; si tant est qu’il était besoin de démontrer que la Guerre est aussi/surtout une affaire de lutte des classes.
Je me permets d’ajouter deux BD à mes dernières lectures très plaisantes. Mattéo de Gibrat qui attaque sa 4ème époque : c’est une saga magnifique tant du point de vue du graphisme que de l’histoire. Et puis Nerval, l’inconsolé de David Vandermeulen et Daniel Casanave, superbe BD sur Gérard de Nerval mon poète préféré, qui permet de voir cet écrivain sous un jour « nostalgico-jouissif ».
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman ? A moins que le silence suffise ?
PA : Le groupe qui m’a accompagné tout au long de la rédaction de Je servirai la liberté en silence, Fretswing. 4 Tarbais dans le vent qui se définissent ainsi : « Au pays du swing les impertinents sont rois et avec ces quatre-là, la couronne tremble ». Leurs albums Le grand détournement et Un drakkar à Venise ont tourné en boucle !
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
Le blog c’est patrickamand.blogspot.fr et sur Facbook : facebook.com/PatrickAmandPolar/
J’essaie d’être à jour…
JP : Merci Patrick AMAND d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
PA : Avec plaisir ! Et surtout, je n’oublie pas que Zonelivre a relayé de façon très sympa Omaha blues.
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