Rencontre avec l’auteur Hervé MESTRON à propos de son prochain roman « Paulo » aux éditions Les Chemins du Hasard en 2019
Jérome PEUGNEZ : Bonjour Hervé Mestron, pouvez-vous me décrire votre parcours ?
Hervé MESTRON : Bonjour Jérôme PEUGNEZ
Disons que jusqu’à 30 ans, ma vie a essentiellement tourné autour de la musique. Après des études d’alto à Valence puis au CNSM de Lyon, je deviens musicien professionnel. Mais les choses tournent mal pour ma pomme. Une dystonie au bras droit me contraint d’arrêter le business. C’est comme un tueur à gages à qui on couperait le flingue. Le mec ensuite il se retrouve au chômage. Un douloureux travail de deuil commence. C’est un peu la double peine. Privé et de musique et de boulot. Deux pistes s’imposent à moi : croire enfin en dieu ou me jeter dans la Seine. Mais je choisis une troisième voie. Plutôt que de croire que ma vie se termine, je spécule au contraire sur une renaissance. Ce sont des heures d’écriture avec l’impression de sortir peu à peu de ma tombe. En parallèle, je travaille dans une maison d’édition musicale, puis comme veilleur de nuit dans un hôtel, livreur en scooter, auteur porno sous pseudo féminin, agent de sécurité, professeur de violon dans les beaux quartiers, rédacteur web, scénariste de caméra cachée, prof de surf (non je déconne) animateur d’ateliers d’écriture, auteur de pièces radiophoniques pour France-Inter, acteur de résidences d’écrivain, tuileur dans un temple maçonnique, enquêteur mystère, la grande classe quoi. Le truc qui fait que tu rencontres plein de gens différents, de tous les milieux, et qu’à partir de là, ta connaissance de l’humain elle devient assez balèze. Sans compter que cela permet également de se connaitre soi-même.
JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période ?
HM : Au CNSM de Lyon, entre 18 et 22 ans, je me mets à écrire de façon assez naturelle. Cela commence par un dossier sur l’Impressionnisme que je dois rendre pour un cours d’histoire de l’art. Je me lance ensuite dans l’écriture de nouvelles courtes. J’aime ce contact avec l’invisible. Je suis bon lecteur depuis la 6ème. Mais ce qui déclenche vraiment l’envie d’écrire c’est la lecture de San Antonio. Rabelais, Frédéric Dard, Simenon, Raymond Carver, ou John Fante, sont des écrivains qui m’ont donné envie d’écrire.
JP : Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?
HM : Les six compagnons à la bibliothèque verte, ou la collection Rouge et Or. Ensuite, dès la sixième, après avoir lu en classe le Chien Jaune de Simenon, je me suis engouffré dans l’œuvre monumentale de cet auteur. Puis j’ai commencé à acheter des livres dans la librairie qui faisait face à mon lycée (Camille Vernet) à Valence, à côté d’un bar qui s’appelait Le Clos Joli. Dostoïevski, Tolstoï (notamment la sonate à Kreutzer), Herman Hesse, puis Calvino, et Vian. En gros, j’avais toujours un bouquin dans la poche.
JP : Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
HM : Le seul rituel, c’est la clope et le café. J’ai essayé la tisane mais ça ne marche pas le matin. Chaque livre possède sa propre genèse. On ne sait pas trop d’où elle vient. Le truc arrive, faut le prendre, sino il s’en va. L’écriture est une pierre brute qu’il faut tailler quotidiennement. L’écrivain de fiction n’apporte aucune vérité, il cherche pour trouver des questions. Il rassemble ce qui est épars en lui en construisant un principe d’unité représenté par le livre. Moins j’en sais sur le livre que je suis en train d’écrire mieux je me porte. C’est un peu flippant au jour le jour, mais en même temps, c’est ce qui me donne la force de continuer un manuscrit. Ce qui m’intéresse au fond, c’est l’aventure intime avec le texte que je suis en train d’écrire.
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de vos livres et leur parution ?
HM : Je dois avouer que j’ai eu beaucoup de chance dès le départ. Bien sûr, j’ai essuyé pas mal de râteaux. Je ne connaissais personne dans le monde de l’édition. Du coup, je n’avais aucun complexe. Je me souviens d’avoir appelé Raphael Sorin chez Flammarion, pour lui dire que j’avais un truc à lui faire lire. Il a grogné que je pouvais envoyer le truc par la poste. Ce que j’ai fait. Une semaine plus tard, une directrice de collection, Laurence Decreau, me rappelait pour me proposer un rendez-vous, c’est-à-dire signer un contrat. Ainsi mon roman Le Clebs a été publié chez Flammarion en 1999. Cette info nous conduit directement à votre prochaine question.
JP : Quel est la genèse de votre roman « Paulo » ?
HM : Paulo est en réalité la réédition de ce roman, Le Clebs, paru en 1999 chez Flammarion. Cela fait exactement vingt ans. J’ai changé le titre pour des questions de référencement web, mais le texte est identique, sauf les prénoms des deux protagonistes, que j’ai changés pour avoir l’impression de faire quelque chose d’utile. Ce texte, Le Clebs, a ensuite été acheté par trois producteurs successifs en l’espace de dix ans. Mais le film n’est jamais sorti, il n’a d’ailleurs jamais été tourné. Donc en 2019, avec Paulo, c’est la réincarnation du Clebs, avec peut-être de nouveaux plans cinéma et de nouveaux lecteurs et lectrices…
JP : Dans vos romans, y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
HM : Forcément, les choses ne sortent jamais de rien. Il y a toujours quelque chose dans la réalité qui accroche l’attention. Quelque chose qui mérite d’être exploré. Quelque chose qui déclenche une envie d’écrire. Par contre, je ne peux pas écrire en pensant à des personnes réelles, je n’y arrive pas, et tant mieux.
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos romans ?
HM : Une fois, dans un salon, à propos de Paulo/Le Clebs, une lectrice m’a avoué qu’il lui était arrivé la même chose que dans le livre. Ne pouvant pas avoir d’enfant, elle avait adopté un chien avec son mari, après quoi, elle était tombée enceinte… Mais en général, les gens sont assez intimidés devant un écrivain. Le mythe, sans doute 😊
JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
HM : Je fais de la couture dans mon bureau. Des créations de sacs, de pochettes, de trousses… Je me promène beaucoup au Marché Saint Pierre à Paris, véritable paradis des tissus. C’est un peu mon yoga la couture. Et puis j’aime bien le bruit de la machine à coudre, cela me rappelle les vieilles Underwood.
JP : Avez-vous des projets ?
HM : Bien sûr, déjà une suite à paraître des Cendres de Marbella, texte qui a reçu le Prix hors concours des Lycéens 2018 et le Prix Pan de la nouvelle 2018. Des projets théâtre avec le metteur en scène Pascal Antonini, à la Ferme du Bel Ebat et au Festival d’Avignon.
JP : Quels sont vos coups de coeur littéraires ?
HM : J’en ai régulièrement mais la mémoire me manque… Je suis un gros lecteur, aussi bien de docus, d’essais, que de romans
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité vos romans ? A moins que le silence suffise ?
HM : J’ai vu que pas mal de bouquins conseillait maintenant une bande son. Je serais bien incapable de proposer une musique pour lire mes livres. Tout dépend des goûts de chacun. Personnellement, quand j’écris, j’écoute volontiers de la musique de relaxation qui stimule la concentration, une sorte de gargouillis de sons sans structure rythmique ni tonale, un truc très doux vraiment planant qui me détend.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
HM : Je suis sur FB : www.facebook.com/herve.mestron
JP : Merci Hervé Mestron d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
C’est moi, mon cher Jérôme Peugnez, qui vous remercie de m’accueillir dans vos colonnes. Aujourd’hui, blogs et sites participent énormément à la promotion des livres et des auteurs. Sans vous, nous les écrivains serions encore plus perdus que nous le sommes déjà ! A bientôt, amicalement, hervé.
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