Gyles BRANDRETH : Oscar Wilde – Tome 1 – Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles

Royaume-uni
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[amazon asin=2264062614&template=image&title=OSCAR WILDE ET LE MEURTRE AUX]
  • Éditions 10/18 Grands Détectives en février 2009, septembre 2013
  • Titre original : Oscar Wilde & A Death of No Importance
  • Traduit par Jean-Baptiste DUPIN
  • Pages : 384
  • ISBN : 9782264062611
  • Prix : 7,50 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

En cette fin de siècle trépidante, Oscar Wilde, dandy éclairé, virevolte de mondanités en rendez-vous discrets, lorsqu’un drame vient bouleverser sa vie. Tandis qu’il s’apprête à écrire Le Portrait de Dorian Gray, il découvre dans un meublé le corps d’un jeune garçon de sa connaissance. Tout semble indiquer un meurtre rituel. Et, en ami fidèle, Oscar Wilde s’est juré de ne pas trouver le repos tant que justice n’aura pas été faite pour Billy Wood.

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Quand Oscar Wilde mène l’enquête

Si l’intrigue est classique, le « détective » ne l’est pas, et c’est même assez inattendu puisqu’il s’agit d’Oscar Wilde l’écrivain dandy anglais. Oscar Wilde a connu et côtoyé Arthur Conan Doyle et dans ce roman il se comporte comme Sherlock Holmes.

C’est brillant, intelligent, érudit. L’auteur, Gyles Brandreth, connaît manifestement bien la vie et l’oeuvre de Wilde, pour preuve, les dialogues sont ponctués d’aphorismes de Wilde. C’est très bien écrit et très agréable à lire. Mais… c’est ennuyeux. On se désintéresse très vite de l’histoire.

Peu importe qui est le meurtrier, pour Gyles Brandreth, l’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour parler de la vie d’Oscar Wilde. Selon moi, il aurait été plus inspiré de choisir une autre intrigue. »

L’AVIS DE CATHIE L.

Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles est le premier opus d’une série de six consacrée au poète et dandy irlandais Oscar Wilde. Il a été publié en 2007 en Angleterre et en 2008 en France. Fasciné depuis son enfance par ce personnage haut en couleur et charismatique, Gyles Brandreth prend prétexte d’une énigme à résoudre pour plonger le lecteur dans l’Angleterre victorienne dont il restitue l’atmosphère inimitable avec beaucoup de réalisme, et pour nous faire découvrir Oscar Wilde dans le rôle inhabituel d’un enquêteur plein de ressources et d’une vive intelligence. Il est indéniable que l’auteur britannique possède une connaissance de sa biographie très pointue et très bien documentée.

L’originalité du roman : écrit à la première personne, c’est par la voix de Robert Sherard, ami et biographe d’Oscar Wilde, sous la forme de mémoires inédits, que le lecteur se retrouve entraîné dans leur quête de la vérité. Egalement grand admirateur de Sherlock Holmes, Gyles Brandreth attribue à son héros les mêmes facultés de déduction dont il fait usage afin de démêler les fils embrouillés de ce crime.

De très nombreuses allusions littéraires et historiques contemporaines d’Oscar Wilde émaillent le récit, rendant ainsi le récit très vivant, très réaliste, car le poète irlandais était un homme très cultivé. Les citations concernant aussi bien le monde littéraire (allusions au Henry IV de Shakespeare ; au poète Abraham Cowley ; à l’opéra d’E. Chabrier « Le roi malgré lui » ; au Chapelier Fou et au Lièvre de Mars, personnages du roman Alice au Pays des Merveilles ;  au roman David Copperfield que Dickens a écrit à Broadstairs ; citation du poème « The Excursion » écrit en 1814 par W.Wordsworth ; mais aussi aux romans « Une Etude en Rouge » et « Le Signe des quatre » mettant en scène Sherlock Holmes, ainsi qu’au « Portrait de Dorian Gray » qu’Oscar est en train d’écrire à l’époque où se déroulent les événements du roman).

Mais également l’érudition du poète irlandais dans le domaine de la peinture (allusions à l’aquarelle « Dante dessinait sur un ange » de Rossetti ; à James Whistler qui fut voisin et ami des Wilde ; à Sir Godfrey Kneller, portraitiste de cour aux 17e et 18e siècles ; allusion également au peintre Sir John Millais) et surtout du monde du théâtre qu’Oscar Wilde a fréquenté autant comme auteur que comme spectateur (apparition de l’actrice Ellen Terry, de l’acteur et directeur de théâtre Sir George Alexander, du prolifique auteur de comédies Henry James Byron, de la grande actrice et chanteuse Marie Tempest, ainsi que de Henry Irving, acteur et directeur de théâtre très célèbre en son temps, ami d’Oscar Wilde).

Les nombreux repères historiques permettent de donner une réelle épaisseur au récit qui ne se contente pas de présenter la résolution d’un meurtre par un personnage historique célèbre. Gyles Brandreth propose au lecteur un véritable voyage dans le temps, une reconstitution très riche et solide s’appuyant sur l’actualité : par exemple, allusion au meurtre de Marie Aguétant que Robert et Oscar avait rencontrée à Paris, aux crimes de Jack l’éventreur d’août à novembre 1888, au scandale de Cleveland Street; mais aussi évoquant  des lieux (le Collin’s Music Hall ouvert en 1862, au Cadogan Hôtel, un des hôtels de luxe les plus prestigieux de Londres) ainsi qu’à des événements touchant à la vie privée du poète (son mariage avec Constance en 1884, son emprisonnement et son arrestation).

L’intrigue

31 août 1889 : Cowley Street :Oscar découvre le cadavre de Billy Wood, la gorge tranchée avec toute l’apparence d’un meurtre rituel (position du cadavre, bougies allumées). Il avait rendez-vous dans cet endroit avec un élève à qui il donnait des cours et ne s’attendait pas à y trouver Billy, ni mort, ni vivant d’ailleurs alors que son élève ne s’y trouvait pas.

  • En rentrant chez lui, le même soir, Robert aperçoit Oscar. monter dans un fiacre en compagnie d’une femme inconnue, le visage défiguré.
  • 1er septembre 1889 : Oscar. décide de découvrir qui a tué Billy et pourquoi. Il demande conseil à son ami A. C. Doyle.
  • Afin de prouver qu’il n’a rien inventé, Oscar. emmène Robert et Arthur avec lui au 23 Cowley Street mais la pièce est vide et propre, sans aucune trace d’un quelconque cadavre. Arthur lui conseille alors de raconter son histoire à son ami Fraser, inspecteur de police.
  • Mais sans cadavre et sans indices, il est difficile pour Fraser de faire quoi que ce soit. D’où la décision d’Oscar de résoudre lui-même le mystère.
  • 16 octobre 1889 : Oscar. décide de visiter les 37 établissements mortuaires de la capitale à la recherche du cadavre de Billy resté introuvable. Sans succès.
  • 2 janvier 1890 : la tête de Billy livrée au domicile d’Oscar comme cadeau d’anniversaire pour Constance.
  • 25 janvier 1890 : Oscar découvre que Billy avait un rendez-vous à 1 minute du 22 Little College Street où se tient le dîner mensuel du groupe de Bellotti, le mardi 31 août 1889 au 23 Cowley Street à 14h, là où Osacr. l’a découvert; Billy, rasé de près et sur son 31, avait vraisemblablement un rendez-vous amoureux alors qu’il avait dit à tout le monde qu’il devait rencontrer son oncle.
  • 27-28 janvier 1890 : Oscar, Robert, Fraser et sa fiancée partent en voyage à Paris.
  • 29 janvier 1890 : le jeu décisif, dénouement.

Les personnages

  • Oscar Wilde : environ 35 ans ; léger embonpoint, tenue excessivement recherchée ; visage rouge ; front altier ; chevelure ondulée couleur noisette. Grande générosité. Prévenant, d’une grande courtoisie, très bonnes manières en toutes circonstances.
  • Billy Wood : 16 ans , prostitué. Presque illettré mais intelligent, esprit pénétrant, mémoire remarquable, capacité de concentration exceptionnelle, avide d’apprendre. Oscar lui enseignait la poésie, l’emmenait au théâtre. Billy était un acteur-né.
  • Robert Sherard : séparé de sa femme ; grand ami d’Oscar ; arrière petit-fils par sa mère du poète W. Wordsworth.
  • Arthur Conan Doyle : ami d’Oscar ; médecin de campagne ; marié ; domicilié à Southsea. Yeux bleus, tristes, moustaches de morse, jeune, bel homme ; a fait ses études au Stonyhurst College, collège privé jésuite ; franc et honnête.
  • Willie Wilde : frère d’Oscar.
  • Aidan Fraser : policier à Scotland Yard ; ami d’Arthur Conan Doyle ; écossais ; personnage fictif ; inspecteur en chef de 5 des 17 divisions de la « met ». 32 ans mais paraît plus jeune : paupières tombantes, traits nets, harmonieux, teint pâle comme de la craie, front lisse, cheveux sombres, presque noirs, coiffés en arrière, sans raie, portés longs. Grand, mince, athlétique, carré. Fait la connaissance d’Arthur à l’université d’Édimbourg. Seul héritier de la fortune familiale, décide à 21 ans de s’installer à Londres pour intégrer le département d’investigation de la Police Métropolitaine ( Met).
  • Constance Lloyd Wilde, épouse d’Oscar, 1858- 1898 ; militante en faveur des femmes. Amie et alliée de son mari, ne lui fit jamais défaut ; elle l’aima pour le meilleur et pour le pire. Belle, manières parfaites, grande culture littéraire et très intelligente. Parlait italien et français, et apprenait l’allemand pour faire plaisir à Oscar. A perdu son père à 16 ans ; relations difficiles avec sa mère.
  • Gérard Bellotti : d’une corpulence invraisemblable. « Crapaud immobile dont seuls les yeux bougent, tenue bariolée, chevelure grasse, dense et frisée, teinte au henné ». Travaille pour O’Donovan et Brown, premiers pourvoyeurs de personnel de maison en provenance d’Irlande ; sergent recruteur à la recherche de jeunes garçons cireurs de chaussures ou chasseurs.
  • Edward O’Donnell : mal rasé, négligé, incapable de se tenir debout, a l’air d’une brute et d’un alcoolique, la cinquantaine, carrure de bœuf, étincelle de folie dans le regard.
  • Mrs Wood Susannah, mère de Billy. Mince, pâle, tout de gris vêtue, 34 ans, yeux vert pâle, cheveux cuivrés parsemés de gris, rides autour de la bouche mais belle malgré ses défauts. Grande, posture fière.Fille illégitime de Thomas Wood, avoué du centre de Londres. Orpheline à 5 ans, élevée par un couple âgé qui avait travaillé pour son père.
  • Veronica Sutherland : fiancée d’Aidan Fraser. Très belle, beaucoup d’allure : visage fin et allongé, nez aquilin, immenses yeux verts, cheveux roux, 24 ans.

Les lieux

  • Cowley Street, à Westminster, non loin du Parlement, n°23 : endroit où Oscar a fait la connaissance de Billy qui posait pour des peintres.
  • Club l’Albemarle, situé au 25 Albemarle Street près de Picadilly.
  • Langham Hôtel ; situé sur Regent Street au centre de Londres, ouvert en 1865, un des plus luxueux et prestigieux établissements londoniens où Oscar avait ses habitudes.
  • Tite Street : domicile d’Oscar, près des berges de Chelsea : grande et solide maison en briques.
  • John Simpson’s Grand Divan Tavern sur le Strand, ouverte en 1828, un des restaurants les plus célèbres de Londres.
  • Dungannon Cottage Marble Rink à Knightsbridge : patinoire bâtie par Henri Melville.
  • Le château, Harbour Street à Broadstairs : station balnéaire du sud-est de l’Angleterre, proche de Douvres ; adresse de la mère de Billy.
  • Gower Street : adresse de Robert.
  • Oxford : ville symbole de la jeunesse et des études qui attire particulièrement Oscar.
  • 75 Cover Sloane Street : domicile de Fraser.

Mon avis

J’ai beaucoup apprécié ce roman policier original, aux dialogues vifs et intelligents, avec une pointe d’humour toute britannique. Malgré certains faits qui n’échappent pas au lecteur de romans policiers averti, le rebondissement final assure à l’intrigue un louable effet de surprise. Quel plaisir de déambuler aux côtés de cet homme exceptionnel que fut Oscar Wilde! Gyles Brandreth nous donne ainsi le regret de ne pas l’avoir rencontré au moins une fois dans la loge du Lyric Théâtre, à la table d’un luxueux restaurant à déguster des huîtres, dans son salon victorien à l’écouter pérorer sur ses contemporains…

Un bémol toutefois : la peinture par trop idyllique de la vie et du couple d’Oscar Wilde, comme si l’auteur les avait revêtus d’un vernis très fin sous lequel pinte une réalité moins belle, plus sombre, plus conforme à la personnalité contrastée du grand poète. Cela dit,  » Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles » est à savourer tranquillement assis au coin d’un bon feu, dans un fauteuil confortable avec une seule envie, dès la dernière page tournée, lire le volume suivant…

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Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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