Gilles DEL PAPPAS : Le Goya de Constantin

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Gilles DEL PAPPAS - Le Goya de Constantin
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  • Éditions De Borée le 14 juin 2018
  • Pages : 256
  • ISBN : 9782812923746
  • Prix : 18,90 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Constantin a l’occasion, dans ce Marseille de la fin 1980, de voir un Goya. Il adore ce peintre. Le tableau en question n’est pas référencé, mais pourtant célèbre. En fait personne ne sait qu’il existe. Avec la complicité de la conservatrice du musée où il est entreposé, il décide de le voler et d’aller le vendre à Hambourg. Le vol se passe bien, mais la conservatrice est tuée par une bande rivale. Constantin, pour aider la petite fille malade et orpheline de celle-ci, décide de continuer l’aventure. Hambourg lui plaît, mais il est poursuivi. Il rencontre le courtier qui authentifie le tableau. Mais les voyous à ses trousses le pressent et font pleuvoir les cadavres autour de lui. Il rencontre alors le célèbre commissaire de police de Hambourg Bella, une femme déterminée, qui va planquer Constantin, le courtier et le tableau dans une maison à la campagne. Hélas ils ont été suivis et le dénouement sera sanglant.

Ce 22ème épisode des aventures de Constantin est un virage. En effet c’est la première fois que celui-ci viole consciemment la loi. Bien sûr, c’est pour une très bonne cause.

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Constantin a accepté de rendre service à une amie à le rejoignant dans le musée où elle travaille. Elle lui montre une toile de Goya inconnue qui fait partie d’un triptyque. Sa valeur supposée est énorme, elle demande à un Constantin de voler ce tableau.

Notre homme a un cœur en or. Et si il sent une femme en détresse, il ne peut dire non. La subtilisation du bien se déroule parfaitement . Or à la sortie, un conducteur tente de le renverser. Heureusement les Marseillais peuvent être solidaires et le patron d’un bar a tiré sur le chauffard.

La jolie conservatrice est retrouvée défenestrée. Elle laisse derrière elle un tableau que Constantin doit gérer mais aussi une orpheline (inconnue au bataillon) souffrant d’une pathologie rare.

L’affaire doit être menée jusqu’au bout, la vie de la mignonne en dépend. Constantin ne reculera devant rien : partager son wagon-lit avec une inconnue, déambuler, courir voir bondir dans les rues de Hambourg aux côtés d’un amateur d’art à qui il doit faire confiance. Et même mettre sa vie entre les mains de l’atypique flic Bella.

Le texte est gourmand, rythmé et généreux. L’auteur joue avec ses personnages et les lecteurs. Il y a des scènes dignes de Bebel dans ses grandes heures. Course poursuite sur un bateau, saut sur la tenture d’un magasin. Del Pappas puise des mots dans la langue marseillaise donnant une jolie musicalité un texte. On alterne l’humour et le noir en bondissant d’un mot à l’autre. Le texte se lit à bâtons rompus.Comme si la logique se dessinait dans le chaos. Le Constantin a sa mythologie et il ne laissera pas sa vie dans les filets de pêche des Parques. Cet épicurien tient trop aux bonnes choses de la vie, à son fils et à ses proches pour laisser deux ou trois balles le mettre en terre. Enfin si il accepte une légère pause, c’est pour mieux savourer l’ivresse à venir.

« Le Goya de Constantin » publié aux Editions De Borée c’est aussi une immersion passionnante dans le milieu de l’art. Notamment le travail réalisé par un artiste, l’auteur évoque deux tableaux l’un où le personnage féminin est complément nu et l’autre où il est vêtu. Il existerait un tableau intermédiaire. Pour étudier le travail d’un artiste, il y a aussi ce qui se cache sous la peinture. En toute humilité, Del Pappas devient pendant plusieurs heures votre guide dans le milieu de l’art et ses méandres.

Je ne vais pas vous dévoiler tous les secrets de cette œuvre mais plutôt vous inviter à déambuler dans ce texte. Constantin va vous régaler, il ira même jusqu’à vous confier ses recettes de cuisine à la fin de l’ouvrage.

De vous à moi, il est fort possible que je retourne du côté de Marseille très prochainement, Constantin a l’art de recevoir ceux qui l’aiment.

En bonus dans cet opus, une visite de la plus grande ville portuaire allemande et on a vraiment l’impression d’y être.

L’AVIS DE CATHIE L.

Fils d’un père grec et d’une mère italienne, Gilles Del Pappas est un romancier français auteur de romans policiers humoristiques et d’ouvrages pour la jeunesse. Très tôt, il s’intéresse à l’image, à la photographie, puis à la peinture et au cinéma par lequel il appréhende l’écriture. En 1998, il publie son premier roman, Le Baiser du congre, premier titre d’une série policière humoristique ayant pour héros Constantin le Grec. Il écrit dans la foulée deux autres récits sur la cité noire phocéenne Bleu sur la peau (1998) et Le Jobi du Racati (1999). Pendant deux décennies, Del Pappas poursuit la série Constantin suivie par un fidèle public.

En parallèle, il publie des romans humoristiques, des récits autobiographiques et des romans de littérature d’enfance et de jeunesse, dont la série ayant pour héroïne la détective amateur en culottes courtes Gwendoline Strawberry.

En février 2002, Gilles Del Pappas reçoit le Grand prix littéraire de Provence pour l’ensemble de son œuvre et, en 2007, le prix du polar lycéen d’Aubusson pour Le Baiser du Congre. Il est l’un des auteurs représentatifs du polar méditerranéen. En 2010, la ville de Sablet lui remet le grand prix pour l’ensemble de son œuvre.

Le roman

Le Goya de Constantin, 22e épisode des aventures de Constantin le Grec, est paru aux éditions De Borée le 14 juin 2018. Le récit alterne l’usage de la première personne au présent quand il est raconté par Constantin lui-même, ou à la troisième personne au passé pour les passages dont il n’est pas l’acteur.

Le style : un déroutant mélange de langage courant, voire familier : « Il est vrai que mon pénéquet m’a bien fait défaut, j’ai un peu du mal à arquer, et mon élocution manque de souplesse. » (Page 125), de vocabulaire soigné, choisi, comme dans cet extrait : « Mais trêve de billevesées, voyons les choses en face, pas de faux-fuyant, n’ergotons pas devant le bilan » (Page 15), de mots en patois provençal égayant çà et là le propos : « Marseille et sa rade sont de vraies banastes à gallines ! Du temps où j’avais mon pointu, j’en avais embarqué, des estrangères ! » (Page 25) ainsi que de plaisantes formules dont je ne vous donne ici qu’un faible aperçu : « Bienheureux les fous, car ils bronzent à l’intérieur de l’âme, grâce aux fêlures qu’ils ont dans le crâne ! » (Page 16), avec pour résultat un style hybride, réjouissant à souhait, bien personnel à l’auteur.

L’intrigue

Tout part d’une remarque en apparence anodine émise par Estello, amie de Constantin, conservatrice du petit musée Borély, à Marseille : « Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas répertoriées. Des tableaux surtout. Des artistes célèbres. » C’est alors que le jeune homme apprend qu’au fin fond du musée dort une toile de Goya, troisième version du célèbre tableau « La Maja vestida » où la jeune modèle n’apparaît non pas nue ou vêtue, mais le buste dénudé, version que tous les connaisseurs pensaient n’être qu’une légende.

Personne ne sait comment il est arrivé là, ni ne l’a jamais vu, en tout cas pas récemment, à part Estello et Constantin. Et s’il disparaissait des caves du musée pour réapparaître dans une salle de vente à Londres, Berlin ou New-York, qui s’en soucierait ? Et qui peut dire quelle somme faramineuse un collectionneur serait prêt à débourser pour l’acquérir ? Pour la bonne cause, pour financer le traitement très coûteux qui permettrait à une adorable petite fille de guérir d’une terrible maladie ? Evidemment, présentée sous cet angle, la proposition d’Estello se défait de ses oripeaux d’illégalité.

Oui, mais Constantin ne se doute pas qu’en dérobant le tableau il attise la convoitise d’individus fort peu recommandables, devenant la proie d’une bande de malfaiteurs prêts à tout pour le récupérer. Avec l’aide de Gerhard, il se retrouve embarqué dans une folle aventure au cœur de Hambourg, ville portuaire bien moins clean qu’il n’y paraît de prime abord !!

Les lieux

La cité phocéenne représente, dans la série Constantin bien plus qu’un décor de roman; elle incarne un personnage incontournable dont l’auteur nous fait découvrir des facettes méconnues et inattendues : son patois, ses paysages loin des chemins touristiques, ses mille visages, sa gastronomie aussi… A chaque syllabe, transpire l’amour profond que Del Pappas ressent pour elle. Comme dans ce passage dans lequel il décrit le parc du château Borély :

« Le parc est frais, émeraude, bienvenu. Après les grilles imposantes, les jardins, pauvres à cette époque de l’année…A gauche, l’hippodrome qui, très beau, doit dater des années 1930 avec une casquette ambitieuse, des formes audacieuses, tout blanc. On peut imaginer sans peine les robes et capelines délicates des bourgeoises marseillaises, on rêve aux hauts-de-forme tenus par les édiles car, par mistral, tout doit s’envoler…De tout cela, il se dégage une idée de gaieté, de légèreté…Que j’aimais cette cité et ses divers habitants, mais qu’est-ce que je détestais ces édiles incapables, bouffons, gros malins! Une vraie ville populaire, intelligente, sensible, créatrice, prenant elle-même en charge les incapacités de ses dirigeants. » (Pages 22-23).

Cela dit, l’action de ce 22e opus ne se déroulant pas entièrement à Marseille, Del Pappas nous fait voyager jusqu’en Allemagne, Hambourg plus précisément dont il nous donne un aperçu suffisamment réaliste pour contenter notre appétit de nouvelles découvertes touristiques :

« Dans l’immense hall, beaucoup de boutiques de gâteaux odorants, les gens font tranquillement la queue pour y être servis. Il y a une efficacité organisée, si loin de ma culture latine brouillonne et anarchique que j’en ai le vertige. Pas un papier gras, pas de poubelle débordante, pas un clochard éructant des insultes. » (Page 84)… »Les Hambourgeois sont fiers de leur cité! Son nom officiel est Freie und Hansestadt Hamburg, c’est-à-dire « ville affranchie et hanséatique de Hambourg ». » (Page 104)

Et y ancrer son intrigue : « De nuit, la ville est encore plus belle, environnée de brouillard montant de l’eau de l’Elbe avec, quand nous arrivons sur les quais, toutes les lumières des porte-containers. Les grues sont autant d’insectes étranges, maigres et actifs.

En conclusion

Ce que j’ai aimé dans ce roman : le monde de la peinture et des peintres suffisamment esquissés pour donner de l’ampleur au propos de l’auteur ; les scènes d’action détaillées et très crédibles donnant du souffle et du rythme à l’intrigue ; le contraste pas trop caricatural entre deux cultures diamétralement opposées simplement en soulignant les caractéristiques de chacune sans les comparer ; le ton léger, faussement innocent ; les personnages drôles et attachants ou intrigants pour les gentils, ou carrément patibulaires pour les méchants, comme dans les comédies policières qui ont fait la gloire du cinéma français à une époque malheureusement révolue…

Ce que je n’ai pas aimé : après mûre et profonde réflexion… Rien !!

 

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Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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