Frédéric ERNOTTE : Ne sautez pas !

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Parution aux éditions Lajouanie en aout 2016

Est-ce forcément mal de ne pas faire le bien ? Assis sur le toit d’un des plus hauts gratte-ciel de Bruxelles, Mathias est songeur. Les jambes du laveur de vitres balancent dans le vide à plus de cent mètres du sol.

Alors qu’il réfléchit au travail d’intérêt général que la justice lui a imposé (vendre en porte à porte des gadgets pour une association humanitaire), un homme paniqué surgit derrière lui. Mathias ne le sait pas encore, mais la minute qui va suivre va radicalement changer sa vie. Un engrenage impitoyable vient de s’enclencher…

(Source : Lajouanie – Pages : 304 – ISBN : 9782370470737 – Prix : 19,00 €)

L’AVIS STANISLAS PETROSKY

Un type qui a roulé un peu trop vite, tribunal, travail d’intérêt général : vendre des breloques au profit d’une association, voilà à quoi se résume la vie de Matthias laveur de vitre de haute voltige. De haute voltige parce que ce n ‘est pas le double vitrage de ta véranda qu’il vient nettoyer, mais les carreaux des gratte-ciels qui plafonnent à plus de 100 mètres de haut.

Un jour avant de bosser, tout comme toi tu baques ton cul sur le coin de ton bureau juste avant de le poser dans ton fauteuil à roulettes, lui pose son céans sur le rebord d’un immeuble contemplant la ville depuis son perchoir.

Il n’en faut pas moins pour partir dans un quiproquo qui va entrainer Matthias dans une drôle de spirale. Matthias va jouer l’escroc romanesque, un Robin des baies vitrés. Mais ce jeune homme va se laisser entrainer dans une furieuse aventure ayant mis le doigt dans un engrenage qui risque de lui bouffer le bras si ce n’est plus.

Bien sûr c’est trop, cet anti-héros, personnage solidement planté par l’auteur, est trop, mais c’est cela qui est bon. C’est une comédie humanitaire où Ernotte bien caché derrière un humour fin titille quelques points névralgiques. D’un côté le confort de l’européen qui hurle de s’être fracasser le gros orteil contre le coin de l’armoire, la saloperie, un meule sournois l’armoire qui t’attaque toujours au réveil, quand tu t’y attends le moins ! D’un autre le pauvre africain qui crève d’Ebola pendant que l’on s’en fout.

Deux poids deux mesures, comment comparer ?

Puis surtout des questions existentielles : Est-ce que faire un don à une association nous rend « bon » ? Est-ce aussi important que de partir aider sur place ? est-ce que les riches sont des salauds ?

Ernotte joue avec nous, provoque, fait réfléchir, fait sourire, rire…

Matthias n’est pas Matthias, il est une sorte d’héritier des François Pignon, tu sais les personnages de Francis Veber, ces types jamais méchants, un peu gourd, dindon de la farce, gentil, le genre de type dont on abuse de la bonté, qui se font piéger par les autres. Matthias ce serait celui des Compères, un chic type qui ne maitrise pas tout à fait son destin, un utopiste au grand cœur, mais légèrement maladroit et surtout excessivement naïf.


L’AVIS DE CHRISTOPHE DUBOURG

Assis sur le toit d’un des plus hauts gratte-ciel de Bruxelles, Mathias, un laveur de vitre débonnaire, est songeur. Les jambes du laveur de vitres balancent dans le vide à plus de cent mètres du sol. Alors qu’il réfléchit au travail d’intérêt général que la justice lui a imposé (vendre en porte à porte des gadgets pour une association humanitaire), un homme paniqué surgit derrière lui. Mathias ne le sait pas encore mais les minutes suivantes vont radicalement changer sa vie.

Un engrenage impitoyable vient de s’enclencher…

Sans arme, ni haine, ni violence est le titre d’un film de braquage, un « heist movie » comme le nomment les américains. Et bien la phrase s’applique parfaitement à « Ne sautez pas ! » le roman de Frédéric Ernotte. Parce qu’il représente quelque part, non pas le film, mais le livre de braquage ultime, sans armes, ni haine, ni violence, donc. Avec pour gros supplément d’âme, le braquage de votre cœur.

J’ai l’impression d’être comme le personnage principal, Mathias… parce qu’il n’est pas aisé pour moi de rendre justice.

A ce livre et ces mots.

Pas certain d’être à la hauteur (Hum !) du bouquin. Pas évident, des superlatifs plein la tête, de les laisser à vos yeux sans passer pour l’enflammé de service, pas évident non plus d’exprimer mon ressenti quand une nuit seulement me sépare des derniers mots du bouquin… Perso, le temps ne changera rien à l’affaire, je m’embrase, oui… mais tant mieux, parce que j’ai vraiment beaucoup aimé, alors j’assume et je le scande ! « Ne sautez pas ! » est un coup de cœur. Un peu comme le « Toxique » du début d’année (le Tackian, hein pas l’Avenger…)

Un peu… parce que les deux romans n’ont rien à voir du tout, du tout, sinon l’amour de l’histoire bien racontée, des mots justes pour témoigner (sans en avoir l’air) de la déliquescence, des failles de la société actuelle. Mais aussi des espoirs permis, de l’amour qui lie les êtres. (Dernière phrase cul-cul la praline avec option Bisounours, je sais…)

Un florilège de phrases enlevées, de bons mots jamais assénés lourdement, parsème les 292 pages du roman. C’est fluide, il y a du style, de la maitrise et surtout, jamais ça ne parait formaté, « calculé », même si l’on imagine bien le travail effectué pour l’homogénéité de l’ensemble. Ce que je vous écris là résonne peut-être comme un cliché ; (zut, ça signifie que je fais mal mon taf) mais ce n’est jamais le cas. NSP (oui, faut bien que je gagne de la place…) ne transpire jamais la formule éprouvée. Authentique, je vous dis. Et quand on discute un peu avec l’auteur belge, on comprend pourquoi NSP donne la frite (Pfff facile) et la banane, vous plaque un sourire en technicolor sur la tronche. NSP vous fait vous demander pourquoi ce qu’on qualifie de Feel good movie ne s’applique pas encore aux livres. Un Feel good book, oui…

Elisa a toujours vu un héros en moi. De tous ceux qui existent, pourquoi ai-je choisi Robin des Bois ? Je ne sais pas tirer à l’arc. Je raterais une pomme à bout portant. En plus, la simple idée de mettre des collants me tord le bide de honte.

Un extrait non représentatif de la richesse du bouquin… Il faudrait citer le livre entier pour avoir une idée des euh… idées de Frédéric Ernotte. Des idées ? Oui Mais pas que. Il y a également une arrière-boutique planquée derrière la vitrine du laveur de carreau. Oui, dans le fond…Enfin, j’dis ça pour la forme… Et du fond, NSP n’en manque pas. Il n’y a même pas à jouer au spéléologue confirmé pour l’atteindre ce fond, pas de sous texte alambiqué à déterrer qui réclamerait une maitrise de philo… Non, il s’intercale parfaitement et avec légèreté dans les pages du roman.

Le ramage est aussi beau que le plumage, pour citer La fontaine…

NSP ne manque pas d’interrogations dans lesquelles chaque personne peut s’identifier, se retrouver, comprendre, apprendre. Le propos des ONG, représenté par le personnage de Raphaël par exemple. Les réalités du métier, faites de compromis, d’impuissance mais aussi d’espoir et de petits bonheurs. L’une de ces interrogations conditionne Mathias, et même le roman entier : Est-ce forcément mal de ne pas faire le bien ?

Mathias est semblable à certains d’entre nous, à l’aise dans ses baskets de par sa vie amoureuse, nettement moins dans son positionnement social. (Quoique pour d’autres, l’inverse prévaut). Il cherche, creuse, s’embourbe. Que faire de sa vie ? De la vie ?

Oh, il va trouver le Mathias. Mais le chemin emprunté, tortueux, loufoque, dramatique, ne va clairement pas être celui sur lequel il s’imaginait vadrouiller au départ. Pas vers une voie de garage, sans issue, mais pas non plus sur un long fleuve tranquille, la balade.

Un livre empreint d’une grande humanité. Avec Frédéric Ernotte, les personnages ne sont jamais blancs ou noirs, (je parle de leur caractère, hein !) pas de manichéisme de bas étage, de romance hollywoodienne convenue (pléonasme), rien de tout ça… Mathias et Elisa forment un duo dans l’air du temps, entre amitiés contrariés, petits tracas quotidiens, coups d’éclats amoureux. Comme beaucoup d’entre nous.

Ils naviguent ainsi entre deux eaux, imparfaits et touchants dans les flots gris du quotidien. Profondément humains, quoi !

Gentil et maladroit, Mathias pourrait être le pendant belge du François Pignon de Veber, comme l’a justement mentionné Stanislas Petroski dans sa chronique. Mais d’autres facettes du personnage (tout comme celui d’Elisa) amènent aussi à la chronique sociale, versant doux-amer.

Un dernier mot extra livresque…

Les éditions Lajouanie se caractérisent par des couvertures graphiquement splendides, accrocheuses sans être racoleuses, et par une sorte de tagline (une phrase d’accroche) pour chaque roman. Roman d’anticipation mais pas que… Roman policier mais pas que… ou Roman pas policier mais presque… fleurissent ainsi sous chaque titre de l’éditeur. Et si c’est bien à un roman pas policier mais presque, que nous convie Fréderic Ernotte, je me permets de remplacer l’accroche par une autre : Roman coup de cœur, c’est clair…

Et mon Dieu… quelle couverture !

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Amateur passionné de romans policiers, il est l’auteur d’une nouvelle, « Blind test », et de deux romans en quête d’éditeurs.

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