PRÉSENTATION ÉDITEUR
On l’a peint soigneusement sur les treize portes d’un immeuble, dans le 18e arrondissement de Paris : un grand 4 noir, inversé, à la base élargie. En dessous, trois lettres : CLT. Le commissaire Adamsberg les photographie, et hésite : simple graffiti, ou menace ?
À l’autre bout de la ville, Joss, l’ancien marin breton devenu crieur de nouvelles est perplexe. Depuis trois semaines, une main glisse à la nuit d’incompréhensibles missives dans sa boîte à messages. Un amuseur ? Un cinglé ? Son ancêtre murmure à son oreille : « Fais gaffe à toi, Joss. Il n’y a pas que du beau dans la tête de l’homme. »
Origine | |
Éditions | Viviane Hamy |
Date | 15 octobre 2001 |
Éditions | Magnard |
Date | 13 juin 2006 |
Éditions | J’ai Lu |
Date | 6 octobre 2005 |
Pages | 352 |
ISBN | 9782290349311 |
Prix | 7,10 € |
L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ
Crieur d’Apocalypse ?
Paris est-elle victime d’une étrange malédiction ? On retrouve sur les portes des immeubles une sorte de grand inversé. Le commissaire Adamsberg sent qu’une menace plane sur la capitale.
Joss le Guern, le Crieur, s’interroge sur l’origine des textes écrits en latin ou en vieux français glissés dans sa boite à message. Ils annoncent tous le retour du Fléau….
En commençant la lecture de ce roman, j’ai été captivée par l’histoire puis j’ai eu la sensation de longueur. Fred VARGAS a un style littéraire très intéressant mais il y a un je-ne-sais-quoi qui m’irrite un peu. Elle fait des portraits très riches mais j’ai du mal avec ses personnages, je n’accroche pas du tout avec le commissaire Adamsberg (sa personnalité, son phrasé).
Je sais que de nombreux lecteurs feront des bonds à la lecture de ces lignes mais je préfère être honnête sur mes sensations vis-à-vis des romans que je découvre.
L’AVIS DE CATHIE L.
Pars vite et reviens tard, troisième enquête du commissaire Adamsberg, a été publié en 2001 par les éditions Viviane Hamy. Le style de Fred Vargas, inclassable, inimitable, accorde aux mots leur vie propre, les laisse vagabonder, se perdre et se retrouver, dans une sarabande qui n’a de folie que l’apparence.
L’originalité du roman réside dans ses délicieuses comparaisons :
« Il lui semblait que le Crieur voulait s’assurer de sa présence, qu’il se figurait l’avoir ferré à l’usure, comme un vulgaire poisson. Car le Breton n’avait rien fait d’autre qu’appliquer à la ville ses réflexes brutaux de pêcheur, ramenant dans ses rets les flots des passants comme autant de bancs de morues, en véritable professionnel de la capture. Passants, poissons, du pareil au même dans sa tête ronde, preuve en était qu’il leur vidait les entrailles pour en faire son commerce. » (Page 25)…
…dialogues fameux :
« -Vous n’essayez pas de me rouler dans la farine, Decambrais? -Pour quoi faire? -Pour jouer au jeu du type qui sait tout et du type qui ne sait rien. Au jeu du malin et du crétin, du culte et de l’inculte, du gnare et de l’ignare. Parce qu’à ce jeu-là, je peux vous embarquer en haute mer moi aussi, et sans gilet de sauvetage. » (Page 95).
Humour : L’un des traits distinctifs du style de Fred Vargas est son humour un peu décalé, à l’image de ses personnages :
« – Gardez la tête froide, commissaire, dit Lucien en sortant de la pièce. Marc est tatillon, comme tous les médiévistes. Il se perd dans le détails et passe à côté de l’essentiel. – Qui est ? -La violence, commissaire. La violence de l’homme. – Qu’est-ce qu’il fait votre ami ? -Son premier métier est d’irriter le monde mais ce n’est pas payé. Il exerce cette activité bénévolement. » (Page 167).
Thèmes : le pouvoir des mots, la solidarité, les peurs ancestrales, le droit à la différence, difficulté à trouver sa place dans une communauté.
L’intrigue
Depuis trois semaines, Joss, le crieur du carrefour Edgar Quinet-Delambre, non loin de la gare Montparnasse, trouve de curieux messages dans son urne :
« Et puis, quand les serpents, chauves-souris, blaireaux et tous les animaux qui vivent dans la profondeur des galeries souterraines sortent en masse dans les champs et abandonnent leur habitat naturel; quand les plantes à fruits et les légumineuses se mettent à pourrir et à se remplir de vers(…) » (Page 23).
Tandis que Maryse Petit vient signaler la présence de tags représentant des « 4 » dessinés à la peinture noire sur toutes les portes des appartements de son immeuble. Surle coup, le commissaire Adamsberg n’accorde pas d’importance à sa déposition , mais quand d’autres « 4 » identiques apparaissent sur les portes de trois autres immeubles du 18e arrondissement, Adamsberg commence à penser que cette affaire n’est finalement peut-être pas aussi anodine qu’il le pensait.
Pendant ce temps, les petits messages annonciateurs de peste continuent d’affluer dans la boîte de Joss, telle une menace sourde mais bien présente. Coïncidence? Blague de mauvais goût ? Ou réel avertissement? C’est alors que le premier cadavre est retrouvé comme annoncé, recouvert de taches noires. Dès lors l’affaire prend une tournure tragique. Le commissaire Adamsberg, bien qu’il s’attendait à une telle issue, est dépassé par son ampleur.
La police: Jean-Baptiste Adamsberg dirige le groupe homicide à la brigade criminelle de la Préfecture de police de Paris. Son équipe se compose du capitaine Adrien Danglard et de vingt-six adjoints. Adamsberg, récemment nommé, peine à faire accepter sa personnalité et ses méthodes pour le moins déroutantes. Néanmoins, au fur et à mesure des enquêtes, il trouve auprès de Danglard un véritable allié, même s’ils ne se comprennent pas toujours. Au vu des succès de son chef, le capitaine apprend à le respecter et à lui faire confiance.
Les lieux
Plus que les lieux ce sont les ambiances que Fred Vargas excelle à mettre en scène. L’ambiance de village qui caractérise la place où oeuvre le crieur avec pour point d’ancrage Le Viking où se retrouvent les habitués du quartier : « Afin d’annoncer le déjeuner, le patron frappa du poing sur une large plaque de cuivre suspendue au-dessus du comptoir. Chaque jour, au repas de midi et du soir, Bertin frappait sur son gong, laissant échapper un grondement d’orage qui faisait décoller en masse tous les pigeons de la place et, dans un rapide chassé-croisé de volatiles et d’hommes, rappliquer tous els affamés au Viking.
A cette ambiance paisible et un peu « pépère » de la vie du quartier s’oppose, plus loin dans l’enquête, la panique générale qui, peu à peu, risque de s’emparer des Parisiens si le semeur de trouble parvient à ses fins :
« Pas si on se retrouve à la tête de cinq milliers de quatre exécutés par cinq milliers de mains. Et je suis sans doute bien en dessous du chiffre. Des tas de gens vont obéir. Combien font dix-huit pour cent de deux millions? (…) Les crédules, les peureux, les superstitieux. Ceux qui craignent les éclipses, les nouveaux millénaires, les prédictions et les fins du monde. Ceux qui l’avouent dans les sondages, du moins. Combien cela fait, Danglard? -Trois cent soixante mille. -Eh bien, on peut s’attendre à quelque chose comme ça. Si la peur s’en mêle, ça va être un raz-de-marée. Et si l’on ne distingue plus les vrais 4, on ne distinguera plus non plus les vraies portes vierges. On ne pourra plus protéger personne. Et le semeur pourra déambuler comme il lui plaît, sans u flic qui l’attende à chaque palier. » (Page 194).
En conclusion
Qu’ajouter de plus sinon que, une fois encore, Fred Vargas nous bluffe par son talent exceptionnel à créer des intrigues originales, captivantes, animées par des dialogues savoureux et par des personnages hauts en couleur, aucunement caricaturaux, revendiquant leur existence comme de vraies personnes, avec leurs doutes, leurs faiblesses, leurs défauts et leurs qualités, leurs croyances et leurs blessures. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le commissaire et ses adjoints, je vous invite sans tarder à vous plonger dans ce roman que vous ne lâcherez pas avant la dernière page. Quant aux fans et connaisseurs, vous éprouverez, je n’en doute pas, un plaisir indicible à relire Pars vite et reviens tard, assurément un des meilleurs de la série.
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