Présentation Éditeur
Suivie par des millions de personnes, poursuivie par une seule
Les gens aiment Emmy Jackson, surtout sur Instagram où elle partage sa vie de famille et ses conseils de maman à son million de followers.
Son crédo : la sincérité, mais Emmy n’est pas aussi honnête qu’elle aimerait le faire croire à ses fans. En réalité, elle ne raconte pas ce qu’elle vit mais vit pour mettre en lumière son rôle de mère faussement imparfaite.
Dans sa quête de popularité, Emmy est prête à tout ; et une personne, tapie dans l’ombre de l’anonymat des réseaux sociaux, entend lui faire payer… Car les gens comme elle méritent de savoir ce que cela fait de tout perdre.
Quand votre vie s’étale sur les réseaux sociaux, quoi de plus simple que de vous tendre un piège ?
Origine | |
Éditions | Hugo & Cie |
Date | 3 juin 2021 |
Éditions | Hugo Poche |
Date | 1 septembre 2022 |
Traduction | Valéry LAMEIGNÈRE |
Pages | 442 |
ISBN | 9782755688283 |
Prix | 19,95 € |
L'avis de Cathie L.
Suivie Ellery Lloyd
Suivie, People like her dans la version originale parue en 2021, a été publié la même année par les éditions Hugo Thriller. Le style des auteurs est tonique, un subtil mélange de ton positif un rien désabusé :
« Jeune fille aux cheveux incoiffables et aux dents de lapin, encore empêtrée dans les rondeurs de l’adolescence, je rêvais déjà d’être directrice artistique dans le milieu de la mode. Et atteindre finalement mon but ne m’a pas fait déchanter : j’adorais vraiment ce boulot. Je n’ai jamais imaginé faire autre chose, comme le confirmera Polly, la plus gentille et la plus patiente des amies. La meilleure aussi. » (Pages 11-12).
Ajoutez à cela un zeste de ton léger et d’humour sarcastique :
« Pour atteindre la porte d’entrée, il faut passer devant l’escalier qui mène à l’étage (trois chambres et une salle de bain), puis devant le salon où se trouvent le canapé, la télévision et surtout les jouets, et enfin aborder le vestibule, toujours affreusement encombré. A l’issue d’un slalom entre un landau, une poussette, une draisienne, une trottinette et le portemanteau qui croule sous les vêtements, je marche sur la même licorne chantante et pousse un juron. » (Pages 31-32).
=> Ensemble qui rend les personnages plus sympathiques, plus proches des citoyens lambda que nous sommes.
Le récit est raconté à la première personne, au présent : la narratrice s’adresse directement au lecteur, créant avec lui un lien de complicité. Il l’écoute lui raconter son histoire.
Construction : un enchaînement désormais classique de chapitres du point de vue de Emmy, d’autres du point de vue de Dan, son mari, également à la première personne, et de passages en italique d’un narrateur non identifié, racontant une partie de l’histoire selon son propre point de vue. Cette alternance d’éclairages différents de la même histoire permet au lecteur d’en aborder divers aspects afin de se forger sa propre opinion sans se laisser influencer par l’un ou par l’autre.
Thèmes: la maternité et tous ses questionnements, ses remises en question ; l’hypocrisie et la superficialité des réseaux sociaux, leur toxicité, une virulente critique des méfaits d’Instagram :
« Et ce dont vous finissez par vous rendre compte quand vous passez du temps sur Instagram, c’est à quel point tout ça est soigneusement coordonné. Les hashtags. La façon dont toutes les instamums likent et commentent systématiquement leurs publications respectives. La façon dont elles font sans cesse la promotion des autres influenceuses de leur petite coterie, se mentionnant les unes les autres et s’identifiant entre elles. La façon dont elles rabâchent les mêmes messages, les mêmes thèmes. » (Page 178).
Emmy Jackson est une jeune femme très appréciée. Virtuellement. Par le million d’abonnées à son compte Insta sur lequel elle partage son quotidien et prodigue ses conseils de maman. Son credo : la sincérité.
« Chaque fois que je me connectais et lisais le commentaire d’une mère qui vivait les mêmes choses que moi, c’était comme si des bras traversaient l’écran pour me serrer un bref instant et m’insuffler un peu de vie. J’avais le sentiment d’avoir trouvé une famille, d’évoluer parmi les miens. » (Page 13).
Sauf que le personnage d’Instamum qu’elle s’est créé ne correspond pas tout à fait à la réalité, comme le dit Dan son mari :
« Allez savoir pourquoi, tandis que je l’écoute raconter son histoire à la salle qui est conquise -son histoire qui est aussi, dans une très large mesure, notre histoire-, je me surprends à tenir le compte du nombre d’anecdotes qu’elle exagère, déforme ou dramatise au point qu’elles en deviennent méconnaissables. J’abandonne au bout d’environ trois minutes. » (Page 17).
En réalité, pas une once de vérité dans ce monde virtuel fabriqué de toutes pièces :
« Le meilleur moment pour mettre mes publications en ligne se situe juste après le coucher des enfants, lorsque les mamans de mon million d’abonnées se versent leur premier verre de vin avant de se laisser happer dans un scroll frénétique au lieu de rassembler assez d’énergie pour s’intéresser à leurs maris. C’est donc l’heure que je choisis pour envoyer mes posts apparemment spontanés, improvisés, sur le vif, mais qui en réalité ont été soigneusement mis en scène, photographiés et écrits longtemps à l’avance. » (Page 42).
Bientôt, les doutes s’infiltrent dans l’esprit de Dan, qui supporte de plus en plus difficilement cette vie factice, exposée à tous : « Avons-nous commis une terrible erreur ? Que pouvons-nous faire pour nous protéger davantage ? Avons-nous, en exposant nos vies et celle de nos enfants sur Internet, pris une décision stupide, parfaitement insensée ? Mettons-nous Coco et Orson en danger ? Tout cela est-il mauvais pour nous ? Sommes-nous d’affreux parents ? Des êtres humains en dessous de tout ?
Questions légitimes lorsqu’une femme non identifiée, meurtrie par le drame qui lui a enlevé sa fille Grace, les guette dans l’ombre, avide de se venger d’Emmy pour ce qu’elle leur a fait (on ignore quoi). La menace qui gronde au loin se rapproche inexorablement…
Tout commence comme dans un film hollywoodien, une comédie romantique racontant la vie parfaite d’une famille parfaite: des parents qui s’adorent, qui adorent leurs deux petits, ne connaissent pas les affres des fins de mois difficiles… Partagent chaque jour cette vie idéale avec un million d’inconnu(e)s… Les pages défilent. Bien sûr le lecteur se tient à l’affût du grain de sable qui va immanquablement enrayer cette machine parfaitement huilée. Quand ? Comment ? Car tout le monde sait, en tout cas les gens qui font preuve d’un tantinet de jugeotte, qu’il est malsain d’exposer ainsi sa vie sur les réseaux sociaux, de s’offrir en pâture à toutes sortes de détraqués, de prédateurs…
Le propos de Suivie n’est pas de fustiger Internet et plus précisément Instagram, mais d’alerter sur les dangers et dérives possibles à exposer sa vie sur les réseaux sociaux. Car on ignore totalement qui se trouve derrière l’écran. Le destin d’Emmy pourrait être celui d’innombrables influenceuses. Il suffit de lire ce qui se passe sur la Toile pour comprendre que Suivie n’est pas qu’une fiction. Sans pour autant tomber dans la paranoïa…Moins on dévoile son quotidien à de parfaits inconnus, mieux c’est…
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