Une plongée dans les plaines perdues du Vermont. Un solide récit, court mais puissant dans ces contrées sauvages.
INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Sonatine janvier 2016 Parution aux éditions J’ai Lu en janvier 2017 Traduit par Fabrice Pointeau ans les fins fonds désolés du Vermont, la jeune Lilian est devenue la cible de Blackway, le truand local. Son petit ami a préféré fuir, elle a décidé de rester. Bien résolue à affronter celui qui la harcèle. Alors que le shérif se révèle impuissant, Lilian se tourne vers un étrange cénacle. Sous la houlette de Whizzer, ancien bûcheron en chaise roulante, quelques originaux de la région se réunissent chaque jour dans une scierie désaffectée pour disserter en sirotant des bières. Devant la détermination de la jeune femme, Whizzer décide de l’aider en lui offrant les services de deux anges gardiens peu ordinaires : un vieillard malicieux, Lester, et un jeune garçon, Nate, plus baraqué que futé. Avec eux, Lilian se met à la recherche de Blackway dans les sombres forêts qui entourent la ville pour s’expliquer avec lui. De bar clandestin en repaire de camés, la journée qui s’annonce promet d’être mouvementée, l’affrontement final terrible. (Source : Sonatine – Pages : 192 – ISBN : 9782355843877 – Prix : 17,00 €) |
L’AVIS DE JEAN-MARC VOLANT
La jeune Lilian est la proie d’un truand local, nommé Blackway. Ce type est redouté dans le coin et personne ne va lui chercher des noises. Pourtant la jeune femme, pas farouche, est décidée d’aller affronter cet homme pour qu’il cesse de la harceler. Elle va trouver de l’aide auprès du shérif. Mais celui-ci ne peut rien faire. Toujours décidée à retrouver cet homme, Lillian va se retrouver avec deux hommes, un peu paumés, un vieux et un jeune ; tous deux vont l’aider dans sa chasse. Bien décidés à en finir avec ce truand.
Une plongée dans les plaines perdues du Vermont. Un solide récit, court mais puissant dans ces contrées sauvages. Une galerie de personnages, tous bien ancrés dans ce roman, et qui ont tous une place bien acquise au sein du récit. Chacun tire sa part du jeu dans la recherche et la traque de Blackway. Des dialogues percutants, des situations bien mises en avant. Pas de choses inutiles, que l’essentiel dans ce récit, ce qui justifie son format court. C’est propre, c’est net, c’est carré. Que demander de plus à ce road-movie ?
Une bonne lecture bien dépaysante. A recommander si on aime les grands espaces et les personnages atypiques, un peu torturés.
L’AVIS DE LEA D.
Merci à J’ai lu !
Nous sommes au fin fond du Vermont, dans un endroit reculé où le truand local, Blackway, est bien décidé à faire respecter sa loi. Mais un jour, il se met à harceler la mauvaise fille. Si son petit ami a décidé de s’enfuir, de son côté Lillian est bien décidé à ne pas se laisser faire. Le shérif se révèle impuissant à l’aider, alors elle se décide à aller chercher de l’aide auprès d’un ancien bûcheron en chaise roulante, qui lui présente Lester, âgé mais sage, et Nate, fort mais dont la conversation n’est pas le point fort. Accompagnée de ces deux lascars, Lillian est bien décidée à confronter son tourmenteur et à reprendre le contrôle de sa vie.
Avant de commencer Viens avec moi, je ne connaissais absolument pas Castle Freeman Jr, mais le résumé de l’histoire m’a donné suffisamment envie pour me lancer dans l’aventure !
Surtout, ne vous attendez pas à un livre policier classique : ici, pas d’enquête pour résoudre un meurtre ou attraper un serial killer. L’action du shérif occupe la place de deux lignes, il n’y a pas d’enquêteur… Viens avec moi tient davantage du roman noir que du thriller proprement dit. Dans Viens avec moi, Castle Freeman Jr campe en quelques pages son intrigues, les lieux et les personnages. Un trio pour le moins inattendu et loufoque face au scélérat de la région ; toute l’action se déroule dans des lieux déserts, ces grands espaces américains où l’on sent toute la petitesse de l’homme face à la nature ; une tension qui se veut omniprésente à chaque instant…
Donc Viens avec moi est une lecture que j’ai trouvé très agréable et qui se lit très vite, peut-être même trop vite. Avec ses 250 pages, il faut que ça bouge rapidement ! Je n’aurais pas été contre une centaine de pages en plus, afin d’approfondir principalement la psychologie des personnages et leurs histoires, mais je ressors globalement satisfaire de ma lecture. Le fait d’en vouloir un tout petit peu plus est bien tout ce que je peux reprocher !
Un roman noir au rythme bien mené, une lecture que je conseille.
L’AVIS DE CATHIE L.
Viens avec moi, publié en 2008 aux USA sous le titre Go With Me, est le premier roman de Castel Freeman JR publié en France, en 2016 par les éditions Sonatine. Il a été adapté au cinéma en novembre 2016 par Daniel Alfredson, le réalisateur suédois auteur de la suite de Millenium. Il s’agit d’un roman noir oscillant entre le polar et le thriller.
Le récit court (251 pages), qui ressemble à un road trip miniature, se déroule en quelques heures, juste le temps de trouver le fameux Blackway. Pas de prologue, ni d’introduction. Les chapitres s’enchaînent selon deux points de vue : l’action en direct menée par le trio improbable formé de Les, Lillian et le grand Nate ; et les conversations qui meublent les journées d’ Alonzo Boot, dit Whizzer, et ses potes qui passent leurs journées à siroter des bières en devisant.
L’atmosphère ressemble à celle d’un western avec des dialogues à phrases courtes, parfois juste un mot ou deux, échangés à bâtons rompus par des personnages hauts en couleur, grâce auxquels le lecteur prend connaissance de bribes de l’histoire de chacun ou de celle du village, juste ce qu’il faut pour comprendre de quoi il retourne. Comme si nous débarquions dans ce coin perdu du Vermont et nous retrouvions avec eux afin de vivre leur quotidien le temps de quelques heures.
L’intrigue
7 heures du matin. Une femme dort recroquevillée dans sa voiture. Elle attend le shérif. Elle se dit épiée, suivie, harcelée par un homme, Blackway. Le shérif le connaît. Et même très bien. Elle l’accuse d’avoir cassé la lunette arrière de sa voiture et égorgé son chat. Mais en l’absence de preuves, le shérif ne peut rien faire : « Je peux pas l’arrêter à cause de ce qu’il veut faire, dit-il. Ça se passe pas comme ça. C’est pas la loi. » (Page 16). Mais il lui conseille d’aller un certain Whizzer et de lui parler de son problème. Sans doute pourra-t-il l’aider à résoudre son problème, d’une manière ou d’une autre. C’est ainsi que Les et le grand Nate se joignent à Lillian à la recherche de Blackway.
Les personnages
- Ripley Wingate : shérif.
- Lillian : jeune femme âgée d’une trentaine d’années; longs cheveux bruns qui lui descendent dans le dos, très mince ; forte tête, la langue bien pendue.
- Alonzo Boot, dit Whizzer : ancien bûcheron; en fauteuil roulant depuis son accident, dix ans plus tôt ; célibataire; directeur de la scierie qu’il a héritée de sa famille. « Ils appelaient la machine le Whizzer à cause du bruit qu’elle produisait, et, au bout du compte, le nom du véhicule était devenu celui du véhiculé. » (Page 24).
- Coop : pote de Whizzer.
- D.B. : pote de Whizzer.
- Conrad : pote et beau-frère de Whizzer ; intelligent mais ne connaît pas le territoire donc il pose toujours des tas de questions.
- Le grand Nate : jeune homme qui « travaille » pour Whizzer ; grand, les os longs, les poignets épais ; n’a peur de rien, à ce qu’il dit.
- Lester Speed, dit Les : pote de Whizzer, vieux, boiteux mais un dur à cuire.
- Blackway : ancien adjoint du shérif, devenu le truand local : « C’est un type à qui tu veux pas chercher de noises (…)c’est un sale mec… » (Page 50).
Les lieux
Les descriptions des lieux et des ambiances constituent le réel intérêt de ce roman. En effet, l’auteur excelle à poser les décors, à restituer l’atmosphère particulière du bled paumé au sein des majestueuses forêts du Vermont, de son état de délabrement et d’abandon :
« Le véritable nom du moulin était la Manufacture de chaises de Daed River. Il était situé à la limite du village, au-dessus du ruisseau qui avait jadis fait fonctionner ses batteries successives de machines. Une vieille enseigne en bois au bord de la route indiquait Manufacture de chaises de Dead River en lettre dorées délavées de trente centimètres de haut.(…) Apparemment, on faisait de meilleurs chaises Windsor en Caroline du Nord et à Taïwan que dans le Vermont. Whizzer avait failli mettre la clef sous la porte. Alors il avait vendu autant de machines que possible, et laissé le reste se couvrir de toiles d’araignées et de crottes de chauve-souris. Il avait cependant conservé la scierie, mais l’avait déplacée dans un grand hangar en tôle dans la cour du moulin. » (Pages 22/23)…
« A l’intérieur, le moulin était un long espace rempli d’ombres, faiblement éclairé par des fenêtres crasseuses, où vos pas sur les planches de bois faisaient plus de bruit que vous ne l’auriez voulu. De chaque côté d’une allée centrale, les établis, les tours, les scies à ruban, les dégauchisseuses, les rabots, et le reste du matériel hors d’âge reposaient dans leur poussière, tandis qu’en hauteur, des câbles, des chariots, des courroies et des roues pendouillaient dans la pénombre. » (Pages 26/27)…
Les Villes perdues, territoire de Blackway :
« Les Villes couvraient un vaste territoire: deux cent cinquante kilomètres carrés de forêts, de ravins, d’étangs peuplés de castors et de petits ruisseaux silencieux qui se faufilaient, invisibles, sous l’enchevêtrement sombre des branches de sapins. Dans toute la zone, il y avait une seule route, pas de village, pas de structure plus grande que des baraques de chasseurs, et encore il n’y en avait pas plus de deux ou trois (…) La forêt verte, ombrageuse, reconquérait rapidement chaque mètre de terrain, hormis aux endroits où les compagnies avaient laissé une marque plus permanente sous forme de résidus de scierie ou de de tas de bois. » (Pages 168/169).
Sans oublier les ingrédients incontournables de l’Amérique profonde, ses lieux mal famés dans le genre du Fort Bob qui n’était pas « le genre d’endroit où vous vous arrêtiez pour boire un verre en rentrant du boulot. C’était le genre d’endroit où vous vous arrêtiez pour boire de nombreux verres en allant au boulot, jusqu’à ce que vous vous fassiez virer et puissiez passer toute la journée au Fort ». (Page 142).
Le film
N’ayant pas vu moi-même le film adapté du roman de Castle Freeman JR, voici la fiche signalétique trouvée sur le site « Mondociné.net » : http://mondocine.net/viens-avec-moi-de-daniel-alfredson-la-critique-du-film/
Ou sur Allociné : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-231759/critiques/spectateurs/
J’ai comme l’impression que le film est aussi décevant que le roman… Que ceux qui l’ont vu me donnent leur avis…
Mon avis
Viens vers moi est essentiellement un roman de mots reposant sur la plume de son auteur, un plume certes travaillée et incisive, allant droit au but (on sent l’influence de sa longue carrière de journaliste), mais qui laisse sur sa faim. L’intrigue, très mince, avec très peu d’action, est plutôt le prétexte à camper une ambiance où tout repose sur les personnages, un rien caricaturaux. Pour finalement déboucher sur un dénouement en partie prévisible, tant les indices disséminés çà et là ne laissent pas de place pour une autre issue.
Son point fort : les dialogues déjantés, jubilatoires, savoureux, preuve de la maîtrise du langage de Castle Freeman JR ; un ton noir et très drôle; mais justement, l’omniprésence de l’humour, qui devrait se contenter d’enrichir et non de remplir l’espace, tue le côté noir du roman, laissant l’impression de lire une sorte de farce. J’ai toutefois passé un bon moment qui ne restera pas dans mes annales…
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