Carl PINEAU : Nuits Nantaises – 02 – Le sicilien

Carl PINEAU - Nuits Nantaises - Le sicilien-

Présentation Éditeur

Nantes, 1995. Une jeune albanaise est assassinée dans des conditions particulièrement sauvages. Dario, gérant de discothèque d’origine sicilienne, fait figure de principal suspect : on a retrouvé le cadavre dans le coffre de sa voiture ! Greg  Brandt, policier madré, est chargé de l’enquête, et dresse une liste bien plus étoffée de coupables potentiels, au premier rang de laquelle on trouve quelques mafieux, fraîchement débarqués d’Europe de l’Est, des notables aux curieuses fréquentations, des truands locaux et quelques hommes de main russes…

Le  Sicilien est le deuxième opus des Nuits  nantaises, une trilogie constituée d’intrigues policières, indépendantes les unes des autres, racontant les décennies 80, 90 et 2000. On y retrouve un personnage récurrent, sacrément attachant, l’inspecteur Greg  Brandt. Découvrez sa première enquête en lisant L’Arménien, Prix du cercle anonyme de la littérature 2017.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Lajouanie
Date 28 juin 2019
Pages 312
ISBN 9782370471147
Prix 18,00 €

L'avis de Cathie L.

Le Sicilien, second opus de la série « Nuits Nantaises », a été publié par les éditions Lajouanie en juin 2019. L’histoire, racontée à la première personne, se situe en 1995. Le style musclé utilise un mélange de langage familier et d’une langue plus neutre : « J’ai pensé à Leïla, mais je n’ai rien objecté. L’ambiance dans la voiture est devenue lourde. Martial tirait une tronche de joueur de poker plumé… Je m’étais juré de l’obliger à s’expliquer ou de l’envoyer se faire voir. Seulement voilà, j’étais trop éreinté pour affronter ce baveux professionnel dans une joute oratoire » (Page 80), ce qui a pour résultat de déstabiliser le lecteur.

La cadence, volontairement lente, se déroule au rythme des actions du narrateur : « Je suis rentré chez moi puis j’ai verrouillé la porte, suspendu mon Perfecto dégoulinant à un cintre, à côté du manteau à capuche détrempé de Leïla. Je suis allé à la salle de bains avec le besoin urgent de me laver. » (Page 25)… « Elle a enfoui son paquet de Chesterfield dans son sac en cuir, enfilé la bandoulière sur son épaule. Elle a pivoté pour se diriger vers la porte. J’ai vidé ma tasse et l’ai posée sur la table, puis je l’ai raccompagnée jusqu’à l’entrée. » (Page 115). Carl Pineau mêle avec beaucoup de maestria humour noir et situations tragiques.

Dario, soupçonné du meurtre d’une jeune Albanaise dont le corps a été trouvé éventré dans son Espace, est arrêté par la police. Toutefois, l’autopsie révèle que le corps de la jeune femme, tuée d’un coup de couteau planté en plein coeur, a été hissé dans le véhicule de Dario et dépecé après sa mort. Mais faute de preuves concluantes, Dario est relâché, peut-être avec l’arrière-pensée qu’il conduira les enquêteurs au véritable meurtrier.

De nombreuses questions se font jour: pourquoi quelqu’un a-t-il assassiné Bleona, la jeune Albanaise ? A quel moment ? Quand Dario était évanoui ou après son départ de la boîte de nuit ? Quel lien entre lui et cette affaire de meurtre sordide ? Et pourquoi, quand il était rentré à l’aube, le manteau de Leïla, sa compagne, était-il mouillé ? Où avait-elle bien pu aller en pleine nuit ? Pourquoi a-t-elle menti en affirmant être allée à son travail ? Et surtout, où a-t-elle disparu ?

Abruti de toutes ces questions sans réponse qui ne cessent de le hanter, Dario plonge dans les nuits nantaises où, une fois les honnêtes gens couchés, sévit une faune bigarrée, à la recherche de Leïla, de l’assassin de Bleona et de réponses… Mais il ne tarde pas à se retrouver dans une mauvaise posture.

Avec Le Sicilien, nous effectuons une immersion dans la Nantes des années 90 pour découvrir son double visage : une ville industrieuse comme il y en a tant dont les habitants travaillent mangent et dorment comme de sages petites fourmis ; mais, comme un négatif photo, il existe une autre facette, bien plus glauque, dissimulant des activités nocturnes inavouables que les bons bourgeois endormis ne soupçonnent même pas.

Carl Pineau, grâce à son excellente connaissance de tous les aspects de sa ville natale, dépeint un décor de film noir, mettant en scène le flic désabusé qui en a trop vu, à la Philippe Marlowe, et l’idiot qui se retrouve impliqué dans une sombre affaire dont il ne comprend ni les tenants, ni les aboutissants, incarné par Dario.

Avec ce second roman, au récit plus structuré et au style mieux maîtrisé, Carl Pineau nous offre une intrigue complexe dont les fils s’emmêlent en un canevas ténébreux à souhait. L’enquête est menée en parallèle par Dario, impliqué bien malgré lui mais qui veut des réponses, et par l’inspecteur Brandt. Je vous mets au défi de trouver l’identité de l’assassin…

Le + : l’ancrage dans la réalité grâce à des articles de presse relatant des événements contemporains, et bien réels, de l’affaire relatée dans Le Sicilien : « L’acquittement d’O. J. Simpson faisait la Une. Je me suis remémoré la course-poursuite filmée par hélicoptère, diffusée dans le monde entier. Au terme d’un procès retentissant, les avocats payés des millions de dollars étaient parvenus à créer le doute chez les jurés. Sa femme devait se retourner dans sa tombe ! » (Page 106).

Le ++ : les zones d’ombre du récit : Dario à la recherche d’épisodes douloureux de son passé, les circonstances du décès de son père et son responsable ainsi que les circonstances de l’accident qui a rendu sa tante paraplégique, donnent de l’épaisseur au personnage de Dario en proie à des interrogations sur lui-même : était-il le meurtrier de la pauvre fille retrouvée morte dans sa voiture : « Je m’agitais dans mon lit. Le décès de ma tante avait réveillé un monde intérieur qui sommeillait en moi : un psychopathe ! Un type capable de dépecer Bleona Oxa et de rentrer dormir. Un pareil monstre existait-il en moi ? Un monstre qui aurait tué son père et propulsé sa tante contre un arbre. » (Page 186).

A mon humble avis, Le Sicilien, dans les semaines et mois à venir, parcourra un long chemin qui, espérons-le, le mènera jusqu’à la reconnaissance de son auteur comme romancier de polar incontournable.

Partagez votre lecture dans les commentaires !

News

Gérard LEFONDEUR : Les enquêtes d’Anatole Le Braz – Le sang de Douarnenez

Gérard Lefondeur nous a concocté, une histoire pleine de mystères, de croyances et parsemée d’action et de suspens.

Jack JAKOLI : La détresse des roses

Jack Jakoli s’empare du dépeceur de Mons, une affaire qui a défrayé la chronique dans les années 90, pour un faire un thriller de bonne facture.

S.A COSBY : La colère

La colère de S.A COSBY, un état des lieux sans concession de l'Amérique des marges dans un thriller sous pression

Stan KURTZ : Un banquet de squales

Un banquet de squales, c’est drôle, enlevé, un hommage aux auteurs, ça se mange sans faim et cela fait du bien !
Cathie L.
Cathie L.https://goo.gl/kulVbu
Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

Gérard LEFONDEUR : Les enquêtes d’Anatole Le Braz – Le sang de Douarnenez

Gérard Lefondeur nous a concocté, une histoire pleine de mystères, de croyances et parsemée d’action et de suspens.

Jack JAKOLI : La détresse des roses

Jack Jakoli s’empare du dépeceur de Mons, une affaire qui a défrayé la chronique dans les années 90, pour un faire un thriller de bonne facture.

S.A COSBY : La colère

La colère de S.A COSBY, un état des lieux sans concession de l'Amérique des marges dans un thriller sous pression

LAISSER UN COMMENTAIRE

Votre commentaire
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.