Rencontre avec l’auteure Isabelle VILLAIN à l’occasion de la sortie de son roman Mauvais Genre aux éditions Taurnada en novembre 2018
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Isabelle Villain, pouvez-vous me décrire votre parcours ?
Isabelle VILLAIN : Après une école de commerce et des études en publicité, j’ai travaillé pendant une quinzaine d’années dans l’évènementiel et l’organisation de salons professionnels avant de m’arrêter pour m’occuper de mon fils. Je me suis lancée dans l’écriture, car j’en avais envie depuis longtemps, mais je n’étais pas certaine d’en être capable.
JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? À quelle période ?
IV : Je suis fille unique et depuis toute petite, j’ai toujours inventé plein d’histoires. Mais j’étais loin d’imaginer qu’un jour je pourrais écrire et surtout partager ces histoires avec des lecteurs. Un jour quand nous étions en vacances sur l’île de Porquerolles, mon mari et mon fils s’étaient inscrits pour passer leur diplôme de plongée. Je les attendais sur la plage, et j’ai réalisé que je n’avais jamais lu d’enquêtes policières avec un meurtre en milieu sous-marin. C’est mon mari qui m’a incitée à aller acheter un cahier et un stylo. C’est ainsi que l’histoire a commencé. C’était en 2005.
JP : Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?
IV : Mon premier choc fut en CM2, en classe de neige, notre instituteur nous avait lu « premier de cordée » de Frison Roche. Je me souviens avoir beaucoup pleuré.
Puis, il y eut « Mon bel oranger » de Vasconcelos, la magnifique histoire d’un petit garçon brésilien pauvre et seul qui va trouver dans l’oranger de son jardin un ami et un confident.
Vers 13 ans, j’ai découvert les romans policiers avec l’œuvre d’Exbrayat. Je n’ai jamais arrêté depuis.
JP : Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
IV : Une chose est certaine, je ne suis pas du tout « du matin ». Donc je me mets à mon bureau vers 14h et je ne me lève pas de ma chaise avant 19h. Lorsqu’on travaille chez soi, les distractions sont nombreuses. Il faut rester concentré coûte que coûte ! Je pose mon portable assez loin de moi et je coupe le son des notifications.
Concernant l’écriture de mes romans, je commence à réfléchir à un sujet de société qui constituera la toile de fond du roman, pour ancrer un peu plus l’enquête dans la réalité. Une fois le thème trouvé et les recherches effectuées, je prends un cahier et je trace une sorte de frise chronologique. Je pars du premier meurtre jusqu’à la dernière scène. Je pose les personnages, les rebondissements, les lieux. J’imagine toute l’histoire dans ma tête, scène après scène, puis j’écris les éléments principaux sur mon cahier. En revanche, tout au long de l’écriture, rien n’est totalement figé. Certains personnages peuvent évoluer. Je connais en général l’identité du meurtrier et celle des victimes.
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de vos livres et leur parution ?
IV : Au regard des nombreux auteurs que je rencontre dans les salons et sur les blogs, je suis très chanceuse. Pour « Peine capitale », le premier opus des enquêtes de Rebecca, j’avais décidé d’adresser mon manuscrit au prix du Quai des Orfèvres. Loin de moi l’idée de le gagner, mais j’espérais un retour écrit avec quelques commentaires du jury, ce qui est parfois le cas. J’ai reçu cette lettre, qui m’a permis de retravailler mon manuscrit. Je l’ai alors soumis au prix Maurice Bouvier. Deux mois plus tard, j’apprenais que j’avais remporté le prix ! J’ai donc été édité directement par la maison organisatrice du prix (Ed2A). Pour le second opus, j’ai poursuivi l’aventure avec la même maison. En revanche, une fois le manuscrit de « Mauvais genre » achevé, j’ai souhaité changer d’éditeur. J’avais envie d’une maison d’édition spécialisée dans le polar, avec un distributeur, un diffuseur et un réseau pour tenter de franchir une marche supplémentaire. J’ai envoyé le manuscrit à une dizaine d’éditeurs. Taurnada m’a répondu positivement dans les trois semaines. J’ai eu beaucoup de chance. C’est vraiment un super éditeur qui prend soin de ses auteurs et qui les accompagne !
JP : Quelle est la genèse de votre roman « Mauvais genre » ?
IV : Comme je vous l’ai précisé auparavant, je commence toujours par réfléchir à un thème de société. C’est en regardant une émission sur la 5 qui s’appelait « devenir Il ou Elle » que j’ai eu le déclic. J’ai commencé à faire des recherches sur les transgenres, sur le parcours laborieux que chacun doit entreprendre pour parvenir à devenir « il ou elle ». La toile de fond installée, après toute l’histoire se développe dans ma tête. Je pense beaucoup la nuit, et j’écris le jour.
JP : Dans vos romans, y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
IV : Tous les personnages sortent de mon imagination. Quelques noms sont réels, quelques anecdotes aussi. Mes amis adorent retrouver des petits détails de leur vie dans mes livres.
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos romans ?
IV : Pour Mauvais genre, une personne pensait que j’étais officier de police en raison de la précision et du détail apporté au déroulement de l’enquête. C’est un beau compliment, car j’ai beaucoup travaillé pour comprendre le fonctionnement de la PJ et éviter les erreurs et les imprécisions. Plus généralement, les lecteurs, addicts aux polars pour la plupart, me disent qu’ils ont toujours fait fausse route et qu’ils n’auraient jamais imaginé un tel final. Pour un auteur de polar, c’est, je pense, la meilleure des récompenses !
JP : Avez-vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) À part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
IV : J’aime beaucoup la musique. Je suis une fan inconditionnelle de Queen, Bowie et Peter Gabriel, mais aussi d’Opéra et de Patrick Bruel. 😊 Un grand écart musical !!!! Je suis moi-même musicienne. J’ai joué pendant des années de la flûte traversière. Parisienne, je profite beaucoup des théâtres. Pièces classiques à la Comédie Française, populaires, comédies musicales, spectacles de magie, improvisations. Le choix est vaste. J’aime aussi beaucoup la peinture, mais j’avoue mon manque de culture dans ce domaine. Petite préférence pour Van Gogh, Matisse, et l’art aborigène. Je n’ai aucune facette cachée. On lit en moi comme dans un livre ouvert.
JP : Avez-vous des projets ?
IV : Un projet personnel avec l’organisation d’un beau voyage pour nos 20 ans de mariage avec mon mari.
Un projet professionnel avec l’écriture de la suite de « Mauvais genre ». Les premiers lecteurs semblent déjà impatients…
JP : Quels sont vos coups de cœur littéraires ?
IV : Pour le classique, j’adore la littérature russe. J’ai dévoré à plusieurs reprises « Guerre et paix » et « La lumière des justes » de Troyat. J’aime l’ambiance, les grandes steppes enneigées, le froid, étonnant, car je suis née au Maroc et je me considère comme une pure méditerranéenne ! Actuellement, je lis beaucoup d’auteurs de polars. Pour moi, il existe deux maîtres en la matière : Pierre Lemaitre et Karine Giebel. Addictif. Mon livre de chevet pour cette semaine : « Les démoniaques » de Mathias Köping.
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité vos romans ? À moins que le silence suffise ?
IV : Le concerto pour clarinette de Mozart pour adoucir l’ambiance de « Mauvais genre » ou bien le silence.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
IV : J’ai un site internet : http://ifvillain.wixsite.com/ecrivain
Une page sur Facebook : isabelle Massare Villain
Instagram : if.villain
Twitter : isabellevillai1
JP : Merci Isabelle Villain d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
IV : Merci à vous de donner la parole et une visibilité à des auteurs inconnus du grand public.
Mauvais genre à toutes les qualités que l on demande à un polar : nous tenir en haleine de la première à la dernière page. Pari gagné !