Thierry MAUGENEST : Les enquêtes de Carlo Goldoni – La cité des loges

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Thierry Maugenest c’est l’assurance de savourer une belle histoire et c’est une invitation à découvrir le monde qui nous entoure et son histoire.

INFOS ÉDITEUR

La cite des loges - thierry maugenest
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Parution aux éditions Albin Michel en mai 2016

Venise, automne 1732. Les uns après les autres, des acteurs de la Commedia dell’arte disparaissent en pleine représentation. Pour Zorzi Baffo, le chef de la police criminelle, ce nouveau mystère pourrait être lié au destin tragique d’une jeune comédienne de passage dans la ville. Egaré dans les arcanes des scènes et des coulisses vénitiennes, l’enquêteur fait appel à Carlo Goldoni, dramaturge en pleine gloire, qui fut autrefois son adjoint à la chancellerie criminelle. La découverte d’un théâtre clandestin d’un genre très particulier précipite les deux hommes au cœur d’une affaire plus sombre encore… Sexe, théâtre et politique… les clefs de la Venise dépravée et libertine du XVIIIe siècle.

Après La septième nuit de Venise et Noire belladone, Thierry Maugenest, pour qui la Cité des doges n’a aucun secret, nous plonge dans une intrigue policière aussi enlevée qu’une pièce de Goldoni, aussi noire que les eaux de la Lagune.

(Source : Albin Michel – Pages : .. – ISBN : 9782226326157 – Prix : 19,50 €)

L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ

Venise. Belle, secrète, pétillante, vivante, chatoyante. Elle vit au rythme des nombreuses festivités et pièces de théâtre. La Commedia dell’Arte et ses célèbres masques. Mais une troupe se distingue car les comédiens ont décidé de jouer à visage découvert devenant ainsi encore plus populaire auprès du public.

Spectacles, planches, rideaux qui tombent. Un comédien qui disparait puis un second. Un être agit dans l’ombre, il maitrise chaque acte de la pièce qui semble amarrée au plus profond de son âme. Les acteurs sont des pantins et telle une Parque, il peut rompre le fil de leur existence à tout moment.

Celui qui se charge de l’enquête n’est pas un policier comme les autres dans cette Venise du XVIII°s siècle, Zorzi Baffo aime butiner, distiller ses bons mots et autres sucs issus de son corps. Les femmes se pâment à l’écouter, les lacets de corsage se défont. Mais lorsque l’heure sonne, il est toujours prompt à mettre en action son esprit brillant.

J’avais découvert Thierry Maugenest à l’occasion de la lecture de Venise.net et Manuscrit MS 4O8 Voynich (parus aux éditions Liana Levi), j’avais déjà été subjugué par sa capacité à transmettre des faits historiques tout en ayant une écriture très accessible et agréable. J’avais aimé cette générosité et cette humilité dans le travail et j’avais sentie son  envie de transmettre la culture à tous.

Le travail de l’écriture est très intéressant, je me souviens dans « Venise.net » d’e-mails intégrés dans le récit. Dans « La Cité des Loges » c’est une pièce de théâtre qui prend forme sous nos yeux. Le lecteur devient un spectateur ébahi.

J’ai également beaucoup apprécié la sensualité frippone du récit. Voici des extraits qui décrivent Zorzi. (…) « ses poèmes et ses contes érotiques, des petites pièces que l’enquêteur improvise à longueur d’année et qui circulent librement de bouche à oreille dans tout Venise, mais que le chef de la quarante criminelle s’est toujours refusé à faire éditer. Extrait de la page 60

« – Non, mes idées ne germent pas dans ma tête. Pas plus qu’elles ne tombent du ciel. Elles fermentent dans les parties les plus intimes de mon corps, puis elles se chargent de désirs, de passions, alors seulement, elles infusent jusqu’à l’esprit ». Extrait de la page 61.

Or derrière ce portrait d’homme qui savoure tous les plaisirs de la vie, il y aussi quelqu’un de généreux. Il est le donateur pour un établissement  » l’hospice Santa Chiara. Ce bâtiment, qui fut jadis un convent de soeurs bénédictines, accueille désormais des pensionnaires de tout âge, jugées folles ou hystériques. Les autorités de la République ont confié la direction de l’établissement à Veronica Querino, l’une des premières femmes à avoir étudié la médecine à l’université de Padoue. Par le passé, lorsque celle-ci était soeur hospitalière de l’ordre de Santa Croce, elle s’était intéressée aux troubles mentaux de ses patients et avait jeté les bases de nouvelles thérapies. » Extrait de la page 102

En tant que lecteur, on a vraiment le sentiment de parcourir le moindre recoin des théâtres, de découvrir les coulisses d’une imprimerie et de toucher du bout des doigts les dérives du pouvoir.

« – Ce ne sont pas les acteurs, mais le théâtre qui est la cible de nos ennemis. Les salles de spectacle sont aujourd’hui la force vive de la République, c’est elles seules désormais que repose notre économie. Venise fascine les étrangers, c’est vers elle que se presse l’Europe entière. Pourquoi des dizaines de milliers de voyageurs viendraient dépenser leur argent ici si ce n’est pour rire et s’enivrer du vertige d’une fête sans fin ? Tuez le spectacle et vous ruinez la cité du même coup. » Extrait de la page 84.

Ouvrir un livre de Thierry Maugenest c’est l’assurance de savourer une belle histoire et c’est une invitation à découvrir le monde qui nous entoure et son histoire. Je ne m’explique pas ce phénomène, mais je m’en délecte. Je n’ai encore jamais rencontré cet auteur mais il arrive à me toucher, à m’embarquer et à m’instruire encore plus. J’avais passé des heures sur le net après la lecture de Manuscrit MS 4O8 Voynich et j’ai eu la même envie pour revoir mes notions de théâtre sur la Commedia dell’arte, de découvrir Goldoni. J’avoue j’ai à mon tout succombé aux charmes de son inspecteur atypique.


L’AVIS DE JEAN-MARC VOLANT

Après avoir voyagé dans l’Angleterre victorienne dans une de mes précédentes lectures, me voici embarqué dans un nouveau voyage dans l’histoire avec un grand H.

Direction Venise. Venise la décadente. Venise la pervertie. Venise capitale de la luxure, des putains et des courtisanes où le sexe et le sang se mélangent avec délices.

Nous sommes au XVIIIe siècle et la capitale des arts et des lettres est à son apogée.

Lors de représentations théâtrales diverses de la Comedia dell’Arte, des comédiens disparaissent sans laisser de traces.

La tension est à son comble et le chef de la police criminelle ne sait que faire pour retrouver les deux comédiens prestigieux victimes d’enlèvement. A moins que ces rapts soient en lien avec une précédente affaire non résolue il y a sept ans, sur la fin tragique d’une jeune comédienne de théâtre.

Ne sachant que faire pour pouvoir avancer dans son enquête, le chef de la police Zorzi Baffio, va faire appel à un ancien collègue, devenu depuis comédien et écrivain de pièces à succès, le bien nommé Carlo Goldoni.

Tous deux vont devoir faire preuve de perspicacité, de sagacité et d’utilisation de leurs « petites cellules grises » pour empêcher un nouvel enlèvement.

La découverte de pièces de théâtre clandestines et d’un genre particulier va leur en apprendre un peu plus mais va plonger nos deux enquêteurs au coeur d’une machination dont ils ne soupçonnent pas l’importance…

Première lecture et découverte de la plume de Thierry Maugenest qui n’en ai pas à son premier coup d’essai avec ce personnage de Carlo Goldoni, ancien policier et reconverti depuis en un talentueux auteur à succès de pièces de théâtre et lui-même comédien à l’occasion.

Dès le début du livre, on est plongé dans cette Venise du XVIIIe siècle, une Venise de débauche, mélange de sexe, de sang et de politique, dans une ambiance digne d’une pièce de théâtre. Ecrite avec un rythme bien appuyé, cette enquête policière se lit avec un immense plaisir. Plaisir des lieux, des personnages, de l’intrigue originale, des dialogues, des actions et joliment ponctuée de vers de poésies érotiques à souhait. Le chef de la police criminelle étant lui-même poète à ses heures perdues. Ces petits intermèdes poétiques s’insèrent agréablement tout au long de cette périlleuse enquête.

Ce roman se lit avec beaucoup de délectation. Le lieu et l’époque y contribuent fortement, pour peu que l’on aime les arts et les lettres du temps de la Renaissance en Italie.

Une période historique forte en émotions et qui ajoute beaucoup à la force de ce roman policier bien particulier.

Impossible de ne pas penser aux romans de Jean-François Parot (l’auteur des « Nicolas le Floch, commissaire au Châtelet » sous Louis XVI) en lisant ce roman de Thierry Maugenest : on y retrouve la même ferveur de lire un polar dans un contexte historique fort, et avec ce plaisir non dissimulé de se balader tout au long de cette enquête, dans les rues et dédales de la ville qui abrite la très célèbre Place Saint-Marc.

Si vous aimez l’histoire et les romans historiques (et pas seulement les romans policiers) vous aimerez forcément ce voyage au sein de la belle et décadente Venise.

Moi c »est certain, j’y retournerai dans cette décadence, cette luxure… Elle me plait bien.


L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI

Les intrigues se déroulant à Florence ou à Venise m’ont toujours attiré. Je me suis donc plongé dans cette nouvelle aventure de Carlo Goldoni. Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser qu’il s’agit du 3eme opus de la série. Je n’ai pas lu les 2 premiers et cela ne m’a gêné en rien durant ma lecture.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de roman policier historique, et je dois avouer que cela est plaisant, d’autant plus quand l’intrigue est suffisamment bien construite pour savourer la promenade dans les ruelles de la cité des doges.

Venise.

Voilà là le point le plus important de ce récit. Sans la ville, il n’y aurait rien. Souvent des histoires contées peuvent se dérouler de partout. Ici non. La cité est la toile de fond, génère l’intrigue, fait prendre corps aux protagonistes.

Venise est une toile de fond, car l’atmosphère et l’ambiance plantent un certain décor à l’intrigue. La brume de la lagune accompagne tout au long les incertitudes et les doutes de Zorzi Baffo, chef de la police criminelle. Aussi, la ville respire la culture, l’art, le pouvoir et la luxure.

Ces 4 éléments amènent au second point : Venise génère l’intrigue.

En effet, s’il n’y avait pas une subtile combinaison des 4, si la Venise du XVIIIe siècle n’avait pas d’aristocrates libertins, une population légère, une population bourgeoise mordue de théâtre, des troupes de théâtre innovantes faisant évoluer le domaine, il n’y aurait pas eu d’intrigue. Je ne peux pas en dire plus afin d’éviter d’en dévoiler trop. Pour preuve, les pièces de  Goldoni ne sont que le reflet de la société du moment, et sans cela il ne pourrait pas exercer son métier.

Enfin Venise fait prendre corps aux protagonistes. En effet, ces derniers sont représentatifs de tout ce qui compose la Venise de l’époque, et sans leurs travers ou leur sens de l’observation commun à l’ensemble des Vénitiens, et bien nous serions sur une gondole à la dérive.

Pour finir, je dirais simplement que ce roman fait passer un agréable moment dans une cité magnifique. Je pense que je vais me laisser tenter par les opus précédents, car s’ils sont de même facture que celui-ci j’ai comme le sentiment que je vais adhérer.

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