Stan JONES : L’Homme qui tue les gens

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INFOS ÉDITEUR

homme qui tue les gens - jones
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Parution aux éditions Le Masque en février 2015

Traduit par Frédéric Grellier

L’homme qui tue les gens, l’innukaknaaluk en inupiat, la langue parlée par la communauté esquimau du Nord de l’Alaska, c’est le méchant.

Dans le paisible bourg de Chuchki, dans la baie du même nom, la police n’a à régler, en général, que des histoires de bagarres à la sortie du bar du coin, où les autochtones, un peu désœuvrés, sont bien trop alcoolisés. Il faut dire que c’est difficile, pour ces tribus de pêcheurs de baleine et de phoques, de s’adapter à la vie moderne, à l’américaine. Alcool, chômage, obésité, ennui, misère sociale, violences conjugales sont leur banal quotidien. Depuis peu pourtant, la corporation internationale GeoNord a ouvert une mine au nord de Chuchki, la Gray Wolf, accessible en avion ou, si la glace est assez solide, en motoneige. Elle a donc offert du travail pour de nombreux habitants, privilégiant les embauches locales.

C’est dire que Nathan Active, state trooper de son état, s’ennuie ferme. Il rêve d’une mutation à Anchorage, la capitale où il a grandi, adopté par des Blancs qui l’ont élevé après que sa mère, âgée de 16 ans à l’époque, l’a abandonné. Pourtant, tout va changer pour Nathan. À quelques jours d’intervalle, deux hommes sont retrouvés morts, après avoir mis fin à leurs jours. Deux suicides dans la même semaine, ça fait beaucoup pour une petite ville comme Chuchki. Interrogeant les témoins, Active tombe sur Tillie, une vieille clocharde complètement imbibée. Elle le prévient : c’est l’innukaknaaluk le responsable. Or une chose est sûre : le point commun entre les deux suicidés, c’est qu’ils étaient l’un et l’autre des employés a priori comblés de la Gray Wolf…

(Source : Le Masque – Pages : 252 – ISBN : 9782702440254 – Prix : 19,00 €)

L’AVIS DE LUCIE MERVAL

Chuchki, petit bourg d’Alaska. Nathan Active, jeune policier, revient sur les traces de son enfance, lui qui a été adopté par des nalauqmiut (Des blancs) et a vécu presque tout son enfance à Anchorage (ville la plus peuplée d’Alaska). Ici, il ne se passe pas grand chose. Les plus désœuvrés vont se saouler au bar local, le Dreamland. La police a souvent affaire à de petits larcins, des bagarres, des violences domestiques… Même si tout se passe mieux depuis qu’une mine la Gray Wolf embauche une grosse partie de la population. Sur ce territoire hostile, glacé où l’on se déplace à motoneige, où les principales activités sont la chasse, cette mine est devenue une bouée de sauvetage. Quand deux hommes coup sur coup se suicident dans ce village plutôt tranquille, Nathan ne va pas s’empêcher de faire le lien avec leur travail… A moins, qu’ils ne soient sous le coup de vieilles légendes, malédictions, que l’innukaknaaluk (l’homme qui tue les gens, personnage récurrent du folklore de l’Alaska du Nord-Ouest) y soit pour quelque chose…

J’ai choisi de lire ce roman comme vous pouvez vous en douter pour le côté dépaysant et de ce côté là, c’est plutôt réussi. Les descriptions de l’auteur sont saisissantes, juste ce qu’il faut de froid, de doudoune, de vent. Côté alimentation aussi, nous sommes servis. Bien loin des hamburgers américains, ce qui se trouve dans les assiettes de nos personnages sont les produits de la chasse : du phoque, du caribou dont la chasse est néanmoins très réglementée. Pour se déplacer, motoneige et avion. Moi qui ne suis pas une adepte des descriptions qui tirent en longueur, j’ai trouvé qu’ici tout était savamment dosé, de quoi s’immerger totalement dans un univers inconnu sans pour autant nous abreuver de tous les us et coutumes locaux.

Nathan Active est un inupiat (un esquimau). Sa mère biologique n’était pas en capacité de l’élever. Il a donc été adopté par un couple de blancs. On sent qu’il a toujours du mal à trouver sa place. Il ne rêve que de travailler à la ville et pourtant va peu à peu s’intéresser à sa culture qu’il connait si mal, la culture des inupiat et son dialecte. Un glossaire inupiaq est d’ailleurs proposé au début du roman afin de nous familiariser et nous immerger totalement au coeur de cette histoire venue du froid.

Dans ce bourg, où tout le monde se tait ou à l’inverse, où les langues se délient quand les corps sont alcoolisés, Nathan va tâtonner un moment avant de trouver ce qui peut relier ces deux suicides. En découvrant le premier suicidé, il va aussi découvrir que la famille de celui-ci est sous l’emprise d’une malédiction où tous les fils meurent depuis des années. Même si il tente de garder à l’esprit cette histoire, Nathan, plutôt cartésien, entrevoit très vite d’autres possibilités plus pragmatiques. Dans cette ville où l’alcool fait des ravages, la loi qui doit être votée dans quelques jours pour son interdiction totale jouera t’elle un rôle prépondérant ? Car les deux victimes semblaient être sous le joug de cette terrible addiction. Ou faut-il chercher plus loin, creuser leurs activités respectives, leur rôle à la Gray Wolf ? Il rencontrera sur sa route une scientifique qui lui viendra en aide, un avocat ambitieux avec qui le bras de fer intellectuel sera inévitable…

L’auteur nous propose là une intrigue rondement menée sans fioritures. Une enquête ni trop lente ni trop haletante, juste en accord avec cette espèce de torpeur liée aux conditions climatiques du village. J’ai vraiment pris plaisir à me plonger dans cet univers dépaysant et je suivrais peut être les prochaines aventures de ce policier inupiat. Une agréable découverte !

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Lucie Merval est libraire

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