PRÉSENTATION ÉDITEUR
Depuis que sa femme Nathalie l’a quitté pour s’installer à New York avec leurs deux enfants, Gautier vit seul dans un petit village du Cantal. Apiculteur, il ne pouvait concevoir de s’éloigner de ses ruches. Avec le temps, il est devenu un militant reconnu de la lutte pour la biodiversité, ce qui lui vaut des encouragements et bien des inimitiés. Un jour, son ex-femme est découverte assassinée à Clermont alors qu’elle faisait un voyage en France. Brusquement, Gautier récupère la garde de leurs enfants. Pour ces derniers, c’est le choc : ils vont devoir cohabiter avec ce père inconnu dans un endroit au milieu de nulle part…
Cette histoire est celle du combat d’un père-courage pour apprivoiser et élever Mélissa et Thomas face aux menaces et aux violences qui pèsent sur ce fragile esquif familial.
Origine | |
Éditions | Calmann-Levy |
Date | 13 mai 2015 |
Éditions | Livre de Poche |
Date | 30 novembre 2016 |
Pages | 368 |
ISBN | 9782253069027 |
Prix | 7,20 € |
L’AVIS DE CATHIE L.
Les ruchers de la colère a été publié en 2015 par les éditions Calmann-Lévy. C’est avant tout un hymne à la nature brute et sauvage, témoignant d’un amour profond pour la région du Cantal. Mais c’est aussi une peinture tout en sensibilité et pertinence du monde de l’apiculture. Le style de Sylvie Baron est riche et sensuel : « C’était une alchimie subtile, un ensemble d’odeurs, feu de bois, terre grasse, foin coupé; de couleurs, lichen jaune, maisons grises, vaches rousses; de lumières, étoiles crépitantes, perles de brume, que le voyageur pressé ne pouvait pas percevoir. » (Page 58)
Capable d’élans lyriques : « Le mois d’avril tenait ses promesses. Malgré les gelées nocturnes, les journées éclataient de lumière, réveillant en fanfare les creux des vallées encore engourdies du sommeil hivernal, enveloppant les villages de couleurs chaudes et légères, nimbant le ciel d’auréoles de mystère. » (Page 93)…
…elle joue avec les mots et les sensations : « La nuit épaisse régnait en maître, recouvrait tout de mystère, réunissant bêtes et gens autour du rond jaune des lampes, laissant des ombres fantastiques se développer dans les recoins les plus sombres. La lumière ici était ailleurs, dans une coulée de lune, un crépitement d’étoiles, une aube blanche et pure, une neige immaculée, redonnant son sens à la notion de temps et des repères tangibles dans ce monde stressé. » (Page 25)…
…sachant toujours trouver les mots justes pour faire ressentir au lecteur la profondeur du propos : « Ils vivaient, grandeur nature, un véritable exercice sur les antonymes, du genre de ceux que Mélissa affectionnait tant à l’école. Le silence contre le bruit, la solitude contre la foule, l’obscurité contre la lumière. D’autres encore, tout aussi évidents pourtant, leur échappaient, la pureté contre la pollution, la limpidité contre la saleté, la solidarité contre l’indifférence. Mais ceux-là ils étaient trop jeunes pour les percevoir. » (Page 24).
Un roman psychologique, avec peu de dialogues, souvent au style indirect, les pensées de chacun faisant avancer l’intrigue, ce qui ne signifie pas que le lecteur s’ennuie, ça non!! C’est juste que Sylvie Baron a fait le choix d’une intériorité plus présente pour raconter le combat de cet homme qui se bat pour retrouver l’amour de ses enfants, mais aussi pour sauver son métier et sa région des prédateurs en tout genre, assoiffés de pouvoir et d’argent facile au détriment de l’éco-système si fragile, si beau et si essentiel à la vie.
Thèmes : les thèmes développés dans Les ruchers de la colère touchent toujours à des sujets brûlants d’actualité, comme l’écologie, la préservation d’éco-systèmes fragiles telle que la forêt, l’appât du gain des grandes entreprises; ils abordent également des questions délicates, comme la perte d’un être cher, des retrouvailles après une très longue séparation, l’amitié ou l’adolescence.
L’intrigue
Nathalie, ex-femme de Gautier, apiculteur du Cantal, est retrouvée morte, lardée de coups de couteaux à Clermont où elle était arrivée la veille des USA, alors qu’elle avait rendez-vous le lendemain avec Gautier pour discuter de la procédure de leur divorce. Leurs deux enfants, qu’il n’a pas vus depuis le départ de son ex-femme, huit ans plus tôt, viennent habiter avec lui. Tout les sépare de leur père. C’est le choc entre deux modes de vie, deux cultures totalement aux antipodes l’une de l’autre.
Nathalie travaillant depuis peu pour Probees en tant que responsable de la communication, elle avait reçu des menaces de mort avant son arrivée en France. Gautier étant le principal opposant de la firme américaine, aussitôt les soupçons de la police se focalisent sur lui, bien que d’autres pistes semblent envisageables. Gautier, qui exerce son métier sans concession et ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de prendre la défense de l’apiculture et de l’environnement, s’est fait de nombreux ennemis, dont certains assez puissants.
Confronté à l’hostilité de ses enfants, à la guéguerre que se livrent les apiculteurs, aux critiques de Victoire dont il se demande pour quelle raison elle cherche à apprivoiser sa fille, aux soupçons de la police qui tente de le déstabiliser, Gautier se débat dans un vrai sac de nœud. Dans ce contexte compliqué, que signifie la soudaine disparition de Cléa?
Les lieux
L’action se déroule au village de Lescure, dans le Cantal, à la « beauté dénudée et austère de ses maisons en pierre grise collées les unes aux autres à flanc de coteau », autour d’une vaste église gothique en basalte. Le village est bâti sur une crête des premiers contreforts du Plomb du Cantal, donnant sur un panorama époustouflant, grandiose…
La maison de Gautier, une ancienne ferme du XVIIe siècle, est la dernière du hameau, avec une cour pavée, un portail en fer. Ici, sans télévision ni accès internet, les habitants vivent au rythme des saisons, selon une tradition ancestrale qui semble hors d’âge. Et pourtant…
Ambiance: le jour de leur arrivée, la météo exécrable reflète l’état d’esprit sombre et triste des enfants soudainement immergés dans un environnement complètement à l’opposé de celui dans lequel ils ont été élevés par leur mère à New-York : « …un vent terrible, l’obscurité les empêchant de découvrir l’environnement (…) Ils descendirent en luttant contre le vent, se tordant les chevilles sur les pierres de basalte disjointes. » (pages 22-23)
En conclusion
Ayant fait la connaissance de Sylvie Baron grâce à son roman Rendez-vous à Bélinay, paru au début de l’année 2018, qu’elle m’avait envoyé pour avis, j’ai tout de suite été séduite par son style unique, mêlant poésie, sensibilité, ton juste et vocabulaire recherché. J’ai eu alors envie de découvrir son univers romanesque. Et je n’ai pas été déçue…
Le + : La façon dont l’auteur aborde la psychologie des personnages, avec beaucoup d’empathie, d’indulgence, une profonde humanité, habile à montrer les ressentis des enfants, leur détresse sans pour autant porter de jugement, essayant simplement de comprendre les raisons des agissements de chacun : « Tout à l’heure, quand Gautier était entré dans sa chambre, il s’était bien gardé de bouger, faisant semblant de dormir pour ne pas répondre à ses sollicitations bourrues. Trop concentré à jouer l’endormi, il ne comprenait ni le sens de la main caressant ses cheveux ni les mots susurrés à ses oreilles. » (Page 21).
Bien que Les ruchers de la colère s’apparente à un roman psychologique, le récit est vivant et rythmé grâce au décor planté dans une conversation plutôt que par une description statique. Dès les premiers mots, le lecteur est plongé au cœur de l’action. On ne s’ennuie jamais d’autant que l’on se prend vite d’affection pour ses personnages attachants pour certains, intéressants pour d’autres. Vous passerez assurément un excellent moment en leur compagnie et découvrirez l’univers méconnu de l’apiculture, décrivant une situation complexe, très bien documentée.
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