INFOS ÉDITEUR
Parution aux Editions Cherche Midi en mars 2007. Parution aux Editions Pocket en janvier 2009. Traduit par Françoise SMITH Un thriller ésotérique remarquablement conçu, riche en détails historiques, qui développe une étonnante hypothèse quand à la vraie nature du fameux trésor des Templiers. 1118, Jérusalem, Terre sainte. Neuf chevaliers créent un ordre militaire, les « Pauvres Chevaliers du Christ ». Le roi Baudoin II de Jérusalem leur cède pour résidence une partie de son palais, bâti sur les ruines du Temple de Salomon. Ils deviennent les « Chevaliers du Temple », puis les « Templiers ». 1307 : Jacques de Molay, le grand maître de l’ordre des Templiers, est arrêté sur ordre de Philippe le Bel et livré à l’Inquisition. Il garde le silence sur le déjà célèbre trésor des Templiers. 2006 : Cotton Malone, ex-agent du département de la Justice américaine, et son amie Stéphanie Nelle entrent en possession de documents troublants relatifs à la nature du trésor des Templiers. Commence alors une quête à la fois historique, érudite et périlleuse, qui les mènera à Rennes-le-Château, coeur du mystère. (Source : Pocket – Pages : 624 – ISBN : 9782266169585 – Prix : 8,4 €) |
L’AVIS DE CATHIE L.
L’héritage des Templiers, paru en 2006 aux USA, a été publié en France en 2007. Ce premier opus exploite la légende du Trésor perdu des Templiers et l’éventuelle survivance de l’ordre jusqu’à nos jours. Steve Berry, qui s’est beaucoup documenté sur la question, apporte des hypothèses et des éléments de réponse qui, certes, n’engagent que lui, mais ont le mérite d’être cohérents et de l’ordre du possible, concernant de passionnants mystères non élucidés tels que le suaire de Turin, la fortune de l’abbé Saunière et la résurrection de Jésus.
Ainsi, il reprend certaines thèses développées par Dan Brown en 2003 dans son roman intitulé « Da Vinci code », mais avec un certain recul, sans céder à des élucubrations plus ou moins fantaisistes (mais très commerciales) :
« La plupart des livres écrits sur le sujet lient aussi Saunière aux tableaux de Nicolas Poussin, en particulier aux Bergers d’Arcadie. En 1893, Saunière aurait emmené les deux parchemins à Paris pour les faire déchiffrer et pendant son séjour aurait fait l’acquisition d’une copie de ce tableau (…) On dit qu’il renferme des messages secrets. » (Page 244).
Le roman nous met tout de suite « dans le bain » avec son prologue qui s’ouvre sur une scène qui fait frémir: janvier 1308, enfermé dans une geôle du Temple, Jacques de Molay est interrogé par Imbert, inquisiteur général de France et confesseur de Philippe le Bel ; ou plus exactement soumis à la question, mode de torture très usité au Moyen-Age, notamment par l’Inquisition, utilisant des moyens aussi variés que le chevalet, les brodequins, l’estrapade, le chat à neuf queues, le supplice de la roue ou celui du pal… Preuve de l’ingéniosité de cette époque jugée obscure par les siècles suivants!
L’intrigue
Stéphanie n’a jamais accordé la moindre crédibilité aux recherches de son mari, brillant historien et chercheur non moins brillant concernant l’héritage des Templiers ; mais lorsqu’elle reçoit chez elle le journal de recherche de son mari, décédé onze années plus tôt, envoyé par un mystérieux destinataire, elle décide de reprendre sa quête, sans se douter des périls qui la guettent, ni des convoitises que suscitent ce journal dont elle ne saisit pas la valeur, non marchande, mais à cause de son contenu.
Après avoir tenté d’acquérir un livre lié au trésor perdu des Templiers dans une vente aux enchères, Stéphanie, officiellement en congé et venue anonymement au Danemark, ne peut compter que sur Cotton Malone pour se porter à son secours quand elle se retrouve en danger. Les voilà donc embarqués dans une aventure qui les entraînera dans les montagnes du Languedoc, plus précisément dans le village de Rennes-le-Château, à Avignon et d’autres lieux de la région. Cette chasse au trésor, savamment organisée comme un jeu de piste, représente, pour certains personnages, une quête plus personnelle: réconciliation posthume avec son mari pour Stéphanie; quête plus spirituelle pour Mark; quête historique pour Cassiopée. => Schéma qui donne au roman une dimension plus humaine, mais aussi plus épique.
A propos du trésor des Templiers: de nombreux passages du livre attestent de la démarche de recherches effectuée par l’auteur afin de se documenter au mieux sur les Templiers en général et leur trésor en particulier.
« L’épée d’un Templier, sa meilleure amie, ne ressemblait en rien à celle d’un baron… Pas de poignée incrustée de nacre ou dorée à l’or fin. Pas de pommeau de cristal renfermant des reliques. Les frères templiers n’avaient pas besoin de talisman de ce genre, puisque la force qui les habitait venait de leur dévotion à Dieu et de leur obéissance à la règle. Ils avaient pour compagnons leurs chevaux, toujours rapides et intelligents. » (Page 439).
La théorie du trésor des Templiers repose sur le fait que « après les arrestations de 1307, Philippe le Bel découvrit que le coffre du Temple de Paris, mais aussi ceux d’autres commanderies à travers la France étaient vides. Pas une once de l’or des Templiers de fut découverte. Jamais. » (Page 124) => D’où les innombrables chasses au trésor organisées au cours des siècles : « Dans le mois ayant précédé son arrestation, Jacques de Molay s’était empressé de dissimuler tout ce que l’ordre avait de plus cher. Malheureusement, il était impossible de découvrir le moindre indice permettant de localiser le trésor » (Page 203) : c’est précisément ce manque d’indices qui a permis d’alimenter les théories les plus fantasques…
Les personnages
- Cotton Malone : ancien membre de la très secrète Division Magellan ; il a une quarantaine d’années, est divorcé et père d’un adolescent, prénommé Gary. Suite à sa dernière mission au cours de laquelle de nombreuses personnes innocentes ont perdu la vie, Cotton, traumatisé, raccroche. Bien que le meilleur agent de la division, il ne supporte plus la pression du danger permanent, d’être sans cesse sur ses gardes, de risquer sa vie à chaque instant. Bibliophile averti, il quitte les Etats-Unis et s’installe à Copenhague, au Danemark, où il a acheté une librairie de livres rares et anciens.
- Stéphanie Nelle : son ancienne patronne à la division et aussi une amie.
- Mark : fils de Stephanie.
- Henrick Thorvaldsen : ami de Cotton; très riche collectionneur.
- Hansen : libraire de Copenhague qui n’aime pas Cotton.
- Bernard : allias Raymond de Rochefort: maréchal de la confrérie de l’abbaye des Fontaines, chargé de la sécurité.
- Cassiopée Vitt : aventurière ; de confession musulmane; à la tête d’une fortune colossale. Multiples talents, comme le maniement des armes; elle vit à Gisors sur le site d’une ancienne citadelle
- Le sénéchal.
- Geoffrey : simple moine.
Les lieux
Comme toujours, les romans de Steve Berry ont l’avantage de faire voyager ses lecteurs à travers le monde entier, visitant des lieux célèbres ou découvrant des paysages inconnus ; et toujours décrits de façon à donner une âme au récit, mais aussi de donner envie de les visiter… Au moins pour tenter de retrouver les traces de ses récits. Steve Berry affirme d’ailleurs sur son site qu’il s’efforce de visiter les lieux décrits dans ses romans, leur conférant ainsi un peu plus d’authenticité.
Copenhague : « Au loin, se dessinait la Tour ronde accolée à l’église de la Trinité comme un thermos à une glacière. La solide structure cylindrique s’élevait sur neuf étages. Le roi Christian IV du Danemark l’avait fait ériger en 1642 et le sceau du monarque, un 4 dans un C doré, étincelait sur la façade sombre de l’édifice. » (Page 27).
Avignon : « Les collines et les vallées s’étendaient à perte de vue. Les eaux vives du Rhône se frayaient un chemin en contrebas, s’engouffraient sous les arches du Pont Saint-Bénezet qui franchissait autrefois le fleuve et reliait la cité du pape à celle du roi, sur l’autre rive. » (Page 281)…Et son palais, avec toujours une petite notice historique : « Les rois de France voulaient isoler leurs papes afin de pouvoir contrôler leurs pensées, leurs faits et gestes. Aussi n’avaient-ils pas besoin d’une résidence claire et aérée. Aucun des papes d’Avignon ne se rendait jamais à Rome de crainte de se voir immédiatement exécuté. Les sept papes qui résidèrent ici se construisirent donc une forteresse. » (Page 285).
Mon avis
Ce roman, extrêmement bien documenté, témoigne de l’érudition incontestable de Steve Berry, sur les Templiers, leur histoire, leurs rites, leur credo. Même s’il est impossible de prouver que les thèses avancées pour expliquer les énigmes concernant la survivance des Templiers, leur héritage et la fortune de l’abbé Saunière sont fondées, j’avoue que la démonstration de l’auteur se tient parfaitement. D’autant qu’il exploite intelligemment des pistes toujours en vigueur :
« Aujourd’hui, la quête était plus subtile, les batailles modernes jouaient sur des terrains que les pères fondateurs de l’ordre n’auraient jamais imaginés. Les cours de justice, Internet, la littérature, la presse: l’ordre arpentait régulièrement ces lieux pour s’assurer que ses secrets étaient bien gardés, qu’il continuait à exister sans attirer l’attention. » (Page 90).
Notamment, en ce qui concerne la résurrection de Jésus; pour avoir lu de nombreux ouvrages de recherche sur ce sujet, je reconnais que la thèse de Steve Berry a le mérite d’être crédible et d’apporter des réponses, qui, pour le moins, font réfléchir. Contrairement à un autre de ses romans, La Prophétie Charlemagne, où certaines thèses sont, à mon avis, notamment la période carolingienne telle qu’il la décrit, tirées par les cheveux.
Le petit + : les reconstitutions historiques basées sur des recherches sérieuses mêlées à la fiction donnent un petit air d’authenticité bien fait pour me plaire, comme par exemple la confrérie de l’abbaye des Fontaines, descendants directs des templiers rescapés de la grande purge et réfugiés dans une forteresse perdue dans la campagne du sud de la France, fondateurs de la société secrète encore à l’oeuvre de nos jours afin de veiller à la conservation et surtout à la non divulgation des secrets de l’ordre… Vrai ou faux ? Il suffit de consulter les notes de l’auteur à la fin de l’ouvrage pour faire le point entre ce qui est avéré et ce qui sort de son imagination. La classe !!
Si vous vous intéressez à ces questions, je vous recommande vivement la lecture de L’héritage des Templiers qui, ce qui ne gâte rien, se lit très bien grâce à la maîtrise de l’auteur pour mettre en scène les classiques du genre, avec plus de sérieux et de crédibilité que certains de ses confrères américains (je ne cite personne…) De l’action, des rebondissements en cascade, une intrigue bien ficelée qui nous tient en haleine, des personnages intéressants, des lieux et des paysages dont les descriptions donnent du volume à l’intrigue, et, bien entendu, des révélations finales parfois surprenantes : une lecture très divertissante même si l’on n’est pas spécialement intéressé par l’histoire et ses mystères. Car, il faut bien l’avouer, on ne s’ennuie jamais avec Steve Berry…
En savoir plus sur Zonelivre
Subscribe to get the latest posts sent to your email.