Boréal est un thriller glacial. Il captive, prend les tripes du lecteur et engendre son lot de frissons asphyxiants.
- Éditions Denoël le 8 mars 2018
- Pages : 448
- ISBN : 9782207139141
- Prix : 20,90 €
PRÉSENTATION ÉDITEUR
Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière.
Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s’envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire.
Le lendemain a lieu la première disparition.
L’AVIS DE YANNICK P.
L’essence d’un excellent thriller nait sans aucun doute dans sa capacité à embarquer le lecteur vers une aventure extrême faite de rebondissements, capables de le tenir en haleine des heures durant et lui conférant une once supplémentaire d’âme. Boréal relève le gant. Sonja Delzongle, si elle abandonne, pour ce quatrième roman, Hanah Baxter (pour un temps j’espère), nous envoie sur une terre meurtrie où la menace est permanente.
Ce thriller atypique fait le choix d’un décor glaçant et inquiétant. Face aux personnages, le Groenland se découvre puissant. La nature inhospitalière. La réalité froidement sauvage, dangereusement mortelle, hostile dans ses plus infimes recoins.
Un lieu, la base Arctica, région de Thulé. Huit scientifiques découvrent avec un bœuf musqué pris dans la glace. Il n’est pas seul. Le chef de la mission, Roger Ferguson fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ce type de phénomène. A son arrivée, un membre de l’équipe disparaît. Voilà. Je n’en dirais pas plus.
Boréal est captivant. Ce roman, fort bien documenté, se nourrit de plusieurs histoires bien réelles comme le Camp Century ou l’accident de Thulé, mais aussi de spécificités plus locales comme les fascinants tardigrades, les inuksuits interdits ou bien encore le futur disparu, l’inlandsis.
Mais Sonja frappe fort avec la mise en scène de ses personnages. Ils sont attachants pour le pire comme pour le meilleur. Parmi l’équipe scientifique, il y a Luv. Norvégienne, c’est une mère désorientée. Elle est fragile et forte à la fois. Sa vie privée est compliquée, sa relation à l’enfance aussi. Il y a Lupin, le chien loup thèque, compagnon de Desjours. Lupin est personnage à part entière. Au-delà de l’équipe, bien entendue cosmopolite, vivant en autarcie, c’est tout un monde, de personnages secondaires, solide et en mouvement. Ava, la fille de Luv, Atsuko, l’Homme-ours, Peter Green et tous les autres.
A travers l’équipe de scientifiques, leurs travaux, leurs états d’âme et leurs sentiments, Sonja se joue des situations angoissantes. Dehors, sous une nuit constante, il n’y a que l’immensité glacée, sa violence et notre peur. L’isolement, les humeurs des uns et des autres, les peurs primales prennent des proportions différentes dans ce lieu confiné. Effroyables, tragiques, monstrueuses. Sonja nous offre une dimension, démesurée qui tend parfois à une certaine poésie bien que l’ambiance soit oppressante dès les premières pages.
Un vent glacé souffle une multiple de rebondissements, enchainés à un rythme vertigineux. La lecture devient une dépendance. L’esprit s’engourdit. On accompagne les pas de Luv, Malte, Lupin ou Sangilak, tantôt paralysé, parfois transi, le plus souvent avide. On saute avec une fluidité déconcertante entre les nombreux thèmes.
Un côté écolo assumé à travers la catastrophe écologique qui tend à se répandre sur le Groenland, mais également, car Sonja Delzongle sait aborder des thématiques variées qui secouent, la maternité, les maladies mentales ou l’instinct de survie.
Boréal est un thriller glacial. Il captive, prend les tripes du lecteur et engendre son lot de frissons asphyxiants. On s’en affranchit à la dernière page qui arrive trop vite.
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