Philip LE ROY : Le neuvième naufragé

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Philip LE ROY-Le neuvieme naufrage
[amazon asin=2268099253&template=image&title=Le neuvième naufragé]
  • Éditions du Rocher le 4 avril 2018
  • Pages : 300
  • ISBN : 9782268099255
  • Prix : 18,90 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Sur une petite île inhabitée de Méditerranée, huit touristes naufragés soupçonnés d’avoir tué l’un d’entre eux, sont interrogés par une criminologue d’Interpol qui comprendra trop tard qu’elle n’est qu’un pion sur l’échiquier d’une vengeance diabolique.

L’AVIS DE YANNICK P.

Un huis-clos sur une ile déserte. Un cadavre, huit suspects. La vérité est-elle si simple à découvrir ?

Une petite-avant 1ère avant la sortie officielle du roman le 4 avril. Un grand merci pour la confiance accordée par les éditions du Rocher. Donc, un objectif ne rien spoiler.

Un voilier échoué sur une ile déserte en Méditerranée. Lors de leur embarquement, ils étaient neuf. Cinq filles, quatre garçons. Paco, le policier brésilien, James, l’homosexuel irlandais, Dorian, le photographe français, Damien, le juge du TGI de Pontoise, Tayma, la franco-algérienne militante pour le droit des femmes et conseillère en insertion et de probation, Diane la québécoise, ex-actrice reconvertie dans la traduction pour un cabinet d’avocat, Hanke l’avocate allemande, Sandra l’inspectrice aux impôts, féministe et Eloïse l’hôtesse d’accueil du parlement européen. Tous se sont rencontrés sur Facebook. Cette croisière était leur première rencontre.

Pourtant, les rescapés ne sont plus que huit quand Eva Velasquez, criminologue d’Interpol débarque sur l’Ilsa de Sangre. Dorian était le seul à savoir naviguer, manœuvrer le voilier pourtant le navire s’est échoué et le corps de ce dernier a été retrouvé calciné dans le bateau. De la drogue pas loin.

Le lecteur suit Eva dans ses interrogations des suspects. L’enchaînement. Les versions des rescapés semblent être trop propres pour être honnêtes. Les envies des policiers de voir classer l’affaire sous couvert de trafic de drogue sont trop rapides. Les doutes et les peurs d’Eva perturbent son jugement. Elle n’a que peu de temps pour arriver à dénouer l’écheveau et faire jaillir la vérité. Reste à savoir qui manipule qui ?

Il faut le talent de Philip Le Roy pour nous embarquer dans cette croisière terrestre. On tire des bords allant d’une version à l’autre, tachant de repérer le plus petit mensonge. Chacun narre l’enchainement des événements. On navigue dans un Usual Suspects littéraire. Ils ont été rassemblés dans le même bateau, l’un d’eux a disparu. Avec le temps, Dorian s’affiche comme un personnage complexe. On cherche à deviner qui se cache derrière le masque. On tente de démasquer la vérité à la hauteur d’un Keyser Söze. Ça se dévore trop rapidement.

Au fil des pages, on ne doute plus des raisons qui ont amené au meurtre de Dorian. Pourtant, il y a cet « effet Lucifer » qui insinue le doute dans le cerveau du lecteur. L’«effet Lucifer » où dans un lieu clos, le navire, la situation pourrait être à l’origine de comportements plutôt que la personnalité autoritaire des participants tel que Dorian, Damien ou d’autres. Dans l’expérience de Stanford, les prisonniers et les gardes s’étaient adaptés aux rôles qu’on leur avait assignés, dépassant largement les limites de ce qui avait été prévu au début de l’étude. Et si rien de ce qui nous était offert de prime abord n’était la vérité ? Comment se saisir des brides de sincérité ? Nous relevons le challenge d’Eva et faisons notre, son enquête.

C’est toujours très bien écrit. Le neuvième naufragé est un plaisir. La psychologie des personnages, leurs relations est forte.

A travers Eva, Philip nous promène. On doute que le meurtre soit le simple fruit du hasard. Reste à savoir qui manipule qui ? L’auteur manipule t’il le lecteur ? Et si finalement le rabbin avait raison. Deux ramoneurs sortent de la cheminée, l’un est noir, l’autre est blanc. Lequel va se laver ?

L’AVIS DE CATHIE L.

Le neuvième naufragé a été publié par les éditions du Rocher en 2018. Il s’agit d’un thriller psychologique construit comme un whodunit, une sorte de roman à énigme. Le style plus sobre, plus concis atteste une maturité de l’écriture. Les nombreux dialogues rendent le récit très vivant, les chapitres courts lui donnent un rythme soutenu. Pas de prologue. On se trouve d’emblée plongés dans l’action. On ne s’ennuie à aucun moment, mais ça c’est la signature « Le Roy« .

La construction originale et intelligente propose une alternance de scènes avant le naufrage dans lesquelles les rescapés évoquent les événements survenus au fur et à mesure qu’ils sont interrogés, chacun donnant sa version des faits, selon ce qu’il a vu ou entendu, et de scènes du présent relatant l’enquête elle-même.

L’intrigue

Un voilier en flamme est repéré en pleine mer, au large de Gibraltar. Les huit rescapés se sont réfugiés sur un îlot perdu dans l’océan. Quatre garçons et cinq filles de nationalités différentes, qui se sont connus sur Facebook, dans un groupe au sein duquel ils partageaient leur passion pour les voyages et la voile, ont loué un voilier afin d’entreprendre une croisière. Pour une raison inconnue, le voyage idyllique a viré au cauchemar.

Alors qu’ils attendent les secours, la tempête gronde, menaçant d’engloutir l’îlot sur lequel ils ont trouvé un refuge bien précaire. Eva Velasquez, profileuse mandatée par Interpol, a pour mission de déterminer les circonstances du naufrage : accident ? Meurtre? Contrebande ? Eva va devoir reconstituer les faits en interrogeant les rescapés et mener une enquête dans des conditions climatiques et psychologiques complexes.

Les lieux

L’essentiel de l’intrigue se déroule sur une île éphémère, perdue au milieu de l’océan, « créée par un volcan sous-marin  dont le sommet est situé à quelques mètres seulement de la surface. A chaque éruption, elle émerge avant d’être recouverte peu à peu par les eaux. » (Pages 24-25), conditions idéales pour un thriller psychologique, dont le milieu clos, rendu hostile par les éléments déchaînés, et « le décor lunaire » contribuent à intensifier la tension dramatique.

Ambiance de fin du monde, petit clin d’œil cinématographique rappelant les films d’horreur américains qui nous ont fait frémir dans les années passées : « L’orage grondait. Les vagues se brisaient contre les récifs et volaient en éclats salins se mêlant en trombes déversées du ciel. L’île ressemblait à un caillou jeté dans un tourbillon. » (Page 243) => Avouons que l’impact du récit ne serait pas le même s’il se déroulait par une chaude journée d’été sous un ciel bleu, un soleil radieux, sur une île bordée de sable fin et de cocotiers altiers…

Mon avis

J’avoue que Le Neuvième naufragé m’a agréablement surprise, non que je n’ai pas apprécié les précédents romans de Philip Le Roy, bien au contraire !! J’ai simplement eu le sentiment qu’avec ce thriller psychologique, à l’érudition discrète, l’auteur développe un style plus mature, plus concis, délivrant une intrigue plus ramassée, des personnages et des lieux moins nombreux, avec pour résultat un thriller plus intimiste, revêtant les apparences d’un whodunit : les suspects se retrouvent coincés dans un endroit clos, dont l’abordage est rendu difficile par des conditions météo exécrables, interrogés chacun leur tour par une criminologue, concession qui modernise le concept.

J’ai beaucoup apprécié l’intrigue intelligemment conçue comme un jeu de Cluedo : chacun des suspects avait le mobile et l’opportunité du crime ; toutes les possibilités sont envisagées une à une, égarant le lecteur dans des voies sans issue, avec la surprise et la révélation finales, of course !!

L’innovation réside dans le personnage de l’enquêtrice, criminologue mandatée par Interpol, dont l’autorité prévaut sur celle des polices locales, habituée à évaluer psychologiquement de dangereux psychopathes. Évoluant dans cet univers de violence et de crimes abjects, elle adopte une méthode personnelle : préférant « surprendre, déstabiliser, poser beaucoup de questions anodines dont les réponses étaient souvent lourdes de sens pour elle. » Elle sait parfaitement que « les psychopathes ne craquent jamais devant les hurlements, les menaces, les coups. Car la violence leur est familière. » (Page 13).

Grâce à une documentation précise, à des procédures d’enquête réalistes, à des thèmes faisant référence à des préoccupations de notre temps, notamment l’utilisation et l’impact des réseaux sociaux, les conditions de vie des réfugiés et le combat des femmes musulmanes, Philip Le Roy, capable de se renouveler comme les plus grandes plumes,  nous offre ici un moment de lecture captivant et enthousiasmant.

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