Patricia RAPPENEAU : Tout ce qu’ils méritent

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Patricia RAPPENEAU - Tout ce qu ils meritent
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  • Éditions De Borée en mars 2017
  • Pages : 280
  • ISBN : 9782812920431
  • Prix : 19,00 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

Fin 1908, Rose Caleu jeune femme à la beauté sculpturale, bonne du curé le jour, devient une prédatrice redoutable et une tueuse psy- chopathe implacable et insoupçonnée aux heures sombres. Vio- lentée dès son plus jeune âge, victime d’inceste et d’abus sexuels, la jeune gourgandine use et abuse de ses charmes pour torturer à plaisir et tuer à foison les amateurs de chair fraiche et de lubricité.

L’AVIS DE CATHIE L.

Tout ce qu’ils méritent, publié en 2017 par les éditions De Borée dans la collection Marge Noire, est le dernier roman de Patricia Rappeneau, auteure de livres de loisirs créatifs, de romans policiers et d’un thriller. L’action se déroule en décembre 1908. Le style est tout à la fois soigné, énergique et fluide. On rentre tout de suite dans l’histoire dont certains passages sont racontés à la première personne par l’enquêteur, tandis que les autres passages, racontés à la troisième personne, suivent les agissements de Rose qui craint d’être démasquée.

L’intrigue

Grâce aux renseignements fournis par Rose, la bonne du curé, jeune femme d’une grande beauté, les frères Romanis, tuiliers-briquetiers le jour, organisent des « virées » nocturnes dans le but de cambrioler des maisons isolées, de préférence habitées par des vieillards. C’est ainsi qu’ils se retrouvent à la ferme Poillot. Mais les choses ne tournent pas comme ils l’avaient prévu: Rose, prédatrice impitoyable, les tue un à un, puis, après avoir torturé le vieux Poillot, met le feu à la maison pour effacer toutes traces compromettantes.

Le lendemain, au village, on ne parle que de ça: dans les décombres de la ferme, les pompiers ont retrouvé six corps carbonisés alors que le fermier vivait seul depuis le récent décès de sa femme qui devait être enterrée le lendemain, et que Lisette, sa petite-fille surnommée « la folle », est retrouvée prostrée. Qui sont les quatre cadavres inconnus? Lisette, qui n’a plus toute sa tête, est-elle responsable de cette tragédie ?

Mangin, capitaine de brigade, confie l’affaire à André Colinot, jeune recrue. A lui d’élucider le mystère des cadavres en trop et de déterminer le degré de responsabilité de la jeune Lisette dans cette sombre affaire. Mais le gendarme parviendra-t-il à mener son enquête dans un climat d’hostilité envers la gendarmerie ? Et que penser de Léon Dubreuil, cafetier fort en gueule, robuste et intelligent, qui s’adonne à des trafics pas très catholiques ?

Les personnages

• Rose Caleu : bonne du curé, jeune femme à la beauté sculpturale, chevilles fines, jolis mollets, peau dorée, taille de guêpe, belle poitrine, attributs à faire damner tous les saints.
• Paul Troignon : curé du village ; homme concupiscent et peu respectueux des enseignements du Christ.
• Lisette Poillot : fille de Germaine Poillot et petite-fille du vieux fermier ; âgée de 15 ans ; jeune fille fragile psychologiquement.
• Germaine Vilocq : fille du vieux père Poillot, mère de Lisette.
• Léon Dubreuil : cafetier d’une trentaine d’années ; taillé en armoire à glace, cheveux noirs très courts et épais, sourcils fournis, yeux gris ; proxénète à ses heures.
• Gilberte Bonneval : belle-soeur de Colinot qui s’occupe de sa fille Lucienne ; lingère de 19 ans ; petite brune ; gentille, chaleureuse.
• Armand Bonneval : frère de Gilberte, père de Lucienne.
• Albert Castel: gendarme.
• Paul Mangin : capitaine de brigade, chef de Colinot ; âgé dune cinquantaine d’années; très grand, tout en muscles, fils de gendarme.
• André Colinot : jeune gendarme ; beaucoup de flair, sait écouter et voir ; traits anguleux, menton légèrement en galoche, sourcils épais, voix éraillée.

Les lieux

L’histoire se déroule dans le village de Sémur, près de Dijon, dont l’auteure donne de rapides aperçus au fur et à mesure des déplacements des personnages : la place de l’église éclairée par des réverbères ; la statue de la Vierge, les pavés « patinés comme du vieux cuir » ; la rue des Vaux, le pont des Minimes, l’ancienne léproserie, le quartier des jardins… Autant de détails posés comme un décor, laissant penser que Sémur bénéficie d’une situation prospère: les représentants de commerce qui la fréquentent régulièrement, les divers établissements que possède Léon, la vieille cité médiévale qui attire les curieux.

Le Brevochard, café de Léon, sert trois repas par jour et loue quatre chambres. Quant à sa salle de jeux, on y joue au billard, à la belote et au tarot; on y boit, beaucoup, on y mange des caramels;  » une des portes principales de la ville, stratégiquement bien placée ». Patricia Rappeneau sait incontestablement, par de menus détails et impressions fugitives, donner vie aux toiles de fond sur lesquelles évoluent les protagonistes de ce roman, comme la chambre de Rose « pièce exiguë de six mètres carrés tout au plus, sans chaleur et sans confort, aménagée dans les combles de la cure. » (Page 14)

Contexte historique: bien que, tout juste un an avant les faits racontés dans ce roman, Clémenceau ait créé les brigades mobiles , bien connues sous le nom de Brigades du Tigre, troupes nomades dont la principale fonction était de poursuivre, avec le concours des polices locales, les malfaiteurs sur tout le territoire français et même à l’étranger, il n’existait aucune liaison entre les polices de deux régions différentes.

A cet égard, 1908, pourtant aube du vingtième siècle, est, par bien des aspects, encore ancrée dans le siècle précédent, ce que Patricia Rappeneau nous montre à travers la façon dont les gendarmes mènent l’enquête: Colinot, qui fait confiance aux observations, aux relevés précis sur la scène de crime, à la collecte d’indices, est confronté à l’indolence de ses collègues qui « n’avaient même pas daigné remuer d’autres cendres que celles retombées au bout de leurs bottes, refusant ainsi de dresser toutes les constatations d’usage qui pourraient déplaire à la population. Et dire qu’au cours de l’année 1906 cent trois mille affaires criminelles et correctionnelles avaient été classées sans que les auteurs aient pu être identifiés. » (Page 56).

Les gendarmes, tout au moins dans les zones rurales et dans les provinces, utilisaient encore les chevaux, qu’ils achetaient à leurs frais, pour leurs déplacements. Ni téléphones, ni formation spécifique. Bien que le 19e siècle ait vu l’apparition du bertillonnage, de l’anthropométrie et le recours aux empreintes digitales, on est encore loin de la police scientifique telle que nous la connaissons aujourd’hui.

En conclusion

Le – : petit flottement dans l’apparition, page 29, du gendarme Colinot: tout d’un coup on passe de la 3e personne à la première sans aucune transition, sans que l’on sache qui parle. Un peu déroutant.

Le + : le personnage original et plein de contradictions d’André Colinot, bien décidé à préserver son secret, dans une société hiérarchisée, où la femme, occupant une place et une fonction bien définies, n’a pas accès à nombre de prérogatives uniquement réservées aux hommes, comme le métier de gendarme. Pour nous lectrices du XXI ème siècle, son combat peut sembler dépassé, et pourtant nous sommes touchées par sa volonté de s’affirmer par ses capacités intellectuelles et non par son seul physique, par son courage et sa détermination à faire triompher la vérité, quelle qu’elle soit.

Par la place qu’elle accorde à la psychologie des personnages, à leur histoire personnelle, ainsi qu’à leurs désirs et leurs impulsions, Patricia Rappeneau donne vie à son récit; elle lui donne une dimension humaine qui permet de relativiser les crimes commis par Rose : certes, la jeune femme s’adonne à des pratiques cruelles que l’on ne peut accepter, mais dans un monde où les femmes, dès leur plus jeune âge, sont soumises à la concupiscence et à des pratiques dévoyées, qui est le bourreau? Une intéressante question que nous soumet ce roman policier incomparable.

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Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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