Présentation Éditeur
Scénario et dessin : Jacques Tardi, d’après le roman de Léo Malet
Paris, 1956. La nuit, sur le pont de Tolbiac, un homme rôde. Dans son regard, la folie… Pendant ce temps, Nestor Burma, détective privé réputé pour mettre le mystère K.O., enquête sur la mort d’un vieux chiffonnier. Et se retrouve plongé dans ses souvenirs de jeunesse. Il se revoit vingt ans plus tôt, en jeune anarchiste usant ses semelles sur les trottoirs du 13e arrondissement…
Publié en 1981 dans le magazine A suivre, Brouillard au pont de Tolbiac est la première adaptation par Tardi d’un roman noir de la série Les Nouveaux Mystères de Paris, écrite par Léo Malet. C’est l’occasion pour le dessinateur d’arpenter Paris en tous sens avant de recréer avec brio l’ambiance urbaine de la capitale d’après guerre. Pavés luisants, odeurs de macadam mouillé et architectures de métal : le graphisme de Tardi, avec son noir et blanc rehaussé d’aplats gris, n’a pas d’équivalent pour traduire en images l’atmosphère de la ville. Un polar sombre et fascinant marqué par la fatalité.
L'avis de Jérome Peugnez
Adapté du roman de Léo Malet, Brouillard au pont de Tolbiac est l’une des œuvres les plus marquantes de Jacques Tardi, maître de la bande dessinée noire. Publiée en 1982, cette BD met en scène le célèbre détective privé Nestor Burma dans un Paris des années 1950, brumeux et poisseux, où se mêlent mystère et nostalgie.
L’intrigue démarre lorsque Burma est appelé à enquêter sur la mort d’un ancien camarade anarchiste, retrouvé noyé près du pont de Tolbiac. Ses recherches le conduisent dans les méandres d’un quartier populaire, où passé et présent se mêlent, avec des retrouvailles inattendues et des secrets enfouis qui ressurgissent. À travers cette quête, Tardi peint un Paris interlope, loin des cartes postales, peuplé de marginaux, de miséreux et de figures ambivalentes. Le dessin en noir et blanc de Tardi accentue l’atmosphère oppressante et mélancolique du récit, avec des décors urbains détaillés, presque photographiques, qui contrastent avec les visages souvent anguleux et expressifs de ses personnages.
Ce qui fait la force de cette œuvre, c’est avant tout la manière dont Tardi parvient à traduire l’âme des romans de Léo Malet. La BD ne se contente pas de suivre l’intrigue du livre, mais restitue parfaitement cette ambiance particulière du Paris d’après-guerre, à la fois rude et désenchanté. Tardi s’approprie l’univers de Malet pour en faire une véritable immersion dans un monde où la frontière entre justice et criminalité est souvent floue.
Avec Brouillard au pont de Tolbiac, Tardi livre un polar intense, où chaque case est empreinte d’une poésie noire, rendant hommage à un Paris disparu et à l’âge d’or du roman noir français. Un classique incontournable pour les amateurs du genre.
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