Michaël MENTION : Le Carnaval des hyènes

Michael Mention excelle dans le noir et la dénonciation sur fond d’aventures. Décalé tout en ayant une écriture efficace et percutante.

Présentation Éditeur

Carl Belmeyer est une figure emblématique du paysage audiovisuel français. Présentateur du JT depuis plus de trente ans, il dissimule derrière son sourire une personnalité narcissique. Arrogant et manipulateur, il méprise tout le monde, à commencer par son public qui l’adore. Quand Barbara, une bimbo de l’émission de téléréalité Villa Story, meurt en direct sous les yeux horrifiés des téléspectateurs, le scandale secoue durement la chaîne. Elle doit rapidement redorer son blason et compte bien utiliser l’image charismatique de Belmeyer. Il redevient alors reporter de terrain et part couvrir la guerre civile qui fait rage au Liberia. Le message doit être clair pour l’audience : la chaîne se recentre sur l’essentiel.

Mais rien ne fonctionne comme prévu, et Belmeyer, habitué à rester maître de sa vie, devient tout à coup spectateur contraint. 50% mensonge, 50% buzz, 100% audimat!

Origine Flag-FRANCE
Éditions Flammarion
Date 8 juillet 2015
Pages 224
ISBN 9782081347922
Prix 17,00 €

L'avis de PIERRE-MARC PANIGONI

Michael Mention est un auteur à part dans le paysage du noir il fait partie de ces rares auteurs à savoir capter l’environnement et le sublimer dans le noir. Sa lucidité désarmante et son ton caustique génèrent en général des romans noirs de haute volée, et c’est encore le cas avec son nouvel opus.

Le carnaval des hyènes est donc l’histoire de Carl Belmeyer, le présentateur historique de la 1ere chaine du pays, aussi narcissique et égocentrique qu’un être peut l’être. Suite à la mort en direct d’une candidate de téléréalité. Il est alors envoyé au Libéria pour tenter de détourner les téléspectateurs de ce scandale médiatique, en renouant avec le journalisme de terrain.

Le moins que nous puissions dire c’est que c’est un coup médiatique réussi, car à peine arrivé le faux cul opportuniste mégalo Carl se fait enlever et séquestrer…

Ce roman noir est tout simplement un ton au-dessus parmi les romans noirs actuels. Michael Mention excelle donc dans le noir et la dénonciation sur fond d’aventures. Au travers son travers, nous pouvons le voir flageller les médias et tirer à boulet rouge sur l’audiovisuel actuel qui nous sert de la malbouffe spirituelle depuis quelques années déjà. La manipulation de masse et l’empathie télévisuelle feinte vous connaissez ? Non ? Et bien en refermant ce livre vous en serez pleinement conscient.

Ce n’est pas pour autant une thèse de doctorat sur l’inculture crasse ne projetant que de la bêtise contagieuse sur le téléspectateur panurgien moyen, ni même un pamphlet dénonciateur. Je crois que c’est juste une observation réaliste servant de cadre à ce roman, une toile de fond en quelque sorte.

Ne vous inquiétez pas pour autant en vous disant que vous allez avoir un roman difficile à lire, car tout est fait avec un humour sous-jacent, qui donne de la légèreté à l’ensemble roman, sans compter sur le scénario très rythmé que nous a concocté l’auteur.

Au fur et à mesure que nous progressons dans le roman, nous touchons du doigt toutes les magouilles, manipulation des informations et la désinformation que les rédactions opèrent. Nous découvrons un monde sans pitié dans lequel il n’y a qu’un seul mot d’ordre : faire de l’audimat en écrasant les autres chaines.

Afin d’incarner cela, nous avons un personnage que l’on peut retrouvera je pense sur tous les plateaux de TV : Carl Belmeyer. C’est un être suffisant, auto centré sur lui-même, désobligeant avec la masse, toxique, mais qui malgré tout est sympathique avec son sourire.

C’est ça le pire, Michael Mention est arrivé à créer aussi détestable qu’on puisse imaginer et faire en sorte que l’on s’y attache. Oui c’est vrai, on s’attache à ce grand dadais qui subit un ensemble de traitement terrible, et je dois bien avouer que j’ai même souri de voir cet être abject se retrouver manipulé au cœur de l’info qu’il manipulait si bien avant.

Les autres personnages ne sont pas en reste, mais seulement il prend tant de place que je ne pouvais pas ne pas m’y attarder un peu.

Ce que je retiens essentiellement de ce roman est l’œil de l’auteur, une nouvelle fois décalé tout en ayant une écriture efficace et percutante. J’ai passé un très bon moment, trop court je dois bien avouer, avec ce roman noir contemporain, surprenant, intelligent et malgré tout hyper fun.

Je ne peux maintenant que vous recommander d’éteindre votre télévision et de vous plonger dans ce roman noir succulent. Vous ne le regretterez pas.

À tchao bonsoir !

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Pierre-Marc PANIGONI
Pierre-Marc PANIGONI
PM, gestionnaire qui préfère le polar aux livres de comptes

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