Présentation Éditeur
2018. A Rougemont, une petite ville située à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris, le temps semble s’être arrêté au milieu du XIXème siècle : le coeur de la ville est devenu un véritable musée à ciel ouvert, avec ses vieilles rues, ses maisons anciennes, ses très beaux hôtels particuliers, ses églises, ses anciens couvents…
Il reste habité pour l’essentiel par les familles les plus anciennes de la cité ; l’entre soi y règne en maître, on refuse de s’ouvrir aux nouveaux arrivants. La famille Frémy, installée à Rougement au XVIIème siècle, possède une aura particulière : le père, Jean-Patrick, homme d’affaires, très croyant, très dévoué ; France, sa femme, venue de Paris et qui s’ennuie mortellement.
Deux fils. La vie s’écoule doucement… en apparence.
La famille Chérisy habite dans une des deux petites cités construites à la fin des années 60 en périphérie de la ville. Le père est mécanicien, la mère femme de ménage. Ils ont deux filles dont Marceline, l’aînée, qui rêve d’intégrer le monde de la vieille ville. Elle est prête à tout pour y arriver et ne reculera devant rien. Réussira-t-elle ?
Un roman sur le choc de deux mondes qui vivent côte à côte mais ne se rencontrent pas.
Marc Desaubliaux est né en 1953. Marceline ou le monde des autres est son dixième livre.
Origine | |
Éditions | Des auteurs des livres |
Date | 30 novembre 2022 |
Pages | 325 |
ISBN | 9782492375132 |
Prix | 16,00 € |
L'avis de Nicolas Bücher
« Bourgeois parvenus qui tirent l’échelle après eux et ne veulent pas laisser monter le peuple. »
C’est sur cette citation de Victor Hugo que s’ouvre le livre Marceline ou le monde des autres. Dans ce roman daté, le lecteur découvre une scène sordide : le cambriolage d’une luxueuse maison à Rougemont, dans le nord de la France. Dès lors, Marc Desaubliaux enchaîne avec l’Histoire de la ville et les origines du clivage social qui entoure cette région. Très rapidement, l’ouvrage s’oriente vers une alternance de points de vue et discours, qui donnent la couleur. Marceline, la jeune fille issue des quartiers défavorisés d’un côté. De l’autre, la famille Frémy. France et Jean-Patrick sont malheureux dans leur mariage. Elle s’ennuie de Paris, ville qu’elle adore, tandis que le bourgeois encaisse les ivresses de sa compagne agressive. Une nuit, elle quitte le domicile et ne revient pas. Terrorisé, Jean-Patrick ment à ses fils Henri et Paul, leur disant que leur mère s’est absentée pour des raisons médicales. Peu dupes, les garçons n’y croient pas. Madame se ressource, pendant que l’époux abandonné enquête sur ses ancêtres. De son côté, Marceline est fascinée, subjuguée par cette classe haute qui n’est pas la sienne. Celle qui s’émerveille devant les lumières des supermarchés est attirée par l’or et les choses qui brillent à la manière d’un corbeau. Finalement, sa famille qui déteste tant les Frémy assure que ce sont des gens haïssables sous bien des aspects.
L’origine de cette rage pourrait être le cœur de l’intrigue.
Pendant l’absence de France, les jeunes adolescents découvrent l’amour. Le petit Paul Frémy rencontre Louise Mandaval. La famille Fraisse voit d’un mauvais œil l’attrait de leur fille pour le clan ennemi. Pourtant, Jean-Patrick se montre très bienveillant à l’égard de Marceline. Il lui propose son aide, l’embauche et la protège contre la violence de ses parents.
Cependant, des éléments troublants vont s’ajouter à ce tableau idyllique. La montée sociale de Marceline avance au même rythme que les révélations au sujet de la famille Frémy. Des notes et d’anciens témoignages refont surface et font paniquer Jean-Patrick. Ce dernier aurait été victime de mensonges toute sa vie.
Henri et Paul sont jeunes, mais leur innocence n’est pas flagrante.
En effet, les deux fils Frémy ne luttent pas contre la tentation et se laissent parfois aller aux excès de la jeunesse. Ils expérimentent et touchent à l’alcool, la drogue, le sexe. Des activités qui déplaisent fortement à Jean-Patrick, qui considère ses enfants comme des anges. De son côté, Marceline sort la nuit et reçoit une pluie d’insultes, lorsqu’elle rentre à la maison. Puisqu’elle a grandi dans un climat extrêmement vulgaire, la protagoniste réagit à son échelle. Avec un langage grossier, elle subit sa vie aux Béguines. Elle ignore totalement ce que traverse Jean-Patrick, qui pleure la mort de son premier amour de jeunesse, emportée par une maladie incurable. Désespérément seul, Jean-Patrick est pathétique : il fait pitié et s’isole. En lisant ses lettres et en remontant dans le passé, il pourrait bien tomber sur des monstres. Finalement, ce mariage avec France est un second choix. Même si la ville estime cette famille riche et ancienne, la vérité au sujet des Frémy est obscure. En effet, sa sœur expatriée en Afrique a souhaité prendre la fuite après un viol. En prêtant sa confiance à Marceline, Jean-Patrick est peut-être en train de commettre une erreur. Après tout, une jeune fille élevée dans la violence et l’irrespect peut être capable du pire. Mais puisqu’il ne faut pas juger les personnes en raison de leurs portefeuilles, le lecteur persévère, espérant une fin heureuse pour ces familles qui se déchirent.
Chez les croyants catholiques et pratiquants, l’étiquette importe.
Surtout dans un petit village comme Rougemont. Au sein de cette commune traditionnelle, qui n’aime pas changer ses habitudes, les habitants cultivent le sauvetage des apparences. Aucun scandale ne doit éclater et puis il est urgent de protéger la communauté. Pour cela, certains n’hésitent pas à carrément tomber dans la terreur et à mettre la pression sur des familles. Ainsi, les membres d’une classe sociale sont prêts à avoir recours aux pires stratagèmes, afin de redorer l’étiquette. Ce triste constat pessimiste est une réalité, surtout lorsqu’on se rend compte que cette vérité s’applique au monde. Marc Desaubliaux a réussi à créer une intrigue à la fois passionnante et engagée sous un regard vrai et sans artifice. En utilisant les idées reçues, il parvient à critiquer l’hypocrisie, tout en accusant les menteurs. Dans la course à l’ambition, tout le monde se brûle les ailes. Marceline ou le monde des autres est un récit bien mené, rédigé dans un style efficace. L’ouvrage se lit rapidement et ne s’oublie pas. L’auteur profite de ses propres connaissances, afin de créer une histoire digne de ce nom et qui traite de sujets sensibles comme le harcèlement et la précocité des adolescents vis-à-vis du sexe.
Le site de Marc Desaubliaux : https://www.marc-desaubliaux.fr/
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