Présentation Éditeur
Démis de ses fonctions de commandant à la PJ parisienne, le lieutenant Lucas Dorinel vit son exil brestois comme une petite mort. Jusqu’à ce qu’un message obscur _ Les Bêtes seront sacrifiées _ lui rappelle ce que la mort, la vraie, a de plus terrifiant.
Car le message le conduit à un cadavre. Sauvagement mutilé. Celui d’un homme incarcéré huit ans plus tôt pour le meurtre d’un enfant.
En s’adressant directement à lui, l’assassin réveille en Lucas à la fois son instinct de flic et sa violence. Le meurtrier et lui sont faits de la même étoffe. Prêts à combattre le mal par le mal.
Et à traquer les Bêtes là où elles se terrent.
Origine | |
Éditions | Hugo & Cie (poche) |
Date | 14 novembre 2019 |
Pages | 429 |
ISBN | 9782755644425 |
Prix | 7,60 € |
L'avis de Yannick P.
Lucas Dorinel a été démis de ses fonctions. Depuis, rétrogradé, il a été déplacé à Brest. Grosse punition. Brest, ce n’est plus le 36 quai des Orfèvres. Ce lieutenant porte le poids de son histoire, rogne son frein. Un étrange message Les Bêtes seront sacrifiées le conduit à un cadavre. Celui du meurtrier d’un enfant qui rappelle un autre crime séparé de douze ans. L’instinct du flic est réveillé. Le mal qui le ronge aussi. De l’autre côté, Gaël Tisserand est un jeune homme qui a décidé d’entrer dans les ordres. Il réceptionne un colis qui le projette dans sa vie d’avant. Et le lecteur plonge dans le suspense.
Le Singe d’Harlow est premier roman. Il est diablement construit.
La forme d’abord, les chapitres sont très courts. L’écriture y est ciselée pour ne pas dire concise, les descriptions laissent parfois le lecteur sans une once de souffle.
Le fond, c’est un puzzle. Un polar autant qu’un thriller. Pas mal de rebondissements qui s’enchainent. Au final, j’ai eu sous les yeux un opus qui demande une certaine attention tant les nœuds s’entrelacent comme les nombreux personnages. Ceux-là sont faits de failles et de caractères. J’écris une certaine attention, car si ce roman se révèle assez addictif, il faut avouer que le lire nécessite un moment à part, une concentration pour se frayer un chemin entre les mots.
Reste que Ludovic Lancien laisse la part belle à la psychologie et dresse une intrigue sanglante, sauvage qui distille une sacrée angoisse. Le Singe d’Harlow qui laisse un souvenir plaisant s’il en est. Pour mémoire, Harlow fut un chercheur qui a fait souffrir de jeunes macaques pour « prouver » que le lien d’amour et d’attachement était plus fort que l’intérêt pour la nourriture. Moi je pose ça là… à bon entendeur…
L'avis de Cathie L.
Breton dans l’âme, Ludovic Lancien est un amoureux de la terre et des livres. A tel point que la lecture fait partie de ses activités quotidiennes. Il a même créé son propre blog. Sa participation, et sa victoire, au concours Fyctia suspense lui donne l’occasion de révéler sa plume originale et incisive dans ce premier roman.
Le Singe d’Harlow a été publié par les éditions Hugo Thriller en 2019, dans la collection Hugo Poche. Le style résolument moderne de ce premier roman est assez déconcertant, alliant des phrases longues et des phrases courtes, effet de style qui contribue à déstabiliser le lecteur, l’entraînant dans l’intrigue sans espoir de retour: « Et s’il se souvenait bien d’une chose, c’est pourquoi il en était arrivé là. Pas comment. Mais pourquoi. Il humecta avec sa langue ses lèvres gercées, avant de partir dans une quinte de toux qui semblait vouloir lui arracher les poumons. Il était épuisé. Epuisé d’attendre. Ereinté d’être à la merci de ce dégénéré. D’être à l’état de loque. » (Pages 13-14).
Le vocabulaire souvent familier donne le ton de ce roman rude, acerbe: celui des crimes brutaux commis par l’assassin et du caractère non moins abrupt du lieutenant chargé de l’enquête: « Lucas repensa à l’enveloppe trouvée sur son paillasson. Ce fou furieux s’était tenu sur le seuil de son appartement. Il aurait pu rentrer chez lui, armé du flingue ayant servi à dessouder le camé. Lucas se serait pris un pruneau avant de bouger le petit doigt. » (Page 68).
L’inspecteur Lucas Dorinel reçoit un curieux message anonyme: une adresse à Brest suivie des mots: »Les bêtes seront sacrifiées », tandis que le prêtre Gaël Tisserand reçoit le même message, sans l’adresse. A l’adresse indiquée, Lucas tombe sur une scène de crime et ses collègues, arrivés juste avant lui: ils trouvent le cadavre d’un homme assis sur une chaise, recouvert de terre comme si on l’avait déterré, mort depuis au moins une semaine; sur la langue du mort, une obole grecque comme celles que l’on plaçait dans la bouche des défunts afin de payer Charon, le nocher du Styx, fleuve des Enfers.
Dans la pièce à côté, une curieuse mise en scène, rappelant des rites inspirés de la mythologie grecque: une pâtisserie et une canette de soda. Sur le mur, le même message que celui adressé à Dorinel. Quelle est sa signification? Pourquoi le tueur semble-t-il vouloir impliquer Lucas dans l’enquête? Comment connaît-il son adresse?
Pour Lucas, il est clair que ce meurtre n’est qu’un début, que le tueur ne va pas s’arrêter là. Au fait, pourquoi le divisionnaire, qui n’apparaît jamais sur aucune scène de crime, était-il sur place à l’arrivée de Lucas?
La réponse à ces questions réside-t-elle dans le passé du père Tisserand à Nantes? Où dans la violente agression dont la victime s’est rendue coupable huit ans plus tôt? Une affaire complexe sur laquelle plane le mystère Lucas: pour quelle raison a-t-il été rétrogradé? A cause de son caractère violent? Ou pour son désir de combattre le mal par le mal, coûte que coûte.
Les descriptions des lieux sont succinctes, taillées au scalpel, comme la ville de Brest: « Il descendit la rue de Siam, artère principale de la ville, mondialement connue des marins venus de tous horizons… Enfin, il tourna à droite, dans une voie à sens unique. Porte cochère. Immense. Prête à l’avaler en une bouchée. » (Pages 107-108).
Le commissariat: « Pièce exiguë, table ronde en formica, cadres en bois des fenêtres gonflés par l’humidité, peinture jaune s’écaillant par plaques, comme atteinte de la lèpre. Petit commissariat, petite équipe. Petits moyens. » (Page 80).
En conclusion
Le Singe d’Harlow, premier roman de Ludovic Lancien, est un récit sombre, une plongée vertigineuse dans les tréfonds de la détresse humaine, sa noirceur, ses lâchetés et ses compromissions inacceptables.
Le +: un canevas basé sur les rites funéraires de la Grèce antique.
Un roman « coup de poing », violent, addictif, passionnant, qui se lit d’une traite, en apnée, tournant page après page, se demandant jusqu’où la violence gratuite va nous mener…
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