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LA SÉRIE

« Trinnichellu » : une expression idiomatique associant « trenu » (train) et « trinnicà » (trembler). C’est aussi le titre de cette collection qui représente une suite de nouvelles populaires imaginée par une brochette d’auteurs attachés à la Corse et à la truculence du francorsu, le français régional de la Corse.

« Trinnichellu » c’est de la bonne littérature de gare : du « Poulpe à la mode corse ». Des storiette palpitante retraçant la Corse des année 70, qui nous plongent avec ironie dans une société confrontée à des problèmes sociaux et politiques marquants. C’est aussi une galerie de personnages plus vrais que nature, hauts en couleur, du « gendarme modéré » au leader nationaliste en passant par les figures de la pègre. C’est surtout un protagoniste fantaisiste et autodidacte, affublé d’un improbable surnom qui trimbale sa verve d’aventures en embrouilles.

Et puis il y a la Corse, cette Corse au charme suranné qui ressurgit ici dans toute sa beauté, ses révoltes, ses travers, ses valeurs et son expressivité impayable.

Éditions du Cursinu

PRÉAMBULE PAR OLIVIER COLLARD

Maria Cosimato avait eu la vie dure. Poussés par des nécessités économiques, ses parents avaient tout quitté, laissant derrière eux le fascisme et leurs pénates. Une maison délabrée, dans une pittoresque bourgade du Piémont, adossée à la montagne.
La famille Cosimato avait débarqué à Menton con a la vele, à bord d’une embarcation de pêcheur. Maria avait passé son adolescence à apprendre le dur métier, travaillant de ferme en ferme pour soutenir ses parents. A cette époque, la main d’œuvre italienne était très mal considérée..
La tribu avait fini par se fixer du côté de Montauban, où le paternel avait trouvé une place de métayer. C’est là que Maria, désormais jeune femme, avait rencontré un certain Vasquèz, réfugié espagnol. Ensemble, ils avaient repris la ferme. Et puis ils avaient eu un fils : Gabriel.

« Il génitori » ne s’était jamais vraiment intéressé à sa progéniture, tout occupé qu’il était à faire tourner l’exploitation tout en cherchant activement un moyen de liquider Franco. Victime d’une charge explosive mal placée, le vieil anar (hélas novice en plasticage) avait succombé à ses blessures. Maria avait pris la chose comme tous ces gens de la terre rompus aux travaux pénibles : trop pauvres pour se laisser aller, trop affairés pour se plaindre. Elle travailla comme un homme, dans même songer à se remarier. Elle avait tenu le coup une bonne quinzaine d’années. Et puis, il y avait eu cet hiver un peu plus rude que les autres. Où la vie l’avait trouvée ridée, et moins résistante. Il y avait eu aussi la pneumonie. Négligée par les médecins, Maria fut emportée en quelques semaines, victime de fortes fièvres. Elle venait juste de fêter ses 40 ans.
Son fils avait l’âge de bêcher.
Pour subvenir à ses besoins, le jeune Gabriel entreprit divers travaux saisonniers, prenant ce qu’il trouvait, au petit bonheur. Il s’essaya successivement à la culture des tomates à Marmande, au ramassage des bigorneaux en Bretagne, à la récolte du riz en Camargue. Ce coin de nature si cher à Georges Brassens lui plaisait, il y avait passé l’hiver, traînant avec quelques Gypsies aussi désœuvrés que lui en fin de saison. En leur compagnie, Gabriel avait vaguement appris trois accords de « guitare sommaire », façon Boby Lapointe. Certaines embrouilles (des rixes opposant Gypsies et fils de Harkis) l’avaient poussé à mettre les voiles. A présent, le jeune homme se sentait un peu gitan, il voulait donc voir du pays. Cela faisait un bon moment que l’idée de découvrir la patrie de Pascal Paoli lui trottait dans la tête…

Gabriel avait commencé à ramasser kiwis, pomelos et clémentines pour le compte des frères Rimigni, trois pedi-neri rapatriés d’Algérie en plaine orientale une dizaine d’années auparavant. C’étaient de vrais pedzouilles, rustres et pingres qui logeaient leurs saisonniers dans des baraques à cochons. Gabriel les surnommait « les frères Pignouf » car ils étaient bosseurs, toujours dans le jugement et lamentablement prévisibles.

À la fin de la cueillette, le jeune commis fut conservé dans l’effectif, les frères Pignouf ayant besoin d’un ouvrier qualifié (comprenant le français) pour leur refaire les palissages. L’hiver approchant, Gabriel quitta donc son clapier où il commençait à greloter, et prit un logement dans le village du dessus. Il sous-loua une chambre mansardée chez Santa Costantini, une vieille dame à l’éducation sévère que les gens du coin nommaient « l’Ébréa ». Toute vêtue de noir et portant son chignon bien haut, sa logeuse se mit en devoir de lui dispenser une instruction. Elle lui réapprit à lire, avec le seul ouvrage d’érudition qu’elle possédait : la Bible de Chouraqui.

Gabriel, qui aimait bien parler de ce qu’il apprenait, se retrouva affublé d’un sobriquet à coucher dehors. Un qualificatif que tout le monde ici trouvait ridicule, et qui lui allait bien au teint car le jeune homme s’était tanné le cuir en bêchant sous les soleils de Haute-Garonne, de Camargue et de la Casinca. Ce curieux surnom lui collait à la peau, évoquant aussi bien sa condition d’ouvrier agricole que cette instruction acquise sur le tard, qui lui conférait cette verve si particulière.
On l’appelait « le glébeux ».

Olivier Collard


LES AUTEURS

– Jean-Paul Ceccaldi
– Christian Maïni
– Pascal Sain
– Olivier Collard


LES ROMANS

Boues rouges, colère noire

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Parution aux éditions du Cursinu en juin 2016

(Source : du Cursinu – Pages : 150 – ISBN : 9791090869271 – Prix : 10,00 €)

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Des pruneaux dans la pulenda

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Parution aux éditions du Cursinu en juin 2016

(Source : du Cursinu – Pages : 150 – ISBN : 9791090869288 – Prix : 10,00 €)

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La déconfiture des barbouzes

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Parution aux éditions du Cursinu en juin 2016

(Source : du Cursinu – Pages : 180 – ISBN : 9791090869318 – Prix : 10,00 €)

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