Katherine NEVILLE : Le huit

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Katherine NEVILLE - Le huit
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Parution aux éditions Le Cherche Midi en avril 2002

Parution aux éditions Pocket en juillet 2004

Traduit par Evelyn Jouve

Provence, 1790. Un  » printemps sanglant  » s’est abattu sur l’abbaye de Montglane. Les cerisiers en fleur, surpris par le gel, nappent le pays de prophétiques taches rouges. La rumeur gronde, les biens de l’Église seront bientôt confisqués. Talleyrand, le  » diable boiteux « , convoiterait même les trésors de Montglane. Alertée, la mère supérieure disperse les pièces d’un mystérieux jeu d’échecs, cadeau des Maures au roi Charlemagne…

New York, 1972. Approchée par un étrange antiquaire, Catherine Velis se lance sur la piste du légendaire échiquier. De Catherine de Russie à Marat, de Robespierre à Napoléon, elle n’est pas la première. Mais les pièces l’ont choisie : elle sera leur reine noire.

(Source : Pocket – Pages : 960 – ISBN : 9782266131254 – Prix : 9,30 €)

L’AVIS DE CATHIE L.

Le Huit, premier roman de Katherine Neville, est un thriller post-moderne publié en 1988. Son héroïne, Catherine Vélis, et son amie Lily, joueuse d’échecs professionnelle, doivent pénétrer dans un monde énigmatique de conspiration  et de dangers dans le but de retrouver les pièces d’un jeu d’échecs légendaire et magique, porteur d’une malédiction. Même si le roman n’a pas de vocation autobiographique, il est impossible de ne pas faire le rapprochement entre le parcours de l’auteur et celui de l’héroïne, jusque dans la profession exercée et les lieux fréquentés.

L’originalité de la construction du Huit est sa narration qui se déroule sur deux époques en parallèle: 1790 et 1972/73, en des lieux aussi différents que New-York, le sud de la France, Paris et l’Algérie.

Une suite, intitulée Le Feu Sacré, a été publiée en 2008 aux USA et en 2009 en France.

L’intrigue :

L’histoire commence en 1790 à l’abbaye de Montglane, au printemps. Menacée par la politique de confiscation des biens de l’Eglise par l’Etat, la mère abbesse décide de fermer le couvent et de dissoudre la communauté en renvoyant les religieuses soit dans leur famille, soit chez des personnes de confiance.

Mais avant le jour du départ, elle réunit la communauté afin de révéler le secret dont l’abbaye est détentrice, celui d’un jeu d’échec « magique », empreint d’un pouvoir maléfique: le jeu offert par Ibn al-Arabi, gouverneur musulman de Barcelone, en remerciement de l’aide que Charlemagne lui avait apportée dans les Pyrénées basques. Afin d’éviter que les pièces du jeu ne tombe dans des mains indésirables, elle confia à certaines religieuses une pièce du jeu avec mission de la mettre en sûreté.

Comme le nombre de pièces était moins élevé que le nombre de religieuses, personne, hormis l’abbesse, ne savait laquelle des sœurs en avait emporté une avec elle. Et chacune d’entre elles reçut en privé les instructions sur leur destination afin qu’aucune ne connût le point de chute des autres.

C’est ainsi que deux jeunes religieuses qui n’ont pas encore prononcé leurs vœux, Valentine et Mireille, se retrouvent plongées en plein cœur de Paris, à l’époque de la Terreur, chez le peintre Jacques-Louis David, leur tuteur…et dans la gueule du loup en la personne d’un débauché sans scrupules, le très bel évêque d’Autun, Charles Maurice Talleyrand, celui-là même contre lequel l’abbesse les avait mises en garde. Car lui aussi est à la recherche des pièces du jeu Montglane. Rencontre qui, pour les deux jeunes filles, constitue une sérieuse menace car Valentine a pour mission de servir de point de ralliement pour les autres religieuses dans l’éventualité où elle serait obligée de fuir en abandonnant leur pièce de jeu derrière elles. Danger bien réel:  « (…) car j’ai deviné ce qu’elle a fait, voyez-vous; elle a retiré le jeu d’échec de l’abbaye. »

A quelques années de là, en 1972-1973, à New-York, Catherine Velis, experte en énergie, va se retrouver elle aussi plongée au cœur de l’aventure: Llewelyn, le beau-frère de son ami Harry Rad, lui confie la mission de retrouver, lorsqu’elle sera en Algérie pour son travail, les pièces du fameux jeu d’échec. A la suite d’une partie d’échecs au cours de laquelle s’affrontent deux maîtres, le russe Solarin et l’anglais Fiske, partie interrompue par le suicide de ce dernier, Catherine et son amie Lily se retrouvent embarquées dans une drôle d’histoire : disparition mystérieuse du chauffeur de Lily, des impacts de balles dans sa voiture garée juste sous les fenêtres de la salle de jeu. Elles décident alors d’unir leurs forces afin de comprendre à quel jeu elles participent malgré elles. Car Lily, joueuse d’échecs professionnelle, devait affronter le vainqueur de la partie qui opposait Solarin à Fiske.

Les mystères se succèdent, apportant plus de questions que de réponses: qui est la diseuse de bonne aventure qui a mis Catherine en garde le jour du réveillon du jour de l’An? Pourquoi celle-ci a-t-elle brusquement disparu sans laisser ce traces, comme si elle n’avait jamais existé? Pourquoi Solarin, le joueur d’échecs russe, lui fait, trois mois plus tard, la même mise en garde avec quasiment les mêmes mots? Pourquoi a-t-il l’air de bien la connaître alors qu’elle ne l’a jamais rencontré? Et pourquoi lorsqu’elle téléphone à son ami et mentor en informatique, le Dr Nim, tombe-t-elle sur un couvent de carmélites ?  Autant de mystères qui semblent n’avoir aucun lien entre eux et mener le lecteur sur des pistes divergentes, mettant en scène un certain nombre d’événements qui ne semblent pas se recouper…

Qui est le maître de jeu grandeur nature dont Catherine, Lily et quelques autres personnes ne sont que des pions involontaires? C’est alors qu’on apprend que Solarin est lui aussi à la recherche des pièces du jeu maudit, et qu’il pense également qu’elles se trouvent en Algérie, précisément à l’endroit où Catherine se rend.

Puis Nim réapparaît soudainement et lorsque Catherine lui fait part de son départ imminent pour l’Algérie, il évoque à son tour…le jeu Montglane !! Il l’emmène passer les jours qui restent avant son départ se reposer dans sa propriété de Long Island afin de réfléchir ensemble aux événements survenus ces derniers jours et d’en décrypter les tenants et les aboutissants.

A nouveau les questions sans réponse fusent: comment Llewelyn, oncle de Lily, a-t-il entendu parler du jeu Montglane ? Comment sait-il que les pièces se trouvent en Algérie ? Qui est ce mystérieux client qui l’a chargé de les retrouver pour lui ?

Retour dans le passé: l’abbesse, désireuse de remettre les pièces du jeu entre les mains d’un souverain bienveillant qui, pense-t-elle, saura l’utiliser pour faire le bien et stoppera ainsi son aura maléfique, se rend à Saint-Pétersbourg pour les donner à la tsarine Catherine, son amie d’enfance…qui, soit dit en passant, recherche le jeu à travers toute l’Europe depuis 40 années. Pour le meilleur…ou pour le pire?

2 septembre 1792: Paris, début de la Terreur: Mireille se retrouve seule, sans amis et sans famille. Elle décide donc de se rendre en Algérie afin de découvrir le secret qui se cache derrière le jeu. Une fois qu’elle aura découvert ce secret, elle sera la seule personne vivante à avoir touché les pièces et à connaître les clefs de leur pouvoir.

Description du jeu :

réalisé par des artisans arabes, l’échiquier est entièrement ciselé dans l’or et l’argent ; il mesure un mètre sur un mètre. Les pièces en métal précieux sont incrustées de rubis, de saphirs, de diamants et d’émeraudes non taillés mais délicatement polis, dont la taille atteint parfois celle d’un œuf de caille. Elles paraissent briller d’un feu intérieur qui hypnotise ceux qui les regardent.

La pièce appelée « Shah » (roi), mesure 15 cms de haut et représente un homme couronné, juché sur le dos d’un éléphant.

La reine, ou Ferz, est assise sur une chaise à porteurs étoilée de bijoux.
Les fous sont des éléphants aux selles incrustées de pierres précieuses.

Les cavaliers sont des chevaux arabes sauvages.

Les tours, ou châteaux, appelées « Rukhkh », terme arabe signifiant « chariot », sont de grands chameaux portant, sur le dos, des sièges en forme de tour.

Les pions sont de simples fantassins de 7 cms de haut, avec de petits joyaux à la place des yeux et des gemmes mouchetant la garde de leur épée.

Malédiction liée à ce jeu :

Garin de Montglane, sur son lit de mort, légua ses terres à l’Église ainsi que la forteresse qui allait devenir l’abbaye de Montglane, et le jeu d’échecs « magique » bien que persuadé qu’une terrible malédiction pèse sur ce jeu. Car bien avant qu’il en devienne le propriétaire,  » des rumeurs étaient parvenues jusqu’à lui, attestant que le Diable n’y était pas étranger. On racontait que le propre neveu de Charlemagne avait été assassiné alors qu’il jouait aux échecs sur cet échiquier. D’étranges bruits couraient sur des carnages, des violences et même des guerres dans lesquels il aurait joué un rôle. Garin se mit alors à avoir peur du jeu comme s’il s’agissait d’un instrument de Diable. Il ordonna qu’on l’enterre dans la forteresse et demanda à Charlemagne de placer une malédiction sur ces murs afin d’empêcher qu’on les en retire un jour.

Extrait du journal de Richelieu :

« Car j’ai enfin compris que le secret découvert dans l’ancienne Babylone, le secret transmis à l’empire perse et indien, était en fait le secret du jeu Montglane. Ce secret, tout comme le nom sacré de dieu, ne fut jamais transcrit par aucune main. Un secret si puissant qu’il cause la chute des civilisations et la mort des rois, et qu’il ne devait jamais être divulgué à quiconque, sauf aux initiés appartenant aux ordres sacrés, à des hommes qui avaient satisfait à l’épreuve d’admission et prêté serment (…)

Je suis convaincu que ce secret prit la forme d’une formule et que cette formule fut la cause de la chute de royaumes, des royaumes qui aujourd’hui ne transparaissent dans notre histoire que sous la forme de légendes. Et les Maures, malgré leur initiation à ce secret, malgré la terreur qu’il leur inspirait, transcrivirent cette formule dans le jeu Montglane. Ils inscrivirent les symboles sacrés dans les cases mêmes de l’échiquier et dans les pièces, conservant la clé que seuls des maîtres incontestés des échecs pourraient utiliser. »

Les personnages :

Tous les personnages, qu’ils soient historiques ou fictifs, sont animés par la même quête, peut importe les époques: récupérer l’intégralité des pièces du jeu Montglane.

Personnages historiques: Napoléon, sa sœur Eliza et sa mère Laetizia (c’est à elle que l’abbesse confie la formule secrète); Voltaire, Richelieu et Rousseau (tous les trois ayant prétendument connaissance d’une formule secrète liée au jeu de Montglane) ; Catherine de Russie, Charles-Maurice de Talleyrand et le peintre David.

Personnages fictifs: Valentine, Mireille et l’abbesse Hélène de Roques.

Personnages contemporains, tous fictifs : Catherine Velis, Harry Rad (fabricant de fourrures), son beau-frère Llewelyn (antiquaire), Lily Rad (fille de Harry et Blanche, joueuse d’échecs professionnelle).

Contexte historique :

Citation page 179 : « L’Eglise catholique d’Europe centrale a réussi à garder le secret de ce pouvoir obscur pendant très longtemps. Mais dès que j’ai su que la France avait voté la loi sur la confiscation des biens ecclésiastiques, j’ai compris que mes pires craintes risquaient de se concrétiser. Et lorsque j’ai appris que des soldats français faisaient route vers Montglane, je n’ai plus nourri le moindre doute. Pourquoi vers Montglane? Nous étions éloignées de Paris, cachées au plus profond de la montagne. Il y avait tant d’abbayes plus proches, plus riches et plus faciles à piller. Non, non. C’était après le jeu Montglane qu’ils en avaient. »

Page 182 : « Richelieu avait réussi à remonter la piste jusqu’au Maure qui a offert le jeu à Charlemagne, et même plus haut. Comme tu le sais, Charlemagne avait lancé de nombreuses croisades contre les Maures, à la fois en Espagne et en Afrique. Mais à cette occasion, il avait défendu Cordoba et Barcelone contre les chrétiens basques qui voulaient renverser la puissance maure. Bien qu’ils soient chrétiens, les Basques tentaient depuis des siècles d’anéantir l’empire franc et de pendre le contrôle de l’Europe de l’ouest. »

Mon avis :

L’originalité de ce thriller réside dans son intrigue construite autour du jeu d’échec, du plus petit, le vrai jeu, au plus grand, la réalité, imbriqués l’un dans l’autre comme des poupées russes. Tout reposant sur la symbolique de ce jeu.

Extrait de la page 672 : « Maintenant, il ne subsistait plus aucun doute sur la façon dont Minnie avait découvert l’histoire du jeu d’échecs, son mystérieux pouvoir; la formule qu’il recelait et la convoitise mortelle qu’il avait suscitée. Une partie fatale qui s’était poursuivie de générations en générations, entraînant les joueurs dans sa mécanique impitoyable, tout comme Lily et moi, ou encore Nim et Solarin, et peut-être même Minnie, l’avions été. Une partie d’échecs grandeur nature disputée sur le terrain que nous traversions en cet instant. »


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Cathie L.
Cathie L.https://goo.gl/kulVbu
Ecrivain de romans historiques, chroniqueuse et blogueuse, passionnée de culture nordique et de littérature policière, thrillers, horreur, etc...

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