INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Le Pré aux Clercs en novembre 2013 « Qui a dit que tu avais le choix ? » La cité du ciel est en plein déclin. Les robots, jadis fidèles serviteurs, régressent jusqu’à devenir des machines stupides ou de terrifiants prédateurs. Saxe est un artiste qui survit en travaillant sur les golems actionnés par magie. Dresde est une jolie automate qui n’a connu que le luxe avant que son maître l’abandonne. Tout les sépare, et pourtant ils vont partager un rêve commun : s’enfuir de la forteresse volante. Traqués par un tueur mécanique qui écorche les humains pour voler leur peau, ils se lancent dans une course peut-être sans espoir : retrouver la mythique porte ouvrant sur la liberté. Un roman de Steam Fantasy, inspiré par le meilleur du manga (Fullmetal Alchemist) aussi bien que par les chefs-d’oeuvre classiques (Metropolis), où l’action et la poésie font la part belle à l’angoisse… (Source : Le Pré au Clercs – Pages : 272 – ISBN : 9782842285074 – Prix : 16,00 €) |
L’AVIS D’ ELODIE M.
Voici une lecture très particulière, qui, je pense, peut plaire comme ne pas du tout séduire. Pour ma part, je me situe entre les deux : même si je n’ai pas beaucoup aimé l’histoire, j’ai adoré l’écriture. Ma note est donc plus haute que la moyenne, parce que ce livre m’a vraiment donné envie de découvrir d’autres récits de Justine Niogret. Attention à vos attentes en commençant votre lecture, vous serez troublés… L’histoire n’est pas celle à laquelle on s’attend, il ne faut pas se fier au résumé. Ou alors on risque de trop en savoir, autant laisser les mots des premières pages nous installer, confortablement, la trame et le décors.
J’ai plus que tout aimé la plume et le style de l’auteure, cette poésie dans les mots, et cette manière de me faire ressentir ces mots, plus que les visualiser. Un peu comme l’écriture de Tahereh Mafi dans Insaisissable, elle parle au coeur et a le don de faire ressentir les émotions, si ce n’est de faire imaginer les lieux et les univers.
Cette plume et ces mots m’ont parlé, des mots choisis précisément tels que » Un oiseau mécanique, tombé sur le dos, mort et rouillé. Son bec criait en silence, ouvert et vide. Un chant du cygne déchiqueté. La toute petite perle, minuscule comme une goutte de sang, tout au fond, était éteinte. » (p13), » Elle hésita, sembla réfléchir. Et puis le garçon saisit la raison de ces silences entre les mots de la créature ; elle les avait oubliés. Cela faisait si longtemps qu’elle ne parlait pas qu’elle avait perdu sa propre langue. Il le sut sans même savoir comment il avait fait. Les automates aussi pouvaient rouiller leur cerveau, comme les humains trop vieux dont les anciennes habitudes s’effaçaient l’une après l’autre. » (p 28)« Saxe ne parvenait pas à se sentir en danger, pressé de fuir, encore. Il était choqué. Il avait appris à croire Pue-la-Viande, il devinait que la créature était capable de commettre cela. Il fallait partir, mais la langueur l’avait pris et il semblait incapable de se presser. Il se demandait ce qui avait encore de l’importance. » (p114). Grâce à eux j’ai pu être emportée dans un monde inconnu, le temps d’une aventure, comme dans un dessin animé un peu loufoque.
Loufoque, car ce monde est étranger au notre, fait d’une structure… pyramidale (à l’envers), peut être. On y croise des golems serviteurs, étranges ou dangereux. Mais loufoque aussi car il est quasiment impossible de le visualiser, et c’est là le plus gros défaut du livre. On n’y voit qu’un seul quartier et des « étages » de la cité, aussi grands que flous, alors qu’ils sont visités en peu de temps. C’est une dégringolade dans un monde trop rapide pour nous permettre de le visualiser, et de l’apprécier. Même choses pour les habitants, humains, ou agolems, de ce monde, où on ne voit que les golems ! Et Saxe bien sur… Une absence qui nous amène à nous demander si nos héros vivent vraiment cette aventure ou si ce n’est pas un rêve… Des questions un peu dérangeantes pour une lecture, mais moins lorsqu’on prend l’histoire comme une escapade proche de la folie. Rapide, et très insolite.
Ce défaut de description trop peu présente ne pas empêché d’apprécier Coeurs de rouille pour autant. Je l’ai vu, et lu, comme un rêve mêlé d’impressions de cauchemar, dans lequel il fallait un fil directeur pour arriver à en sortir. Plus qu’un fil, un besoin, et un désir. Pour ma part, ce furet la plume de Justine Niogret, ses mots, qui me donnèrent l’envie de continuer. Cette volonté d’entrevoir encore le coeur de Dresde l’automate, et la fragilité de Saxe. De lire leurs âmes, musicales, au travers des mots. De toucher à une sensibilité douce, fugace et impossible. Grâce à Dresde, qui a fait voyager et tressauter mon coeur le temps d’une lecture intense en émotions et en plaisir des mots, et de leur si belle conjugaison.
A lire, pour vous faire une idée. Et pour savoir si vous accrochez au style-Niogret.
Elodie M.
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