Julie Ewa a écrit son roman de façon très délicate, mêlant reportage, thriller et critique de la société
INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Albin Michel le 7 janvier 2016 Parution aux éditions Livre de Poche en février 2017 Lina, partie en Chine pour y poursuivre ses études, est abordée par Thomas, membre d’une organisation humanitaire, qui sollicite son aide pour enquêter sur des disparitions d’enfants. La jeune fille se retrouve ainsi pensionnaire d’un monastère situé non loin du village de Mou-di et, sous prétexte d’écrire un roman sur la condition des filles et des femmes en Chine, se met à enquêter sur l’étrange disparition en 1991 d’une certaine Sun. Une construction impeccable qui fait alterner l’histoire de Sun et l’enquête de Lina, ménageant ainsi un rythme et une tension dramatique soutenus. Le lecteur est plongé dans cette Chine profonde écartelée entre héritage historico-politique et tentation moderniste, qui sert de toile de fond à l’auteure pour traiter des conséquences désastreuses de la politique de l’enfant unique. (Source : Albin Michel – Pages : 416 – ISBN : 9782226322722 – Prix : 21,50 €) |
PODCAST
L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ
Septembre 1991. Chine Village de Mou Di. Li-Li Dai accouche pour la quatrième fois, elle a encore échoué c’est une fille qui n’aura pas le droit de vivre. Sun-Tang, elle-même enceinte, s’inquiète pour son amie. Mais elle n’a pas le droit d’avoir de ses nouvelles. Elle est déjà la maman d’une petite Chi-Ni, enfant non déclarée. Quel sera son destin lorsque son bébé va naitre ? Elle veut avoir confiance en l’avenir mais autour d’elle les propos sont très inquiétants.
Juillet 2013. Lina arrive en Chine pour se perfectionner dans cette langue qu’elle affectionne tout particulièrement. Elle est abordée dès la sortie de l’aéroport par Thomas qui est membre d’une ONG qui lutte pour la défense des droits de l’enfant et la prévention de la maltraitance dans le monde. Il lui demande de se rendre « sous couverture » dans le village de Mou-Di pour enquêter sur les disparitions d’enfants.
« Les petites filles » de Julie Ewa est un thriller qui m’a particulièrement bouleversé. L’écriture est à la fois douce et puissante. L’immersion se fait complètement que ce soit auprès des deux jeunes femmes chinoises et que ce soit auprès de la jeune européenne. La scène du seau dès les premiers chapitres est tellement pudique et violente.
C’est une peinture d’une réalité qu’il est difficile d’accepter. L’auteur dépeint avec intelligence la loi sur le contrôle des naissances en Chine dite Loi de l’enfant unique qui a été mise en place en 1979 jusqu’en 2015. L’application de cette loi a créé un déséquilibre entre la population masculine et féminine. Elle n’a certainement été appliquée de la même façon dans les villes ou les campagnes.
Sans dénaturer l’intrigue du récit qui est brillante et captivante jusqu’au point final. Cette situation a créé des trafics d’êtres humains (prostitution, trafics d’organes). J’ai eu les souvenirs d’un roman que j’avais lu étant adolescente qui m’avait profondément marqué : La Cité de la joie de Dominique Lapierre. Où l’on découvre que tout, absolument tout peut se monnayer.
Le traitement de Julie Ewa est proche du journalisme d’investigation, le lecteur s’incarnant dans Lina qui en quête de la vérité et qui ne veut lâcher prise même si le danger est de plus en plus palpable.
C’est aussi une véritable réflexion sur l’adoption internationale. Sujet ô combien complexe. Entre parents qui veulent donner leur amour à un enfant et des pays qui peuvent avoir un traitement très particulier vis-à-vis de leurs enfants. C’est d’ailleurs très intéressant d’avoir un récit qui se déroule sur deux périodes car on voit un orphelinat qui est un véritable mouroir et qui devient un établissement « correct » car ce sont des fonds étrangers qui sont investis afin que les enfants aillent (surtout) dans le pays donateur. C’es parfois des sentiments purs qui se trouvent confrontés à des considérations financières.
L’AVIS DE PEPITA SONATINE
Attention, coup de coeur avec un Grand Coeur !!!!
Demain arrive en librairie une petite merveille qui m’a profondément bouleversée.
« Petites filles » de Julie Ewa est un premier roman qui n’a pas fini de faire parler de lui.
C’est le destin tragique d’une famille chinoise ébranlée par une double disparition, celle de Chi-Ni, fillette de 6 ans non déclarée et celle de Sun, sa mère partie à sa recherche.
Une histoire qui bascule de 1991 à 2013, date à laquelle Lina, jeune étudiante, arrive en Chine et se trouve mêlée à l’enquête de ce drame vécu 20 ans plus tôt.
L’horreur d’une Chine sous la loi de « L’enfant unique », avec tout ce que cela comporte de dérives sordides et d’inavouable ; un thriller poignant empli d’émotions fortes, de sensiblité à fleur de peau mais aussi d’effroi.
La fin est d’autant plus insoutenable que l’on imagine sans mal le nombre d’enfants sacrifiés sous la dictature de cette Chine tyrannique.
A lire absolument !!!!!
L’AVIS DE LEA D.
Après avoir énormément entendu parler de Les petites filles, je le commence enfin !
Thomas, au service d’une ONG, enquête sur la disparition de fillettes dans une région reculée de Chine. Il convainc Lina, une bénévole, d’infiltrer le village de Mou Di et tenter de découvrir pourquoi et comment ces enfants disparaissent. Car dans ces endroits, la politique de l’enfant unique pèse durablement sur les familles, et les filles n’ont aucune valeur au contraire des garçons… Alors pourquoi les enlever ?
Lina se lance dans cette enquête à corps perdu, rapidement bouleversé et touché au vif par ces destins tragiques. Cependant, il ne fait pas de bon de réveiller le loup qui dort : bientôt ses questions vont semer le trouble dans le village et attirer l’attention sur son enquête. Les personnes présentes au sein de ce trafic n’apprécient pas d’être dérangées, et elles le font très vite savoir par une vague de meurtres, frappant tous ceux qui seraient susceptibles de parler ou de détenir des informations.
Les petites filles est tiré de faits réels, tous plus glaçants les uns que les autres. Julie Ewa traite d’un sujet hautement sensible, abordé encore à mi-voix de nos jours. Malgré tous nos efforts, nous sommes encore loin de pouvoir imaginer le quotidien de certaines personnes, et surtout à quels drames elles sont confrontées. La politique de l’enfant unique et ce contrôle des naissances – destiné au départ à éviter la surpopulation du pays – a fait des ravages. Les familles sont extrêmement pénalisées : avortements, stérilisation de force… Sans parler de l’abandon des enfants de sexe féminin, du nombre incalculable d’enfants cachés par les familles et qui n’ont donc pas le moindre droit (pas d’acte de naissance ou de papiers d’identités, sans parler de l’absence de soins médicaux, sans pouvoir avoir accès à l’école ou à un emploi), mais surtout il y a un déséquilibre entre les hommes et les femmes. Il y aurait environ 120 garçons pour 100 filles, étant donné qu’une fille est considérée comme perdue pour sa famille à partir du moment où elle se marie. En effet, elle ne pourra plus s’occuper de ses parents une fois qu’ils seront vieux, alors pourquoi garder une « bouche inutile » qui devra s’en aller un jour ou l’autre dans la famille de son mari ? Ce déséquilibre des sexes a donné naissance à d’horribles trafics, comme la vente d’êtres humains, des réseaux de prostitution ou de commerces d’organes. Les petites filles est donc un roman policier mais aussi un roman profondément sociologique, traitant de manière touchante et sensible un sujet bouleversant et intense.
Julie Ewa a écrit son roman de façon très délicate, mêlant reportage, thriller et critique de la société. Très habilement fait, je n’ai pas vu les pages défiler ! Je ne peux que conseiller Les petites filles, un livre qui fait obligatoirement réfléchir.
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